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Jeeur, æcuménique, Athna, æolipile, dans lefquels le & la voyelle dont il eft précédé, ne forment enfemble qu'un fon fimple: car on prononce feur, écuménique, ethna, éolipile, &c.

L'ABBÉ.

Ces deux lettres réunies en un même caractère ne forment point ensemble une voyelle compoféc: c'eft, comme votre prononciation le fait voir, un e, précédé d'un a ou d'un o purement étymologique, & qui ne produit exactement aucun fon. Auili s'accorde-t-on généralement à fupprimer l'a, & à écrire avec l'e fimple, Ethna, éolipile, &c. Pour l'o, il y a le mot cœur, & peut-être quelques autres, lefquels on ne pourroit le retrancher fans inconvénient; mais beaucoup de perfonnes lui fubftituent l'e fimple dans plufieurs mots, & écrivent, par exemple, économie, économifer, écuménique, au lieu d'œconomie, economifer, œcuménique, &c.

LE COMT E.

dans

Quand on veut que l'a ou l'o fe prononce, il faut

mettre un e trema.

L'ABBÉ.

Cela eft inutile: il fuffit que l'e & l'a ou l'o qui le précède, foient écrits en deux caractères féparés, comme on le voit dans les mots aërien, Gaëte Noël, poëfie, poële, &c. alors ces deux voyelles fe prononcent naturellement l'une indépendamment de l'autre. Ainfi, au lieu de mettre deux points fur l'e: aërien, Gaëte, Noël, poësie, poële, &c. il vaut mieux écrire cette voyelle fimple, ou caractérisée par l'accent qui lui convient : Noel, aérien poésie, poéle, &c.

LE MILO R D.

Je crois que l'y ne reçoit point d'accents.

L'A B B É.

Non, Monfieur; cependant il eft, comme les au

C

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tres voyelles, fufceptible de deux prononciations différentes. Il eft long dans abyme, phyfique, & bref dans ftylet, hydropifie, &c. ce qui exigeroit quelque marque diftinctive.

LA MARQUIS E.

Il me fembloit qu'on ne fe fervoit plus de l'y; & qu'on le remplaçoit toujours par un i fimple. LE COM TE.

Pardonnez-moi, Madame, il y a beaucoup de mots dans lefquels cette lettre eft indifpenfable.

LE MILOR D.

Les favants veulent qu'elle foit confervée dans les mots dérivés du grec, tels que ftyle, phyfique, fymphonie, &c. Mais beaucoup de perfonnes, qui d'ailleurs orthographient très-bien, ne font pas difficulté d'écrire ces mots par un i: phifique, ftile, fimphonie, &c.

LA MARQUISE.

C'eft le bien de ces perfonnes-là que je veux imiter. Je m'effrayois déjà quand je penfois à ces lettres, qu'il falloit faire venir du grec, quoique notre alphabet nous en fourniffe qui ont précisément le même fon.

LE COMTE.

On permet cette faute contre l'étymologie par condefcendance pour une foule de perfonnes qui n'ont aucune connoiffance des langues anciennes ; encore feroit-on beaucoup mieux d'apprendre ccs mots par cœur, au défaut d'une méthode plus favante, & de les orthographier de manière à conferver les marques de leur origine. Mais il y a des traces d'antiquité auxquelles on attache encore plus d'importance qu'à celles-ci peut-être n'eft-ce qu'un vain préjugé, mais on ne s'y fouftrait jamais impunément. Je ne permettrois à perfonne d'écrire filofofie, crétien, téologie, au lieu de philofophie,

chrétien, théologie, &c. Cette fingularité d'orthographe, paroît fi révoltante aux vrais littérateurs qu'elle dépareroit à leurs yeux le ftyle de nos meilleurs écrivains.

SOPHIE.

Je vois bien qu'il y a dans l'orthographe des perfections auxquelles je ne pourrai jamais atteindre.

L'ABBÉ.

Non, Mademoiselle : quand vous connoîtrez le rapport qui doit régner entre toutes les parties du difcours, je vous donnerai une lifte raifonnée de quelques mots grecs, dont vous déduirez tous ces mots françois qui vous embarraffent, avec une facilité qui vous étonnera.

LA MARQUISE.

Mais ceux qui renoncent au titre de favants, peuvent dans tous les mots mettre un i fimple au lieu d'un y.

L'ABBÉ.

Pardonnez-moi, Madame. Indépendamment de l'étymologie, l'y eft néceffaire dans une grande quantité de mots, où, placé à la fuite d'une voyelle, il équivaut au fon de deux i: ce qu'on voit dans payer, pays, envoyer, fuyant, qu'on prononce pai-ier, pai-is, envoi-ier, fui-iant, &c.

LE MILOR D.

Ne pourroit-on pas écrire ces mots par un i fimple: paier, pais, envoier, fuiant?

L'ABBÉ.

Cette orthographe ne fatisferoit point l'oreille. Remarquez que dans ces mots, la prononciation divife l'y en deux parts, dont l'une termine la fyllabe qui précède, & l'autre commence celle qui fuit: pai-ier pai-is, envoi-ier, fui-iant, &c. Si vous ne mettez qu'un i, ou cet i appartiendra à la première de ces fyllabes, & on prononcera pai

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er ou pé-er, pais ou pès, envoi-er ou envoé-er 7 fui-ant, &c. ou il appartiendra à la fyllabe qui fuit, & il faudra prononcer pa-ier, pa-is, envoier, fu-iant, fans rien changer ni ajouter à l'a, l'o & l'u qui terminent les fyllabes précédentes. L'une & l'autre de ces prononciations feroit contraire au bon ufage.

LE MILOR D.

Il n'y auroit qu'à mettre l'i tréma.

L'ABBÉ.

L'effet de ces

Cela ne fuffiroit point encore. deux points fe borne à empêcher que le fon de la voyelle qui en eft marquée ne fe confonde avec celui de la voyelle précédente. En écrivant avec l'i tréma, païer, pais, envoier, fuiant, on sera für que cet i ne pourra être attribué qu'à la dernière fyllabe: on prononcera pa-ier, pa-is, envoier, fu-iant, & non pé-er, pès, envoé-er, fuiant, &c. mais on ne fera entendre qu'un i, & la bonne prononciation en indique deux, qui, dans ces cas, ne peuvent être rendus que par un y.

Pour mieux comprendre cette explication, comparez cnfemble les mots payer, paien, & paiement. fe Le premier, écrit par y, prononce comme s'il y avoit deux i, pai-ier ou pé-ier; l'i trema du fecond, païen, s'attribue à la dernière fyllabe, pa-ien; & l'i fimple du troifième, paiement appartient naturellement à la première fyllabe, de forte qu'on prononce pat-ment ou pé-ment. Le moindre changement qu'on feroit à cet égard dans l'orthographe de ces mots, en dénatureroit abfolument la prononciation. Qu'on écrive le premier par un i tréma, paier, il faudra lire pa-ier; par un i fimple, paier, on lira pai-er ou pé-er; qu'on écrive par y payen, il faudra prononcer pai-ien ou pé-ien; fi on écrit avec un i fimple paien, on prononcera pai-en ou pé-en; enfin fi on écrit par un y, payement, on fera entendre deux i,pai-içment; paiement, avec un ï

tréma fe prononcera pa-iement. Toutes ces prononciations font défavouées par l'ufage.

SOPHIE.

On met donc un y par-tout où la prononciation fait entendre deux i de fuite?

L'ABBÉ.

Oui, Mademoiselle, pourvu que ces deux i fe prononcent après une autre voyelle, comme dans les mots que nous avons cités; mais après une confonne, on met deux i & non un y. Autrefois nous riions beaucoup & nous n'étudiions point.

LE MILOR D.

J'ai vu une grammaire qui laiffe la liberté de mettre dans ces derniers cas un y au lieu de deux i. Autrefois nous ryons beaucoup & nous n'étu¬ dyons point.

L'ABBÉ.

Cette orthographe ne feroit point favorable à la prononciation. Comme on eft habitué à voir l'y, placé après une confonne, fe réduire à l'effet de l'i fimple dans plufieurs mots, tels que fymétrie, phyfique, métaphyficien, qu'on prononce, & qu'on écrit même quelquefois fimétrie, phifique, métaphificien, &c. fi la phrafe que j'ai citée étoit écrité par y autrefois nous ryons beaucoup & nous n'étudyons point, on feroit tenté de cer comme s'il n'y avoit qu'un i fimple autrefois nous rions beaucoup & nous n'étudions point; & le fens du difcours exige qu'on en fafle fentir deux nous riions, nous n'étudiions point.

LE COMTE.

pronon

Je crois que Mademoiselle prononce mal le nom de l'y. Penfez que c'eft l'i des grecs, & que c'eft un i grec qu'il faut dire,

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