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Je mouds, tu mouds, il moud;
J'émouds, tu émouds, il émoud;

quoiqu'il ne fe trouve point au pluriel de ces mêmes verbes notis apprenons, ils reprennent, vous prenez, vous découfez, ils découfent, nous émoulons, &c.

LE COMTE.

J'ai vu écrire fans d·les deux premières perfonnes au fingulier préfent du verbe prendre, & de fes compofés je prens, tu prens, j'entreprens, tu entreprens, &c.

L'ABBÉ.

Je crois avoir vu la même fuppreffion dans les verbes coudre, moudre, & leurs compofés: je cous, je décous, tu mous, il émout. Mais ceux qui fe permettent d'écrire ainfi, reftituent le dà la troifième perfonne il prend, il entreprend, il coud, il émoud, &c. On n'oferoit écrire il cout, & moins encore il prent, il apprent, il émout; ainfi il vaut beaucoup mieux conferver le d dans les trois perfonnes, conformément aux loix de l'analogie. Le ds'emploie encore au fingulier des verbes feoir, affeoir, raffeoir, quoiqu'il ne fe trouve ni dans l'infinitif, ni dans le pluriel.

SE SEOIR.

S'ASSEOIR.

{

Je me fieds, tu te fieds, il fe fied.
Nous, nous feyons, vous vous feyez, ils fe
feyent.

Je m'affieds, tu t'affieds, il s'affied.

Nous nous affeyons, vous vous affeyez, ils s'affeyent.

SE RASSEOIR. Nous nous raffeyons, vous vous raffeyez, Je me raffieds, tu te raffieds, il fe raffied.

ils fe raffeyent.

LE COMTE.

Ces deux derniers verbes font des compofés du premier, feoir; il y en a encore un autre, qui ft le ver be furjeoir.

L'ABBÉ.

Oui, mais il ne fe conjugue pas comme le fimple; il fait felon la règle générale:

Je furfeois, tu furfeois, il furfeoir;

Nous furfeoyons, vous furfeoyez, ils furfeoient, Plufieurs perfonnes fuivent cette orthographe dans les autres analogues, & écrivent je me feois, tu t'affeois, ils fe raffeoiert, nous nous raffeoyons, &c. ce qui, fi l'ufage n'y étoit pas oppofé, feroit bien plus régulier & moins embarrafiant.

LE MILOR D.

L'e qui précède l'o dans ces mots feoir, affeoir, raffeoir, furfeoir, il furfeoit, &c. fait-il quelque fenfation?

L'ABBÉ.

Non, Monfieur. Il eft à croire que dans le principe, cette voyelle étoit néceffaire à la prononciation; mais puifqu'elle eft devenue abfolument inutile, on feroit bien de la retrancher, comme on l'a fait dans les verbes cheoir, décheoir, écheoir, qui s'écrivent péfentement choir, déchoir, échoir. Nous remarquerons à l'égard de ce dernier, qu'à la troifième perfonne du fingulier, on dit il échet, & non il échoit : fi le cas y échet.

SOPHIE.

Faut-il dire je me fieds ou je m'affieds ?

L'ABBÉ.

Je préférerois le dernier. Le fimple fe feoir ne me paroît avoir bonne grace qu'à l'infinitif : on nous a priés de nous feoir. Par-tont ailleurs il vaut mieux employer le compofé s'affeoir. Je m'affieds, je m'affis, nous nous fommes affis, &c.

SOPHIE

On dit pourtant cette coëffure yous fied, cela ne vous fied pas.

L'ABBÉ.

Oui, Mademoifelle, mais celà n'a point de rapport à s'affeoir. Cette coeffure vous fied, celà ne vous fied pas, c'eft comme fi on difoit cette coeffure vous fait bien, celà ne vous convient pas. On dit dans le même fens celà vous meffied, pour dire celà ne vous fied point, celà vous fied mal. Dans ces derniers cas le verbe n'eft en ufage qu'à la troifième personne.

LE MILOR D.

Je dirai donc d'après vos règles, mon efprit fe raffied, & non mon efprit fe raffeoit?

L'ABBÉ.

Je n'adopterois ni l'un ni l'autre je crois que dans ce fens, il n'y a guère que l'infinitif raffeoir qui foit du bon ufage. Si pourtant il falloit le conjuguer, je dirois mon efprit fe raffeoit, cette liqueur fe raffeoit, mes fens fe raffeoient, & non mon efprit fe raffed, cette liqueur fe rafficd, mes fens je raffeyent; cette dernière conjugaifon ne me paroît bonne que pour fignifier s'affeoir de nouveau.

LE COMT E.

On finit par un d la troifième perfonne des verbes conclure & exclure: il conclud, il exclud, quoique ce d ne foit point à l'infinitif, & qu'on ne l'emploie point aux deux premieres perfonnes : je conclus, tu conclus, j'exclus, tu exclus.

L'ABBÉ.

Mais il eft auffi permis de finir la troifième perfonne de ces verbes par un t: il conclut, il exclut; & c'eft ainfi que je voudrois écrire pour conferver l'analogie qui doit, autant qu'il eft poffible, régner entre toutes les parties du verbc.

LE MILOR D.

Il me femble que vous avez des verbes encore

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plus irréguliers que ceux dont nous venons de voir l'explication.

L'ABBÉ.

Oui, Monfieur: il y a des verbes dont le fingulier préfent fe forme en retranchant de l'infinitif une fyllabe fonore, dont on ne conferve rien:

SERVIR.

PARTIR. SORTIR.

Je fers, tu fers, il fert;

SE REPENTIR. Je me repens, tu te repens, il se repent;
Je pars, tu pars, il part;
Je fors, tu fors, il fort;
Je dors, tu dors, il dort;

DORMIR.

a moins que cette fyllabe retranchée ne commence par une r, parce que cette confonne eft néceffaire à la prononciation.

COURIR.

Je cours, tu cours, il court. PARCOURIR. Je parcours, tu parcours, il parcourt. On conferve encore le t du verbe vétir, & de fes compofés.

Je vêts, tu vêts, il vêt.

Je revêts, tu revêts, il revêt.
Je dévêts, tu dévêts, il dévêt.
LE MILOR D.

Comment peut-on diftinguer ces infinitifs dont on retranche une fyllabe fonore, de ceux dont on retranche fculement r ou re, tels que voir, dire, &c.?

L'A B B É.

Par les règles de l'analogie. Nous obferverons que tous ces infinitifs dont on retranche une fyllabe fonore pour former le préfent fingulier, font terminés par ir précédé d'une confonne. Les verbes de ce genre de terminaifon dont on ne retranche que l'r finale de l'infinitif, confervent ordinairement à tous les temps & à toutes les perfonnes, les lettres qui précèdent cette finale retranchée.

AVERTIR. J'avertis, nous avertiffons, vous avertîtes, tu avertiras, ils avertiffoient, &c.

RAVIR. Je ravis, tu raviras, ils ravirent, nous ravif fions, &c,

Ces lettres fe confervent encore dans les autres analogues. Avertissement, avertissant, ravissement, raviffeur, &c.

Il n'en eft pas de même des verbes dont le préfent fingulier fe forme par le retranchement d'une fyllabe fonore. L'i de cette fyllabe retranchée se perd dans prefque tous les analogues.

DORMIR. Je dors, nous dormons, dormant, dormeur, &c.
COURIR. Tu cours, courant, courfe, j'ai couru, cou-
ramment, &c.

PARTIR. Il part, nous partons, départ, partant, &c.
LE MILOR D.

Cette règle influe fans doute fur tous les compofés.
LE COMTE.

Pardonnez-moi, Monfieur. Partir, fortir, fervir, fe conjuguent je pars, tu pars, il part; je fors, tu fors, il fort; je fers, tu fers, il fert; & leurs compofés répartir, reffortir, affervir font je répartis, tu répartis, il répartit; je reffortis, tu reffortis, il reffortit; j'afervis, tu affervis, il affervit.

L'ABBÉ.

Il faut diftinguer deux verbes partir, l'un dont nous avons parlé, qui fignifie changer de licu, & un autre verbe partir, qui fignifie divifer partager. Celui-ci, qui n'eft guère d'ufage qu'a l'infinitif, fe conjugueroit je partis, tu partis, il partit de forte que fi repartir fignifie changer de lieu une feconde fois, il faut conjuguer je repars tu repars il repart; & que fi ce même infinitif répartir fignifie divifer, partager de nouveau, on conjugue je répartis, tu répartis, il répartit. Il y a la même diftinction à faire pour le verbe fortir: il peut fignifier aller dehors, ou produire tel effet. Dans le premier fens, il fe conjugue, nous l'avons vu, je fors, tu fors, il fort; & dans le fecond, il fait je fortis, tu fortis, il fortit, d'où il fuit que fi l'infinitif reffortir fignifie aller dehors une feconde fois, il faut conjuguer je reffors,

comme

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