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dont quarante-six pleins-fiefs. En temps de guerre, le seigneur de Gaesbeek devait pour le service du duc dix hommes d'armes à trois chevaux et un combattant à pied chacun, et lui amener en outre ses vassaux (1). Les derniers possesseurs de la baronnie de Gaesbeek, de la maison de Hornes, avaient tellement grevé cette belle propriété, à cause des guerres que ces seigneurs ont longtemps entretenues, que les créanciers se virent dans la nécessité de la mettre sous séquestre, afin de la faire administrer à leur profit. En 1565, elle fut vendue par Martin, comte DE HORNES, à l'infortuné comte d'Egmont, qui obtint par elle l'entrée aux états du Brabant.

Le fils de Lamoral, comte d'Egmont, ayant épousé Marie DE HORNES, fille de Martin susdit, la terre de Gaesbeek revint à cette famille pour la troisième fois. Cette dame la céda ensuite à sa nièce Sabine DE HORNES, femme de Clériade de Genève, marquis de Lullin, et fille de George, comte DE HORNES et d'Houtkerque, et d'Éléonore d'Egmont. Sabine DE HORNES et Clériade de Genève la vendirent, à leur tour, en 1615, à René de Renesse, comte de Warfusée.

Depuis lors, cette belle propriété demeura dans des familles étrangères, et elle fut enfin morcelée. On put en apprécier l'importance lorsque Philippe-François de Berghes, comte et ensuite prince de Grimberghe, et sa femme Jacqueline de Lalaing, baronne de Gaesbeek, annoncèrent la vente de cette terre vers 1687. Une brochure, dans le format in-4o, de 12 pages, sans date ni lieu d'impression, mais sous le titre d'Estimation de la Terre de Gaesbeeke, évalue son revenu à la somme de 11,700 florins, et les dernières réparations aux bâtiments, à celle de 200,000 florins, sommes énormes à cette époque. La vente était annoncée en quatre lots : 1° la baronnie de Gaesbeek avec les deux Lennick, Vlesembeek, Berchem-Saint-Laurent, Audenaeken, Elinghen et quelque juridiction à Pamele et à Goyck, le tout estimé à 204,200 florins; 2° Leeuw-Saint-Pierre, portée à 117,100 florins; 5° Lombeke-Notre-Dame et Strythem, déclarées seulement pour la valeur de 16,720 florins, et enfin Itterbeek, Dilbeek,

nicat à Reimbout de Coelborne, 11 avril 1372, item à Franco van der Zennen, 10 mars 1377. « Ceux-ci vendirent Lennick et autres terres à Sweder d'Abcoude, leur frère; Sweder eut un fils nommé Jacques qui, en 1434, vendit la seigneurie de Gaesbeek à Jean DE HORNES, fils d'Arnoud et de Jeanne de Hondschote, par où est entré le patronat d'Anderlecht dans la famille de Hornes, etc. Lettre du chanoine Henrion, du 28 juin 1756. » Il y a quelques erreurs dans ce document. Le chanoine a confondu les deux branches de la famille de Walcourt: les sires de Walcourt et les sires d'Aa.

(1) Registres des Fiefs, aux archives du royaume.

Beughem et Walcourt, portées en tout, pour 36,380. La propriété entière était donc estimée, en 1687, à la somme de 374,400 florins. Les deux Lennick furent vendus séparément; les autres villages du premier lot devinrent la propriété de Jean-Pierre Lescornet, conseiller au conseil de Brabant, qui céda, peu de temps après, la terre de Gaesbeek à LouisAlexandre Schockaert, en faveur duquel Charles II érigea, le 31 mars 1690, les villages de Dilbeek, d'Itterbeek et de Bodeghem en un comté sous le nom de Tirimont.

Le château de Gaesbeek, à deux lieues et demie de Bruxelles, près d'un ancien chemin de poste, qui conduisait de cette ville vers Castre et Enghien, est des plus pittoresques. Assis sur une hauteur, il semble encore commander à la contrée qui l'entoure et surveiller les frontières du Hainaut et de la Flandre. On croirait, tellement son emplacement est heureusement choisi, au point de vue stratégique, que les ducs de Brabant en ont conseillé la construction, dans le but de couvrir de ce côté leur résidence favorite.

Un affluent de la Zuene, la Molenbeke, qui, dans la partie supérieure de son cours, sépare les deux Lennick, arrose le village de Gaesbeek et passe au pied du château. Sur ses rives, on voit un petit manoir, à tourelles, aujourd'hui abandonné; il a été bâti, selon Gramaye, vers l'an 1600, à l'imitation de la forteresse de Gaesbeek, par le bailli Thomas Spruyt, seigneur de Santvliet. On l'appelle quelquefois le château du bailli et le plus souvent le Rammeken.

Selon Butkens, ce serait à Marie d'Audenarde, femme de Godefroi de Louvain, que le château devrait son existence. Cette dame y demeurait en 1244, comme l'atteste un diplôme donné par elle apud Gazebeca. De concert avec son fils Henri, elle fonda quelques bénéfices dont la collation leur fut abandonnée, à eux et à leurs héritiers, par le chapitre de Nivelles, sous la réserve de son agréation, le samedi avant la St-Urbain, mai 1277. Ces chapellenies étaient au nombre de six, savoir celles de Saint-Eutrope, de Sainte-Élisabeth, de Saint-Nicolas, de SainteAnne, de Notre-Dame et de Sainte-Catherine. Deux d'entre elles furent annexées à la cure du village; les prêtres qui desservaient les quatre autres, furent réservés pour le service de la chapelle castrale, et ils recevaient, à ce titre, un traitement. Leur rétribution s'éleva, en 1491, à 6 livres vieux gros ou 216 livres payement, parce que, suivant la coutume, ils avaient fourni à l'oratoire, en l'absence du seigneur et de sa suite, le pain, le vin, la cire nécessaires à l'office divin.

Selon van Gestel, le château de Gaesbeek aurait été réédifié par Jean de Louvain, frère de Béatrix. Ce qui existe aujourd'hui ne remonte pas à cette époque. Les parties les plus anciennes datent sans doute du temps de Philippe DE HORNES (1436-1488), qui releva les ruines de l'habitation de Sweder d'Abcoude. Les murs, élevés par ce loyal serviteur de la maison de Bourgogne, eurent à souffrir d'un incendie en 1566 et du siége de 1582. Il était réservé à Alexandre de Renesse de faire disparaître les traces de ces désastres. Audessus du bâtiment de la porte d'entrée, il éleva un second étage percé de fenêtres cintrées, à petits balustres en pierre, et surmonté d'un toit à pignons cachant la base d'un dôme, sur lequel reposait un gracieux campanille. Ces ornements disparurent en 1695, lorsque les Français livrèrent Gaesbeek aux flammes. Le premier comte de Tirimont et M. Paul d'Arconati ajoutèrent de nouveaux bâtiments à ce qui existait de leur temps, et, tout en rendant le château plus commode, ils surent lui conserver l'aspect vénérable qu'il doit à son existence quatre fois séculaire.

C'est au château de Gaesbeek que vécurent le mambour de l'évêché de Liége, Henri de Louvain, l'aventureux Jacques d'Abcoude, le vaillant Philippe DE HORNES de Baucignies, Lamoral d'Egmont et l'ambassadeur Schockaert. Là, Zweder, en mettant le poignard aux mains de ses favoris, prépara la destruction de la couche de sa mère; là, Philippe d'Egmont et Warfusée ont médité leurs funestes projets; là, Béatrix de Louvain pleura une cruelle flétrissure; et dans ces lieux illustrés par tant de souvenirs, Sabine de Bavière demanda vainement au Ciel la grâce de son noble époux (1).

Herstal (2), était encore un des beaux domaines que la maison de Hornes

(1) M. Alphonse Wauters, archiviste de la ville de Bruxelles, à qui l'on doit une histoire de cette ville, en trois gros volumes in-8°, a eu l'obligeance de me remettre une copie de toutes les notes qu'il avait réunies sur la baronnie et le château de Gaesbeek; la plupart se trouvent disséminées dans cette généalogie.

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(2) Herstal, Heristalum, sur la rive gauche de la Meuse, à une lieue de Liége, sur la route de Maestricht. On y voit une ancienne citadelle qui était la résidence ordinaire du maire du palais Pepin-le-Gros, qui en prit le nom d'Herstal; ce qui a fait conjecturer par les uns que c'était le lieu de sa naissance, et par les autres, qu'il en était le fondateur. Les rois de France de la seconde race ont continué à l'habiter. Charles-le-Simple y était en 919, car il y signa un diplôme de cette date.

< Herstal fut compris dans le duché de la Basse-Lotharingie. Le duc Godefroi III céda en 1171 à Rodolphe, évêque de Liége, le domaine utile de cette seigneurie pour 300 marcs et il en conserva le domaine direct ou la souveraineté. Cet arrangement, à ce qu'il paraît, ne fut pas de longue durée; car Henri I, fils et successeur de Godefroi, donna Herstal en fief à son fils puîné

acquit avec tout l'héritage de Béatrix de Louvain, dont nous avons fait connaître les dispositions testamentaires, à l'article de Gaesbeek qui précède. Godefroi III, duc de Brabant, dit Villenfagne dans ses Recherches, t. 1, page 221 et suivantes, avait donné, en 1171, à Rodulphe, prince de Liége, par forme d'engagement, pour trois cents marcs, la seigneurie d'Herstal, mais on croit que cet engagement ne fut pas de longue durée, puisque le successeur de Godefroi, dans le duché de Brabant, disposa de ce fief en faveur d'un de ses fils, sous la réserve de la souveraineté. Henri de Louvain posséda cette baronnie jusqu'à sa mort, arrivée en 1285. Jean de Louvain, son fils, en fut investi après lui. Elle passa ensuite à Henri de Louvain, fils de Jean. Henri, étant mort sans enfants, Jean de Louvain, son frère, en hérita. Celui-ci mourut en 1324, âgé seulement de 16 ou 17 ans. Sa sœur Béatrix fut investie de la terre d'Herstal. Béatrix termina sa carrière dans le célibat, en 1339, et laissa ses grands biens, entre autres, cette terre à son cousin Guillaume, sire de Hornes. C'est vers 1539, prétend le père Wastelain dans sa Description de la Gaule belgique, page 215, que le dernier rejeton femelle d'une branche de la maison ducale de Brabant porta la baronnie d'Herstal dans la maison de Heinsberg. Cet auteur cite, à

Godefroi de Louvain, qui le transmit à son fils Henri, et Herstal devint ainsi l'apanage des ducs de Brabant. Béatrix, sœur de Jean de Louvain, mort à l'âge de 17 ou 18 ans, en 1324, fut investie de la terre d'Herstal qu'elle laissa à sa mort à son cousin Guillaume, sire de Hornes. Cette seigneurie passa à la maison de Heinsberg; comment? on l'ignore, mais il paraît certain que Marie de Heinsberg donna la baronnie d'Herstal à son époux Jean, comte de Nassau, qui la posséda de même que ses prédécesseurs, comme fief relevant des ducs de Brabant. Les princes de Liége succédèrent dans tous les droits de ces ducs sur la souveraineté ou domaine direct d'Herstal, par le concordat conclu entre la reine de Hongrie, gouvernante des Pays-Bas, et George d'Autriche, évêque et prince de Liége, par lequel le territoire d'Herstal fut cédé aux évêques de Liége pour celui de Mariembourg.

Frédéric I, roi de Prusse, comme héritier en partie de la maison de Nassau-Orange, rendit, en 1702, son hommage au prince de Liége, pour la terre d'Herstal; et son successeur suivit cet exemple en 1715 et 1723. Mais en 1732 ce même prince Charles-Frédéric s'en prétendit souverain et prescrivit par une ordonnance à tous les habitants de la baronnie d'Herstal de lui faire hommage et de lui prêter serment de fidélité, comme à son souverain. Cette tentative resta sans effet. Mais son fils Frédéric II renouvela cette prétention en 1740, avec la raison du plus fort, qui, comme on sait, est toujours la meilleure. Les états ne lui contestaient pas la propriété, car à remonter à l'origine, la maison de Brandebourg en avait le domaine utile; mais ils lui en contestaient la souveraineté dont les princes de Liége avaient la jouissance depuis 1546. Les états toutefois, craignant le sort de l'agneau de la fable, comptèrent au roi une somme de 150,000 écus au moyen de laquelle il renonça à toutes ses prétentions sur Herstal, et à dater de cette époque les évêques de Liége prirent le titre de barons d'Herstal.

La population de cet endroit est de 4,700 habitants.»

Dewez, Dict. Géog., p. 222.

l'appui de cette assertion, la page 607 des Trophées de Brabant; mais Butkens dit seulement ici qu'une Jeanne de Louvain épousa, en 1253, Thierry, sire de Heinsberg, sans parler de la seigneurie d'Herstal, que cette princesse ne possédait pas, et qu'elle n'a pu, par conséquent, porter dans la famille de Heinsberg. Le père Wastelain aurait pu lire dans les Trophées, ainsi qu'on vient de voir, que ce fut Béatrix de Louvain qui laissa, en 1339, cette seigneurie à son cousin Guillaume, sire de Hornes. La baronnie d'Herstal était donc à cette époque dans la famille de Hornes et non dans celle de Heinsberg. Je ne dirai pas comment elle entra dans cette dernière; mais il paraît sûr que Marie de Heinsberg donna cette baronnie en mariage à son époux Jean, comte de Nassau, qui mourut en 1475. C'est ce qu'a très-bien remarqué le père Wastelain, qui a puisé cette particularité dans l'Historia Lossensis de Mantelius, page 289.

La maison de Hornes possédait encore à la même époque (xve siècle), le beau domaine de Perwez, situé sur les limites du comté de Namur, à deux lieues de Gembloux et trois de Jodoigne. Il parvint d'abord à la famille des comtes DE HORNES par le mariage de Gérard DE HORNES, Sire de Hornes, d'Altena, de Weert, de Hees et Leende, de Venloen, avec Ermengarde de Clèves, sa seconde femme, fille de Thierry, comte de Clèves, et d'Ermengarde de Gueldre. Gérard DE HORNES vendit cette terre, avec toutes ses dépendances, mais son fils Thierry en fit le retrait et la transmit à ses descendants, qui en ont porté le nom. Ils forment la branche des sires DE HORNES de Perwez. Le continuateur de Butkens a consacré à cette terre une page que nous pensons devoir reproduire ici : « La terre de Perwez, dit-il, est située sur les limites du comté de Namur, à deux lieues de Gembloux et trois de Jodoigne. Elle fut ci-devant assignée en partage à Guillaume de Louvain, frère de Henri I, duc de Brabant; mais l'on ne sait précisément comment elle est sortie de ce lignage; on tient qu'elle fut vendue par Ade, dame de Perwez, veuve de Gérard de Marbais, sire de Bruec, à Thibaut de Bar, évêque de Liége, qui depuis l'aurait transportée à Gérard, sire de Hornes; mais de ce je n'ai aucune preuve, tant y a qu'au registre des fiefs plus ancien, nommé Latynsboek, dressé par Guillaume de Cassel, après le trépas de Jean II, duc de Brabant, advenu en l'an 1312, l'on trouve qu'Ermengarde de Clèves, dame de Hornes et d'Herlaer, a reçu ladite terre à hommage. Elle était seconde femme de Gérard, sire de Hornes, lors veuf de Jeanne de Louvain, et procréa de cette seconde alliance Thierry DE HORNES, sire de Perwez, Cranenborgh, Herlaer, etc., Jean et Waleran DE HORNES, qui tous moururent sans hoirs, par où la terre de Perwez succéda à Thierry

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