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ajouté aux pronoms fimples lui, elle, cux, elles, forme les pronoms démonftratifs compofés celui, celle, ceux, celles, dont on dérive encore les pronoms fur-compofés icelui, icelle, iceux, icelles celui-ci, celui-là, celle-ci, celle-là, ceux-ci, ceuxlà, celles-ci, celles-là: ces derniers fe forment par l'addition des petits adjectifs indéclinables ci & là, joints par un trait d'union.

Ces mêmes adjectifs, unis fans intervalle au pronom fimple ce, forment encore les pronoms compofés ceci & celà.

Les trois pronoms ce, ceci, celà, font indéfinis, c'eft-à-dire, qu'ils fe rapportent à des objets vagues & indéterminés, & ne fubiffent aucune variation, ni pour le nombre ni pour le genre: ce que vous voudrez, ceci eft bon, celà eft mauvais, &c.

LE COMTE.

Vous écrivez celà, avec un accent grave fur l'a! ce n'est point du tout l'ufage.

L'ABBÉ.

Je fais qu'on trouve par-tout ce mot écrit fans accent; cependant les règles de l'analogie exigent qu'il y en ait un. Les mots ceci & celà font compofés des adjectifs ci & là, comme celui-ci, celui-là ces chofes-ci, ces chofes-là, voici, voilà, &c. Or l'adjectif là, s'écrit toujours avec un accent grave, qui fe conferve dans fes compofés: je ne vois pas pourquoi on en excepte le feul pronom celà. Au refte cette queftion ne vaut pas la peine d'être difcutée le fens de tous ces mots ne s'en préfenteroit pas moins clairement quand on en fupprimeroit généralement cet acccnt inutile à la prononciation.

SOPHIE.

Vous n'aviez pas encore parlé de ces deux pronoms voici & voilà,

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L'ABBÉ.

Ce ne font pas des pronoms, mais des verbes Qu'on dife, par exemple: voilà l'aurore, voici notre demeure, c'eft comme fi on difoit: voyez-là laurore, je vois là l'aurore; voyez ici notre demeure, je vois ici notre demeure.

Tous les pronoms & adjectifs démonftratifs confervent le c de l'adjectif & du pronom fimple ce: ces biens, cet homme, cette femme, ceux, celles, celui-ci, celui-là; ceci, celà, &c.

LA MARQUISE.

J'ai auffi vu écrire fe & fes par une : ces mots qui fonnent de la même manière & qui fe prononcent différemment, me caufent toujours un nouvel embarras.

L'ABBÉ.

Les mots qu'on peut tourner par le pronom foi, s'écrivent par ; ce qui eft conforme aux règles de l'analogie. Exemple. Cet homme a perdu fcs biens, il fe déjefpère, c'eft comme s'il y avoit cet homme a perdu les biens à foi, il défespère foi. Or le mot foi ne peut être écrit autrement que par une f, il faut donc écrire par S, fes biens, fe défefpère, & non parc, ces biens, ce déjespère, &c.

Pour les pronoms qui doivent s'écrire par c, ils font fort aifés à reconnoître : ils font tous démonftratifs, & font, ou peuvent être généralement fuivis des petits adjectifs ci & là. Par exemple, au lieu de dire fimplement: ce bofquet eft agréable, ces fleurs font charmantes, on pourroit dire ce bofquetci eft agréable, ces fleurs-là font charmantes.

SOPHIE.

Ceci me paroît fort clair: toutes les fois qu'on peut ajouter l'adjectif ci ou là, c'est toujours par un c qu'il faut écrire & non par une J. J'ai vu

auffi s'eft, écrit par une f, & c'eft, par un c: ces deux mots ont furement encore des fignifications différentes.

L'ABBÉ.

ce,

Oui, Mademoifelle. Dans cette phrafe cette perfonne s'cft fachée de vos plaifanteries, c'est dommage, le premier compofé, s'eft, fignifie foi eft, & le fecond celà eft; c'eft comme fi on difoit: cette perfonne eft fachée foi, ou a faché foi, celà eft dommage. Ces deux efpèces de mots, s'eft & c'est, ne font autre chofe que les pronoms fe, foi, & celà, joints au verbe eft. Qu'on change le temps de l'exemple propofé, & qu'on dife, par exemple: cette perfonne le fácha, ce fut dommage; cette perfonne s'étoit fachée, c'étoit dommage; cette perfonne le fut fachée, le fachera, fe fera fachée, fe fache; c'a été dommage, c'avoit été dommage c'eût été dommage, c'aura été dommage, &c. &c. les pronoms fe & ce, s'y conferveront toujours, foit entiers, quand le verbe commence par une confonne, foit en fubftituant une apoftrophe à l'e muet, quand le verbe commence par une voyelle.

SOPHIE.

Je crois que j'entends encore celà. J'écrirai par une, c'est, ce fera, ce fut, c'étoit bien, mal, &c. parce que je pourrai dire celà au lieu de ce celà eft bien, mal; celà fera, celà fut, celà étoit bien, mal, &c. mais jécrirai par une au lieu du c: on s'eft amufe, on se fera amufé, on fe fut, ou s'étoit amufe, & non on c'eft amufé, on ce fera amufé, on ce fut, on c'étoit amufé; parce qu'on ne pour◄ roit pas dire on celà eft amufe, on celà fera amufé, on celà fut, on celà étoit amufé, &c.

L'ABBÉ,

Cette conféquence eft, on ne peut mieux, déduite & appliquée,

LE MILOR D.

Je crois qu'on devroit écrire le pronom féminin la, avec un accent circonflexe; car il me femble l'avoir toujours entendu prononcer fortement: je vous la demande, vous me là refufez, &c.

L'ABBÉ.

C'est une mauvaise prononciation, dont plufieurs perfonnes qui parlent d'ailleurs très-bien, ont affez de peine à fe corriger: il faut paffer légèrement fur ce pronom. Je vous la demande, vous me la refufez, &c.

Quand le pronom le ou la, précède un verbe qui commence par une voyelle, & que par conféquent l'e muct eft remplacé par une apoftrophe, beaucoup de perfonnes prononcent l'l comme fi elle étoit double. Au lieu de dire: nous l'avons, vous l'ordonnez, elles font prefque entendre nous lelavons, vous lelordonnez, &c. c'eft encore une faute contre le bon ufage & les règles les plus fimples de la prononciation.

LA MARQUISE.

Voilà donc deux fortes de mots la ; l'un qui eft adjectif: cette perfonne-là, ce pays-là, & qu'on écrit avec un accent grave; l'autre, un pronom qui remplace toujours un nom féminin: je vous demande cette grace & vous me la refujez. Il ne faut point dire vous me là refufez.

L'ABBÉ.

Ce même mot a encore deux propriétés. Il s'emploie pour défigner le licu ou même la circonftance dont on parle. Qui va là? Monfieur eft-il là? Vous verrez tous les vents conjurés contre vous: ce fera là qu'il faudra s'armer de courage: dans ce cas il s'écrit encore avec un accent grave, là. LA MARQUISE.

La quatrième propriété du mot la, eft fans

doute de défigner une note de mufique, un la

L'ABBÉ.

Je n'y penfois pas. Dans ce cas, le mot la s'écrit fans accent. Mais je voulois parler du mot la, employé comme article. Les articles font de petits mots, qui fe mettent immédiatement avant les noms adjectifs & fubftantifs, comme pour en préparer l'articulation. On peut dire qu'il n'y a qu'un article, qui change felon les genres & les nombres. L'article mafculin fingulier eft le petit mot le: le ciel, le monde; le féminin fingulier eft la: la terre, la mer; le pluriel des deux genres eft les: les efprits, les âmes, &c.

LE MILOR D.

Les articles ou l'article reffemblent parfaitement au pronom le, la, les qui s'applique de la même manière aux deux nombres & aux deux genres.

L'ABBÉ.

:

Oui, Monfieur avec ces différences: 1°. Que le pronom le, la, les, remplace des noms du vin pour le boire, de la nobleffe pour la mériter, des biens pour les conferver, des dignités pour les fou tenir; c'eft comme fi on difoit du vin pour boire du vin, de la nobleffe pour mériter de la nobleffe des biens pour conferver des biens, des dignités pour foutenir des dignités, &c. au lieu que l'article le, la, les, ne fert qu'à accompagner les noms auxquels il fe rapporte le vin, la nobleffe, les biens, les dignités, &c. 2°. Que le pronom, le, la, les, précède ordinairement des verbes pour le vice, je le hais; pour la vertu, je la chéris; pour les méchants, je les plains; au lieu que l'article précède prefque toujours des noms fubftantifs ou adjectifs. Le ciel, la terre, les hommes, les femmes, le beau Jexe, les élegants, &c. Les uns & les autres, pris au fingulier, & fuivis d'un mot qui commence par une voyelle, changent l'e ou l'a

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