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Qui savourent le miel des propos séducteurs.
Mais la vive jeunesse abandonne le verre,
Danse, et d'un pied pesant à grand bruit bat la terre.
Pour les représenter, oh"! que n'ais-je en mes mains
Le pinceau qu'échauffait la verve de Rubens!
L'un, qui tient så danseuse, et d'un bras la soulève,
Rougit d'un gros baiser des charmes pleins de sève.
Un autre, avec sa belle, exprès s'est laissé cheoir;
Il a vu voltiger la robe et le mouchoir;

Son audace en profite; un rival, plein de rage,

Le voit, pálit, se tait, dévore son outrage.

Mais la grand'chaîne en rond fait tourner tous les pas ;
Tout part; on prend, on quitte, on croise tous les bras;
Des ris des bonds joyeux la bruyante folie,

Le baiser qui, partout, vole et se multiplie,
Au hasard, à dessein, ravi, rendu, donné,
Plus d'un larcin commis, aussitôt pardonné,
Par les plus chauds transports signalent cette orgie.
Voyez, dans leur ardente et grossière énergie,
Ces rustres dévorer d'un regard enchanté
Leurs belles, regorgeant de force et de santé.
Quel trésor de couleurs! quelles riches études
De traits, d'expressions, de gestes, d'attitudes !
Voyez l'orchestre même, où, tels que des ballons,
De gros ménétriers, gonflant tous leurs poumons,
Sous leurs doigts font crier leur aigre cornemuse.
A conter, cependant, la vieillesse s'amuse,
Et, ne tarissant pas dans ses récits féconds,
Tient toujours le banquet et vide les flacons.
Avec eux, du hameau le curé respectable,
Sans regarder les jeux, tient le haut de la table,
N'entend
pas, ne voit pas ce qu'il ne doit pas voir,
Et laisse tout passer sans s'en apercevoir.

PARSEVAL.

LE LAURIER ET LA ROSE.

APOLOGUE ALLLÉGORIQUE.

LA France, devenue un temple de Victoire,
Fleurissait sous l'abri d'un vaste et beau laurier;
L'Amour, jaloux d'offrir son hommage à la Gloire,
Près de lui vint placer le plus joli rosier.
L'arbre majestueux, souriant à l'arbuste,
Laissa parer de fleurs ses rameaux satisfaits.
Le temple de Victoire en devint un de paix ;
L'arbrisseau s'embellit sous son appui robuste
Et tous deux, provignant leur race et leurs bienfaits,
Firent à l'univers bénir l'hymen auguste
De la Rose germaine et du Laurier français.

ENIGME.

SANS être jamais en alarmes,
Presque toujours je suis en larmes.
Je viens de l'Arabie ou du pays Moka;
Parfois mâle, parfois femelle,

Souvent, dans l'un ou l'autre cas,
J'enivre, et trouble la cervelle.
Il n'est courtisan à la cour

Qui ne m'offre aux puissans du jour :
Pour se rendre les Dieux propices

On m'offre dans les sacrifices;

On m'offre, on me prodigue, et souvent pour des riens, Même aux académiciens.

S........

LOGOGRIPHE (EN MONORIME).

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Sans me décomposer, lecteur, je suis un jeu ;
Et même on mes dix pieds l'on trouve le mot jeu.
Retranche la moitié, je suis encore un jeu.

Otes-en six, je suis un autre jeu.

Choisis cinq de mes pieds, je sers à certain jeu ;
Enfin, réduit à trois, je suis toujours un jeu.

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Mots de l'ENIGME, du LOGOGRIPHE et de la Charade insérés dans le dernier Numéro.

Le mot de l'Enigme du dernier Numéro est Jabot.

Celui du Logogriphe est Racine, dans lequel on trouve, ânier, an, Caen, aire, âne, raie, acier, cire, écrin, arc, air, craie, ancre, Caïns Ain, Aine, crâne, are âcre, et rien.

Celui de la Charade est Dé-bat.

SCIENCES ET ARTS.

SUR LA COMPOSITION CHIMIQUE DES SUBSTANCES VÉGÉTALES.

Je me promenais dernièrement dans les serres du Jardin des Plantes avec un des habiles botanistes attachés à ce bel établissement. En me montrant cette multitude de plantes venues de toutes les extrémités de la terre, ᎥᏞ me faisait admirer la variété infinie de leur port, de leur forme, de leurs couleurs, de leur végétation; il me faisait remarquer les rapports naturels qui, rapprochant quelquefois des individus nés sous les climats les plus divers, annoncent qu'ils ne composent qu'une même famille, et fournissent ainsi les élémens de cette ordonnance générale, sur laquelle les botanistes règlent leurs classifications. L'étendue et la beauté de ces considérations intéressaient vivement mon esprit ; je me représentais tout ce que la culture comparée d'un si grand nombre de végé taux doit donner de connaissances sur le mystère de leur organisation; combien d'applications utiles elle peut fournir à la médecine, à l'agriculture, au commerce et aux arts. Alors je me rappelais que de ce même lieu, de ces mêmes serres, étaient sortis, il y a près de cent ans, tous les pieds de café qui peuplent aujourd'hui les Antilles et les colonies européennes d'Amérique. Je songeais qu'avec du tems et de la persévérance on pourrait naturaliser de même la culture du thé de la Chine dans nos îles de la Méditerranée; et me reportant à des services moins brillans, mais non moins réels, je pensais à cette immense, quantité de graines d'arbres et de végétaux utiles que le Jardin des Plantes a déjà répandues et répand encore tous les ans sur le sol fertile de notre patrie. En réfléchissant à tous ces bienfaits des sciences, à ces présents secrets et cachés dont le vulgaire des hommes jouit sans connaître, sans sentir même la main qui les leur envoie, j'éprouvais un sentiment de respect involontaire, pareil à celui que durent éprouver autrefois les hommes errans et sauvages pour

ceux qui leur donnèrent les premiers principes de la civili

sation.

ou

Mais ce qui m'étonnait le plus, et ce dont nul autre lieu sur la terre 'offrirait au même degré l'exemple c'étaient les merveilles, de la végétation elle-même, et ses modifications infinies. Tantôt ce sont de grandes feuilles larges et étalées comme dans les bananiers de l'Inde, de petites feuilles finement découpées et dentées comme dans les sensitives et les bruyères; ici la tige est composées de feuilles opposées circulairement par leurs bases, comme dans les rubiacées, ou arrangées et tournées en spirale comme dans le Paudanus des tropiques; tandis que, dans d'autres familles, cette même tige forme un tronc ligneux., dur et compact, comme dans les grands arbres de nos forêts. Tantôt la base de l'arbre se détruit, et la tige continue à vivre presque sans communication avec la terre. Ou bien encore dans certaines classes de végétaux, on entoure la tige vivante d'une ceinture de terre ; elle y pousse des raci nes, et l'art donne ainsi à l'arbre un nouveau pied. C'est le pays des miracles et des métamorphoses. Ici des étamines fécondantes se changent en pétales stériles; là, les pétioles qui portent les feuilles, recevant un accroissement extraor dinaire, se dilatent, s'étendent, et leur surface suffisant désormais aux besoins de la plante, celle-ci cesse de produire des feuilles, ou n'en produit phis que des rudimens imparfaits, comme pour montrer la place quelles devaient occuper. Toutes les parties du végétal se transforment ainsi lés unes dans les autres avec une facilité extrême; les espèces greffées sur d'autres espèces so servent mutuellement de sol, et les sucs amers pompés par un tronc sauvage s'adoucissent en s'élevant dans une tige depuis long-tems cultivée. De jeunes pousses introduites dans des vases de terre y deviennent des arbres isolés du tronc principal qui les avait produits. D'autres arbres arrachés du sein de la terre, et plantés dans une direction renversée, s'accommodent à cette nouvelle situation. Les branches deviennent racines, et les racines devenues branches poussent des feuilles, des bourgeons et des fleurs. Bien plus, une simple feuille, une feuille d'oranger plantée par sa base, pousse aussi des racines, des bourgeons, des tiges, et devient un oranger à son tour. Le principe d'assimilation qu'elle portait dans son sein a suffi pour attirer les sucs propres à son accroissement, et pour déterminer, dans les molécules qui les composent, l'arrangement et les combi

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