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M. Cortambert cadet établit entre l'agriculture et la médecine, par l'analogie du règne végétal avec le règne animal, le secrétaire cite avec intérêt une dissertation sur le lait considéré comme cause des maladies des femmes en couche. L'auteur de cette dissertation s'est proposé de détruire une opinion regardée par lui comme un préjugé d'autant plus dangereux qu'il est ancien et très-accrédité : c'est l'opinion qui attribue aux déviations du lait, non-seulement les maladies dont les femmes sont atteintes pendant la durée de leurs couches, mais encore celles dont elles sont attaquées par la suite. Appuyé de l'anatomie et de la chimie, il démontre que les seins sont les seuls organes qui secrètent le lait et le contiennent; que ce liquide ne peut former de dépôts si ce n'est dans les mamelles mêmes; et au lieu des remèdes ridicules ou dangereux que l'usage a commandés pour les prétendues maladies de lait, il pré.. sente des vues de traitement conformes à sa doctrine.

M. de Cortambert passe en revue plusieurs rapports sur des inventions ou des procédés utiles à l'humanité, tels que l'application de secours aux noyés, la construction d'un lit pour les malades, etc.

Un Mémoire de M. Dedrée sur un nouveau genre de liquéfaction ignée a paru mériter l'attention de l'Académie. Ce naturaliste, héritier des manuscrits de Dolomieux, et qui paraît avoir hérité aussi de ses vastes connaissances en minéralogie, a fait d'utiles expériences sur la nature des laves que l'on a nommées depuis lithoïdes.

On a écouté avec intérêt plusieurs rapports très-lumineux sur d'autres mémoires qui traitent de diverses parties de la physique.

Les travaux de l'académie de Mâcon prouvent que ses membres ne sont pas plus étrangers aux belles-lettres qu'aux profondes spéculations des sciences. M. Roujoux, son président, a cherché, dans un discours élégant et sage, à développer cette idée féconde en vérités : que les académies, sans obtenir une part égale de gloire, peuvent toutes aspirer à être utiles. « Jamais, a-t-il dit, les réu> nions littéraires ne furent plus multipliées en France; > jamais aussi les mœurs ne furent plus douces, l'amour » des sciences plus actif. Jamais de plus grandes concep» tions, de plus vastes entreprises, de plus surprenans travaux n'illustrèrent un siècle.....

« Si vous n'avez pas, ajoute l'orateur, comme l'Instintut, l'éclat des succès brillans, vous prenez, comme lui,

le soin des succès utiles, et vous pouvez suspendre le tribut de vos méditations à toutes les branches des sciences net des arts.

L'académie avait proposé un prix pour le meilleur éloge de Dombey, l'un de ses compatriotes les plus distingués. Elle n'a eu qu'à se félicer du zèle et du talent des orateurs qui ont répondu à son appel; mais elle a éprouvé le regret de ne pouvoir connaître le vainqueur qu'elle a couronné dans ce concours.

Un Traité du style épistolaire, de M. Doria; des Considérations sur le langage, par M. Delarnaud; des Pensées sur les poésies de M. Delille, dont l'auteur est M. de Précy, ont paru mériter l'intérêt des littérateurs.

Le compte des travaux de l'académie est terminé par une Notice sur l'abbé Sigorgne, un des membres de la Société. C'est au secrétaire perpétuel M. de Cortambert, qu'elle avait réservé l'honneur de payer un tribut à la mémoire de ce littérateur estimable; et il s'en est acquitté avec une éloquente simplicité, et une pureté de style qu'on trouve rarement loin du centre commun des arts et du goût.

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LES nouvelles du Nord paraissent désormais devoir intéresser le commerce plutôt que la politique. La Russie, la Suède, le Danemarck, la Prusse ne s'occupent que des moyens de concourir à l'exécution du vaste système qui doit isoler entiérement les Anglais du reste de l'Europe, les tenir bloqués dans leur île, et les atteindre dans leurs plus chers intérêts, qu'ils soient colons, manufacturiers, entreposeurs ou colporteurs des produits de leur sol, de ceux de leur industrie ou de ceux des colonies. La Russie a donné les ordres les plus sévères pour que ses mesures prohibitives fussent observées avec rigueur. La Prusse n'a ouvert que deux de ses ports au commerce, afin que la surveillance des agens français fût plus facile et plus sûre: sur toutes les côtes de la Baltique, on n'admet les Suédois -qu'avec des certificats d'origine, et s'ils portent des denrées coloniales, ils doivent exhiber des visā des consuls français. La ligne des douaniers s'est de beaucoup augmentée vers les bords de l'Elbe, et si, comme on l'assure, une flotte anglaise commandée par l'amiral Saumarez, et composée de sept à huit vaisseaux de ligne, pénètre bientôt dans la Baltique, ce ne pourra être pour seconder des opérations commerciales. Peut-être les exploits incendiaires de Copenhague sont-ils l'objet des nouvelles instructions de l'amiral, mais sur tous les points on est préparé à la défense, et les Anglais ne trouveront même pas l'occasion de recommencer une expédition qui, à leurs propres yeux, a couvert leurs armes d'une tache ineffaçable.

Les relations sont toujours de plus en plus amicales entre les cours du Nord et celle de France. La gazette de Pétersbourg s'est expliquée dans les termes de la plus parfaite union en publiant l'importante nouvelle du mariage de Sa Majesté: elle y a vu une garantie nouvelle du repos de l'Europe, et un moyen sûr de resserrer les liens qui unissent désormais les trois cours impériales. La Prusse a dit-on, obtenu quelques délais pour le reste de ses contributions, et n'en a profité que pour prendre des mesures qui garantissent au nouveau terme donné l'exact acquittement de cette dette.

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En rentrant dans ses Etats, le roi de Hollande, accueilli par les témoignages du respectueux attachement que lui porte la nation toute entière a eu pour premier soin de délier de leur serment de fidélité ses sujets des pays cédés à la France par le nouveau traité conclu avec l'Empereur. La Hollande perd, par cette cession, de trois à quatre cent mille habitans et des places importantes. De justes indemnités lui sont, dit-on, assurées sur d'autres points de la frontière. Le roi a reçu les hommages de son conseil d'état et du corps législatif; le monarque répondu aux expressions de l'amour et de la fidélité de son peuple, qu'iléprouvait un vif plaisir en se voyant au milieu de sa capitale, qu'il y avait réuni toute sa famille pour resserrer d'autant plus les liens qui l'attachent à la brave et fidèle nation hollandaise, qu'il comptait sur la coopération des premiers corps de l'Etat pour rétablir les affaires publiques, et pour remplir les conditions du dernier traité. S. M. a terminé en disant que tout sujet de plainte de la part de la France était écarté, qu'il attendait tout de l'appui de son auguste frère l'Empereur des Français, pourvu toutefois que l'on ne donnât pas de nouveau sujet de mécontentement.

En vertu du traité dont il s'agit, et qui est l'objet d'un sénatus-consulte qui va être incessamment publié, les troupes françaises ont occupé tous les points de la côte du pays cédé entre Meuse et Rhin. Ce pays étendra les limites du département des Deux-Nèthes, qui devient ainsi l'un des plus considérables de l'Empire, et qui à la paix doit avoir pour capitale l'une des places les plus fortes, et peutêtre la ville de commerce la plus florissante de l'univers. Le nouveau département portera le nom de département des Bouches-du-Rhin: on annonce comme appelé à sa préfecture M. le baron Fremin-Beaumont, membre du corps-législatif.

La Hollande revenant ainsi à des principes sévères sur l'exécution des mesures de prohibition, les Anséatiques se trouvant aussi dans l'impossibilité de les enfreindre, et forcées de suivre le mouvement général imprimé à tout le Nord, tandis qu'au Midi il n'est pas un point qui ouvre aux Anglais l'Allemagne ou l'Italie, il est impossible que le but qui est l'objet de ce vaste système, ne soit pas atteint sous peu, et que les Anglais ne demandent pas enfin eux-mêmes à sortir de cet état de paralysie dont ils sont frappés et dont les suites vont leur être si funestes. Le maréchal duc de Reggio commande en chef toutes les troupes destinées à assurer l'exécution des mesures prises contre leur commerce, c'est-à-dire, contre leurs prétentions exclusives et la domination arbitraire de leur pavillon.

On reconnaît déjà que toutes les mers ont cessé d'être leurs tributaires; ils ne peuvent, quels que soient leurs forces et leurs nombreux bâtimens, les occuper toutes; il est bien démontré que leur prétendu blocus sur une telle étendue de côtes, n'a jamais pu être que fictif. Ils bloquent si peu l'Adriatique, que Corfou est sans aucune espèce d'inquiétude, que Fiume, Trieste, Venise, Ancône, Rimini font encore un assez grand commerce, et reçoivent une foule de bâtimens grecs, turcs ou italiens chargés de marchandises.

Mais si l'inquiétude n'est ni à Corfou ni à Trieste, s'il a suffi de quelques régimens croates désormais armés pour la France, pour repousser sur leur ligne les bandes turques qui avaient insulté les provinces illyriennes, l'alarme est en Sicile; les Anglais y portent des secours; ils y portent, sur-tout, dit-on, à la famille réfugiée, l'assurance d'une retraite et d'un asyle, les uns disent à Malte, d'autres en Angleterre même. On croit que l'arrivée du roi doit être le signal d'un grand événement: des troupes ont marché vers Naples; un grand nombre d'officiersgénéraux distingués ont reçu cette destination nouvelle. L'île manque d'approvisionnemens et d'artillerie: les Anglais se plaignent de l'ineptie des habitans et de leur inaptitude au service militaire; les habitans, de leur côté, accusentl'intempérance et l'arrogance de leurs hôtes; c'est comme par-tout. On attend en Sicile des renforts venant de Portugal, mais ce point peut-il être, dégarni? les Anglais commettront-ils cette faute? ne savent-ils pas déjà quelles luttes terribles ils vont avoir à soutenir? C'est le maréchal Massena qu'ils vont avoir en tête : cet illustre chef dont le nom rappelle tant de souvenirs, qu'on le répète avec enthousiasme, quoique depuis, ceux de Rivoli et d'Esling aient été à-la-fois pour lui des titres d'honneur et de gloire, est parti pour l'Espagne avec un grand coinmmandement. Il doit réunir sous ses ordres tous les corps qui étaient destinés à délivrer le Portugal de la présence des Anglais; ik se rend directement à Valladolid. Son armée se composera des corps du duc d'Abrantès, du maréchal duc d'El

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