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perfonne du fingulier: il faut, il fallut, il faudra, &c. l'ufage du verbe pleuvoir eft pareillement borné. · à cette même perfonne: il pleut, il plut, il pleuvoit, il pleuvra, &c. LE MILOR D.

Je crois que les verbes faillir & défaillir fe conjuguent ainfi :

Je faux, tu faux, il faut ;

Je défaux, tu défaux, il défaut;

car je me fouviens des vieux proverbes : A battre faut l'amour. Vigilance abonde, & pareffe défaut; ce qui fignifie, fi je ne me trompe: A battre on détruit l'amour. Vigilance abonde & pareffe manque. LA MARQUISE.

Je vois préfentement l'origine du nom d'une petite ville de Champagne: Montereau-faut-Yonne. Cela fignifie Montercau où l'Yonne manque, où l'Yonne finit; parce que c'eft à Montercau que la rivière d'Yonne perd fon nom, & fe jette dans la rivière de Seine.

LE COMTE.

Ces verbes ne font plus en ufage au préfent.

L'ABBÉ.

Je n'oferois y employer le compofé défaillir: je défaux, tu défaux, il défaut. Mais j'ai vu dans des vers je faux pour dire je me trompe, & il ne me paroiffoit pas y avoir mauvaise grace.

SOPHIE.

Je ne favois pas pourquoi le mot défaut s'écrit par au, c'eft qu'il fe rapporte au verbe défaillir, dans lequel l' eft néceffaire après l'ƒ.

L'ABBÉ.

Cette obfervation eft fort jufte, Mademoiselle : les défauts, font le manque, l'abfence des perfections. Pour terminer ce que nous avons à dire fur le

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fingulier préfent de l'indicatif, il ne nous refte plus qu'à faire mention des verbes favoir ou fçavoir, & étre, qui font à ce temps:

Je fais ou je fçais, tu fais ou tu fçais, il fait ou il sçait.
Je fuis, tu es, il eft.

LE MILOR D.

Je crois avoir vu la première perfonne du verbe favoir: je fai, écrite fans s finale.

L'ABBÉ.

Il y a quelques perfonnes qui prétendent que c'eft ainfi qu'il faut toujours l'écrire; & je crois remarquer en effet qu'on prononce ce mot d'une manière brève qui pourroit difpenfer d'y mettre l's finale. Mais vous avez dû voir cette fuppreffion de I's finale dans plufieurs autres verbes, & toujours à la première perfonne du fingulier préfent. C'est une licence que nos poëtes prenoient encore il n'y a pas long-temps, quand ils avoient befoin de former ce que nous fommes convenus d'appeler des rimes fingulières. On trouve dans les œuvres de Racine:

Vous ne répondez rien, perfide, je le voi,

Tu comptes les moments que tu perds avec moi.

Viir, fongez à vous, je vous en averti,
Et, fans compter fur moi, prenez votre parti.

Dans celles de Boileau :

En les blamant enfin, j'ai dit ce que j'en croi:
Et tel qui me reprend en penfe autant que moi.

Dans celles de Molière:

Un brouillon, une bête, un brufque, un étourdi,
Que fais-je ? un . . . cent fois plus encor que je ne di.

Je ne puis t'exprimer l'aife que j'en reçoi

Et que me diriez-vous, Monfieur, fi c'étoit moi !

Préfentement on regarderoit cette licence comme une faute, & on fe fait une loi de conferver ces s finales dans les vers comme dans la profe: en effet

les rimes qu'on ajuftoit ainfi ne pouvoient pas être bien exactes, parce que l'oreille fupplée toujours à ces s, quoiqu'elics ne foient point écrites.

LA MARQUISE.

Ce fingulier préfent entraîne bien des difficultés! le pluriel eft-il aufli embarraffant ?

L'ABBÉ.

Non, Madame, il s'en manque beaucoup; mais nous ne l'expliquerons point aujourd'hui: ce que nous venons de dire fuffit pour vous occuper jufqu'à notre premier entretien.

DIALOGUE XIV.

DU GÉRONDIF, DU PLURIEL PRÉSENT ET DU PARFAIT DE L'INDICATIF. LA MARQUISE, SOPHIE, L'ABBÉ, LE COMTE, LE MILORD.

MONSIEU

LA MARQUISE.

ONSIEUR le Comte m'a dit que j'aurois très-fouvent befoin d'écrire le verbe étre & le verbe avoir; voici des phrases dans lesquelles ces verbes font employés:

Je fus venue, tu eft partie, on ses fiché, c'eft dommage, je lui et parlé, tu l'a abordé, il nous a dit des nouvelles.

Suivant votre méthode, j'ai trouvé l'infinitif de toutes ces phrafes, en employant le verbe vouloir. Je veux être venue, tu veux être partie, on veut s'être faché, ce veut être dommage; je veux lui avoir parlé, tu veux l'avoir abordé, il veut nous avoir dit des nouvelles.

L'ABBÉ.

C'eft tirer un très-bon parti de mes explications; cependant vous avez commis quelques fautes: par exemple, votre feconde plirafe eft à la feconde perfonne, & vous y avez terminé le verbe par un t comme à la troifième: tu eft partie.

LA MARQUISE.

J'entends celà préfentement: il falloit écrire fans t, tu es partie; mais j'aurois eu raifon de mettre un t fi j'avois dit à la troifième perfonne : elle eft partie.... Bon, voici une faute toute contraire, la troifième phrafe: on scs fáché, eft à la troifième perfonne, ainfi je devois écrire par un t, on seft fâché.

LE COMTE.

Il ne faut pas oublier de mettre une apoftrophe entre l's & l'e, car c'eft comme fi on difoit on fe eft faché; & quand on fupprime un e muet, vous favez qu'on le remplace ordinairement par une apoftrophe: on s'eft faché.

L'ABBÉ.

La première phrafe du fecond exemple fignifie 'ai parlé à lui, on je ai parlé à lui: qu'on arrange ces mots comme on voudra, il faut que les lettres ai fe confervent; ainfi vous deviez écrire je lui ai parlé & non je lui et parlé cet e & ce t ne se rapportent à rien. Il y a une faute dans la phrase fuivante, que vous corrigerez vous-même, pour peu que vous y falliez attention.

LA MARQUISE.

Je l'avois déjà apperçue. Cette phrafe fignifie tu as abordé lui; tu as doit finir par une s, puifqu'on parle à la feconde perfonne du fingulier, & cette s doit fe conferver de quelque maniere qu'on arrange la phrafe: tule as abordé, tu l'as abordé,

&c.

SOPHIE..

Vous avez auffi oublié de mettre un accent fur l'a: il nous a dit des nouvelles.

L'ABBÉ.

On ne met point d'accent fur l'a quand il eft la troifième perfonne au fingulier du verbe avoir : il ne fe met que fur la prépofition à, qui eft un mot invariable. Ainfi quand l'a formera fcul un mot, changez le temps ou la perfonne de la phrafe. Si cet a fubfifte fans altération, vous le marquerez d'un accent grave; mais s'il éprouve les variations naturelles aux verbes, vous l'écrirez fans accent. Par exemple, dans cette phrafe: tout le monde a de l'empressement à vous fervir, fur lequel des deux a

mettrez vous un accent?

SOPHIE.

Tout le monde a de l'empreffement a vous fervir. Tout le monde avoit de l'empreffement a vous fervir. Nous avons de l'empreffement a vous fervir. C'eft donc le fecond a qui doit être marqué d'un accent grave: tout le monde a de l'empreffement à vous Servir?

L'ABBÉ.

Oui, Mademoiselle avez-vous auffi quelque ouvrage à nous montrer ?

SOPHIE.

Non, Monfieur. J'ai employé tout mon loifir à recopier les verbes que vous citâtes hier pour regles & pour exceptions. Le fingulier préfent me paroît encore très-difficile; mais j'efpère que ce que vous direz fur le pluriel achevera de me le faire conprendre.

L'ABBÉ.

Avant de parler du pluriel préfent, nous allons dire un mot fur la formation du gérondif, c'eftà-dire, de ce mot toujours terminé par ant, &

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