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de plusieurs évêques.

plus absolus et les plus dangereux de la

terre.

Convocation Le duc de Choiseul et la marquise de Pompadour fomentaient la haine contre les jésuites. La funeste guerre de sept ans n'était point terminée; une discussion qui détournait les esprits du tableau de tant de désastres, se présentait fort à propos. La marquise qui, en combattant le roi de Prusse, n'avait pu justifier ses prétentions à l'énergie du caractère, était impatiente de montrer, en détruisant les jésuites, qu'elle savait frapper un coup d'Etat. Le duc de Choiseul n'était pas moins jaloux du même honneur.

Les biens des moines pouvaient couvrir les dépenses de la guerre et dispenser de recourir à des réformes qui attristeraient le roi et révolteraient la cour. Flatter à la fois deux partis puissans, celui des philosophes et celui des jansénistes, était un grand moyen de popularité : mais Louis XV craignait l'un et l'autre de ces partis. Le cardinal de Fleury lui avait constamment répété que si les jésuites sont de mauvais maîtres, on peut en faire d'utiles instrumens. Des scrupules et des terreurs qu'il conservait au milieu de ses débauches, sa politique, et peut-être encore plus sa faiblesse, lui inspiraient de la répu

gnance pour une mesure dont l'incrédulité se promettait mille avantages, et qui accroî trait l'orgueil des parlemens. Le duc de Choiseul et la marquise de Pompadour consentirent à des délais pour ne pas effaroucher le monarque.

Le parlement de Paris, par un arrêt du 6 août 1761, avait ajourné les jésuites à comparaître au bout de l'année pour le jugement de leur constitution; et en attendant il avait ordonné la clôture de leurs colléges. Une discussion de cette nature pouvait difficilement être traitée avec toutes les formalités d'un débat judiciaire, et le parlement s'en affranchissait sans scrupule, puisqu'il ôtait aux jésuites l'espoir d'être entendus. Le gouvernement intervint dans cette affaire d'Etat. Mais en décelant son irrésolution accoutumée, il imposa silence au parlement et consulta le clergé. Quarante évêques furent nommés pour examiner les constitutions des jésuites. Tous ces prélats, à l'exception d'un seul, l'évêque de Soissons, se prononcèrent pour la conservation de cette société. Le roi parut céder avec empressement à leur vou. Il rendit un édit qui laissait subsister les jésuites en modifiant leur constitution. Secrètement encouragé par le duc

Le parlement sécula

suites.

1762.

de Choiseul, le parlement refusa d'enregis trer cet édit. Le roi se plaignit un peu de cette résistance, et parut avoir bientôt oublié son édit.

La chaleur des esprits était telle à la cour, rise les jé dans la famille du roi, et dans tous les ordres du royaume, que Louis XV se vit enfin forcé de prendre un parti sur les jésuites; mais en consentant à leur abolition, il voulut paraître y avoir été contraint, comme si le plus grand danger pour les rois n'était pas d'avouer la contrainte qu'ils subissent. Louis retira l'édit qui laissait subsister les jésuites. Le parlement de Paris se ressaisit avec joie d'une procédure qui allait assurer sa vengeance. Au jour qu'il avait indiqué, le 6 août 1762, il rendit l'arrêt qui condamnait l'institut des jésuites, les sécularisait, et prononçait la vente de leurs biens. On croyait le roi fort agité. Il affecta de montrer l'indifférence la plus apathique. Il sera plaisant, disait-il, de voir en abbé le père Perusseaux. Et ce fut par cette puérilité qu'il exprima

Nouveaux arrêts contre

eux.

de 1792

1764.

son consentement.

La plupart des parlemens du royaume rendirent des arrêts semblables à celui du parlement de Paris; mais comme ils n'étaient pas tous animés de la même passion, il ré

sultait de leurs dispositions diverses les que jésuites, sécularisés dans quelques provinces, conservaient dans d'autres leurs monastères et leurs colléges. Le parlement de Douai s'obstinait à les conserver. Stanislas les protégeait en Lorraine avec tant de zèle, qu'on eût craint d'avancer la mort de ce bon roi en abolissant ceux qui vivaient sous son administration. La ruine de la religion et de l'État était annoncée dans les fougueux mandemens de l'archevêque de Paris. Les jésuites ne gardaient plus de ménagemens dans leur désespoir, et tonnaient contre des magistrats qui venaient de les condamner sans les entendre. Le parlement de Paris les traita comme des séditieux. Il prescrivit à chacun d'eux de renoncer à son institut, sous peine d'être banni du royaume, et il ne leur donnait pour tout délai que la huitaine. Cette mesure, que l'esprit de parti imita si malheureusement pendant nos troubles politiques, exalta dans les jésuites la fidélité pour leur compagnie et le respect pour ses fondateurs. La plupart d'entre eux refusèrent un serment qu'ils jugeaient fait pour les avilir. Le parlement, irrité de cette résistance, ne fut que trop fidèle à ses menaces. On n'entendit plus parler que de bannissemens. En voyant appliquer

cette peine à des vieillards, à des hommes infirmes, on trouvait les jansénistes trop implacables dans leur vengeance. Les philosophes condamnaient ces rigueurs immodérées, et faisaient remarquer à quel excès la passion emporte les sectaires. Les créanciers des jésuites, confondus par les mesures Apologistes disparates des parlemens, craignaient pour leur gage. C'était à qui offrirait un asile et des secours aux jésuites persécutés.

des jésuites.

Louis XV était accablé de représentations par lesquelles on alarmait sa politique. « S'il est, lui disaient quelquesuns de ses conseillers, « s'il est un moment dangereux pour opérer une grande » réforme, c'est lorsque la nation se mon»tre avide de toute espèce de change» mens. On a trop exagéré l'ambition, la

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puissance, et même les artifices des jé» suites. Depuis cinq ans entiers que leur » ruine s'opère et que leur abolition se dé» clare, ils n'ont mis que de la timidité et » même de la maladresse dans leur défense. Rien n'a paru si faible que cette ligue qu'on peignait comme si redoutable. Quelles intrigues, quels complots ont-ils opposés à leurs adversaires? Par où ont» ils cherché à gagner les uns, à effrayer les

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