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DIALOGUE XVIII.

SUR LES PHRASES IMPÉRATIVES, NÉGATIVES,

ADMIRATIVES ET INTERROGATIVES.

LA MARQUISE, SOPHIE, L'ABBÉ, LE COMTE, LE MILORD.

J

SOPHIE..

'A I écrit fort peu de chofes, encore c'est Monfieur le Comte qui m'a dicté. Il a voulu voir fi je me tromperois dans le fubjonctif; & je crois avoir bien mieux fait qu'il ne l'avoit prévu.

On rit pour que je rie, mais je ne ris pas.
Tu defires qu'on te loues, & on te loues mécha-

ment.

Je puis dire, en employant le verbe favoir: on fait pour que je fache, mais je ne fais pas. Ainfi, de ces trois verbes, il n'y a que le fecond qui foit au fubjonctif; par conféquent c'eft le feul qui doive finir par un e muet, que je rie; car le verbe tire n'eft point de la première conjugaifon au fingulier préfent de l'indicatif, il doit finir par s,

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t. Voilà pourquoi le premier verbe, qui eft à la troifieme perfonne, finit par un t, on rit; & le dernier, qui eft à la première perfonne, finit par une s, je ne ris pas.

Pour les verbes de la feconde phrafe, ils font tous de la première conjugaifon, defirer, louer; ainfi, comme cette phrafe eft au fingulier préfent, fans m'inquiéter s'ils font au fubjonctif ou à l'indicatif, je fais qu'ils doivent finir par une fyllabe muette: tu defires qu'on te loues, on te loues méchament.

L'ABBÉ.

Celà eft expliqué on ne peut mieux. Vous n'avez commis que deux fautes, dont la première vient sûrement d'inattention. Dans les deux derniers verbes de la feconde phrafe, vous avez pris le régime pour le nominatif. Ces verbes fignifient qu'on loue toi, on loue toi or, le pronom perfonnel eft on, & non toi; ainfi ces verbes font à la troifième perfonne, & non à la feconde.

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Oui, Mademoifelle. Pour la feconde faute, elle eft dans l'adverbe méchament, que vous avez écrit par une m fimple. Nous avons dit que tous les adverbes qui fe forment fur les noms terminés par ant ou ent, doivent généralement s'écrire par deux m: décent, décemment; méchant, méchamment, &c. SOPHIE.

Mon premier exemple eft donc fans faute?
L'ABBÉ.

Oui, Mademoiselle; il n'y a que le fecond qui
ne foit pas régulier. Vous deviez écrire:
Tu defires qu'on te loue, & on te loue méchamment.
LA MARQUIS E.

Monfieur m'a dit de mettre ces deux phrafes au parfait fimple je n'ai été cmbarraffée que pour la dernière.

On rit pour que je riffes, mais je ne ris pas ; Tu defiras qu'on te loua, & on te loua méchamment. Je fais que, dans l'indicatif du verbe rire, le fingulier eft le même pour le parfait & pour le préfent. Dans le fecond verbe, qui eft au parfait du fubjonctif, j'ai mis, felon la règle, deux f' & un e fuivi d'unes, parce que c'est à la première perfonne,

L'ABBÉ.

Vous avez oublié que quand, à la première perfonne du fingulier, la dernière fyllabe eft muette, l'e muet n'y doit jamais être fuivi d'une s. Vous deviez écrire fans s finale, que je riffe. On rit pour que je rifle, mais je ne ris pas.

LA MARQUISE.

J'ai mis une s à la fin du premier verbe dans le fecond exemple, parce que ce verbe eft à la feconde perfonne, tu defiras: je voulois mettre un taux deux autres, parce qu'ils font à la troifième perfonne. Mais les trois perfonnes au fingulier parfait du verbe louer, font je louai, tu louas il loua; & je me fuis rappelé que quand, fingulier, les deux premières perfonnes fe prononcent différemment, la première ne peut finir par s, ni la troifième par un t.

L'ABBÉ.

au

Vous deviez mettre un tau fecond de ces verbes; qu'on te louat; car il ne vient pas du parfait indicatif, je louai, tu louas, il loua, mais du parfait fubjonctif, que je louaffe, que tu louaffes, qu'on touat; & nous fommes convenus que, dans ce temps, la troifième perfonne au fingulier doit finir par un, précédé d'une voyelle marquée de l'accent circonflexe.

SOPHIE.

Ce n'eft donc qu'au fubjonctif que la troisième perfonne peut finir par át?

L'ABBÉ.

Non, Mademoifelle. Ainfi, quand vous voudrez diftinguer les troifièmes perfonnes qui finiffent ainfi, de celles qui font terminées par un a fimple, vous n'aurez qu'à mettre la phrase à la première perfonne du fingulier, & vous verrez clairement fi le verbe appartient à l'indicatif ou au fubjonctif.

Je fuppofe que vous vouliez écrire, Il est sur qu'on vous approuva, mais il eft douteux qu'on vous admirât. Mettez ces phrafes à la première perfonne, Il est sûr que.....

SOPHIE.

Il est sûr que je vous approuvai, mais il eft douteux que je vous admiraffe.

L'ABBÉ.

Les deux que vous prononcez après l'a dans ce dernier verbe prouvent qu'il appartient au temps indirect du fubjonctif; ainfi, à la troisième perfonne, il doit finir par un au lieu que le premier, je vous approuvai, appartient au parfait de l'indicatif, dont la troifième perfonne finit par una fimple, j'approuvai, tu approuvas, il approuva. Vous écrirez donc fans t final, Il est sûr qu'on vous approuva, & avec unt final, mais il eft douteux qu'on vous admirât.

Dans les verbes de la feconde conjugaifon, la troifième perfonne au fingulier du parfait indicatif ne diffère de cette même perfonne, au temps indirect du fubjonctif, que par l'accent circonflexe qu'on place fur la voyelle finale de cette dernière, & qui en alonge la prononciation.

Je pris, tu pris, il prit.

il crut.

Je crus, tu crus,
Je vins, tu vins, il vint.

Que je priffe, que tu priffes, qu'il prît

Que je cruffe, que tu cruffes, qu'il crút.

Que je vinffe, que tu vinffes, qu'il vînt.

Ainfi, dans ces phrases: Il n'eft pas sûr qu'on s'y prêt bien, mais il eft certain qu'on fit des merveilles, en mettant les verbes à la première perfonne: Il n'eft pas sur que je m'y priffe bien, mais il eft certain que je fis des merveilles, on voit que le premier appartient au temps indirect du fubjonctif, & que fa troifième perfonne doit être écrite avec l'accent circonflexe : Que je m'y

priffe, que tu t'y priffes, qu'il s'y prît; ce qui n'a pas lieu pour le fecond, qui appartient à l'indicatif, Je fis, tu fis, il fit.

LA MARQUISE.

On doit donc écrire avec un accent circonflexe, 'Il n'eft pas sûr qu'on s'y prêt bien, & fans accent, mais il eft certain qu'on fit des merveilles?

L'A B B É.

Oui, Madame. Nous allons préfentement parler de l'impératif, c'eft-à-dire, du mode qui fert à commander ou à prier. Ce mode n'a point de premiere perfonne au fingulier, parce que, fi on fe commande à foi même, c'eft toujours en parlant comme fi on adreffoit la parole à une autre perfonne.

VENIR.

Viens, qu'il vienne;

Venons, venez, qu'ils viennent.

Dans ce mode, la troifième perfonne, tant du fingulier que du pluriel, eft empruntée du fubjonctif. SOPHIE.

Elle finit donc toujours au fingulier par un e

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FUIR.

Fuis, qu'il fuie.

CONCLUre.

Conclus, qu'il conclue.

COURIR.

Cours, qu'il coure,

Il en faut feulement excepter les verbes étre & avoir, dont la troifième perfonne du fingulier, tant à l'impératif qu'au fubjonctif, finit par un t. Ê TRE.

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