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fervent de régimes. Ceux qui n'offrent qu'une idée de fimple affirmation ou perfuafion, gouvernent l'indicatif; & ceux qui joignent à l'affirmation ou à la perfuafion l'idée de quelques mouvements de l'ame, gouvernent le fubjonctif. Ainfi on dira un homme perjuadé que tout eft bien, & un homme charmé que tout font bien; nous fommes prévenus que les Jufles feront perfécutés, & nous fommes fâchés que les Jufles foient perfécutés; j'étois certain que vous étiez Jatisfait, & j'étois ravi que vous fulliez fatisfait, &c.

La même règle s'applique encore aux fubftantifs. La perfuafion que tout eft bien, le contentement que tout foit bien; la certitude que les Juftes feront perfecutés, la douleur que les Juftes foient perficutés; l'affurance que vous étiez fatisfait, le raviffement que vous fuilicz Jatisfait, &c.

Au refte, toutes les réflexions que nous avons faites à cet égard fur le verbe, s'appliquent exactement à tous les adjectifs, fubftantifs, infinitifs, gérondifs & participes, qui peuvent avoir pour régimes des verbes conjugués.

Les conjonctions & adverbes conjonctifs font encore affervis à des règles à peu près femblables. On dit avec l'indicatif, parce que vous êtes amis, puifque vos goûts fympathifoient, depuis que vous êtes arrivés, d'abord qu'ils furent venus, pendant qu'il entre ou qu'il fort, parce qu'on exprime la certitude du verbe fans y joindre l'idée d'aucun autre fentiment; & avec le fubjonctif, en cas que vous foyez amis, pourvu que vos goûts fympathifaflent, avant que vous fufficz arrive, de crainte qu'ils ne fuflent venus, foit qu'il entre ou qu'il forte; parce que, dans ces derniers cas, le verbe n'eft exprimé que d'une maniere incertaine, ou accompagnée de quelque autre fentiment.

LE COMT E.

Les conjonctions quoique & malgré que gouvernent toujours le fubjonctif; cependant elles

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s'emploient dans des phrafes qui expriment la certitude du verbe. Le ciel nous comble de fes biens quoique nous en foyons indignes, malgré que nous en foyons indignes.

L'ABBÉ.

La conjonction malgré que n'eft guère en ufage que dans cette façon de parler, malgré qu'il en ait, malgré que vous en ayez; c'eft-à-dire, malgré tout ce qu'il peut dire ou penfer, malgre tout ce que vous pouvez dire ou penfer; & alors il eft naturel qu'elle gouverne le fubjonctif. Par-tout ailleurs on emploie la prépofition malgré fans conjonction, & alors elle cft toujours fuivie d'un nom ou pronom: malgré lui, malgré la fortune, &c.

Pour la conjonction quoique, elle eft fort ufitée & je conviens qu'on lui fait toujours gouverner le fubjonctif, lors même qu'il s'agit d'une affirmation abfolue. Mais il paroît que cette règle n'eft pas dans la nature les anciens, & même plufieurs modernes, ne l'ont obfervée que dans les cas où l'expreffion marque quelque incertitude; dans les expreffions plus pofitives, ils ont employé l'indicatif. M. de Reftaut reproche à un grammairien d'avoir dit je fis l'année dernière moins d'ouvrage quoique je travaillai plus affidument que je n'ai fait celle-ci, au lieu de quoique je travaillaffe, &c. D'Ablancourt, cité par Ménage, a dit : quoique, d dire le vrai, je ne fuis guère en état de le faire, & non quoique, à dire le vrai, je ne fois guère, &c. L'indicatif dans ces deux phrafes me femble donner plus de force & de vérité au difcours, que ne fercit le fubjonctif: tous les jours, des perfonnes qui parlent exactement font, fans y penfer, de pareilles conftructions, qu'on ne trouve défectueufes que quand on fe fouvient de la règle; ce qui prouve que cette règle n'eft qu'une exception pénible à la regle générale.

LE COMTE.

Il y a encore un peu de fingularité dans cette

remarque.

L'ABBÉ.

Du moins ne m'accuferez-vous pas d'innovation, puifque je ne tends ici qu'à rétablir l'ancien ufage, dont il me femble qu'on a eu tort de s'écarter. LE COMTE.

Mais voici deux conjonctions ou adverbes conjonctifs qui donnent à leurs régimes une forme plus invariable; ce font tout... que, qui gouverne toujours l'indicatif : tout braves qu'ils font, ou fi vous voulez, en déclinant le mot tout, tous braves qu'ils font ; & quelque.... que qui gouverne toujours le fubjonctif : quelque braves qu'ils foient. Malgré les différentes modifications de leurs régimes, ces deux conjonctions me paroiffent avoir toutà-fait le même fens, car on peut employer indifféremment l'une ou l'autre.

L'ABBÉ.

J'y trouve pourtant une nuance affez remarquable, c'eft que la première de ces expreffions tous braves qu'ils font, fuppofe que les gens dont on parle font braves, ce qui exige l'indicatif; mais la feconde, quelque braves qu'ils foient, laiffe en queftion s'ils font braves, ce qui demande abfolument le fubjonctif.

Nous avons auffi des adverbes ou expressions adverbiales fuivies de la conjonction que, qui gouvernent le fubjonctif ou l'indicatif, felon qu'ils donnent au verbe une idée de doute ou de réalité.

Ces adverbes font de plufieurs fortes. Dans les uns, le mot que eft purement accidentel, & ne s'y ajoute que par élégance. De ce nombre font heureusement que, par malheur que, apparemment que, probablement que, &c. qui tous gouvernent abfolument l'indicatif. Heureufement que le vent

s'appaifa. Par malheur que les vaisseaux étoient fracaffes. Apparemment que vous êtes arrivé tard. Probablement qu'on ira bientôt à la campagne. On diroit très-bien, en fupprimant le mot que, Heureufement le vent s'appaifa. Par malheur les vaiffeaux étoient fracaffes. Vous étes apparemment arrivé tard. On ira probablement bientôt à la campagne, &c.

Dans d'autres, le mot que eft néceffaire au fens de la phrafe. Si le mot que offre une idée de comparaifon, ces adverbes gouvernent encore abfolument l'indicatif. Tels font autrement que: je vis autrement que je ne vivois; mieux que je fouhaite que tu réuffiffes mieux que tu n'as fait; auffi-bien que: danfez-vous auffi-bien que vous chantez? Mais fi le mot que ajoute à l'adverbe une idée de fuperlatif ou d'exclufion, alors felon le fens du difcours, il gouverne l'indicatif ou le fubjonctif. Par exemple) on peut dire, Il fait le mieux qu'il peut, c'eft le mieux qu'il puiffe faire; vous dansez auffi-bien qu'on peut le defirer, ou auffi-bien qu'on puiffe le defirer, &c.

LA MARQUIS E.

Le mot que, à la fuite de ces deux fortes d'adverbes eft-il encore une conjonction ?

L'ABBÉ.

Nous pouvons l'y regarder comme tel, parce qu'il fert en effet à joindre ces adverbes avec les mots dont ils font fuivis.

On pourroit encore donner ce nom à ce qu'on appelle les pronoms relatifs: qui, que, ou lequel, laquelle, lefquels, lefquelles; dont, ou duquel, de laquelle, defquels, defquelles, de qui, &c. &c. quand ils gouvernent des phrases adjectives; comme quand on dit la perfonne qui vous a parlé, le refpect qui vous eft dú, la perfonne que vous avez rencontrée, le refpect que je vous dois, &c. Dans ces phrafes adjectives, e verbe fuit encore la

regle générale on le met à l'indicatif quand l'expreflion emporte une idée de certitude, comme dans les phrafes citées; & au fubjonctif, quand l'affirmation eft moins abfolue, comme quand on dit: Trouvez-vous des amis que vous puiffiez regarder comme tels? Il n'y avoit perfonne qui ne fe plaignît de leur méchanceté; je chercherois des étres à qui je puffe parler, & dont je n'euffe rien à craindre, &c.

Mais quand les phrases adjectives offrent une idée de fuperlatif ou d'exclufion, le verbe y eft toujours au fubjonctif. Exemple. La gloire eft le feul bien qui nous puiffe tenter; voilà le moindre avantage que j'aie pu vous faire; le plus grand homme que j'euffe jamais vu, à qui j'eufse jamais parlé, & dont j'euffe jamais lu l'hiftoire.

Dans tout autre cas, le mot que gouverne abfolument l'indicatif; foit qu'il remplace le pronom vague quoi:

J'ai promis, il fuffit: que t'importe à quel Dieu ? c'eft-à-dire, quoi t'importe, &c. foit qu'il tienne la place de l'adverbe pourquoi:

Que ne fuis-je cette glace,
Où fon minois répété

Offre à mes yeux une grace
Qui fourit à la beauté !

c'est-à-dire, pourquoi ne fuis-je, &c. foit qu'on l'emploie au lieu de l'adverbe combien :

Que ce beau jour promet d'heureux inftants!

c'eft comme s'il y avoit, combien ce beau jour, &c. L'imparfait indicatif & le conditionnel prennent affez fouvent la forme du fubjonctif. Au lieu de dire: fi j'avois fu votre arrivée, j'aurois été audevant de vous, on peut dire: fi j'euffe fu votre arrivée, j'euffe été au-devant de vous.

LE MILOR D.

Je crois que c'eft toujours le fecond temps du

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