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le fon de l'r, précédé d'un a, d'un i, d'un o ou d'un les feuls irréguliers font les adjectifs barbare, rare, bizarre, ovipare, vivipare, pire, more, maure fonore, carnivore, frugivore, qui font les mêmes pour les deux genres; & les fubftantifs masculins phare, fanal, Tenare, Tartare, tintamare, les Dieux Lares, Bulgare, bécarre, arrhe, collyre, délire, le dire, empire, le martyre, Sire, Roi, Meffire, Miffire, le rire, sbire, fquirre, le fourire, un fatyre, poncire, vampire, le bofphore, fycomore, madrepore, matamore, météore, phofphore, les pores de la peau, ftore, faure, un leurre, beurre, tirebourre, un augure, qui ont la terminaifon féminine. Tous les autres fuivent la règle générale; c'està-dire que les féminins font les feuls qui finiffent

par un e muet.

Les autres noms mafculins qui ont la terminaison féminine, & dont l'orthographe ne peut être déterminée par aucune des règles que nous avons établies, font apogée, périgée, caducée, collifee, élifée, coryphée, empyrée, hyménée, pygmée, trophée, athée, génie, incendie, bain-maric, Meffie, un parafe, géographe, hiftoriographe, hydrographe, & autres adjectifs terminés par le verbe grec grapho, j'écris, & qui font les mêmes au mafculin & au féminin; greffe, tartuffe, Pontife apocryphe, logogryphe, Caliphe, hieroglyphe hyppogryffe, philofophe, limitrophe, le foie, meterre, lierre, parterre, tonnerre, du verre, père, frère, confrère, caractère, quadrille, & quelques autres peu ufités. Ceux de ces mots qui peuvent être pris comme adjectifs, font exactement les mêmes pour les deux genres.

SOPHIE.

ci

Y a-t-il auffi des noms féminins qui finiffent comme des noms mafculins?

L'ABBÉ.

Oui, Mademoiselle; mais prefque tous font aifés

à reconnoître. Les uns finiffent par une voyelle nafale, tels que la faim, befoin de manger; la fin, dans le fens de finir; maman, Jaison, maifon, &c. d'autres finiffent par des confonnes muettes que les analogues font revivre, comme nuit, croix, paix, mort, toux, foret, dont les confonnes finales font indiquées par la prononciation des mots nuitée, croifer, paifible, mortel, touffer, foreftier, &c. La terminaifon mafculine eft évidente dans ces deux cas, ainfi que dans les mots à la fin defquels on entend le fon de l'o ou de au, parce que ce fon ne peut être fuivi d'un e muet. La chaux, une faux, de l'eau, &c.

Nous nous contenterons de noter ceux qui finiffent par une voyelle ou une confonne, après laquelle on pourroit mal à propos fuppofer un e muct. Ces mots font fourmi, merci, brebis, la fouris, perdrix, dot, bru, glu, une tribu, vertu, mœurs clef, nef, la foi, la loi, paix, de la poix, la voix, qui parle ou qui chante, croix, foret, la chair la mer, océan, une fois, deux fois, fleur, peur yaleur, une cour, une tour, &c.

LE MILOR D.

Je trouve bien de la bifarrerie dans toutes ces exceptions. Le foie, partie du corps, finit par un e muct, quoiqu'il foit mafculin, & la foi, qui eft un mot féminin, n'a pas cette terminaison; unc fois fe termine par s &c. &c. &c.

LA MARQUIS E.

J'ai vu des leçons d'orthographe dans lesquelles on réuniffoit tous les mots différents qui fe prononcent de la même manière : celà me paroiffoit fort inftru&tif.

L'ABBÉ.

Je vous en donnerai de femblables à la fin de notre cours, parce qu'alors il me fera aifé de vous en expliquer utilement toutes les parties.

Avant de finir cet entretien, nous allons examiner deux espèces de mots dérivés des noms de nombres. Les uns font des adjectifs qui marquent l'ordre ils font terminés aux deux genres par ième. Troisième, quinzième, centième, &c. Ces mêmes mots pris fubftantivement, défignent les parties d'un tout, le dixième & le vingtième d'une rente, &c. Les autres font des fubftantifs qui expriment une certaine quantité. Ils font ordinairement féminins & terminés par aine: douzaine, neuvaine, centaine, vingtaine, &c. quelquefois mafculins, & terminés par ain: fixain, douzain, &c.

Les premiers de ces mots n'offrent aucune difficulté; mais dans les autres, la voyelle compofée ai qui précède la dernière fyllabe, n'eft indiquée par aucune analogie: j'en ai fait mention afin qu'on n'écrive pas par un e, douzène, neuvène, centène, &c. ni par un i fimple, fixin, douzin, &c. Nous avons encore beaucoup de chofes à dire fur les noms ce fera l'objet de notre premier entretien. LA MARQUISE.

Que faudra-t-il faire jufqu'à demain ?

L'ABBÉ.

Vous n'aurez qu'à écrire fucceffivement des fubftantifs feminins & mafculins, auxquels vous appliquerez les mêmes adjectifs. Par ce moyen vous mettrez en usage toutes les règles que je vous ai données pour le paffage d'un genre à l'autre, & pour le recouvrement des confonnes perdues.

DIALOGUE VIII.

SUR LES NOMS.

LA MARQUISE, SOPHIË.
LA MARQUISE.

VOULEZ-VOUS me permettre de voir ce que

vous avez écrit?

SOPHIE.

Avec bien du plaifir, Madame : le voilà.

Une voie légère, agréable. & brillante.
Un chan légé, agréabl & brillant.
Une vue diftrette, indécife & troublée.
Un regar diftret, indéci & troublé.

J'ai mis dans les adjectifs mafculins un e de moins que dans leurs féminins.

LA MARQUISE.

Vous avez fans doute fuivi les règles qu'on nous a données; cependant il y a je ne fais quoi dans ces mots qui ne me paroît pas bien: par exemple je ne crois pas qu'on puiffe écrire agréabl.

SOPHIE.

Je crois auffi que c'eft une faute.

LA MARQUISE.

Je vois préfentement pourquoi. C'eft qu'à la fin de ce mot, on fait entendre deux confonnes de fuite; ainfi il faut abfolument qu'il finiffe par un e muet tant au mafculin qu'au féminin. Le mot chan n'eft pas bien écrit: vous n'avez pas penfé qu'il fe rapporte aux mots chanter, chanteur, &c.

SOPHIE.

Celà eft vrai la dernière fyllabe de ces mots commence par un t, ainfi c'eft chant par un t qu'il falloit écrire. Je vois que j'avois fait bien des fautes. Le mot regard doit finir par un d, parce qu'il fe rapporte à regarder.

LA MARQUISE

Et le mafculin de légère?

SOPHIE.

il faut

Bon! j'avois encore oublié une lettre écrire par une r, léger.... Voici encore une faute femblable: l'adjectif féminin indécife, fait voir que fon mafculin doit finir par s, indécis.

(L'Abbé, le Comte & le Milord, entrent.)

LE COMTE.

Quel courage, Mefdames! Comment! déjà à T'étude! Si vous continuez ainfi, bientôt rien ne pourra s'oppofer à vos progrès. La méthode de Mr. l'Abbé ne fauroit être en meilleures mains que les vôtres pour acquérir de la réputation.

SOPHIE.

Ne regardez pas encore, je vous prie, jusqu'à ce que j'aie tout copié. (Elle copie.)

Une voie légère, agréable & brillante,
Un chant léger, agréable & brillant.
Une vue diftrette, indécife & troublée,
Un regard difiret, indécis & troublé.
LE MILOR D.

Je crois qu'on n'écrit jamais une voie, avec un

e muet.

L'ABBÉ.

Pardonnez-moi, Monfieur, mais alors ce mot n'eft pas pris dans le même fens: il fignifie moyen, chemin.

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