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» trames par lesquelles ils ne cessèrent de » menacer les jours de la reine Elisabeth, le » fanastime furieux qu'ils inspirèrent aux » Irlandais, et la fameuse conspiration des poudres; enfin, un système qui tend à placer les rois et les nations sous la sèr» vile dépendance de Rome. Qu'ont-ils fait » pour les princes dont ils ont dirigé la » conscience et subjugué la volonté? A » quel état de langueur, d'imbécillité po»litique et de dévotion monacale ne les » ont-ils pas réduits? S'ils ont pu porter » Louis XIV, le plus absolu et le plus fier » des rois, à sanctionner des maximes ul» tramontaines qui eussent excité l'indigna>tion de Saint-Louis lui-même; s'ils ont » fait évanouir la gloire d'un si beau règnë » dans vingt ans de fautes et de disgrâces, » qu'on juge du joug qu'ils ont imposé à » des princes vulgaires. Ces prétendus dé>>fenseurs des droits du trône l'avilissent »partout et amènent la décadence des États. » Ces soutiens de l'Église n'aspirent qu'à » tenir le clergé dans la servitude. Théolo»giens, ils ont mis l'amour de Dieu au » nombre des dispositions superflues. Ca» suistes, ils ont prêté à la plus sublime et » la plus austère des morales, la morale

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chrétienne, une indulgence infâme. Ils se » sont rendus les apologistes des crimes les plus détestés et ont inventé des systêmes » de fraude que des peuples païens eussent rejetés avec horreur. Missionnaires, ils » ont fait un mélange profane des dogmes » de notre foi avec des cultes étrangers. Et » ces apôtres de scandale s'appellent les » compagnons de Jésus! Mandarins à la » Chine, vassaux révoltés et usurpateurs au

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Paraguai, inquisiteurs à Goa, négocians » et banqueroutiers dans les Antilles, intro»duits partout dans le conseil des rois, fa»miliers des grands, prêchant l'erreur sur » les bancs de l'école, affichant l'austérité » dans la chaire, flattant le vice dans le con»fessionnal; poètes, astronomes, peintres, » musiciens, comédiens, suivant le besoin, »ils suivent à travers tous les temps et sur » toute l'étendue du globe, le plan de con

quête qui leur a été tracé par des fonda»teurs ambitieux. Une société de moines » a tenté depuis deux siècles de se mettre » à la place des Romains. Un dictateur per» pétuel qui s'appelle leur général; un » sénat dans lequel se transmettent des ar» tifices héréditaires, perfectionnés d'âge » en âge; des lois profondes, sévères et

Le parti philosophique se déclare contre les

jésuites.

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mystérieuses, des prédictions dont ils s'ap» puyent, voilà ce qui les soutient dans une » conspiration permanente contre l'indépendance des peuples. A quoi ne serait point parvenue cette étrange république, si, au milieu de ses succès, il ne se fût » élevé contre elle des magistrats tels que » les d'Aguesseau et les Joly de Fleury, » des orateurs tels que les Pasquier et les » Arnaud, des prélats tels que le cardinal

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de Noailles et l'évêque de Sénez, enfin » des adversaires aussi sublimes, aussi saints, » aussi intrépides que les solitaires de PortRoyal? Pourquoi s'obstinerait-on aujour

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» d'hui à croire ces moines nécessaires à la paix de l'Église? Eux seuls, en supposant » des hérésies et des schismes, tendent à les >> renouveler. L'irréligion nous menace; les progrès qu'elle a faits dans ce siècle sont

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effrayans. Il faut ôter à une philosophie » audacieuse le plus spécieux de ses pré» textes, en renonçant à des maximes que les jésuites ont empruntées des siècles d'ignorance et d'anarchie, en rendant à » la religion toute la pureté de sa morale » et la sévérité de sa discipline.

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Le parti philosophique montrait moins d'animosité contre les jésuites; mais s'il at

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ténuait quelques-uns des reproches dirigés contre eux, c'était pour les appliquer généralement à toute espèce de corporation religieuse, aux maximes du clergé, aux principes de la religion même. « Le moment » est venu pour les souverains, disaient les philosophes, de briser le joug que la cour de Rome sut leur imposer dans des » temps bien antérieurs à l'existence des jésuites. Rome ne sut que trop, sans leur » secours, avilir et subjuguer les rois, les » entraîner à des guerres funestes, à des persécutions odieuses contre des classes » entières de leurs sujets, les punir de la plus légère résistance à ses ordres absolus, » les frapper d'anathême, se venger sur eux, » même après leur mort. Les jésuites ar» rivèrent au secours du Saint-Siége lors» que des sectes nouvelles avaient entrepris » d'en renverser l'empire. Les foudres du » Vatican avaient déjà perdu de leur force; » et bientôt les rois eurent à craindre les

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poignards des assassins. Les jésuites rédigèrent une doctrine de régicide qui » leur était commune avec toute espèce de » moines, et même avec la plus grande partie des curés et des évêques. En effet, >> les dominicains avaient déjà frappé un roi

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» avant même que les jésuites eussent dé

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veloppé dans leurs écrits la plus coupable » théorie. Il est injuste de charger exclusi» vement ceux-ci de tous les attentats qui appartiennent au fanatisme. Leur rôle fut odieux pendant la ligue; mais furent-ils » les seuls qui firent retentir la chaire de prédications atroces et séditieuses? La » série de crimes que l'histoire reproche » aux dominicains est-elle moindre que » celle dont on accuse les jésuites? Les » premiers n'ont-ils pas plus que leurs ri»vaux même ensanglanté les deux mondes? » Le perpétuel ennemi du repos des rois » et des nations, c'est le fanatisme : il n'y » a pas de cloître qui ne lui offre un refuge. » Toutes les corporations qui s'isolent de » la société n'existent que pour la troubler » et la dominer,

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» Il est vrai que les jésuites sont, pår la » nature de leur institution, dirigés vers »ce but. Il y a des moines plus fanatiques » qu'eux: il n'y en a pas de plus habiles » à tirer parti du fanatisme, à l'alimenter » secrètement au milieu même d'un temps » de lumières, à perpétuer des troubles religieux qui ne le laissent pas languir et qui

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» rajeunissent ses forces. Exempts de l'igno

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