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Cependant, dans la prononciation la plus naturelle, l'e qu'on fait fentir avant une r, me paroît toujours un peu plus ouvert que quand il précède d'autres confonnes; & c'eft alors, je crois, qu'il faudroit le marquer d'un accent grave: j'espère, un myfière, ce qui pourtant indiqueroit un fon plus doux que dans terre & parterre; & même que dans Je taire, plaire, faire, &c.

Dans quelques verbes, au lieu d'accentuer l'e qui précède la dernière fyllabe, on double la confonne qui le fuit. Ces verbes font fur-tout:

APPELER.

RAPPE

LER.

RENOUVE-
LER.

CACHETER.

SJ'appelle, tu appelles, il appelle;

{

Nous appelons, vous appelez, ils appelent.
S Je rappelle, tu rappelles, il rappelle;

{

{

Nous rappelons, vous rappelez, ils rappelent.
Je renouvelle, tu renouvelles, il renouvelle;
Nous renouvelons, vous renouvelez, ils re-
nouvellent.

Je cachette, tu cachettes, il cachette ;

Nous cachetons, vous cachetez, ils cachettent.
SOPHIE.

C'eft apparemment parce que l'e refte muet dans les deux premières perfonnes du pluriel, que vous écrivez ces mots avec une l ou un t fimple. Nous appelons, vous renouvelez, &c.

L'ABBÉ.

Oui, Mademoifelle: fi on doubloit cette confonne, l'e qui la précède deviendroit aigu, ce qui feroit contraire à l'ufage; car on prononce nous applons, vous renouvlez, &c.

LE COMTE.

Mais il y a des exceptions aux règles que vous venez d'établir. On ne met ni confonne double, ni accent dans le préfent des verbes épouffeter, caqueter, coqueter, paqueter, feuilleter.

J'épouffete, tu épouffetes, il épouffete;

Nous épouffetons, vous époufletez, ils épouffetent,

Je caquete, tu caquetes, il caquete,
Nous caquetons, vous caquetez, ils caquetent.
Je coquete, tu coquetes, il coquete,
Nous coquetons, vous coquetez, ils coquetent.

Je paquete, tu paquetes,
,i paquete,
Nous paquetons, vous paquetez, ils paquetent.

Je feuillete, tu feuilletes, il feuillete

Nous feuilletons, vous feuilletez, ils feuilletent.

SOPHIE.

Je n'aurois pas même mis d'e avant le dernier z de ces mots : j'aurois écrit époufier, j'époufle, nous époufions; cacter, tu cacles, vous cactez; pacter, il pace, elles pacent; feuilter, je feuille, vous feuiltez, &c.

L'ABBÉ.

Ce feroit pécher contre les règles de l'analogie. Ces verbes fe rapportent à des mots dans lefquels l'e fe prononce diftinêtement avant le t. Des épouffetes, un caquet, des coqueties, un paquet, un feuillet, &c. Si dans ces verbes, l'e qui précède la dernière fyllabe demeure toujours muet, c'eft qu'ils ne font jamais employés dans la poëfie ni même dans la profe foutenue. On conçoit que s'ils étoient prononcés avec le ton de la déclamation, il faudroit faire fentir toutes les fyllabes, & on n'en fouffriroit fûrement pas deux mucttes de fuite. On feroit donc obligé de doubler la confonne aux trois perfonnes du fingulier, & à la troifième du pluriel !

J'épouffette, tu épouffettes, il épouffette - ils épouffettent.
Je caquette, tu caquettes, il caquette - ils caquettent.
Je feuillette, tu feuillettes, il feuillette ils feuillettent.

-

Ou du moins il faudroit écrire l'e avec un accent grave ou aigu:

J'épouséte ou j'épouffète; tu caquétes ou tu caquètes. ·
Il feuilléte ou il feuillete; ils paquétent ou ils paquètent

&c.

LE MIL OR D.

J'aimerois beaucoup mieux un accent que le redoublement de la confonne.

L'ABBÉ,

C'est le fentiment de quelques auteurs pour toutes les espèces de mots. Mais, comme nous l'avons déjà dit, cette fimplification de confonnes paroîtra long-temps extraordinaire: cependant on ne peut blâmer ceux qui la pratiquent, pourvu qu'ils foient conféquents, qu'ils n'emploient que les accents propres à imiter l'effet des lettres fupprimées, & qu'ils ne remplacent point par des accents les lettres dont le retranchement ne caufe aucun changement dans la prononciation des mots; ce qui ne m'a pas femblé bien exactement obfervé dans quelques projets d'orthographe moderne.

LE MILOR D.

Quand, dans ces mêmes infinitifs de la première conjugaifon, il y a un accent fur l'e qui précède la dernière fyllabe, cet accent fe conferve-t-il

par tout?

LE COMTE.

Celà eft généralement vrai de l'accent circonflexe.

MÊLER.

QUÊTER.

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{

Je mêle, tu mêle, il mêle;

Nous mêlons, vous mêlez, ils mêlent.

Je quête, tu quêtes, il quête ;

Nous quêtons, vous quêtez, ils quêtent.

LA MARQUISE.

Je penfe qu'il en eft de même de l'accent aigu. ALIENER. J'aliéne, tu aliénes, il aliéne;

Nous aliénons, vous aliénez, ils aliénent,

CÉDER. S Je céde, tu cédes, il céde;

{

Nous cédons, vous cédez, ils cédent.

PREFERER. Je préfére, tu préféres, il préfére;

{

Nous préférons, vous préférez, ils préférent,

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INTERPRÉ

TER.

J'interpréte, tu interprétes, il interprète; Nous interprétons, vous interprétez, ils inter prétent.

LE COMTE.

Pardonnez-moi, Madame: l'accent aigu se change en grave aux trois perfonnes du fingulier & à la troifième du pluriel, du moins eft-ce actuellement l'ufage. J'aliène, tu cèdes, il préfère, ils interprétent, &c. On conferve feulement l'accent aigu aux deux premières perfonnes du pluriel : nous aliénons, vous cédez, &c.

L'ABBÉ.

Les partifans de l'accent grave en exceptent pourtant les verbes dans l'infinitif defquels il y a deux e de fuite, comme créer, fuppléer, agréer. Ils écrivent avec l'accent aigu:

Je crée, tu crées, il crée,

Nous créons, vous créez, ils créent.

Je fupplée, tu fupplées, il fupplée.

Nous fuppléons, vous fuppléez, ils fuppléent.

J'agrée, tu agrées, il agrée;

Nous agréons, vous agreez, ils agréent.

Pour moi je ne voudrois fubftituer l'accent grave à l'aigu que dans les cas où l'e eft fuivi d'une r, comme dans

ESPERER. J'espère, tu espères, il espère - ils espèrent.
OPERER. J'opère, tu opères, il opère - ils opèrent, &c.

SOPHIE.

Quand, dans ces infinitifs, la dernière fyllabe eft précédée d'une confonne double, la confervet-on double dans toutes les autres parties du verbe ? L'ABBÉ.

Oui, Mademoiselle, pourvu que la prononciation l'exige.

GUETTER,

Je guette, tu guettes, 'il guette.

Nous guettons, vous guettez, ils guettent.

COEFFER,

COEFFER.

ERRER.

S Je coëffe, tu coëffes, il ou elle coeffe ;

Nous coëffons, vous coeffez, ils ou elles coëffent.

J'erre, tu erres, il erre;

Nous errons, vous errez, ils errent.

LA MARQUISE.

Je crois que cette conjugaifon eft beaucoup moins compliquée que ce que vous appelez la feconde. L'ABBÉ.

:

Oui, Madame le verbe aller eft le feul de la première conjugaifon qui foit itrégulier à l'égard du préfent de l'indicatif. Il fait, au fingulier, je vais ou je vas, tu vas, il va ; & au pluriel, nous allons, vous allez, ils vont.

LE MILOR D.

Selon les règles que vous avez établies, la troifième perfonne du fingulier devroit finir par un z il vat; mais on m'a dit que celà n'étoit pas du bel ufage: cependant l'ufage a tort, puifque la premiere perfonne finit par s, je vais ou je vas. LE COMT E.

Celà eft vrai; mais il n'en feroit pas moins ridi→ cule d'écrire & de prononcer par un t, yat à la campagne, &c. il vat, on

SOPHIE.

Puifqu'on peut dire également, je vais & je vas; je préfère le premier au dernier. Il eft eft bien plus doux de dire je vais, tu vais, il.... il faudroit donc dire aufli il vait?

LE COMTE.

Il n'eft pas permis de dire, à la feconde perfonne, tu vais; & encore moins, à la troifième, il vait. Il faut écrire, fans i, tu vas, il va, tu t'en vas, il s'en va, &c.

SOPHIE.

Quelles bizarreries! Mais je me rappelle avec

Dd

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