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Du vivant de son père, il intervint à l'acte par lequel Thierry, sire d'Altena, rendit en 1230, hommage au comte de Hollande pour le château d'Altena et ses biens allodiaux situés en la Hollande méridionale et au Woudrichemerweerd. C'est que dans l'esprit de cette époque les biens appartenaient réellement à la famille et le propriétaire n'était que détenteur. Thierry, sire d'Altena, scellait à cheval. La généalogie que nous avons donnée ci-dessus, des possesseurs de cette terre ou seigneurie, permet, d'une part, de réduire à leur valeur bien des suppositions que des auteurs se sont permises, et, d'autre part, d'établir une bonne chronologie des sires d'Altena et de Hornes, à cette époque reculée. Van Spaen qui ne savait point que les premiers étaient issus des comtes de Teysterbant, fait observer: « Uit de leen<< roerigheid aan Cleve, is het zeker dat er eenige betrekking, ons nu <<< onbekend, tusschen die graaven, en de heeren van Altena plaats had. » L'auteur a consacré à la terre d'Altena une notice assez longue mais trèsconfuse. Nous en reproduisons cependant quelques lignes. « Met zekerheid, dit-il dans son Introduction à l'histoire de Gueldre, t. III, p. 211, vindt << men eerst Thierry d'Altena als een vry man, liber homo, in 1145, a gemeld; naderhand komt hy voor in 1155, 1167, 1172. Hy noemt zich « zelfs by eene gifte aan de abdye van Everbode in 1152, Theodoricus Dei « gratiâ dominus de Altena. Zyn zoon Balduin had eenig verschil over << Altena, waar van de reden niet uitgedrukt staat; maar zyn recht wierd in « 1187 door den graaf van Cleve, als leenheer, erkend. Deze leefde nog << in 1202, maar moet in dit jaar gestorven zyn, dewyl zyn zoon Dirk ook « op 1202 als heer van Altena gemeld wordt. Met deeze Cleefsche leenplicht, is niet wel over een te brengen, dat Dirk neffens zyn neef Willem << VAN HORNES Zyn slot Altena en zyne allodiale goederen in Zuid-Holland << en Woudrichemerweerd gelegen, in 1230, ten leen aan Holland maakte, <ten ware het slot niet onder Cleve behoorde en eigen goed was. By zyne < twee vrouwen Maria en Imaina, liet Dirk geene kinderen na, en zyne heerlykheid kwam aan Willem VAN HORNES, zoon van zyne zuster Mar« griet en van Engelbert, heer van Hornes, die reeds op zyn verzoek, in « 1215, door den graaf van Cleve beleend was. >

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L'erreur de van Spaen prend sa source dans les ouvrages généalogiques qui traitent de la famille des comtes de Hornes. Leurs auteurs ne manquaient certes pas de science, ni de critique, mais ils n'avaient pas eu le bonheur de rencontrer les documents qui étaient les plus propres à les guider dans leurs recherches. De là tant de suppositions, toujours dangereuses en matière de généalogie.

Si M. Villenfagne a laissé exister bien des erreurs; il est cependant parvenu à éclaircir bien des doutes.

« Il est évident, dit Villenfagne, Essais critiques, t. II, page 162, que les auteurs du Dictionnaire de Moreri, et celui des Délices du Pays de Liége, se sont trompés, lorsqu'ils ont avancé que la terre d'Altena entra, dans le xi° siècle, par le mariage de Marguerite de Montbéliard avec Guillaume, sire de Hornes, dans la famille de Hornes; ils se sont encore trompés en avançant que Thierry, seigneur d'Altena, était fils du sire de Hornes, car il conste que Guillaume était en possession du domaine de Hornes, avant qu'il eût hérité de celui d'Altena et de quelques autres terres de son oncle Thierry, seigneur d'Altena, qui vivait en 1232. Le continuateur de Louvrex (t. iv, p. 150) s'est aussi trompé, lorsqu'il veut que le territoire de Hornes, qui faisait partie du comté de Looz, fut démembré de ce comté en faveur d'un seigneur d'Altena. On vient de voir que ce n'a été qu'après 1232, que Thierry, seigneur d'Altena, laissa cette terre à son neveu Guillaume, sire de Hornes; mais ce continuateur est plus exact, quand il dit que ce dernier prêta pour le domaine de Hornes, en 1245, foi et hommage à Arnoud, comte de Looz et de Chiny. Dans deux chartes de ce dernier, l'une de l'an 1248 et l'autre de 1256, Guillaume DE HORNES le reconnaît encore pour son seigneur direct. Ces actes sont accompagnés du sceau d'Arnoud, avec les armes de Looz, et celui de Guillaume, avec les armes de Hornes et d'Altena. »>

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Le supplément aux Trophées du Brabant, article Cranendonck, rapporte trois chartes dans lesquelles Guillaume et Engelbert DE HORNES Sont cités comme neveux de Thierry d'Altena. En qualité de seigneur d'Altena, le premier signa en 1243 des lettres de son oncle, du chef de sa femme, Thierry, comte d'Hochstadt, relatives au domaine de Daelhem; elles se terminent ainsi : « Et ut præmissa à me et meis hæredibus inviolabiliter observantur, supplicavi domino et patruo meo archiepiscopo Coloniensi et viris nobili<< bus Seynensi et Gelrensi et Lossensi comitibus, Godefrido, domino de « Parwes, Willelmo, domino de Altena, domino Willelmo de Grimberg et << Waltero de Burnghorn, ut in testimonium et evidentiam præmissorum, sigilla sua unacum meo præsentibus litteris apponant. Datum Ruremondæ « in vigiliâ Mathiæ apostoli. » Il signa cette pièce comme héritier présomptif, puisqu'il avait épousé Helwide, dame de Cranendonck et d'Eindhoven, fille de Lothaire, comte de Wickerode qui était frère de Thierry, comte d'Hochstadt. Le même jour il signa la confirmation de cette disposition conjointement avec « Conrado Coloniensi archiepiscopo, Seynensi, Gelrensi et << Lossensi comitibus, domino G. decano majoris ecclesiæ Coloniensis, Hen

« rico præposito S. Severini, Frederico præposito ad gradus S. Mariæ in << Colonia, dilecto consanguineo nostro Godefrido, domino de Perweys, << Willelmo de Grimberg, domino Rutgero de Brenich, domino Waltero de << Brunehorne, Willelmo de Altena, Ottone, domino de Wickerode, Gerardo « domino de Randerode et aliis quam plurimis. »

Christophe Butkens, tome 1, page 253 des Trophées, et 91 des Preuves, rappelle le traité de Walsberge, par lequel Henri, évêque de Liége, Othon, comte de Gueldre, et Arnoud, comte de Looz, se lièrent, l'un vis-à-vis de l'autre, d'une étroite confédération. En voici le texte, d'après l'éditeur de la chronique de J. de Clerc, t. 1, p. 649, « Henricus, Dei gratiâ Leodiensis electus, << Henricus, dux Lotharingiæ et Brabantiæ, Otto de Gelria et Arnoldus de «Los, comites, salutem et cognoscere veritatem. Ad notitiam omnium < volumus pervenire quòd nos, in præsentiâ hominum nostrorum et fidelium, de consilio etiam et assensu eorumdem, fide datà compromisimus, « quòd alter alterum contrà quemlibet bonâ fide sine malo dolo juvabit, et <fideliter assistet cum hominibus, terris et totâ potentiâ. In cujus compro• missions testimonia et firmitudinem, sigilla nostra præsentibus duximus <apponenda, adhiditis subscriptis testibus, videlicet domino Ottone, præ< posito Aquensi, magistro God., decani Sancti-Servatii in Trajecto, domino «Gunthero de Bartoys, domino Antonio de Monial, Godefrido, domino de « Perweis, domino Willelmo de Althena, Arnoldo, dapifero de Rotselaer, << domino Henrico Berthold, domino Ludovico de Berlaer, domino Arnoldo « de Wesemale, domino Clucting et aliis quam pluribus. Actum et datum « apud Walsberghe, mense novembri, feriâ sextâ post octovas beati Martini < hyemalis, anno 1248. » Comme l'éditeur laisse beaucoup à désirer, nous tâchons de suppléer à son silence, en faisant mieux connaître les témoins; ceux-ci étaient : Gunther de Berlo, Antoine de Momale, Godefroi de Brabant, seigneur de Perwez, de Grimberghen, de Ninove, de Rumpst, de Hobocken, petit-fils de Godefroi III, duc de Lothier et de Brabant, et d'Imaine de Looz, fille d'Arnoud, comte de Looz, sa deuxième femme; lequel épousa Jeanne d'Audenarde, fille de Jean, seigneur d'Audenarde, de Rosoy, de Lessines, de Flobecque, d'Assche et des terres d'entre Marcke et Ronne, premier pair de Flandre, baron de Pamele, avoué d'Eenaeme, de Gisenghem et de Wingelines, et de Marie de Soissons, qui était fille de Jean, comte de Soissons, et de Marie, dame de Thour et de Chimay. Jean, seigneur d'Audenarde, baron de Pamele, eut une sœur germaine, nommée Marie d'Audenarde, dame de Baucignies, qui épousa, remier lit, Jean, comte de Réthel, fils unique de Hugues, comte

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de Réthel, et de Mabelie, châtelaine d'Ypres, dame de Bailleul, et en second lit, Godefroi, comte de Louvain, seigneur de Gaesbeek, d'Herstal, de Leeuw, second fils de Henri I, duc de Lothier et de Brabant, et de Mathilde de Flandre, comtesse de Boulogne, sa première femme, desquels sont issus les seigneurs de Heinsberg, comtes de Looz et de Chiny, ainsi que la maison de Hornes. Lequel Godefroi était frère de Henri II, duc de Lothier et de Brabant, de Marie de Brabant, femme d'Othon IV, empereur, et encore d'Aleyde de Brabant, épouse, en premières noces, de Guillaume, comte d'Auvergne, et en secondes noces, de Louis, comte de Looz, et aussi de Mathilde de Brabant, femme de Florent IV, comte de Hollande; comme aussi de Sophie de Brabant, femme de Gérard III, comte de Gueldre, et enfin d'Isabeau de Brabant, femme de Thierry, comte de Clèves. Jean, seigneur d'Audenarde, baron de Pamele, et sa sœur, dame de Baucignies, furent les enfants d'Arnoud, sire d'Audenarde, de Lessines, de Flobecque, d'Assche et des terres d'entre Marcke et Ronne, avoué d'Eenaeme, de Gisenghem et de Wingelines, créé premier pair de Flandre et baron de Pamele par le comte de Flandre, l'an 1225, fondateur de l'hôpital de Lessines, l'an 1240, et de Marie, dame de Rosoy et de Baucignies, fille de Rogier, seigneur desdits lieux, et d'Alix d'Avesnes, laquelle fut fille de Jacques, seigneur d'Avesnes, de Leuze et de Condé, et d'Ameline, dame de Guise, tante de Jean d'Avesnes, comte de Hainaut, aïeul des comtes de Hollande, de Zélande et de Hainaut.

Guillaume DE HORNES, gentilhomme de l'évêque de Liége, et pair de sa cour, fut consulté, conjointement avec les autres hommes de fief ou pairs de cette cour, par l'évêque Henri, au sujet de la déclaration de Marguerite, comtesse de Flandre et de Hainaut, par laquelle elle annonçait qu'elle avait donné le comté de Hainaut au comte d'Anjou et à ses hoirs et priait le prélat de recevoir ce comte pour son homme du comté de Hainaut. Elle avait mandé au comte de Luxembourg et au seigneur de Mortagne de rendre hommage au comte d'Anjou de tout ce qu'ils tenaient en Hainaut; mais Jean d'Avesnes, fils de cette comtesse, s'y était opposé et avait requis d'être reçu pour homme de l'évêque de Liége, à cause du comté de Hainaut. L'évêque assembla sa cour, et de l'avis de Guillaume DE HORNES, Seigneur d'Altena, il déclara, à Malines, le samedi après l'octave de la Chandeleur, 1253, que Jean d'Avesnes était le vrai comte de Hainaut et ordonna aux hommes de fief du comté de Hainaut, de lui rendre l'hommage qu'ils lui devaient. Assistaient à cette délibération, comme gentilshommes de l'évêque, outre Guillaume DE HORNES et deux de ses fils Engelbert DE HORnes,

archidiacre de Liége, et Guillaume DE HORNES, dit D'ALTENA, Othon, comte de Gueldre; Henri, comte de Luxembourg; Arnoud, comte de Looz et de Chiny; Oter, prévôt d'Ays; Godefroi, archidiacre de Liége; Engelbert, doyen d'Utrecht; Thierry, sire de Fauquemont; Henri, sire de Houfalize; Wautier Bertaus; Gossuin de Borne; et Gossuin de Mille, comte de Haire. Cette sentence fut confirmée par Guillaume, roi des Romains, le même jour. En 1255, Guillaume, comte de Hornes, scella conjointement avec Othon, comte de Gueldre, Guillaume, seigneur de Kessel, et Godefroi, seigneur de Perwez, l'acte d'institution du monastère de Keyserbosch sur lequel nous donnons plus loin une note.

Othon, comte de Gueldre, avait acquis, en 1251, d'un des héritiers de la maison de Stryen, nommé Herman, comte de Virnembourg, la propriété du domaine de Thorn sur lequel il exerçait déjà quelques droits féodaux. Après la mort d'Herman, le comte de Gueldre, devenu propriétaire absolu du domaine, se trouva contraint par les événements politiques, à céder une partie de ses droits sur l'abbaye de Thorn, savoir: la sous-avouerie ou protection inférieure de cette communauté avec tous les avantages qui dépendaient ordinairement de ces charges. C'est ainsi que les seigneurs de Hornes obtinrent le protectorat de l'abbaye de Thorn, lequel fut considéré comme une annexe de la seigneurie de Hornes et passa plus tard avec ce domaine aux évêques de Liége. Le protectorat supérieur avait été réservé par Othon, comte de Gueldre, en faveur de sa famille. Je considère Guillaume, sire de Hornes et d'Altena, comme le premier sous-avoué de Thorn. Tout ce que nous venons d'exposer est tiré de titres authentiques; nous ne savons ce qui a pu engager Butkens ou son continuateur (Troph., t. 1, p. 527), à s'exprimer d'une autre manière au sujet des droits de l'avouerie de Thorn. «L'avouerie principale et souveraine, dit-il, de cette très-noble église, appartient de droit aux ducs de Brabant et comtes de Louvain, comme vrais fondateurs d'icelle, mais les comtes et ducs de Gueldre, comme sous-avoués, reconnaissaient les ducs de Brabant par le relief qu'ils fesaient de ladite sous-avouerie. La Veluwe, Kessel, Bommelweert, Thieleweert, Oisterbeke, l'avouerie de Thorn, Cuyck et Grave, tenaient les comtes et ducs de Gueldre et de Brabant, et en étaient leurs hommes liges, comme aussi à raison de douze morges de terre, situées à Thieleweert, dont ils faisaient relief. » L'abbaye de Thorn, appelée communément Thoor ou Thoer, de l'ordre de Saint-Benoît, était située sur le territoire du comté de Hornes, près du fort Stevensweerd. C'était un grand et beau bâtiment. Le chapitre se composait de quatorze demoiselles ou chanoinesses, des

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