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prennent l'x qu'au pluriel: des lieux, des milieux, des jeux, des vœux, &c. C'eft ce qui fait la diffé rence du fubftantif pieu, tronc d'arbre qu'on enfonce dans la terre, & de l'adjectif pieux, un homme pieux, un enfant pieux, qui a de la piété.

Les noms terminés par al, finiffent au pluriel par aux. Un animal brutal, des animaux britaux un métal, des métaux, &c.

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Il en faut excepter les fubftantifs bal, cal, pal & régal, qui font au pluriel des bals, des cals, des pals, des régals, & non des baux, des caux, des paux, des régaux. Il y a auffi quelques exceptions parmi les adjectifs, fur lefquelles on n'est pas bien d'accord, & dont le nombre diminucra dès qu'il plaira à quelque auteur remarquable de les faire rentrer dans la règle. Cependant l'oreille pourroit n'admettre qu'avec peine les pluriels de quelques-uns de ces mots, tels que filial, fatal, naval: je ne crois pas qu'on fe permette jamais de dire des respects filiaux, des combats navaux, des événements fataux, &c. On dit des cierges pafcals, & non des cierges pafcaux. Au refte toutes ces délicateffes & autres femblables, ne tiennent point aux principes de la langue; & il paroît qu'on en revient peu-à-peu.

Dans le mot aïeul, le pluriel change l'l en x: des dieux; quelques-uns écrivent encore des aïeulx.

Les mots ciel & œil ou auil, dans leur fignification la plus ordinaire, font au pluriel les cieux & les yeux. Mais on dit des ciels de lit, des ciels de tableaux; & des œils de bœuf, en parlant de certaines fenêtres, ou de quelques efpèces de vitres. LE COMT E.

J'observe à l'égard du mot yeux, que plufieurs perfonnes le prononcent comme s'il commençoit par un z. L'amour n'a point de zieux, Argus avoit cent zieux, entre quatre qieux, ce qui eft une faute impardonnable.

L'ABBÉ.

Cette méprife vient de ce que le mot yeux eft prefque toujours précédé de mots qui finiffent par une s ou un x: les yeux, de beaux yeux, nos yeux, leurs yeux; & que l'habitude qu'on a de faire fonner ces confonnes finales comme un z: les zieux, de beaux zieux, nos zieux, leurs zieux, &c. fait croire que ce fifflement doux eft effentiel au mot yeux. Pour ne point pécher contre la prononciation de ce mot, il n'y a qu'à fe rappeler qu'il commence par une voyelle, qui doit fonner avec la confonne dont elle eft précédée; & on prononcera naturellement l'amour n'a point d'yeux, Argus avoit cent tyeux, entre quatryeux, &c.

Les fubftantifs bail, corail, émail, foupirail, travail, font au pluriel des baux à ferme, des coraux, des émaux, des foupiraux, des travaux. Le mot ail fait au pluriel des aux ou des aulx; mais ce pluriel eft peu ufité. Ces mots font les feuls à la fin defquels l'l mouillée fe change en ux.

SOPHIE.

Et le mot métail? On dit auffi des métaux.

L'ABBÉ.

Il y a long-temps qu'on ne dit plus métail : il faut dire métal; ainfi ce mot fuit la même règle que les autres mots de femblable terminaifon.

SOPHIE.

Il y a auffi beaucoup de mots qui finiffent par un e fuivi d'un z.

LE MILOR D.

J'ai vu plufieurs livres dans lefquels on marque par le pluriel de tous les noms & adjectifs terminés par un é aigu: une bonté, des bontez; une cité, des citez, &c. mais Monfieur nous a démontré que ce feroit donner à l'e un fon trop

alongé; & qu'il eft plus naturel de terminer ces pluriels par une s: des bontes, des cités, &c.

L'ABBÉ.

Les mots nez & rez de chauffée, font les feuls fubftantifs terminés par ez; & il n'y en a aucun qui foit terminé au fingulier par és.

SOPHIE.

Il n'y a donc point d'autres mots qui finiffent par ez L'ABBÉ.

Pardonnez-moi, Mademoiselle; mais prefque tous ces mots appartiennent au verbe, & ne marquent ordinairement ni le pluriel ni le fingulier. Vous venez, vous allez, vous plaifez, &c. &c. &c. On n'en excepte que nez, rez de chauffée, chez moi, affez, qui font des mots d'un autre genre.

LE MILOR D.

Ce final alonge fenfiblement le fon de l'e qui le précède; & cette propriété, qui lui eft particulière, ne permettroit pas qu'on le remplaçât par une autre confonne. Mais l'r, à la fin des mots, produit exactement le même effet que l's; l'une & l'autre de ces confonnes prend la douceur du 7, quand le mot fuivant commence par une voyelle ou une h non afpirée: un bois épais, une croix émaillée, trois hommes, un prix honnéte, fe prononcent un bot zépais, une croi zémaillée, troi zommes, un pri zonnete, &c. On applaniroit bien des difficultés fi on avoit le courage d'écrire tous ces mots par une s finale.

L'ABBÉ.

J'ai vu quelques ouvrages dans lefquels ces r font remplacés par des s; mais la vue s'habituera difficilement à cette réforme, quoiqu'elle foit très-raisonnable & très-conféquente.

LE COMTE.

Dans les adjectifs & fubftantifs terminés par ent ou ant, le t fe fupprime en paffant du fingulier au pluriel. On écrit un parent, des parens, un enfant charmant, des enfans charmans, &c.

SOPHIE.

Ceci eft de la nouvelle orthographe.

LE COMT E.

Pardonnez-moi, Mademoiselle; on la trouve dans prefque tous les livres anciens, & très-peu dans les ouvrages imprimés à la moderne.

L'ABBÉ.

Ceux qui tendent à la perfection de l'Orthographe, ne fe contentent pas de retrancher les lettres inutiles au fens & à la prononciation: ils reftituent les lettres qu'un mauvais ufage avoit retranchées. Or let qui termine ces mots, fert à indiquer l'analogie. Enfant, enfantin; parent, parenté; charmant, charmante, &c. & c'eft pécher contre les principes. que de détruire ce rapport entre le pluricl & le fingulier; auffi dans prefque tous les livres bien imprimés, on s'accorde préfentement à conferver ce t au pluriel: des enfants charmants, des parents, &c. c'eft ce que M. de Reftaut confeille dans fa grammaire. Il n'y a que le fubftantif gent & l'adjectif tout, qu'on écrive encore au pluriel fans : de bonnes gens, tous les hommes, & non de bonnes gents, touts les hommes, &c. Quand le mot tout eft fubftantif, le t ne fe retranche point: le tout est égal à toutes fes parties; les touts font égaux à toutes leurs parties.

LE Сом ТЕ.

Mefficurs les novateurs ne font pas conféquents: ils fe plaignent des entraves qu'impofe l'ancien ufage, & ils s'en impofent de nouvelles, auxquelles les anciens ne pensèrent peut-être jamais.

L'ABBÉ.

L'ABBÉ.

Mais ces nouvelles entraves ne font autre chofe que les règles les plus fimples de l'analogie. LE COMTE.

Quoi qu'il en foit, je m'en tiens à l'ancien ufage. Il n'y auroit rien de ftable, fi on adoptoit toutes les innovations qui peuvent être autorisées par quelques raisons spécieuses.

L'A BB É.

Du moins écrirez-vous par un t, des gants, des dents, des pas lents, les vents; & non fans t, des gans, des dens, des pas lens, les vens, &c. car ceux qui fuppriment le t final au pluriel de tous les autres mots terminés par ant ou ent, lẹ confervent fcrupuleufement dans ceux-ci, fans qu'on puiffe bien deviner pourquoi.

LE MILOR D.

Il en eft de ce t dans les mots pluriels, comme du p dans le mot temps : le temps eft beau. Beaucoup de perfonnes, & fur- tout les partifans de l'ancien ufage, s'accordent à le fupprimer dans ce mot & dans fes compofés: ils écrivent tems, printems, contre-tems, quoique ces mots fe rapportent vifiblement à temporel, temporifer, &c. où la prononciation indique un p après l'm. Auffi, quelque zélé que je fois pour la fimplification des mots, j'écris avec un p, temps, printemps, contretemps.

SOPHIE.

Je me figurois que temps écrit avec un p, & tems fans p, avoient des fignifications différentes. L'ABBÉ.

Vous étiez dans l'erreur, Mademoiselle. Les uns y mettent toujours un p; les autres l'en retranchent toujours, fans que celà influe en rien fur le fens du mot.

R

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