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déformais à expliquer, n'offrent aucune difficulté qui ne fe rencontre dans l'indicatif, le conditionnel & le fubjonctif.

L'ABBÉ.

par

Tous ces genres de phrafes font caractérisés des traits qui leur font propres, mais qui font trèsfaciles à faifir.

Nous pouvons préfentement parler de l'interrogatif. Ce n'eft autre chofe que l'indicatif & le conditionnel, dans lefquels on renverse l'ordre du verbe & du pronom nominatif, qu'on unit ensemble par un trait; obfervant, quand les deux mots pourroient former un hiatus ou une élifion, d'y interpofer un t, qu'on appelle cuphonique, parce qu'il fert à adoucir la prononciation. Ce t doit être joint par des traits d'union aux lettres qui le fuivent & qui le précèdent c'eft ce que nous éclaircirons par un exemple.

DONNE R.

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Je donne, donné-je; tu donnes, donnes-tu... Oui, toute la différence vient de ce que dans l'indicatif le pronom perfonnel eft mis avant le verbe, & que dans l'interrogatif, il n'ett mis qu'après.

LE MILOR D.

Je conçois votre t cuphonique. Si vous ne l'aviez pas mis entre le verbe & le pronom à la troifième perfonne du fingulier, donne-t-il, on liroit en faifant une élifion, donnil, au lieu qu'il faut prononcer en trois fyllabes, don-ne-til.

LA MARQUISE

Je croyois qu'il falloit écrire par ai, donnai-je, & non par é, donné-je.

L'ABBÉ.

Pardonnez-moi, Madame. L'interrogatif doit être tout-à-fait femblable au verbe dont il cft le renversement je viens, viens-je? je fais, faisje? &c. On obferve feulement, dans le préfent fingulier des verbes de la première conjugaifon, de mettre à l'interrogatif un accent aigu fur l'e final de la première perfonne, parce que, fi le pronom je fuivoit immédiatement un e muet, ces deux fyllabes muettes formeroient une fucceffion défagréable. Ainfi, au lieu d'écrire avec l'e muet donne-je? aime-je? parle-je? on écrit avec l'é aigu, donné-je? aimé-je? parlé-je? &c. Mais ce n'eft qu'au temps parfait de l'interrogatif qu'on doit écrire par ai, donnai-je? aimai-je? parlai-je? parce qu'on écrit au même temps de l'indicatif : je donnai, j'aimai, je parlai, &c.

LE MILOR D.

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Dans les verbes de votre feconde conjugaifon il n'y a aucun accent à ajouter je perds, perdsje? je defcends, defcends-je? je romps, rompsje? &c. SOPHIE.

Perds-je? defcends -je? romps - je? Ceci me paroît bien dur. Je crois qu'on dit perdé - je? defcendé-je? rompé-je? &c.

LE COMTE.

Celà feroit fort mal, Mademoiselle. Ces verbes ne font point de la première conjugaison; ainfi, au fingulier préfent, leur première perfonne finit par une s & non par un e.

SOPHIE.

Il faut dire perds-je? defcends-je? romps-je ?

Je ne l'euffe jamais cru; cependant je vois que cclà cft conforme aux règles que Monfieur nous a données.

L'ABBÉ.

Mais, fans s'écarter des règles, on peut éviter ccs confonnances dures ou équivoques, en prenant un autre tour de phrafe, & dire, par exemple: Eft-ce que je perds? Dites-moi fi je defcends? Eft-il vrai que je romps? &c.

LE COMTE.

L'oreille eft le feul guide qu'on puiffe fuivre à cet égard.

L'ABBÉ.

Oui, Monfieur; néanmoins on peut faire obferver à ceux qui n'ont pas l'habitude de la bonne prononciation, 1°. Que la première perfonne du fingulier préfent eft la feule qui puiffe offrir quelques difficultés à cet égard. 2°. Que l'inverfion qui caractérise l'interrogatif n'a jamais mauvaise grace dans les verbes de la première conjugaifon. Parléje? Avoué-je? Commandé-je? & rarement dans ceux de la feconde conjugaifon, dont la dernière fyllabe du fingulier préfent a le fon de é, de i, de oé ou de in: Permets-je? Fais-je? Sais-je Dis-je? Puis-je? Crois-je? Vois-je? Crains-je? Viens-je? &c. Dans les autres verbes de la feconde conjugaifon, on évite cette inverfion, feulement à la première perfonne du fingulier préfent; mais on peut toujours l'employer dans l'une & l'autre conjugaifon, à toutes les autres perfonnes & à tous les autres temps. Parles-tu? Donna-t-il ? Sortis-tu? Vient-elle ? Répondrez-vous? Partiroient-ils? &c. Nous allons continuer le parallèle de l'indicatif & de l'interrogatif.

DONNER.

INDICATIF,

Imparfait.

INTERROGATIF.

Je donnois, tu donnois, il Donnois-je donnois - tu

donnoit ;

donnoit-il?

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Dans ces deux derniers temps, le t euphonique empêche qu'il n'y ait un hiatus. Donna il? Donnera-il? Il est bien plus doux de prononcer Donna-t-il? Donnera-t-il? Vous verrez la même chofe dans le préfent paffé & le futur paffé.

Conditionnel.

Je donnerois, tu donnerois, Donnerois-je ? donneroisil donneroit; tu? donneroit-il?

Nous donnerions, Vous donneriez, ils donneroient.

Donnerions-nous? donnedonneroient-ils ?

riez-vous

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Conditionnel passé.

J'aurois ou j'euffe donné, tu aurois ou tu euffes donné, il auroit ou il eût donné;

Nous aurions ou nous euftions donné, vous auriez ou vous euffiez donné, ils auroient ou ils euffent donné.

Aurois-je ou eussé-je donné 1 aurois-tu ou cuffes-tu donnét auroit-il ou eût-il donné ?

Aurions-nous ou euffionsnous donné? auriez-vous ou eufliez-vous donné? auroientils ou euffent-ils donné ?

LA MARQUIS E.

L'interrogatif me paroît bien facile à former! Tout ce qu'il faut obferver, c'eft d'ajouter un t entre le verbe & le pronom, quand une voyelle finit le verbe, & qu'une autre voyelle commence le pronom. Donne-t-il? Donna-t-il? Donnera-t-il? A-t-il donné? Aura-t-il donné? Et quand le verbe finit par un t, il n'eft pas befoin d'en ajouter un autre.

L'ABBÉ.

Non, Madame. Donnoit-il? Donneroit-elle? &c. SOPHIE.

Si le verbe finit par un d ou un c, ces lettres peuvent-elles auffi tenir lieu du t euphonique : faut-il écrire Prend-il ou prend-t-il ? Convainc-il ou convainc-t-il ?

L'A B B É.

Comme le d prend ordinairement la force du , quand il fe fait fentir à la fin des mots, on écrit fans t euphonique, Prend-il? Defcend- elle? Saffied-il? & on prononce prentil, defcentelle, s'affiétil, &c. Pour les verbes vaincre & convaincre, qui font les feuls dont la troifième perfonne du fingulier préfent finiffe par un c, je ne les crois pas d'ufage au fingulier préfent de l'indicatif ni de l'interrogatif; mais s'ils l'étoient, il faudroit écrire avec un t: vainc-t-il? convainc-t-il?

LE COMTE.

Celà feroit une équivoque avec le parfait des verbes venir & convenir. Vint-il? Convint-il? LE MILORD.

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