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lecons de l'art militaire, sut profiter de leur effroi pour les tirer de leur apathie, et pour vaincre leur orgueil ignorant. Il mit en état de défense les châteaux d'Europe et d'Asie, dégradés par le temps. Il établit sur les deux rivages une ligne de batteries formidables, et prit enfin des mesures si actives et si bien entendues, que les Russes, après une longue station devant le détroit, n'osèrent le franchir. La marine turque était perdue; mais un marin intrépide, et qui suppléait par une sorte de génie à un défaut total d'instruction, sut en peu de temps en relever les débris. C'était un déserteur algérien, nommé Hassan. Avant le désastre de Tchesmé, il avait soutenu un combat très-glorieux, et s'était échappé de son vaisseau après y avoir mis le feu. Dès qu'il fut nommé capitan pacha, la flotte des Russes rencontra des obstacles inattendus dans toutes ses entreprises. Il lui fit lever le siége de Lemnos. L'expédition qui avait eu pour objet la délivrance de la Grèce, n'eut d'autre résultat que d'avoir resserré les chaînes de cette malheureuse contrée. La campagne glorieuse que le comte de Romanzoff conduisit cette même année 1770 sur les bords du Danube, la victoire de Taboul et la prise de Bender, dédommagèrent Cathe

rine de la triste issue de ses opérations maritimes.

est avilio dans ses

plomati ques,

L'exil du duc de Choiseul fut pour l'im: La France pératrice de Russie un événement aussi heu- direux que les succès de ses généraux en Moldavie et en Pologne. C'était ce ministre qui avait, en quelque sorte, fermé à la flotte russe l'entrée du canal des Dardanelles, en envoyant le baron de Tott au grandseigneur. Catherine II avait les plus fortes raisons de craindre son influence à Varsovie et à Stockholm. Il pouvait, d'un moment à l'autre, susciter contre elle la jalousie de l'Autriche. Il est vrai que Marie-Thérèse ne se piquait pas d'une sincérité entière avec la France. L'empereur Joseph montrait assez souvent un dédain indiscret pour le cabinet de Versailles. Cependant ni lui ni sa mère n'eussent osé provoquer, par une trahison directe, le duc de Choiseul à la rupture d'une alliance dont l'Autriche appréciait trop bien les avantages. Le cabinet de Vienne, en apprenant le renvoi d'un ministre qui avait servi son ambition, et qui, depuis quelque temps, la contenait, affecta le plus grand mécontentement. Le duc d'Aiguillon, choqué de l'intérêt Marie-Thérèse conservait pour son rival, se prononçait assez ouvertement

que

Tentative des confédé

lever Stanis

contre le systême de l'alliance autrichienne. L'empereur Joseph, Frédéric et Catherine, tous trois d'un génie actif, redoublaient de mépris pour Louis XV à mesure qu'il s'enfonçait dans son invincible paresse. Ils demandaient des nouvelles de la cour de France du ton dont ils se fussent informés des intrigues du sérail. Les trois principales puissances du nord, dès le milieu de l'année 1771, commençaient à s'entendre sur le partage de la Pologne. Marie-Thérèse témoignait quelques scrupules; mais ils n'eurent d'autre effet que de lui faire avoir une part plus forte dans le démembrement.

Quoique les confédérés de Bar n'eussent rés pour en- plus rien à espérer de la diversion opérée las-Auguste. par les Turcs, ils se défendaient avec une opi1771. niâtreté qui rarement était secondée par

la'

fortune. La conduite incertaine de StanislasAuguste avait lassé leur patience. Ils prirent la résolution de le déposer; mais quand ils eurent déclaré le trône vacant, ils virent, avec chagrin, qu'aucun prince de l'Europe ne se présentait pour demander une couronne aussi dangereuse qu'avilie. Leurs troupes faisaient des excursions sur tous les points de la Pologne, et souvent se présentaient à peu de distance de Varsovie;

pour

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1771.

mais nulle part elles ne formaient un corps d'armée imposant. Dumouriez, avant d'avoir rendu aucun service aux Polonais, leur parlait un langage peu mesuré. Loin d'honorer le dévouement héroïque de Casimir Pulawski, le plus intrépide de leurs chefs, il l'exaspérait par des reproches insupportables à l'homme d'honneur. Il s'offrit enfin réparer un revers que ce Polonais venait d'éprouver, et ne fut pas plus heureux que lui. Les troupes polonaises, qu'il avait réunies jui à son petit détachement de Français, s'enfuirent à la première décharge des Russes. Dumouriez fit avec les siens sa retraite en bon ordre sur le château de Landscron. Le général qui venait de remporter sur lui cet avantage, était ce Souwarow qui devait fournir une longue carrière de combats et de victoires. Peut-être ce dernier eût-il fait cesser, dès ce moment, la résistance des Polonais, si les cruautés d'un officier russe, le barbare Drewitz, n'avaient rendu les forces du désespoir à ce peuple malheureux. Le faible Poniatowski, enfermé dans Varsovie, s'y voyait chaque jour abandonné par ses derniers partisans, qui préféraient leur ruine et la mort à une tranquillité honteuse.

Les confédérés voulurent montrer, par un

coup hardi, qu'ils étaient loin de se croire subjugués. Ils résolurent d'attenter non aux jours mais à la liberté du roi, dont ils avaient prononcé la déchéance.Un petit nombre d'entre eux osent entrer déguisés dans Varsovie. D'autres avaient engagé, non loin de cette ville, des escarmouches qui avaient inquiété les Russes et fait sortir presque toute leur gar1771. nison. Dans la nuit du 3 novembre, les conjurés, sous les habits d'une patrouille russe, fondent sur quelques hommes qui escortaient la voiture du roi. Celui-ci s'échappe et va chercher un refuge dans un palais voisin. Le coup de marteau qu'il frappe est entendu des conjurés. On l'enlève, on sort avec lui de Varsovie. Des chevaux sont prêts, on se fait ouvrir les portes de la ville. Mais l'enlèvement du roi est déjà connu dans Varsovie. Une troupe se met en marche pour le délivrer de ses ravisseurs. Ceux-ci ont rencontré quelques obstacles sur leur route. Le cheval du roi s'est cassé la jambe en franchissant un fossé. Cet accident a jeté du trouble parmi les Polonais. Les uns sont déjà loin; l'obscurité de la nuit, les difficultés du terrain ont éparpillé les autres. Le roi se trouve sous la garde d'un seul homme, Kosinski. Il cherche à éveiller le

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