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DIALOGUE XVI.

SUR LES PRONOMS EN ET ON, LES VERBES
IMPERSONNELS, LE CONDITIONNEL, &c.
LA MARQUISE, SOPHIE, L'ABBÉ,
LE COMTE, LE MILORD.
LA MARQU, I SE.

MONSIEUR nous a dicté des verbes à tous

les temps de l'indicatif; mais il n'a pas voulu les corriger. Voici le mien: je crains qu'il n'y ait beaucoup de fautes.

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SOPHIE.

Si j'ai bien compris la règle de Monfieur pour la forme des participes, voilà la même faute répétée une, quatre, fept, dix... vingt-cinq fois.

LA MARQUISE.

Je ne vois pas cette faute. Comme le verbe acquérir emprunte le fecours du verbe avoir, & non du verbe étre, & que d'ailleurs je n'ai point fuppofé d'objet au verbe, j'ai pensé que le participe acquit devoit être tout-à-fait le même pour le mafculin, le féminin, le fingulier & le pluriel.

SOPHIE.

Ce n'eft pas là non plus ce que je regarde comme une faute; c'eft le t qui finit votre participe acquit. On dit au féminin une fortune acquife. En retranchant la dernière fyllabe de ce féminin, & confervant l's qui la commence, on. . . .

LA MARQUISE.

J'y fuis il falloit écrire acquis par une s, & non par un t. Comment ai-je pu me tromper aufli groffièrement !

LE COMTE.

Dans les imparfaits, Madame a fuivi l'orthographe moderne: elle a écrit par a, j'acquérais, j'avais acquis, & non par o,j'acquérois, j'avois acquis, &c. LA MARQUISE.

Monfieur nous a permis de fuivre le genre. d'orthographe qui nous plairoit le mieux; & j'aime beaucoup celui-ci, parce qu'il favorife la prononciation.

LE COMTE.

Mais Monfieur vous a recommandé d'être conféquente; & après avoir mis un a au fingulier, vous avez mis un o au pluriel: elles acquéroient, elles

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avoient acquis. Il falloit donc auffi écrire par un
a, elles acquéraient, elles avaient acquis.
LA MARQUISE.

Encore une inconféquence.

LE MILOR D.

Monficur nous a dit que dans les compofés du verbe querir, il falloit mettre un i après l'u aux trois perfonnes du fingulier préfent, & à la troifième du pluriel; ce que j'ai retenu avec d'autant plus de foin, que cet i n'eft pas trop clairement indiqué par la prononciation.

LA MARQUISE.

Je me rappelle encore celà: il falloit écrire j'acquiers, tu acquiers, il acquiert... ils acquièrent. Je crois que cet i ne fe met point aux autres temps fimples.

Non, Madame.

L'ABBÉ.

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LA MARQUISE.

Il n'y a donc plus de fautes préfentement. J'ai mis un c avant le q, parce qu'avant un q, le d de la prépofition ad fe change en un c.

L'ABBÉ.

Voilà qui eft favamment expliqué; mais regardez le futur.

LA MARQUIS E.

J'ai eu quelques doutes; mais j'ai pensé que la prononciation exigeoit deux r.

L'ABBÉ.

Oui, Madame, mais elles ne devroient pas être feparées par un e muet: l'e muet ne doit précéder la dernière fyllabe du futur que dans les verbes de la première conjugaison.

LE MILOR D.

Cela fait une fyllabe de plus qu'il ne faut.

Jac-qué-re-rai, nous ac-qué-re-rons... On doit dire en trois fyllabes, j'ac-quer-rai,

rons, &c.

1

SOPHIE.

ac-quer

Je vais corriger une faute à mon verbe avant de vous le montrer... Le voici.

S'EN N'ALLER.

Infinitif préfent.

Infinitif paffé.

S'EN N'ALLER.

S'EN N'ÊTRE ALLE.

Préfent. (au mafculin.) Préfent passé.

Je m'en vais, tu t'en vas, il s'en va;

Nous nous en n'allons, vous vous en n'allez, ils s'ent vont.

Imparfait.

Je m'en fuis allée, tu t'en n'eft allée, il s'en n'eft allée ; Nous nous en fommes allées, vous vous en n'êtes allées, ils s'en font allées.

(au féminin.)

Je m'en n'allois, tu t'en n'allois, elle s'en n'alloit ;

Nous nous en n'allions, vous vous en n'alliez, elle s'en n'alloient.

Parfait.

Imparfait paffé.

Je m'en n'étois allée, tu t'en n'étois allée, elle s'en n'étoi allée ;

Nous nous en n'étions al léées, vous vous en n'étiez alléées, elle s'en n'étoient alléées.

(au mafculin.)

Je m'en n'allai, tu t'en n'allas, il s'en n'allat;

Nous nous en n'allâmes, vous vous en n'allâtes, il s'en n'allèrent.

Futur.

Parfait paffé.

Je m'en fus alléé, tu t'en fus alléé, il s'en fut alléé; Nous nous en fûmes allées vous vous en fûtes allées, s'en furent allées.

(au féminin.)

Je m'en n'ierai, tu t'en n'ieras, elle s'en n'ierat ;

Nous nous en n'ierons, vous vous en n'ierez, elle s'en n'ie

ront.

Futur passe.

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L'ABBÉ.

Voilà bien des fautes.

SOPHIE.

Monfieur m'a dit que les règles ne me ferviroient pas beaucoup dans ce verbe-là. C'est appa

remment ce qui m'aura fait manquer plus fouvent

encore.

L'ABBÉ.

Vous avez auffi péché contre les principes. Mais avant toute chofe, je dois vous faire remarquer que le pronom compofé en, placé avant un verbe auquel il fe rapporte, & qui commence par une voyelle, fe prononce toujours comme fi l'n étoit double. Nous nous en allons, il s'en eft venu nous en avons parlé, fe prononcent nous nous en nallons, il s'en neft venu, nous en navons parlé, &c. Mais dans le vrai, ce pronom compofé n'ajoute point d'n au verbe qui le fuit; & comme le verbe aller ne commence point par une n, vous deviez écrire fans n tous les mots qui appartiennent à fa conjugaifon s'en aller, & non s'en n'aller; tu t'en allois, & non tu t'en n'allois; il s'en ira, & non il s'en n'ira; je m'en allai, & non je m'en n'allai, &c. Il en eft de même avant tout autre verbe commençant par une voyelle ou une h muette. On écrit vous en aurez, il en eft revenu, on s'en honoroit beaucoup, & non vous en naurez, il en neft revenu, on sen nonoroit beaucoup, &c.

LE MILOR D.

Je croyois que dans ce cas le mot en étoit une prépofition.

L'ABBÉ.

Vous étiez dans l'erreur. S'en aller, c'est-à-dire, aller du lieu où on eft dans un autre; vous en aurez, vous aurez de cette chofe-là; il en eft revenu, il eft revenu de là; on s'en honore beaucoup, on s'honore beaucoup de celà. Ainfi vous voyez que ce mot en eft un compofé de la prépofition de & de quelque nom ou pronom.

Ce n'eft qu'avant les verbes auxquels il fe rapporte que ce pronom compofé en peut fonner comme fi In étoit double; dans tout autre cas, fi le mot qu'il précède commence par une voyelle, il forme

un

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