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fimple rapport grammatical: on peut l'appeler conjonction relative; & je fuis bien trompé, fi les mots que, qui, quoi, lequel, laquelle, &c. qu'on appelle pronoms relaufs, ne font pas des mots de la même efpèce. Je crois que vous réuffirez; le plaifir que je me promets; l'espoir qui me foutient; ce à quoi je m'amufe, &c. Ces liaifons me paroiffent fe faire tout-à-fait fuivant les mêmes loix : je regarderois volontiers ces relatifs comme des conjonctions pronominales relatives; mais ce n'eft pas ici le lieu de difcuter cette queftion. Il nous fuffit de remarquer préfentement que la conjonction que, placée avant une voyelle ou une h muette change généralement fon e muet final en une apoftrophe. Il faut qu'on aime fes devoirs; ce bonheur n'eft qu'une chimère, &c. Il en eft de même de toutes les conjonctions compofées de celle-ci : Quoiqu'on n'ait rien à fe reprocher. Parce qu'on eft dupe des apparences. Ami jufqu'aux autels. Lorfqu'on aime, on eft fans raison. Allons, puifqu'il le faut, &c. LE MILOR D.

Ceci eft fort clair: les compofés fuivent la même règle que les fimples.

L'ABBÉ.

Cette reffemblance n'eft exacte qu'à l'égard des conjonctions il n'en eft pas de même des autres efpèces de mots. L'adverbe prefque, le pronom aucun, & les adjectifs chaque & quelque, font pareillement compofés de la conjonction que; mais ils ne font pas foumis aux mêmes loix.

L'e muet de l'adverbe prefque ne fe change en unc apoftrophe que dans le compofé prefqu'ile: il fe conferve par-tout ailleurs. Ces habits font prefque ufés. Vous êtes prefque amis, & non prefqu'ufés, prefqu'amis, &c.

L'adjectif quelque ne perd l'e muet final, qu'avant les mots un & une au fingulier. Quelqu'un eft yenu, quelqu'une s'eft présentée. Par-tout ailleurs l'e

muct s'y conferve: quelque honnéte perfonne, quelque ami fincère; même avant les pluriels des mots un & une: quelques-uns font venus, quelques-unes fe font préfentées, &c. Dans ce dernier cas, le pluriel quelques, fe joint par un trait d'union avec les mots uns & unes dont il eft fuivi.

L'e muet final fe conferve toujours dans l'adjectif chaque. Chaque année, chaque homme, &c. excepté quand il précède les mots un & une; alors fa fyllabe finale fe change en un c: on écrit chacun, chacune, & non chaqu'un, chaqu'une. Ces compofés chacun & chacune n'ont point de pluriel, ce qui eft tout fimple.

Pour le pronom aucun, il me femble qu'on pourroit le rapporter pareillement à la conjonction que, conftamment changée en un ci ne faut il jamais écrire auqu'un, auqu'une, auqu'un homme, auqu'une femme, mais aucun, aucune, homme, aucune femme, &c. Nous avons déjà vù que ce pronom ne fe met point au pluriel.

aucun

Nous avons encore une remarque à faire fur les conjonctions compofées quoique, puifque, parce que, jufque, lorfque. Ces compofes doivent s'écrire comme des mots fimples.

LA MARQUISE.

Vous nous en avez déjà expliqué la raifon, pour ce qui concerne les mots puifque, jufque, lorfque: fi on féparoit les deux partics: puis que, jus que, lors que, on liroit pui que, ju que, lor que, parce que l's qui finit les mots françois ne fe prononce point, au lieu qu'on fait fentir toutes les s qui fe trouvent dans le cours des mots.

L'ABBÉ.

Cette raifon feroit fuffifante; mais on en allégue une autre qui n'eft pas moins plaufible. Il s'agit de détruire les équivoques qui pourroient réfulter de la défunion de ces différentes parties. Les fucceffions quoi que, par ce que, puis que, lors que, ne

forment pas toujours des conjonctions; ce qu'on voit dans ces phrafes: Quoi que vous faffiez, vous ne réuffirez pas. Vous plaifez moins par ce que vous favez, que par ce que vous defirez apprendre. Il faut qu'on penfe & puis qu'on parle ; ce fera pour lors que nous entendrons de bonnes chofes. C'est comme fi on difoit : quelque chofe que vous fassiez. Vous plaifez moins par les chofes que vous favez que par les chofes que vous defirez apprendre. IL faut qu'on penfe & enfuite qu'on parle; ce fera dans ce temps que nous entendrons de bonnes choJes, &c. Dans ces cas, quoi, que, par, ce, que, puis, que, lors, que, font des mots différents, dont chacun a fa fignification; voilà pourquoi ils ne doivent point être réunis. Il n'en cft pas de même dans ces phrafes: Quoique vous faffiez bien, vous ne réuffirez pas. Vous plaifez moins, parce que vous voulez plaire davantage. Il faut penfer puifqu'on a une áme raisonnable. Je ferai content lorfque vous n'aurez plus rien à defirer. C'eft à peu près comme fi on difoit: Vainement vous faites bien, vous nc réuffirez pas. Vous plaifez moins, car vous voulez plaire davantage. Il faut penfer, car on a une ame raisonnable. Je ferai content quand vous n'au rez plus rien à defirer. Les compofés quoique, parce que, puifque, lorfque n'offrent chacun qu'une feule idée, voilà pourquoi ils doivent s'écrire comme des mots fimples. La même règle peut être appliquée aux compofés pourtant, partant, prefque, quelque.

LE MILOR D.

Je conçois bien qu'on peut former deux mots diftincts de chacun des compofés pourtant, partant, prefque pour tant de bienfaits, par tant de faveurs, je l'aime mieux pres que loir; mais je ne conçois pas comment on pcut divifer le mot quelque.

L'ABBÉ.

Cela eft fort aifé: on dit quel que vous soyez,

tout comme on dit qui que vous foyez, quelque homme que vous foyez, &c. alors les fyllabes quel & que font deux mots différents.

Dans d'autres cas femblables, on lie par des traits d'union, les parties des conjonctions compofées. On écrit par exemple: C'est à-condition-que vous foyez content, à-moins-que vous ne puifiez l'étre. Bienque tout vous favorife; encore que rien ne vous chagrine. Attendu-que nous ferons exacts, &c. parce que ces mots pris féparément, n'offriroient pas les mêmes idées peut-être vaudroit-il mieux les unir fans intervalle, comme quoique, parceque, &c. au refte ces traits d'union ne font pas bien étroitement preferits, & peu de perfonnes penfent à les obferver.

Voilà tout ce que nous pouvons dire préfentement fur les conjonctions; demain nous parlerons des prépofitions & des différentes combinaifons dont elles font fufceptibles.

DIALOGUE X.

SUR LES PREPOSITIONS INSÉPARABLES ET LES MOTS COMPOSÉS.

LA MARQUISE, SOPHIE, L'ABBÉ, LE COMTE, LE MILORD.

LA MARQUISE.

J'AI beaucoup réfléchi fur les pronoms ou adjectifs

fes par, & ces par c. Voici quelques exemples que j'ai écrits à ce fujet je fuis affez contente des premiers: il n'y a que le dernier, dans lequel je ne fuis fûre d'avoir bien réulli.

pas

Par f.

Chaqu'un a les peines & les plaifirs, fes biens & fes

maux.

Cet homme a vendu les biens pour entrer dans le negoce.

Par c.

J'ai ne ces prairies, ces champs, ces bois, qui font embellis par vore prejence.

Le Roi veut que ces gens foient traités felon leur

mérie.

LE MILOR D.

Vous avez oublié que quand le mot chaque précède le mot un ou une, la fyllabe finale que, fe change en un c.

LA MARQUISE.

Cela eft vrai: il falloit écrire chacun & non chaqu'un. Ce qui m'a trompée, c'eft qu'on écrit quelqu'un, en confervant la dernière fyllabe du mot quelque.

L'A B BÉ.

A cette petite faute près, tous vos exemples font très-bien écrits. Chacun a les peines à foi, les plaifirs à foi, les biens & les maux à foi; cet homme a vendu les biens à foi. Il cft clair que dans ces phrafes, on doit écrire fes par une f. J'aime ces champslà, ces bois-là, ces prairies-là: le mot ces, dans cette phrafe, eft un adjectif démonftratif; &, par conféquent il doit s'écrire par un c.

Ce qui vous embarraffe dans le dernier cxemple, c'eft qu'on peut l'entendre de deux manières. Le Roivent que les gens à foi foient traités felon leur mérite; & alors il faudroit écrire fes par une s. Le Roi veut que ces gens-là foient traités felon leur mé rite: c'eft dans ce dernier fens que votre orthographe le fait prendre, parce que vous avez employé l'adjectif démonftratif ces.

LA MARQUISE.

Voilà juftement ce qui m'embarraffoit : ces deux fignifications différentes fe préfentoient confufément à mon efprit.

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