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De forte que dans le conditionnel comme dans le futur, les verbes de la première conjugaifon exigent un e muet avant l'r de la dernière fyllabe. L'A BB É.

Oui, Madame: à la terminaifon près, le futur & le conditionnel font abfolument fujets aux mêmes, règles & aux mêmes exceptions.

Pour le temps compofé du conditionnel, il fe forme à la manière des autres temps compofés, par l'union du participe du verbe principal avec le conditionnel fimple de l'auxiliaire étre ou avoir; de forte qu'à la terminaifon de l'auxiliaire près le conditionnel compofé est tout femblable au futur paffé.

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elle aura créé;

Nous aurons créé, vous aurez créé, elles auront créé.

rais créé, tu aurais créé, elle aurait créé ;

Nous aurions créé, vous au riez créé, elles auraient créé.

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Le conditionnel n'a-t-il pas auffi un temps furcompofé ?

L'ABBÉ.

Oui, Monfieur, & vous pourrez aisément le former vous-même. Le peu d'importance qu'on attache à ce temps fait que j'oubliois de vous en parler. LE MILOR D.

PRENDRE.

Conditionnel passé-passé.

C'eft fans doute le nom qu'il faut que je lui donne, par analogie avec les autres temps fur compofés ?

Oui, Monfieur.

L'ABBÉ.

LE MILOR D.

J'aurais eu pris, tu aurais eu pris, il aurait eu pris; Nous aurions eu pris, vous auriez eu pris, ils auraient eu pris.

Je vois bien qu'il n'eft pas befoin d'en donner d'autres exemples.

Les

Les conditions qui exigent & annoncent le conditionnel, font fouvent précédécs de la conjonction fi. S'il feroit beau temps, nous irions nous promener ; c'eft tout comme on dit au futur de l'indicatif: s'il fera beau temps, nous irons nous promener.

L'ABBÉ.

Vous vous trompez, Monfieur. Quand le verbe qui exprime la condition eft précédé de la conjonction fi, ce verbe n'eft pas mis au conditionnel mais à l'imparfait de l'indicatif. Il falloit dire: S'il faifoit beau, nous irions nous promener.

LE MILOR D.

Et le verbe fuivant eft au conditionnel?
L'ABBÉ.

Oui, Monfieur: je parlois feulement du verbe qui exprime la condition.

Quand, au lieu du conditionnel, on emploie un futur, fi le verbe qui exprime la condition eft précédé de la même conjonction fi, il doit être mis au préfent. S'il fait beau, nous irons nous promener, & non s'il fera beau, nous irons nous

promener.

LE COMTE.

Il paroît que cette règle eft fujette à plufieurs exceptions, car on dit très-bien nous verrions fi la terre feroit d'un bon rapport, & non étoit d'un bon rapport; nous verrons fi la terre fera d'un bon rapport, & non eft d'un bon rapport. Les verbes précédés de la conjonction fi, y font au conditionnel & au futur, & non à l'imparfait & au préfent de l'indicatif.

L'ABBÉ,

Oui, Monfieur; mais vous obferverez que ces phrafes ne font pas complettes: elles fuppofent des conditions qui ne fe trouvent point dans le fecond membre, fi la terre feroit d'un bon rapport;

Mm

fi la terre fera d'un bon rapport, quoique le verbe y foit précédé de la conjonction fi. Pour que le fens ne laiffât rien à defirer, il faudroit dire, par exemple, fi nous cultivions nous-mêmes ces champs-là, nous verrions fi la terre feroit d'un bon rapport; fi nous cultivons nous-mêmes ces champs-là, nous verrons fi la terre fera d'un bon rapport; & alors les verbes qui exprimeroient les conditions, ne feroient ni au conditionnel ni au futur, mais à l'imparfait & au préfent.

LA MARQUISE..

Apparemment que les phrafes conditionnelles exigent toujours que les verbes foient à l'imparfait & au conditionnel, ou au préfent & au futur.

L'ABBÉ.

Pardonnez-moi, Madame : il y a des phrafes conditionnelles à tous les temps, & fous mille formes différentes; mais nous nous contenterons d'avoir expliqué celles dont la conftruction peut offrir quelques difficultés pour ceux qui, comme Monfieur, n'ont pas été accoutumés dès l'enfance à fuivre le génie de la langue françoife.

Dans les phrafes négatives au préfent, on fubftitue fouvent, par élégance, le conditionnel du verbe favoir au préfent du verbe pouvoir. On diroit dans le même fens je ne puis me foumettre à cette loi, & je ne faurois me foumettre à cette loi; elle ne peut fe paffer des perfonnes dont elle médit, & elle ne fauroit fe paffer des perfonnes dont elle médit. SOPHIE.

Le mode conditionnel n'a que deux temps, le préfent & le paffé: il ne peut donc être mis qu'à ces deux temps-là ?

L'ABBÉ.

Pardonnez-moi, Mademoiselle; il fe met à tous Jes temps. Le conditionnel fimple ou préfent mar

Jur l'Orthographe Françoife. que, relativement au temps de la phrafe où il fe 547 trouve, un préfent avec quelque idée de futur ; comme quand on dit au parfait, nous vimes que nous pourrions réuffir fi, &c. &c.

au parfait paffé, quand nous eûmes vu que nous pourrions réuffir avec tel fecours;

au futur, quand nous verrons que nous pourrions réuffir dés-à-préfent, fi, &c.

au futur paffé, quand nous aurons vu que nous pourrions toujours réuffir, fi, &c. &c.

Le paffé dú conditionnel marque un temps paffé relativement au temps de la phrafe dans laquelle on l'emploie ; c'eft ce qu'on voit en le fubftituant au conditionnel préfent, dans ces mêmes phrafes: Nous vimes que nous aurions pu réuffir.

Quand nous eûmes vu que nous aurions pu réuffir. Quand nous verrons que nous aurions pu réuffir. Quand nous aurons vu que nous aurions pu réuffir, &c. &c.

Voilà tout ce que je puis vous dire préfentement fur le conditionnel demain nous parlerons du mode fubjonctif, c'eft-à-dire, de celui qui fe joint à tous les autres modes, en fous-ordre, d'une manière fubordonnée.

DIALOGUE XVII.

SUR LE SUBJONCTIF. LAMARQUISE, SOPHIE, L'ABBÉ. LE COMTE, LE MILOR D. LA MARQUIS E.

Nous n'avons rien à vous montrer: nous

avons été affez occupées à comparer les deux copies de nos vcrbes, & à nous rappeller les caufes des changements que nous y avons faits.

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