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DE HORNES, son neveu, fils de Guillaume, sire de Hornes, et d'Else de Clèves, qui de Catherine Berthout, dame de Duffle, Gheel, laissa belle postérité. »

Les propriétés, que nous venons de faire connaître, sont toutes situées soit dans le royaume des Pays-Bas, soit dans la Belgique actuelle; mais la famille de Hornes avait aussi d'immenses et magnifiques domaines en France, qu'elle tenait, comme ceux de Gaesbeek et d'Herstal, de la libéralité de Béatrix de Louvain. D'abord, la terre de Baucignies, mouvante de la seigneurie de Rosoy et comprise sous le bailliage de Vermandois, en la prévôté souveraine de Laon, était appelée vulgairement, sur les lieux, sous le nom de Dony, mais elle figure seulement sous celui de Baucignies ou Bassigny dans tous les actes. En l'année 1412, cette terre comptait déjà plusieurs maisons ou métairies, bien bâties et entourées de terres arables, et la majeure partie était couverte d'une majestueuse forêt de chênes qui était un reste de la vieille Thiérache. Dans des documents plus récents, nous avons trouvé que le domaine de Baucignies était partagé en dix-sept feux, villages ou hameaux. Il fut donné en apanage, au xvi° siècle, à Jean, fils de Philippe DE HORNES et de Jeanne de Lannoy, dont les descendants ont formé la branche de Hornes dite Baucignies. La terre de Baucignies fut érigée en comté par le roi de France Henri IV, en l'année 1594, en faveur de Gérard DE HORNES, fils de Jean, seigneur de Baucignies, et de Marie de Sainte-Aldegonde-de Noircarmes, pour les grands et loyaux services que lui et ses ancêtres avaient rendus à la France; plus tard, les descendants de Gérard, comte DE HORNESBAUCIGNIES, furent élevés à la dignité de prince.

Dans les environs de la terre de Baucignies, se trouvait Montcornet, autre riche seigneurie, que recueillit Guillaume DE HORNES par le testament de sa tante Béatrix de Louvain.

A tant de belles et importantes propriétés, nous devons enfin ajouter le vaste domaine qui a donné son nom et peut-être ses armoiries à la famille de Hornes. Il importe même que nous y prêtions une attention particulière, à l'effet de faire apprécier convenablement la puissance de cette maison et l'influence qu'elle a exercée dans tout le moyen âge et surtout au XVe siècle.

Le comté de Hornes comprenait une étendue de huit lieues de long sur presque autant de large. Son château, qui dominait une éminence, construction formidable pour le temps, était à une demi-lieue de Ruremonde, dont il était séparé par la Meuse. Ses restes témoignent encore de sa haute antiquité.

« Le château de Hornes, éloigné d'une demi-lieue de la ville de Rure

monde, dit l'auteur des Délices du pays de Liége, tient lieu de capitale à un petit état, situé sur la rive gauche de la Meuse, entre les duchés de Brabant et de Gueldre, et le comté de Looz. Dès le douzième siècle, les seigneurs de Hornes ont été regardés comme souverains, et l'on trouve le nom du comte Conon de Hornes entre ceux des puissants princes qui, l'an 1088, établirent dans la ville de Liége le Tribunal de paix, qui fut nommé ensuite l'Anneau du palais. Malgré cette ligue, qui semblait devoir assurer la paix entre eux, l'empereur Henri V, ayant ôté le duché de Lothier au comte de Limbourg pour le donner à Godefroi-le-Barbu, comte de Louvain, ce changement occasionna une guerre où chacun prit parti. Guillaume, premier du nom, seigneur de Hornes, qui soutenait le comte de Louvain, pensa en être la victime, car il fut assiégé dans sa ville de Hornes, qui n'aurait pu éviter d'être prise, sans le secours que lui amena le comte de Louvain, à qui Guillaume fit hommage par reconnaissance (1).

(1) « Indépendamment de la certitude du premier hommage des seigneurs de Hornes, on trouve dans Butkens, tome 1, page 285, que Guillaume IV de ce nom fit hommage à Jean, duc de Brabant, pour la terre de Venloen et quelques autres droits que ce duc lui donna en fief. Mais le nom de Hornes ne se trouve point entre ceux des anciens fiefs de Brabant, marqués dans le recueil diplomatique de Miræus, tome 1, page 804. » Telle est une note des Délices du pays de Liége, laquelle nous fournit l'occasion de déclarer que les sires de Hornes n'étaient point tenus à hommage envers le duc de Brabant, ni même envers les comtes de Looz, dont ils étaient indépendants, du moins pour la terre de Hornes. L'hommage dont il vient d'être fait mention est un fait isolé, commandé peut-être par les circonstances particulières dans lesquelles se trouvaient les parties.

Tout ce qui concerne les premiers temps du comté de Hornes est très-obscur; les auteurs ont tellement embrouillé les faits historiques et les personnages qui y figurent, que l'on peut désespérer de parvenir jamais à un classement méthodique et à une chronologie certaine pour les premiers temps de ce comté. Le comté de Looz comptait deux fiefs de Hornes, l'un comté de ce nom, et l'autre simple seigneurie, dont la moitié a longtemps appartenu à des scigueurs qui portaient un écu à trois huchets, comme le démontre la pierre sépulcrale d'Oriente citée au bas de cette note. Une autre propriété, située près de Saint-Trond et nommée pareillement Hoern ou Horne, a prêté son nom à la famille de Menten. Pour éviter de confondre les seigneurs du fief de Hornes, près de Vechmael, avec les comtes DE HORNES, nous donnons divers extraits d'actes qui concernent les proprétaires de cette seigneurie :

1366. Johannes de Hoorne relevavit ibidem dimidiam partem villæ de Horne et dimidiam partem molendini in Horne cum suis pertinentiis.

1368. Walterus de Holede relevavit ibidem priman medietatem altæ justitiæ villæ de Horne cum suis appendiciis, uti sui progenitores tenere et possidere consueverunt; item medietatem unius molendini siti infrà jurisdictionem de Horne.

1380. Walterus de Holede relevavit Leodii XVI februarii medietatem altæ justitiæ villæ cum suis appendiciis, prout sui progenitores tenere et possidere consueverunt; item medietatem unius molendini ad blada, siti infrà jurisdictionem de Horne, præsentibus domino Henrico Guedegoven, milite, etc.

«Depuis ce temps, les seigneurs de Hornes, quoique souverains, sont demeurés feudataires des ducs de Brabant, avec qui même ils s'allièrent plus particulièrement dans la suite. Leur puissance s'accrut de jour en jour,

1421. Joannes de Hoerne relevavit ibidem (Curenge) à novo domino medietatem villæ de Hoerne cum dommio et suis pertinentibus, cum uno dimidio molendino ibid. jacente.

1432. Johan van Carsbeecke, natuerlic son Henrici Wolters, van Carsbeecke, ontfinck te Ludic in den Palleys, als wettich man ende momboir joncfrouwe Lysbetten van Bethouwen, in den jaer XIIII ende XXXII, de Vsten daegs in aprili, die andere helft dier heerlykheyt van Hoerne met syne toebehoerten, soo wie die gelegen syn, en in naten ende in droogen, na doot en aflyvenisse joncfrouwe Alyten van den Hoene, anders genaemt van Oley, der voorseyde joncfrouwe Lysbetten moeder, beheltelic allemalles goet recht ende macht te approberen alle testamenten ofte huwelic vorwaerden die van den voorseyden goeden gemaeckt mogten syn. Daer waren by, etc.

1458. Wilhelmus de Hoerne relevavit Curengæ à novo domino, anno præscripto XIIII maii medietatem dominii de Hoerne, villæ, molendini, et omnem redditum jurium et pertinentiarum ejusdem dominii.

Joannes de Kersbeke, naturalis, relevavit Curenga, ut mamburnus Elizabethæ de Bethouw, suæ uxoris, de novo domino, die prædictâ, aliam medietatem dominii de Hoerne, villæ, molendini et omnem jurium et pertinentiarum ejusdem dominii, præsentibus, etc.

1483. Wilhelmus de Hoirne relevavit in loco castri, anno, loco et die prædictis (10 janvier), de novo domino, ab Joanne de Cortenbach, locum tenente, dimidietatem dominii de Hoerne, villæ, molendini et omnem redditum jurium et pertinentiarum ejusdem dominii.

1506. Item Joannes van Hoorne ontfangt die halve heerlycheit van Hoerne, by Vechtmaele gelegen, etc., le 7 juillet 1506.

1507. Joannes de Hoerne relevavit post mortem Wilhelmi de Hoerne, sui patris, à Mulkâ, locum tenente, anno VII, XII januarii, medietatem dominii de Hoerne, villæ, molendini, et omnem redditum, etc.

1513. Item anno XVe ende XIII, den XXVII dach my, ontfangt joffrouwe Dierick tot Lier die halve heerlecheyt van Hoerne by Vechmaele gelegen, etc., en dit is ontfangen nae Jans van Hoerne Willemssoen die heer van Hoern was.

Item anno XVe en XIII, op den lesten dach van april, is comen meester Frans van der Hulst raedheer in der cancelrie van Brabant, en heeft bestodt die halve heerlycheyt van Hoern die joffrouwe Dyerik van Hamal, vrouwe tot Lier gecost hadde aen Jan van Hoern, Willems soen van Hoern was, zaliger, gelegen by Vechmael, etc.

1525. Anno XVe XXVtich, op maendach den VI dach february, heeft wylen huysvrouwe Willem van Horne, drossart tot Cortessem saliger voor eenen voorganger gesadt Rallem van Horion, peertstael van Horion soen, van hare loensche leen als zy possederende is nae inhalt, etc.

1527. In 't jaer XV XXVII, op ten XXII dach junii, heeft Dirik van Appelter, etc., bekent dact hy vercocht heeft aen Jacob en Catherine van Horne, wettige kinderen Willem van Horne, zaeliger, tweelf golt gulden gaer van goude ende swaer van gewichte, etc.

1540. Den vyfden dach february anno XVe viertich, soo heeft ontfangen te leene van stadhelder, Gielis Absolons, als wettich man ende momboir Anna van der Hulst, die halve heerlicheyt van Horne by Vechmael gelegen met allen haeren toebehoorten, in natten en droogen gelegen als zy te leen sorterende is aen ons genadigen heere als grave ven Loon.

Guillaume de Hornes qui releva, le 10 janvier 1485, la moitié du fief de Hornes, près de Vechmael, épousa Jeanne de Diest, décédée en 1526 et inhumée au couvent d'Oriente, sous une pierre décorée des armoiries de Hornes aux trois trompes, et de Diest aux fusées, et de cette inscription: Hier licht begraven Joanna van Dieste, mynvrouwe van Duffle, wylen huys

et l'on voit sortir d'entre eux deux princes-évêques de Liége, qui ne le cédèrent en mérite ni en autorité à aucun de leurs prédécesseurs; le dernier de ces prélats gouverna dans des circonstances difficiles. L'émulation qui s'était mise entre sa famille et la puissante maison de la Marck mit tout le pays de Liége, à deux doigts de sa perte, causa la ruine du comté de Hornes, et nuisit fort à l'avancement de sa propre famille. Guillaume d'Arenberg, l'un des plus considérables de celle de la Marck, était déjà en possession de résister aux évêques de Liége, dont il était un des principaux sujets : l'élection de Jean DE HORNES qui rendait nulle celle de Jean d'Arenberg, son fils, acheva de le révolter, et le pays de Hornes fut la première victime de son ressentiment qui se fit ensuite sentir au comté de Looz. Enfin, on en vint à un accommodement; mais soit que le parti de Hornes ne s'y portât pas de bonne foi, soit qu'en effet Guillaume songeât encore à remuer, Frédéric de Montigny, frère de l'évêque, se servit, pour le faire arrêter, d'un ordre de Maximilien d'Autriche, roi des Romains et souverain des Pays-Bas. Cette entreprise ayant été suivie de la mort du prisonnier, qui fut décapité à Maestricht, toute la maison de la Marck jura une haine immortelle à celle de Hornes, et lui fit une cruelle guerre, dont le comté de Hornes eut encore à souffrir car Ghis de Canne, qui tenait le parti de la Marck, ayant ramassé les plus turbulents de la populace de Liége, vint fondre sur la ville de Weert, qu'il livra au pillage, aussi bien que tout le pays circonvoisin, dont les habitants furent la plupart tués ou emmenés prisonniers. Cette guerre fit un grand tort au pays de Liége, et dura jusqu'en l'an 1492, qu'elle finit par le mariage d'Everard de la Marck avec Marguerite DE HORNES. Cependant, l'an 1501, Robert de la Marck ayant donné lieu à soupçonner quelque dessein sur le comté de Hornes, l'évêque Jean obtint de Louis XII, roi de France, des lettres de sauvegarde pour son pays, que Robert n'osa attaquer, la maison de la Marck ayant elle-même besoin de la protection de la France. Soit que cette guerre ait causé la décadence de la maison de Hornes, soit que ce soit l'effet naturel de la vicissitude des choses humaines, cette branche de la famille se vit peu après éteinte par la mort du comte DE HORNES, Jean II du nom, qui, ayant quitté l'état ecclésiastique pour succéder à son frère, mourut comme lui sans enfants et eut

vrouwe joncker Willems van Hoerne, drossard tot Cortershem, en sy sterft ao XVe en Jacob van Hoerne, hunnen soene die sterft XVe 26.

Catherine de Hornes, fille de Guillaume, drossart de Cortershem, se maria avec Léon van den Bosch, dit Montpertingen, seigneur de Gorsleeuw et de Grandspauwen.

pour successeur Philippe de Montmorency, seigneur de Nevele, II° du nom, qu'il avait adopté, aussi bien que Floris, baron de Montigny, son frère, par affection pour Anne d'Egmont, leur mère, dont il était devenu le second époux. Tout le monde sait le triste sort de ces deux seigneurs qui payèrent de leur tête la part qu'ils avaient prise dans les premières révolutions des Pays-Bas. Depuis leur mort, qui a éteint cette branche, l'église de Liége possède le comté de Hornes dont les revenus sont attachés à la mense épiscopale (1).

« Les commencements de cette dernière domination, furent accompagnés de guerres d'autant plus cruelles qu'elles eurent la religion pour motif. Mais il n'est pas de notre sujet de les détailler ici; il nous suffit de dire que le comté de Hornes étant pour ainsi dire enclavé dans les provinces où les mécontents des Pays-Bas avaient le plus de puissance, il fut le théâtre de la guerre qui donna naissance à la république des ProvincesUnies, et qui ne finit qu'au milieu du siècle suivant. Non seulement les Flamands, les Hollandais et les Espagnols, mais encore les Suédois, les Allemands et les Croates même y exercèrent tour à tour toutes les horreurs

(1) L'auteur à qui nous empruntons la notice sur le domaine de Hornes, ajoute en note: « La mort du comte de Hornes arriva l'an 1568, et celle du baron de Montigny deux ans après; l'église de Liége leur succéda aussitôt, selon Foulon, t. II, p. 276, qui dit que ce fut à titre de réversion, comme d'un fief masculin du comté de Looz, et que la ligne féminine de Hornes s'y opposa fortement, mais en vain. En cela, il se trompe, l'opposition étant venue de la part de Maximilien DE HORNES, seigneur de Gaesbeek, descendu de mâle en mâle de Guillaume VI, du nom, comte de Hornes. Foullon se trompe encore, en ce que cette opposition consista en un procès, intenté à la chambre impériale de Spire, dès le commencement du xvie siècle, et plusieurs années avant l'adoption de la maison de Montmorency la prétention de Maximilien n'allait qu'à retraire le comté de Hornes, qui était dès lors engagé à l'évêque de Liége; d'où il s'ensuit que ce comté appartient à l'église de Liége, et par engageure et par droit de réversion, droit qu'aucun auteur ne lui conteste. Butkens lui-même, qui a recherché avec tant de succès les droits de son pays, ne fait aucune mention de Hornes entre les fiefs de Brabant. Ainsi Strada, lib. vii, s'est trompé, quand il a dit que Philippe de Montmorency était vassal de Charles V, à cause de la ville de Hornes, dont il portait le nom. Car premièrement il ne possédait que le titre, qui lui était même contesté par la branche de Hornes-Gaesbeek. Secondement Hornes n'est pas une ville, comme nous l'avons dit plus haut. Troisièmement c'est un fief de Looz et non pas du Brabant ni de Gueldre, quoique voisin de ces deux duchés. Vid. Mant. Hist. Loss., page 294, et Butkens dans ses Trophées, t. 11, page 97. Il paraît que la terre de Hornes a été engagée par Jacques, frère de l'évêque Jean DE HORNES qui, opprimé par les seigneurs de la Marck et même leur prisonnier dans le château de Logne (Bouille, t. 11, p. 244), n'aurait sans doute pu se relever de tant de pertes, sans le secours pour lequel il paraît que sa terre fut dès lors engagée, puisque l'évêque, son frère, y fit peu après une expédition compétente au seigneur. »

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