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dans ce moment où son cœur et son corps sont émus de ces considérations, de disposer de tous les biens temporels et périssables qui par la grâce de Dieu tout-puissant lui ont été donnés et accordés dans ce pauvre monde, et

ment loué de ses grands exploits et services par lui faits, qui avaient été si notables en deux batailles de la guerre, que l'on ne l'en saurait assez priser ni remercier. » En 1562, le comte de Hornes assista au couronnement du roi des Romains, à Francfort, avec les comtes d'Egmont et de Mansfeld, ainsi que le prince d'Orange. Le comte de Hornes était alors de retour d'un voyage qu'il avait fait en Espagne: il s'était trouvé à la fête de Tolède où le roi célébra la St-André, en 1560.

Il fut envoyé à Tournay pour pacifier les troubles survenus au sujet de la religion et entra au conseil d'État par ordre du roi.

Il partageait les sentiments de la généralité; si rien ne prouve qu'il a renoncé à l'enseignement de l'Église catholique pour suivre et professer en silence les nouvelles doctrines en matière de religion, du moins sa conduite pouvait faire douter de sa foi religieuse, et ce doute reçoit plus de force encore de la conduite de sa veuve, qui ne cessa depuis de témoigner un vif attachement au calvinisme, qu'elle protégea ostensiblement. Philippe de Montmorency, comte de Hornes, devint une des plus illustres victimes de la politique de Philippe II, roi d'Espagne, qui crut devoir le sacrifier au maintien exclusif de la religion catholique aux Pays-Bas. Nous faisons allusion à l'horrible drame dont le dénouement se passa sur la Grand'Place, à Bruxelles, le 5 juin 1568 ce jour et en cet endroit, après une détention de neuf mois, furent exécutés le comte de Hornes et son ami et compagnon, Lamoral d'Egmont, dont il avait dans d'autres temps partagé la gloire.

Leur arrestation eut lieu le 9 septembre 1567, par ordre du duc d'Albe, dans son propre hôtel où il avait à dessein assemblé le conseil d'État et ses principaux officiers; « le lendemain, rapporte Viglius dans ses annotations manuscrites, il lui (au duc d'Albe) sembla nécessaire d'assembler les chevaliers de l'ordre, étant en ladite ville de Bruxelles, pour leur donner raison et quelque justification de son fait. Ceux qui y comparurent furent les ducs d'Arschot, comtes de Mansfeld et d'Arenberg, monsieur de Berlaymont et monsieur le prévôt de Saint-Bavon (Viglius), comme chancelier de l'ordre, n'y ayant pour lors en ladite ville d'autre chevalier du même ordre, sinon le comte de Meghem, qui n'était du tout refait d'une maladie qu'il avait, combien que l'on le tenait hors de danger: ce qui leur fut dit que ce qu'il avait fait, avait été par expresse ordonnance de Sa Majesté et que ce lui avait été un indicible regret que les choses étaient en tels termes que telle commission lui eût été donnée de Sa Majesté même contre deux tels seigneurs qu'il avait toujours aimés et estimés comme ses frères; mais que Sa Majesté avait commandé, et qu'il n'avait pu désobéir, comme il savait que nul d'entre eux n'eût voulu faire, ores que ce eût été contre son frère, quand ils eussent eu telle charge de Sa Majesté.

D

Les comtes de Hornes et d'Egmont furent envoyés à Gand, accompagnés de huit enseignes d'infanterie et de trois cents cavaliers, tous espagnols. Après une détention d'environ neuf mois au château de cette ville, ils en furent extraits et dirigés, sous une formidable escorte, à Bruxelles, où ils furent conduits à la maison du Roi, dite Broodhuis; ils y passèrent la nuit.

Pendant ce temps, les préparatifs de l'exécution marchaient activement; le poste de l'Hôtel-deVille fut occupé par un détachement du régiment de Julien Romero. Au point du jour, le régiment de Sicile et plusieurs compagnies espagnoles, formant un corps de vingt-deux enseignes, sous les ordres de Romero, vinrent, mèches allumées, se ranger en bataille sur la place. Deux enseignes gardaient le palais, et les autres troupes de la garnison parcouraient les rues pour dissiper les rassemblements.

L'échafaud, tendu de noir, cachait le bourreau sous les draperies, lorsque le comte d'Egmont, qui

Montmorency,

seigneurs de Nevele.

pour le salut de son âme et celle de ses parents et amis, et pour établir la paix et l'union entre ses sujets; révoquant, cassant et annulant tous testaments, dernières dispositions ou codiciles que sa seigneurie pût avoir faits ou

Montmorency, seigneurs de Nevele.

marchait le premier, le monta accompagné du mestre-de-camp don Julien Romero, du capitaine Salinas et de Martin Rythoven, évêque d'Ypres, en habit de deuil. Tout près de là était le prévôt de la cour, ayant la verge rouge à la main. Bientôt arriva le comte de Hornes portant un pourpoint, un manteau et un bonnet noirs. Il jeta les yeux sur le drap qui couvrait le cadavre d'Egmont et demanda à Salinas si c'était le corps de son ami. Sur la réponse affirmative : « Nous ne nous sommes pas vus, dit-il, en se tournant vers le peuple, depuis notre emprisonnement; mais apprenez par notre sort la mesure de l'obéissance que vos maîtres exigent de vous. Ces paroles furent prononcées avec énergie. Hornes avoua qu'il était coupable devant Dieu; mais il nia d'avoir offensé le roi, ajoutant qu'il avait agi dans son intérêt comme pour le bien de la patrie. Après avoir conjuré les assistants d'unir leurs prières aux siennes, il jeta son manteau et son bonnet, s'agenouilla devant un petit autel qui portait un crucifix d'argent, joignit les mains et attendit le coup mortel avec une héroïque fermeté.

Sa tête ainsi que celle de son compagnon furent publiquement exposées sur une pique pendant deux heures, et remises ensuite dans les cercueils qui renfermaient leurs autres restes mortels : celui du comte de Hornes fut transporté à Weert. La tombe se voit encore au chœur de la grande église. On en a fait l'ouverture en l'année 1841, et la province a ordonné que la sépulture du héros qui avait expié son amour pour la liberté par une fin si triste, mais glorieuse, fût couverte d'une nouvelle pierre de marbre noir, encadrée d'ornements en marbre blanc, et portant une inscription commémorative en lettres de cuivre.

Tous les livres historiques qui parlent de la grande révolution aux Pays-Bas, au xvi® siècle, décrivent la vie publique du comte de Hornes; mais comme elle a été différemment appréciée selon les lieux et les temps ou circonstances, nous avons pensé pouvoir renvoyer le lecteur, soit à l'ouvrage de van Meteren, soit à celui de Strada, ou autres de l'époque.

Depuis, Walburge, comtesse de Nieunaer et de Meurs, veuve de Philippe de Montmorency, comte de Hornes, convola avec Adolphe, comte de Nieunaer et de Lymbourg, dit le comte de Meurs, gouverneur du pays de Gueldre pour les états en 1583, et brûlé d'une explosion de poudre en la ville d'Arnhem, l'an 1589, fils d'Humbert, comte de Nieunaer et de Lymbourg, seigneur de Bedbur et d'Alphen, et de Mathilde, comtesse d'Haun et de Falcostein, sa seconde femme.

Elle eut de son premier mari, Philippe de Montmorency, un fils, nommé aussi Philippe, qui mourut jeune, du vivant de son père.

Elle décéda à Utrecht le 25 mai 1600 et fut enterrée auprès de son second mari.

Le 28 octobre 1594, elle dicta sa dernière volonté, qui fut certifiée par-devant notaire le dernier octobre 1598. Ce testament est important à cause de l'intérêt que nous y reconnaissons : nous avons cru devoir en donner ici les parties essentielles d'après une ancienne traduction française. Pour l'intelligence de ce texte, nous pensons aussi devoir le faire précéder par deux notes sur deux personnes nommées par Walburge:

George-Everard, comte de Solms-Lich, au service de la république de Hollande, fils d'Ernest, naquit le 30 juillet 1568 et mourut le 2 février 1602. Il avait épousé Sabine d'Egmont, fille de Lamoral.

Regnier Cant, qui reçoit une coupe dorée ayant appartenu au comte de Buren, est un de ceux qui contribuèrent le plus à faire admettre à Amsterdam la religion chrétienne réformée.

« Nous Walburge, comtesse de Nieunaer, Meurs, etc., dame de Bedbur, etc., considérant, etc. ; espérant aussi qu'il ne nous sera préjudiciable ni à ceux à qui nous donnerons nos comtés, villes,

ordonnés avant la date des présentes, a fait son testament et ordonné sa dernière volonté dans les forme et manière ci-après :

« Et d'abord le testateur recommande sa pauvre âme à Dieu, à sa benoite

châteaux et biens que pour cette présente guerre et autres difficultés publiques, n'avons obtenu ni su obtenir octroi d'aucun de nos seigneurs féodaux, avons disposé ainsi que susdit: premièrement, nous entendons et déclarons que le haut né prince Maurice, né prince d'Orange, comte de Nassau, marquis de Vere, notre bien-aimé cousin, nous succédera en notre comté, ville, château et biens de Meurs, et la maison de Kraechaus, avec les dépendances et appendances d'iceux et tels droits et actions qui nous compètent à cause d'iceux, à charge que Son Excellence avancera que les habitants dudit comté soient maintenus en la religion chrétienne réformée et en leurs franchises et libertés, et que les héritiers et légataires d'icelui puissent jouir de l'effet de cette notre dernière volonté.

« Secondement, que le bien né notre bien-aimé neveu Adolphe, fils second de notre bien-aimé frère, le aussi bien-aimé Arnoud, comte de Benthem, Steenvoordt, Teclenborg, etc., nous succédera en le château, ville et seigneurie de Bedbur, avec toutes les appendances; item, en la seigneurie de Garhtorpen en Rosborgh, les biens de Marich et Weerdt, à Merckenih, et plus tout ce que nous avons reçu en fief des électeurs et évêques de Cologne; encore en notre part de la seigneurie de Bodbergen, etc., à charge que S. E. fera aussi tous ses devoirs pour maintenir nos sujets illec en la religion chrétienne réformée, etc.

Ayant de plus en la comté de Hornes, les seigneuries de Weert, Wessem, Cortessem, Boucholt et l'avouerie de Thorn, le péage ou tonlieu de Brabant, l'engagère du comté en la seigneurie de Kessel et de Krieckenbeecq, et plus généralement en tous les biens que nous tenons en fief, tant des ducs de Brabant, Gueldre et évêque de Liége, comme comte de Looz, qu'autrement, en tous autres nos biens meubles et immeubles, actions et redevances, non compris entre les parties ci-devant spécifiées qui se trouveront au temps de notre décès nous compéter, pour notre héritier universel avons institué et instituons par cette le bien né notre bien-aimé neveu et fils élu George-Everard de Solms, etc., à charge que S. S. payera les dettes de notre maison mortuaire et travaillera aussi par tous moyens que les sujets de notredit comté et seigneuries puissent être défendus en la religion chrétienne réformée et en leurs franchises et libertés, et que S. S. sera tenue de laisser suivre hors lesdits biens les legs suivants, si comme: premièrement, au profit des pauvres, par nous ou les exécuteurs de ce notre testament à dénommer, mille florins monnaie de Brabant une fois; item, à dame Amélie, électrice, notre bien-aimée sœur, une paire de salières d'or enrichies de corail, avec six couteaux de même, et encore six cuillères d'or enrichies d'agathe, une coupe d'une licorne enrichie d'or, avec deux chandeliers d'or; item, à la bien-aimée comtesse de Benthem, une tenture de lit de toile d'or, savoir la meilleure avec la couverte de velours et toutes les appartenances, encore deux siéges de toile d'or, le plus beau tapis pour ledit lit; item, à damoiselle Anne, née comtesse de Benthem, notre nièce aînée, un quarquant (collier) avec une bague; item, à damoiselle Walburge, la fille puînée du bien né comte de Valkesteyn, par nous élevée, une bague, un cœur avec des ailes; encore à icelle une bague en pierreries; encore à la veuve dame de Brederode un plat d'argent et aiguière; encore une tenture de lit et une tapisserie à la discrétion desdits exécuteurs; item, à Henri-Diederick de Milendoncq, seigneur de Goor, notre péage ou tonlieu sur la Meuse, nommé le tonlieu de Brabant; à noble Balthazar de Milendoncq, notre part en la seigneurie de Hulst avec les revenus y appartenants et y échéants; et à Philippe-Adolphe, fils de la dame de Lockeren, une rente annuelle, rachetable, de quinze cents florins, monnaie de Brabant, et s'il vient à mourir devant nous testatrice, entendons que la dame de Lockeren succédera en ladite rente; item, aux enfants de Guillaume de Wiede, procréés de dame Madelaine de Brederode, une

Montmorency, seigneurs de Revele.

mère, et à leur sainte compagnie, priant très-humblement et du fond de son cœur que Dieu tout-puissant, dans sa miséricorde immense et infinie, daigne la recevoir et, lui étant favorable, l'admettre au nombre de ses élus;

Montmorency, seigneurs de Nevele.

rente rachetable de cinq cents florins par an; item, nous donnons et pourparlons à Catherine van
Alpen, notre femme de chambre, une rente rachetable de cent cinquante florins par an, à rédimer
au denier seize, que nous voulons lui être assignée et payée sur notre seigneurie de Bedbur, à la
charge de notre successeur en ladite seigneurie de Bedbur; item, notre héritier universel sera
obligé de laisser suivre aux deux demoiselles, lesquelles demeureront chez nous à notre décès, tous
nos habits, soit de drap, soie ou autrement, et ce par-dessus leurs autres droits; encore à demoiselle
Anne Brouck mille florins, monnaie de Brabant; item, à Regnier Cant, bourgmestre d'Amsterdam,
une coupe dorée du comte de Buren, d'heureuse mémoire, où est gravée la ville d'Engelstad;
item, à maître Adrien Merechsteyn aussi une coupe dorée venue du comte de Buren; item, à la
femme dudit Merechsteyn une aiguière d'argent, avec le plat, où sont gravées les armes de Nieunaer,
encore une nappe de damas avec l'histoire d'Abel et de Caïn, avec deux douzaines de serviettes y
semblables; item, à damoiselle Jeanne Conincx, veuve de maître Gaspar de Bergh, une longue
nappe de damas avec l'histoire d'Holoferne, avec toutes les serviettes de même patron, savoir :
quatre douzaines au plus; item, à Jean Ingenhoff, notre maître d'hôtel, deux coupes dorées, une
aiguière d'argent et un pot de chambre. Ordonnons de plus que notre héritier universel sera tenu,
avant tout, d'honorablement et bien contenter tous ceux qui au temps de notre décès seront en notre
service, de leurs services rendus; item, que ceux de nosdits légataires qui voudront en justice ou
hors disputer ou quereller directement ou indirectement cette notre disposition testamentaire ou
aucun point d'icelle, déchéeront à l'instant de leurs legs au profit de notre héritier institué, auto-
risant, avec S. E., le bien né comte Adolphe de Benthem et notre prédit institué héritier universel
d'appréhender instamment après notre trépas et tenir les comtés, villes, châteaux, seigneuries et
autres biens à eux respectueusement donnés, selon qu'ils trouveront convenir pour plus grande
assurance de leur droit; entendons aussi cette notre dernière volonté pouvoir changer, augmenter
et diminuer, ainsi que bon nous semblera; et afin qu'en l'accomplissement de notre dernière
volonté il n'y eût manquement en aucuns points, avons requis et requérons par cette les seigneurs
états-généraux des Provinces-Unies, en la protection et défense desquels nous et nos successeurs
nous tenons, qu'il leur plaise de faire faire cette exécution par quelqu'un de leurs commis en leur
nom, voulant finalement que cette notre disposition et dernière volonté sortira son plein effet, soit
en vertu d'un testament solennel, codicile, donation à cause de mort ou autre dernière volonté,
ainsi que
selon les droits, coutumes et bonne manière le mieux se faire pourra, requérant tous
empereurs, princes, ducs et autres d'y tenir la bonne main en cas de besoin, aussi nonobstant
qui se pourrait rencontrer que quelques solennités, actes ou procédures selon les droits et cou-
tumes du pays, en ce cas requis, ne seraient observés, acquittés ni suivis, que nous prions et requé-
rons que cette notre disposition, pour les raisons prédites, ne soit préjudiciable, mais tenu pour
dérogé, afin qu'en la meilleure forme et manière cette notre disposition puisse sortir effet.

« Ainsi par nous fait en la ville d'Utrecht, en notre hôtel, le 28 octobre de l'an 1594; et afin que ce demeure secret, avons nous-même écrit en cinq feuilles et sur l'espace de chaque feuillet, comme icy, signé et affigé notre scel.

« Ce dernier octobre anno 1598, stilo veteri, comparut par-devant moi Jean de Wiel, notaire public en la cour d'Utrecht, admis et sermenté, en présence des témoins sous-nommés, avec moi à ce requis et appelés, la bien née dame Walburge, comtesse de Nieunaer, Meurs, Hornes, etc., allant et étant droit en bon entendement, jouissant parfaitement de sa mémoire et de ses sens, déclarant comment Son Excellence en cette écriture en cinq feuillets avait fait écrire et avait à

« Et après que sa pauvre âme se sera détachée de son corps, il veut que ses restes mortels soient ensevelis et enterrés devant le maître-autel au chœur de l'église des frères Mineurs, hors et près du bourg et ville de Weert,

chaque feuillet signé et scellé avec son scel, son testament, codicile ou dernière volonté qu'elle voulait et veut encore qu'après son décès sortira son plein effet, ainsi que le même selon droit et coutume se pourrait le mieux faire, requérant moi notaire, avec les témoins ci-dessous nommés, de tenir notice de cette dite déclaration et la soussigner avec ladite Excellence. Ainsi fait à Utrecht, à l'hôtel de Son Excellence, l'an et jour comme dessus, en présence du sieur Emmanuel de Stembor, maître Frédéric Bogaert et Bernard de Montevaldano, tous deux avocats de ladite cour, Abraham van Goordt, David van Goordt, Sébastien de Wys, Henri Cors van Pallaes, bourgeois d'Utrecht, témoins à ce appelés par Son Excellence et spécialement requis.

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Ainsi que nous l'avons promis dans cette notice, à propos d'Éléonore de Montmorency, sœur de Philippe, comte de Hornes, et épouse d'Antoine de Lalaing, comte de Hooghstraeten, nous donnons ici sa postérité sous le nom de Lalaing:

I. Antoine de Lalaing, comte de Hooghstraeten et de Rennebourg, chevalier de la Toison-d'Or, créé par Philippe II, roi d'Espagne, mort en décembre 1568, fils de Philippe de Lalaing, comte de Hooghstraeten, baron de Ville, chevalier de la Toison-d'Or, et d'Anne, comtesse de Rennebourg, qui testa à Tournay le 3 septembre 1583, penchait vers les réformes que semblait exiger l'esprit du siècle ou la tendance de l'époque : c'était d'ailleurs le caractère très-marqué de la noblesse de la cour de Bruxelles. Le 25 mars 1567, la gouvernante écrivit au roi d'Espagne : « Le comte de Hooghstraeten est encore auprès de lui (prince d'Orange à Anvers); comme sa mère a été ces jours passés vers moi, me déclarant que son fils désirait sortir de ladite ville d'Anvers, ayant aussi requis aux comtes d'Egmont et de Mansfelt de me déclarer le même, puisqu'ils voyent les choses aller désespéremment en la ville, et le tout tendre à une révolte et rébellion manifeste, et pour avoir une plus juste occasion de partir et pouvoir plus librement faire bons et loyaux services à Sa Majesté, comme il dit en avoir le désir, que je le voulusse mander de venir vers moi, pour lui parler du serment qu'il doit renouveler à Votre Majesté, lequel il refuse sur raisons mal fondées, je suis résolue, pour ne les laisser perdre, ainsi d'avertir ceux qui voudront persister en leur rébellion, de le mander et aviser, si je dois, en sa maison, vers sa compagnie ou ailleurs.» Les hommes qui s'étaient montrés les plus hardis semblaient délibérer alors. Le comte de Hooghstraeten épousa, par contrat du 9 novembre 1560, passé à Weert, Éléonore de Montmorency, veuve de Ponthus de Lalaing, chevalier de l'ordre de la Toison-d'Or, fille de Joseph de Montmorency, seigneur de Nevele, et d'Anne d'Egmont. Le testament d'Éléonore de Montmorency est daté de Liége, 9 mars 1585; en voici les dispositions essentielles : « Elle laissa à son fils Philippe-Herman de Lalaing, chanoine de Liége, pour sa part et portion filiale, la terre et baronnie de Nevele avec ses dépendances et avec leurs charges auxquelles ils sont réellement obligés, de laquelle il pourra vendre les bois et même quelques villages pour la décharge de sa terre, sans toutefois notablement diminuer ladite terre, le tout avec l'avis du seigneur comte de Hooghstraeten, son frère; ains en cas que ledit seigneur Philippe demeure à l'église et par ainsi ou autrement meure sans hoirs légitimes procréés de son corps par légitime mariage, alors veut ladite testatrice que ladite terre devra succéder à son fils, ledit comte de Hooghstraeten, et après sa mort à ses enfants; mais mourant aussi sans enfants ou hoirs légitimes, alors icelle terre devra succéder au fils maisné de ladite testatrice, le seigneur de Hachicourt, et ses enfants légitimes et de légitime mariage. Item, elle donne et laisse à son fils Charles, pour sa part et portion, Hachicourt, Bellencourt, Liencourt, Damas, Courcelles, Fampoux, Achiet-le-Grand, la terre et baronnie de Montigny, et autres belles terres et seigneuries que ladite testatrice a au pays et comté d'Artois, à charge qu'il devra porter,

Montmorency, seigneurs de Revele.

Lalaing

de Hooghstracten.

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