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PAR: parcourir, je parcourrai, &c.

AD accourir.

EN encourir.

L'ABBÉ.

Je comptois fur une faute; juftement vous l'avez commife. Tous les fubftantifs dérivés par abrévia tion du verbe courir & de fes compofés, finiffent fans exception par une s, qui ne fe prononce point. Courir, cours; recourir, recours; fecourir, fecours; difcourir, difcours; concourir, concours. Du verbe compofé parcourir, on dérive le fubftantif parcours, qui n'eft guère en ufage qu'en aftronomie: le parcours du foleil, de la lune, d'une étoilé; c'està-dire l'efpace que ces aftres parcourent. Enfin quoiqu'il n'y ait point de verbe compofé décourir, on dit le décours de la lunc, c'eft-à-dire, le temps qui fuit la pleine lune, & ce mot finit encore par une s muette.

LA MARQUISE.

Courir, cours; fecourir, fecours. Je me rappellerai celà préfentement auffi-bien l' qui commence la dernière fyllabe du mot féminin course indique non-feulement l's qui finit fon mafculin cours, mais celle de tous les compofés difcours, fecours, décours, parcours, &c.

LE COMTE.

Il en eft à-peu-près de même des mots mors, partie de la bride, remords, fufpens, dérivés des verbes mordre, remordre, fufpendre, qui, même au fingulier, finiffent toujours par une s muette. LE MILOR D.

Les mots morfure, fufpenfe fufpenfion, indi quent en quelque forte I's finale des mots mors, remords, fufpens, comme le mot dépense indique celle du mot dépens. Mais ce qui eft contraire aux règles de l'analogie, c'eit le c qui fe trouve géné

ralement au lieu de l's dans morceau, morceler; amorcer, amorce, qui fe rapportent au verbe mordre, ainfi que mors & remords.

LE COMTE.

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Il n'eft pas fûr que ces mots morceau, amorce amorçoir, &c. dérivent du verbe mordre : quelques perfonnes les font venir de hamus, hameçon. Quoi qu'il en foit, cette orthographe, fondée ou non, n'en eft pas moins celle qu'il faut fuivre.

LA MARQUISE

amorce

J'écrirai donc par s un mors de bride, un remords, & par c, morceler, morceau amorcer, amorçoir. Je penferai feulement que ces derniers mots dérivent comme les premiers de mordre, morfure, &c. l'ufage a tort de ne pas permettre qu'on les écrive par une s au lieu d'un c. SOPHIE.

Je vois préfentement pourquoi le mot morceau finit par eau: c'eft qu'on y conserve l'e de fes analogues amorce & morceler.

L'ABBÉ.

Fort bien, Mademoiselle. Avez-vous cherché les analogues & compofés de l'adjectif haut? SOPHIE.

Oui, Monfieur: je ne fais pas fi j'ai réussi.
Adjectif HAUT.

Analogues fimples. Hauteur, hauffer, hauffe-col, je haue, nous hauffons, &c.

Compofés. RE rehaucer, je rehauce, nous rehaucerons,

&c.

J'ai pensé que dans tous ces mots, il falloit conferver l'h, l'a & l'u du mot haut. J'ai écrit hauffer, je hauffe, &c par deux f, parce que je les avois vus écrits de la forte; mais comme je me fuis reffouvenue que le t fe change en c & non cn s,

j'ai écrit les derniers mots par un c, rehaucer, je rehauce, nous rehaucerons: dites-moi, s'il vous plaît, ceux qu'il faut que je corrige?

L'ABBÉ.

Il faut corriger les derniers, parce que les analogues du mot haut, font des exceptions à la règle, qui veut que le t fe change en c. Vous écrirez donc parf, rehauffer, je rehauffe, nous rehauffons, &c. comme on en ufe à l'égard de converfion, diverfion, quoiqu'analogues à convertir, divertir; de compaffion, analogue à compatir; de fens, fenfible, fenfibilité, fenfuel, fenfualité, infenfible, infenfiblement, analogues à fentir, fentiment, &c. &c. &c. LE MILOR D.

Pourquoi mettez-vous l' double dans hauffer, je rchauffe, &c ?

SOPHIE.

Apparemment que j'ai laiffé voir un peu trop d'amour propre, & vous voulez m'en punir: n'importe, je répondrai férieufement à votre question. C'eft parce que fi l's étoit fimple entre deux voyelles, on la prononceroit comme un z: hauzer, rehauzer, nous rehauzons, &c.

LA MARQUISE.

L'analogie ne fait point voir pourquoi ces mots s'écrivent par au & non par un o.

L'ABBÉ.

Pardonnez-moi, Madame: l'a y eft indiqué par les mots aliier, altière, altimétrie, &c. qui font analogues à l'adjectif haut. Nous remarquerons feulement que les analogues de ce mot, dans lefquels l'a fe manifefte par la prononciation, s'écrivent tous fans h, altier, exalter, &c. & que les autres s'écrivent, comme nous l'avons vu, par une h alpirée Lauteur, rehauffer, &c. Il n'y a d'exceptions à cette règle que le mot autel pour les facri

fices, & le mot halte, que beaucoup de perfonnes écrivent fans h, alte.

SOPHIE.

Je crois avoir vu un auteur écrit fans h.

L'ABBÉ.

Celà eft vrai, Mademoiselle; mais alors il n'a pas le même fens. Le mot hauteur eft féminin, & fignifie élévation; auteur eft un mot mafculin, qui fignifie celui qui compofe un ouvrage. Ce dernier mot dérive de l'adverbe grec autos, de foi-même, ou plutôt de l'adjectif authentes, puiffant, qui agit par foi-même.

Tous les dérivés de ce mot s'écrivoient autrefois par th, à l'exception d'automate, ftatue qui paroît fe mouvoir d'elle-même; autocrate, qui ne connoît d'autre loi que fa volonté; philautie, amour propre, qui n'a pour objet que foi-même. Aujourd'hui on fupprime l'h dans autheur, authorité, authorifer, nous authorifons, qu'on écrit auteur, autorité, autorifer, nous autorifons, &c. & on la conferve fcrupuleufement dans authentique, authentiquement, authenticité. Au refte, tous ces mots s'écrivent par au: ce qu'il eft d'autant plus utile de remarquer, que ces deux lettres s'y prononcent prefque comme l'o bref. Otorité, otorifer, othentique, &c.

LE MILOR D.

Je croyois que philautie fignifioit celui qui aime Dieu.

L'ABBÉ.

Vous confondiez ce mot avec philothée, compofé du mot grec philos, ami, & de Theos, Dieu. De ce dernier mot font formés théologie, fcience de Dieu, théologique, théologien, théologal; athée, qui ne croit point de Dieu; athéisme; polythéisme, erreur de ceux qui croient plufieurs Dieux; panthéon, temple où on adoroit tous les Dieux. Ici

les latins ont changé le th en und: ils ont écrit Deus au lieu de theos: d'où nous avons dérivé Dicu, Déeffe, divin, &c.

Le premier mot philos, ami, entre, comme nous l'avons vu, dans la compofition des mots philautie & philotée, & en outre dans celle de philofophie, amour de la fageffe, philofophe, philofophique philofopher, philofophiquement philofophiquement, philanthropie,

amour des hommes, &c. &c.

SOPHIE.

J'ai vu ordinairement haut, haute, par au; mais j'ai vu auffi le mot hóte écrit par un o.

LE COMTE.

Cela peut être, Mademoiselle; mais alors ce mot ne fe rapporte point au mot hauteur, hautement &c. Il dérive du latin hofpes, hôte, étranger, ainfi que les mois hôpital, hofpitalier, hofpitalité, hote hôtelse, hôtellerie, hótel, maison où on loge, qui tous, pour cette raifon, s'écrivent par une h. Ce dernier mot hôtel, eft bien différent du mot autel, élévation fur laquelle on facrifie à quelque Divinité. Dans tous ces derniers mots, l'h ne s'aspire point, au lieu qu'elle fe fait fentir dans le mot hauteur, & ceux qui s'y rapportent.

LE MILOR D.

Il faut auffi que je faffe faire une remarque à ces Dames c'eft que le mot hoteffe par o précédé d'une h muette, fignifie la femme d'un hôte, de celui qui reçoit ou accorde l'hofpitalité; au lieu que hauteffe par au, précédé d'une h aspirée, eft un titre de dignité relatif à hauteur, & qu'on donne ordinairement au grand Turc: Sa Hauteffe.

L'ABBÉ.

Voilà une digreffion qui nous a menés un peu loin; mais elle n'eft pas étrangère à notre but. Nous voulions parler des prépofitions jéparables.

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