chingen, et du général Regnier; on croit pouvoir assigner le commencement des opérations aux premiers jours de mai. Voici sur les forces des Anglais opposées au maréchal Massena les renseignemens les plus authentiques. Le général Crunsford à une division de 7000 hommes à Pinnel; lord Vellington en commande une autre de même force à Visea; deux autres sont sur le Tage, près d'Abrantès, et sur la Guadiana, près de Badajos. Force totale, à-peu-près 25,000 hommes. Il y a à Lisbonne et à Coimbre 4 à 5000 détachés: 2000 portugais sont à Almeida sous des officiers supérieurs anglais; Beresford commande 25,000 portugais, qui paraissent dans l'intention de passer au Brésil au premier échec. Des bâtimens sont toujours tenus prêts à Lisbonne pour l'embarquement de l'armée anglaise. Les opérations sur le Portugal seconderont puissamment celles du roi devant Cadix. Les dernières nouvelles parlent d'une sortie de l'île de Léon qui a été funeste aux assiégés. Dans cette sortie les Anglais et les Espagnols ne paraissent pas avoir marché d'intelligence ni combattu avec vigueur. Ils sont rentrés avec perte. A Cadix, la difficulté de la situation se fait sentir de plus en plus, les vivres deviennent rares et renchérissent. Voici sur Cadix, en date du 30 mars, les notions les plus récentes que donnent les papiers anglais. «Les Français ont leur quartier-général à Chielana, située à quatre milles environ au sud des ports évacués de l'île de Léon. Ils sont en possession de toutes les villes et do toutes les places qui environnent la baie Rota, Port-Royal, Port-Sainte-Marie, où ils se fortifient beaucoup. Le général Graham vient de prendre le commandement de l'armée anglaise. Le duc d'Albuquerque a quitté celui de l'armée espagnole; il sera remplacé par le général Blacke; et en attendant son arrivée, l'armée est sous les ordres du général Castaneos. D'Albuquerque va en Angleterre comme ambassadeur, L'harmonie est parfaitement rétablie entre la régence et notre junte. Cette dernière est chargée de l'administration des finances, ce qui a causé une satisfaction générale. Les Français sont ici dans l'inaction, leur attention étant détournée par les insurrections qui se sont élevées dans tous les districts montagneux, et qui ont intercepté plusieurs de leurs détachomens. » Il vient d'arriver de nouveaux transports avec 2400 hommes de troupes anglaises. Nous avons actuellement iei douze vaisseaux de ligne anglais, dont plusieurs à trois ponts." Les papiers anglais nous entretiennent beaucoup plus longuement des troubles de Piccadilly, et, à cet égard, ils épuisent les détails. En substance, M. Burdett est à la tour. Il était chez lui, au milieu de sa famille, quand le sergent d'armes est venu l'arrêter, au sein même de ses foyers. Il a fait résistance; il a déclaré qu'il allait appeler le secours du schérif; on lui a répondu que le schérif était absent; sir Francis a alors déclaré qu'on ne le prendrait que par force; la force en effet a été employée, et il a été traîné au milieu d'une haie de soldats jusque dans une voiture qui l'attendait. A sa sortie aucun mouvement n'a été fait pour sa délivrance. Un corps de cavalerie l'escorta à la tour. Dans la question de résistance, dit le Times, sir Francis était sûr de succomber : c'est sa résistance qui a nécessité l'exécution violente du warrant : cette résistance a été le signal d'une émeute, le sang a coulé ; la résistance est donc blamable. En supposant que sir Francis eût réussi et qu'un mouvement populaire l'eût sauvé, la question du droit était toujours la même, il en est d'autant plus coupable aux yeux de la loi; il avait tout à perdre et rien à gagner en se rendant l'objet d'une sédition : il lui était honorable de triompher au milieu de la chambre avec les armes de la loi; mais sa conduite n'a pas d'excuse, et il est intéressant de savoir quelles suites aura cette affaire, autant qu'il est difficile de le présumer. On lit aussi, dans le Sun, le paragraphe suivant : On a reçu hier la nouvelle de l'arrivée de M. Makensie à Morlaix, où il doit négocier un cartel d'échange pour les prisonniers. M. Makensie est un gentleman dont on vante beaucoup les talens, et qui a visité toutes les cours de l'Europe; nous espérons que sa mission sera accompagnée de quelqu'heureux résultat. » Nous l'espérons aussi, et ce vœu de notre part a du moins le mérite de la sincérité; mais les Anglais ne publient pas ainsi le nom et les qualités de tous leurs missionnaires; il en est qu'ils chargent de bien singulières négociations, et de cartels bien étranges ; il en est qu'ils revêtent de pouvoirs bien respectables, pour des actes bien attentatoires aux droits des gouvernemens. Il en est qui ne sont que des agens de discordes, des boute-feux politiques, de malheureux mercenaires qui, pour un peu d'or, cal culent froidement l'embrasement et la ruine d'un pays, et toutes les horreurs d'une longue guerre civile. C'est ce que vient de tenter, à Valançay, un prétendu baron de Kolli, au moment où il a été surpris occupé des moyens d'enlever et de conduire en Espagne le prince Ferdinand. Voici l'historique des faits, tels qu'ils résultent des rapports officiels et des pièces consignées au Moniteur. Les princes de la maison d'Espagne, réunis à Valançay, jouissaient de la plus parfaite tranquillité, et ne manifestaient que les sentimens du plus entier dévouement à PEmpereur, et du plus sincère désir de voir se terminer la guerre d'Espagne : l'époque du mariage de S. M., sur la demande même de ces princes, avait été célébrée à Valançay avec toute la solennité possible; une cérémonie religieuse et ensuite une très-belle fête avaient réuni tout ce que la province offre d'habitans distingués; un concert, un bal, un feu d'artifice avaient été les princi paux élémens de la fête, où la plus grande harmonie et la joie la plus vive avaient régné parmi les princes qui l'avaient désirée, les habitans et les militaires. A la même époque un émissaire anglais s'introduit dans le château; il est porteur de lettres du roi Georges au prince Ferdinand, signée du roi, contre-signée Welesley. Cette lettre écrite en latin, a pour objet d'accréditer auprès de la personne du prince, le baron de Kolli, qui pour pièce de erédence doit présenter aussi une lettre du roi Charles V, au roi d'Angleterre, écrite en 1802. Le but du missionnaire ainsi accrédité était de favoriser Pévasion du prince; mais ce dernier a été fidèle aux sentimens qu'il avait constamment manifestés. Il a senti, il a apprécié sa position; l'expérience des événemens qui ont eu lieu, lui a montré de quel côté étaient les ennemis de son pays, et en quel monarque il devait chercher un père et trouver un protecteur. Ces sentimens de prudence et de sagesse l'animaient sans doute quand, de son propre mouvement, il a écrit la lettre suivante au gouverneur de Valançay : Monsieur le gouverneur, un inconnu vient de s'introduire en ce palais, sous le prétexte de faire des ouvrages au tour, et il a de suite osé faire à M. d'Amezaga, notre premier écuyer et intendant-général, la proposition de m'enlever de Valançay, de me remettre des lettres dont il est porteur, enfin de conduire à sa fin le projet et le plan de cette entreprise affreuse. Notre honneur, notre repos, la bonne opinion due à nos principes, tout était singuliérement compromis, si M. d'Amezaga n'eût pas été à la tête de notre maison, et n'eût pas fait, en cette circonstance périlleuse, une nouvelle preuve de sa fidélité, de son attachement inviolable pour S. M. l'Empereur et Roi et pour moi. Cet officier qui a commencé, Monsieur, par vous informer, au moment même, l'entreprise dont il s'agit, m'en a donné connaissance immédiatement après. de J'ai voulu, Monsieur, vous faire savoir moi-même que je suis informé de cette affaire, et manifester itérativement, dans cette occasion, mes sentimens de fidélité inviolable pour l'Empereur Napoléon, et l'horreur que m'inspire ce projet infernal, dont je désire les auteurs et les complices soient punis comme ils le méritent. Agréez, Monsieur, les sentimens d'estime de votre affectionné. Signé, le prince FERDINAND. que M. le gouverneur Berthemy, en se rendant chez le prince, eu l'honneur de recevoir de sa bouche la confirmation des sentimens exprimés dans sa lettre. Le prince était extrêmement agité: «Les Anglais, s'écriait-il, ont fait bien » du mal à la nation espagnole; sous mon nom, ils font couler le sang. Le ministère, trompé lui-même sur ma situation, me fait proposer de m'évader; il m'a adressé » un individu qui, sous prétexte de me vendre des objets d'art, devait me remettre un message du roi d'Àn» gleterre." En relatant cet entretien à S. Exc. le ministre de la police, le gouverneur de Valançay annonce l'arrestation de l'émissaire, et il ajoute : «Je crois, Monseigneur, devoir profiter de cette circonstance pour répéter à V. Exc. ce que j'ai déjà eu l'honneur de lui marquer. Le prince Ferdinand est animé du meilleur esprit, il sent profondément que S. M. l'Empereur est son seul appui et son meilleur protecteur. Une profonde reconnaissance, le désir et l'espoir d'être déclaré fils adoptif de S. M. l'Empereur : tels sont les sentimens qui remplissent le cœur de S. A., et c'est dans de pareilles circonstances et au milieu même des fêtes brillantes par lesquelles le prince célébrait le mariage de LL. MM., et réunissait dans des banquets au château de Valançay tout ce que la province a de plus distingué, que le baron de Kolli est venu apporter ses funestes et ridicules messages. Rien n'était assurément plus facile à prévoir que l'accueil qui lui a été fait. » M. de Berthemy adresse en même tems au ministre les papiers, faux passe-ports, lettres, timbres, cachets saisis sur Kolli, les lettres de crédit du roi Georges, celle qui doit servir à Kolli de pièce de crédence, la lettre écrite de la main du roi au prince pour le déterminer à fuir, à se rendre en Espagne, à y ranimer son parti, et à seconder la junte qui agit en son nom; M. de Berthemy justifie aussi les termes les plus remarquables de son rapport en envoyant au ministre la lettre ci-jointe que venait de lui écrire le prince. Valançay, le 4 avril 1810. Monsieur, désirant conférer avec vous sur divers objets qui m'occupent dès long-tems, je vous prie de venir à trois heures après-midi, chez M. d'Amezaga, notre premier écuyer. Ce qui m'occupe maintenant est pour moi du plus grand intérêt. Mon premier désir est de devenir le fils adoptif de S. M. l'Empereur notre auguste souverain. Je me crois digne de cette adoption qui serait véritablement le bonheur de ma vie, par mon amour et mon attachement parfaits pour la personne sacrée de S. M., comme par ma soumission et mon obéissance entière à ses intentions et à ses ordres. Je désire en outre bien ardemment sortir de Valançay, parce que cette résidence qui n'a rien que de triste pour nous, ne nous convient d'ailleurs sous aucun rapport. J'aime à me confier dans la grandeur des procédés, dans la bonté généreuse de S. M. I. et R., et à croire que mes vœux les plus ardens seront bientôt remplis. Agréez, etc. Signé, FERDINAND. Kolli a été sur-le-champ transféré à Paris; il y a subi un interrogatoire dans lequel il a reconnu tous les objets saisis, avoué sa mission et son projet. Le prince devait être conduit, s'il y eût consenti, à la baie de Quiberon; là une station anglaise l'attendait et devait le conduire à Gibraltar. Kolli est à Vincennes. Une si ridicule tentative ne distraira pas un moment l'opinion de l'objet qui la fixe toute entière, des espérances auxquelles elle se livre, des grandes solennités qui se préparent. S. M. a momentanément quitté le séjour de Compiègne avec son auguste |