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LE MILOR D.

Vous allez parler du fubjonctif: l'application de ce mode m'intéreffe beaucoup.

L'ABBÉ.

C'est auf à-peu-près tout ce que ce mode offre de difficultés. Le méchanifme en eft tout aifé: il n'eft fufceptible que de deux temps fimples; l'un direct, qui fe rapporte au préfent & au futur ; l'autre, oblique ou indirect, qui fe rapporte à l'imparfait, au parfait & au conditionnel.

Le premier de ces temps fe forme fur la troifième perfonne au pluriel préfent de l'indicatif, dont on retranche les deux lettres finales nt, pour former les trois perfonnes au fingulier du fubjonctif, obfervant d'ajouter une s à la feconde perfonne, & de fubftituer un i fimple à l'y qui pourroit précéder l'e muet final.

Les deux premières perfonnes du pluriel reffemblent à celles de l'imparfait indicatif, qui ne different de celles du préfent indicatif, que par l'addition d'un i avant la dernière fyllabe.

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Vous écrivez donc toujours le fingulier du fubjonctif par un e muet, quoique les verbes ne foient pas de la première conjugaifon ?

L'ABBÉ.

Oui, Mademoifelle: c'eft dans plufieurs verbes de la feconde conjugaifon, la feule différence qu'il y ait au fingulier entre l'indicatif & le subjonctif préfent, comme vous venez de le voir dans les verbes mourir & fuir, & comme on le peut voir encore dans une infinité d'autres, tels que croire, voir, rire, diftraire, &c.

LA MARQUISE.

Il s'enfuivroit donc que dans les verbes de la première conjugaifon, le préfent de l'indicatif & celui du fubjonctif feroient parfaitement femblables?

LE COMTE.

Oui, Madame, excepté les deux premières perfonnes du pluriel, qui, comme celles de l'imparfait indicatif, prennent avant la dernière fyllabe, un ¿ de plus qu'au préfent du même mode.

L'ABBÉ.

Ceci n'a pas lieu dans le verbe puer, qui au fubjonctif eft conforme à la règle établie, mais dont le préfent indicatif fe conjugue comme s'il étoit de la feconde conjugaifon je pus, tu pus, il put; ni dans le verbe aller, qui fait au fubjonctif présent, que j'aille, que tu ailles, qu'il aille; que nous allions, que vous alliez, qu'ils aillent; ce qui a peu de rapport avec le préfent indicatif: je vais tu vas, il va; nous allons, vous allez, ils vont. LE MILOR D.

Ce verbe aller eft-il la feule exception à la règle que vous avez donnée pour le préfent du fubjonctif?

L'ABBÉ.

Non, Monfieur; nous avons encore:

1o. Les verbes vouloir & valoir, qui prennent I'l mouillée au fingulier & à la troifième perfonne plurielle du fubjonctif, quoique cette l foit sèche au préfent de l'indicatif.

VOULOIR.

Indicatif préfent..
Je veux, tu veux, il veut;

Nous voulons, vous voulez, ils veulent.

Subjonaif préfent ou futur. Que je veuille, que tu veuilles, qu'il veuille;

Que nous voulions, que vous voullez, qu'ils veuillent.

VALOIR.

Je vaux tu vaux, il vaut ;

Nous valons, vous valez, ils valent.

Que je vaille, que tu vailles, qu'il vaille;

Que nous valions, que vous valiez, qu'ils vaillent.

Le verbe fe prévaloir, compofé de valoir, rentre

dans la règle générale, & ne mouille point I'lau fubjonctif préfent.

Que je me prévale, que tu te prévales, qu'il fe prévale. Que nous nous prévalions, que vous vous prévaliez, qu'ils fe prévalent.

Pour le verbe équivaloir, il fe conjugue comme valoir.

2o. Le verbe faire & fes compofés, dont la terminaifon au préfent du fubjonctif, n'a aucun rapport avec celle de l'indicatif.

FAIRE.

Que je faffe, que tu faffes, qu'il faffe;
Que nous faffions, que vous faffiez, qu'ils faffent.

SATISFAIRE.

Que je fatisfaffe, que tu fatisfaffes, qu'il fatisfaffe; Que nous fatisfallions, que vous fatisfaffiez, qu'ils fatis faffent.

30. Plufieurs autres verbes, dont le fubjonctif préfent ne reconnoît aucune analogie.

A VOIR.

Que j'aie, que tu aies, qu'il ait;

Que nous ayons, que vous ayez, qu'ils aient,

ÊTRE.

Que je fois, que tu fois, qu'il foit;

Que nous foyons, que vous foyez, qu'ils foient.

SAVOIR ou SÇA VOIR.

Que je fache ou que je fçache, que tu faches ou que tu fçaches, qu'il fache ou qu'il fçache;

Que nous fachions ou que nous fcachions, que vous fachiez ou que vous fçachiez, qu'ils fachent ou qu'ils fçachent. Verbes imperfonnels pleuvoir & falloir.

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qu'il pleuve.
qu'il faille.

SOPHIE.

Vous n'écrivez pas que je foie! Je croyois que le fingulier préfent du fubjonctif devoit toujours finir par un e muct.

L'ABBÉ.

Les verbes étre & avoir font les feuls dans lefquels cette règle ne foit pas fuivie; encore le verbe avoir ne s'en écarte-t-il qu'à la troifième perfonne qu'il ait. Mais dans le verbe étre, cette irrégularité s'étend aux trois perfonnes du fingulier: Que je fois, que tu fois, qu'il foit. Quelques perfonnes veulent qu'on mette un i après l'y dans les deux premières perfonnes du pluriel au préfent fubjonctif de ces deux verbes que nous ayions, que vous ayiez; que nous foyions, que vous foyicz. Mais prefque tout le monde fupprime cet i, & celà ne forme aucune équivoque.

Le verbe favoir ou fçavoir offre encore une fingularité. Au lieu de dire à l'indicatif je ne fais pas, on dit quelquefois au fubjonctif, je ne fache pas : je ne fache pas qu'il ait trouvé aucune oppofition. Cette façon de parler ne me paroît pas du beau ftyle; cependant M. de Montefquieu a dit dans fon Efprit des Loix: Il y avoit à Athènes une loi dont je ne fache pas que perfonne ait connu l'efprit. Je ne fache point qu'aucune république fe foit accommodée d'un pareil réglement.

LA MARQUISE.

C'est dommage que toutes ces règles de grammaire aient tant d'exceptions.

L'ABBÉ.

Celle qui concerne le fecond temps fimple du fubjonctif eft tout-à-fait générale. Ce temps fe forme fur la première perfonne au pluriel du parfait indicatif, en fubftituant à la dernière fyllabe, sse fes, t, pour le fingulier, & ffions, fiez, fent, pour le pluriel.

INDICATIF.
Parfait.

RAYER.

Je rayai, tu rayas, il raya;

SUBJONCTIF. Parfait, Imparfait ou conditionnel.

Que je rayaffe, que tu rayas

fes, qu'il rayât;

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