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tu reffors, il reffort; & que, fi ce même infinitif eft compofé du verbe fortir, agir, opérer, on conjugue je refortis, tu reffortis, il reffortit. Le compofé affortir, qui fe conjugue j'afforis, tu affortis, il affortit, ne fe rapporte ni à l'un ni à l'autre de ces verbes fortir, mais au fubitantif forte.

Pour le verbe affervir, il me paroît véritablement compofé de fervir: je crois ne l'avoir vu employer qu'à l'infinitif & au participe adjectif. A fon caprice il prétend m'afervir.

C'eft ici qu'à l'amour je me vis affervie.

Mais fi on le conjuguoit, il faudroit dire j'affervis, tu affervis, & non j'affers, tu affers, &c. J'ai vu, fi je ne me trompe, dans quelques ouvrages modernes, le fubftantif afferviffement; il me paroît fort cxpreflif. Je le croyois même adopté par le bon ufage; mais je l'ai cherché vainement dans nos meilleurs Dictionnaires.

LE MILOR D.

D'après ces explications, il y a peu de verbes irréguliers.

L'ABBÉ.

Tous les verbes irréguliers de la feconde conjugaifon, relativement au fingulier préfent, font compris dans la dernière divifion, c'eft-à-dire, parmi les verbes dont l'infinitif perd une fyllabe fonore. Je n'en connois qu'un de la première divifion, c'eft le verbe hair.

LA MARQUISE.

Je hais, tu hais, il hait. Je ne vois point d'irrégularité dans ce verbe-là : I'r de l'infinitif fe change en unes pour les deux premières perfonnes, & en un t pour la troifième.

L'ABBÉ.

Ce verbe feroit tout-à-fait régulier, s'il falloit prononcer, comme l'exige l'i trema qui eft à l'in

finitif je huis, tu ha-is, il ha-it; mais l'ufage veut qu'on prononce le fingulier préfent de ce verbe comme s'il y avoit je hès, tu hès, il hèt; ce qui ne peut avoir lieu qu'en écrivant l'i fimple au lieu de l'i tréma. Je hais, tu hais, il hait. Mais au pluriel, & dans le refte du verbe, on reftitue l'i tréma: nous haifons, vous avez hai, ils haïront; rien ne feroit plus ridicule, que de prononcer nous hefsons, vous avez hé, ils héront, SOPHIE.

&c.

Vous ne prononcez pas nous zaïffons, yous avé zai, ils zaïront?

L'ABBÉ.

Non, Mademoiselle, parce que l'h est aspirée. SOPHIE.

O ciel! nou-ha-i-fons, vous avé-ha-i, i-a-iront... Cette prononciation eft bien défagréable. L'ABBÉ.

apparemment

Celà eft vrai, Mademoiselle qu'on a voulu rendre le mot auffi hideux que la chofe. Il faut que les idées foient en quelque forte exprimées par les fons & par la manière de les rendre. Le févère Boileau avoit probablement fes raifons, quand il fit ce vers contre les opéra de Quinaut :

Et jufqu'à je vous hais, tout s'y dit tendrement.

SOPHIE.

Et jufqu'à je vou-hais....

LE MILOR D.

Il y a des irrégularités bien plus minutieufes dans les verbes taire, naître, paitre, plaire, clorre; &c. dont l'i ou l'o eft marqué d'un accent circonflexe à la troifième perfonne du fingulier, & non aux deux autres.

Je tais, tu tais, il taît.
Je nais, tu nais, il naît.
Je pais, tu pais, il paît.
Je plais, tu plais, il plaît.
Je clos, tu clos, il clôt.

L'ABBÉ.

L'accent n'occafionne aucune irrégularité dans ces verbes. Le fon fort de l'i fe conferve à toutes les perfonnes; mais on ne fe permet pas ordinairement d'accentuer les voyelles fuivies d'une r ou d'une s; voilà pourquoi l'i ne reçoit l'accent circonflexe qu'à la troifième perfonne du fingulier, & dans l'infinitif des verbes naître, paître, paroître & autres, où il eft immédiatement fuivi d'un t

Parmi nos verbes irréguliers, nous remarquerons le verbe querir qui n'eft en ufage qu'à l'infinitif; elle va querir de l'eau. De fes quatre compofés acquérir, enquérir, requérir, conquérir, le dernier n'eft en ufage qu'à l'infinitif & autres analogues du verbe qui ne reconnoiffent ni les temps ni les perfonnes. La fureur de conquérir s'accroît en conquerant; un royaume conquis, des villes conquifes, &c. mais les trois autres s'appliquent à tous les temps. Leur irrégularité confifte au fingulier préfent, dans l'addition d'un i entre l'u & l'e.

J'acquiers, tu acquiers, il acquiert.
Je m'enquiers, tu t'enquiers, il s'enquiert,
Je requiers, tu requiers, il requiert.

Cet i s'ajoute pareillement à la troifième perfonne du pluriel: ils acquièrent, ils s'enquièrent, ils requièrent; mais on ne le met point aux deux autres perfonnes nous acquérons, vous acquérez; nous nous enquérons, vous vous enquérez; nous requérons, vous requérez: c'eft ce qu'une prononciation exacte rend affez fenfible.

On fait précisément dans les mêmes cas, l'addition d'un i avant l'e aux verbes tenir & venir, & à tous leurs compofés.

TENIR. {

VENIR.

CONTE

NIR.

{

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Nous contenons, vous contenez, ils contiennent. PREVE- Je préviens, tu préviens, il prévient,

NIR.

{

Nous prévenons, vous prévenez, ils préviennent.

LA MARQUISE.

Cet i ajouté fe fait bien mieux fentir dans ces derniers verbes que dans les compofés du verbe querir.

L'ABBÉ.

Celà eft vrai, Madame, & la raison en eft claire, c'eft que le q fe prononce toujours avant l'e, l'i & l'u, à peu près comme s'il y avoit un i interpofé; de manière que quand l'i s'y trouve en effet, l'oreille ne l'indique pas affez clairement: c'eft ce que nous avons déjà expliqué dans nos premiers entretiens.

Dans les verbes devoir, recevoir & analogues, l'irrégularité se réduit au changement de l'e en oi. DEVOIR. Je dois, tu dois, il doit.

REDEVOIR. Je redois, tu redois, il redoit.
RECEVOIR. Je reçois, tu reçois, il reçoit.
CONCEVOIR. Je conçois, tu conçois, il conçoit, &c

Dans les verbes mourir, vouloir, mouvoir, émou yoir, c'eft le changement d'un o en un e.

MOURIR.

Je meurs, tu meurs, il meurt, VOULOIR. Je veux, tu veux, il veut.

MOUVOIA. Je meus, tu meus,

il meut.

EMOUVOIR. J'émeus, tu émeus, il émeut.

Ces changements fubfiftent encore à la troisième perfonne du pluriel, & non aux deux autres,

Nous devons, vous devez, ils doivent.

Nous recevons, vous recevez, ils reçoivent.
Nous mourons, vous mourez. ils meurent,

Nous voulons, vous voulez, ils veulent.

Nous mouvons, vous mouvez, ils meuvent, &c,

Il en eft de même du verbe pouvoir, avec cette différence, que la première perfonne du fingulier préfent peut fe dire également bien de deux manières :

Je puis, ou je peux, tu peux, il peut.

Nous pouvons, vous pouvez, ils peuvent.

LE MILOR D.

J'y vois une autre différence, c'eft l'x qui termine les deux premières perfonnes des verbes vouloir & pouvoir, & l's qui termine celles des verbes mouvoir & émouvoir, quoique ces confonnes foient de part & d'autre, précédées de la même voyelle compofée eu. Seroit - ce une grande faute que d'écrire les uns & les autres par s ou par x ?

L'ABBÉ.

Ce feroit une des fautes les moins effentielles, & de celles qu'on pardonne le moins; parce que pour une perfonne qui connoît les principes de la langue, il y en a mille dont la fcience n'eft fondée que fur la mémoire, & qui rejettent avec dédain tout ce qui ne reffemble pas à ce qu'ils ont vu.

Vous trouverez la même différence entre le verbe bouillir & les verbes valoir, prévaloir & équivaloir.

Je bous, tu bous, il bout.

Je vaux, tu vaux, il vaut.

Je prévaux, tu prévaux, il prévaut.
J'équivaux, tu équivaux, il équivaut

Mais on eft habitué à voir des mots terminés par ous tous, nous, vous, &c. & jamais par aus.

LE COMTE.

Le verbe falloir peut être mis dans la claffe de ces derniers; mais il ne s'emploie qu'à la troifieme

perfonne

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