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cocq, publicquement, &c. On en est venu par dégrés à écrire généralement aveu, avocat, neveu, avril, dette, neuvième, neuvaine, méler, pâte, abrégé, adonner, agrandir, nuit, contrat, piquer, coq, publiquement, &c. Le c ne fe conferve plus avant le q, que dans quelques mots compofés d'un mot fimple, au commencement duquel on a ajouté la fyllabe ac ou rac, tels qu'acquérir, acquitter, nous racquittons, &c. Il faut efpérer que cette réforme deviendra générale, & qu'on écrira abé, abeffe, abaye, abatial, atendre, aler, enveloper, au lieu d'abbé, abbesse, abbaye, abbatial, attendre, aller, envelopper, acquérir, nous raquittons, &c. LE COMTE.

Quoiqu'il en foit, ces prétendues inconféquences font des loix inviolables, jufqu'à ce que la plus grande partie des bons auteurs en aient décidé au

trement.

L'ABBÉ.

Celà eft vrai. Mais pour faciliter ma méthode à ces Dames, en attendant que j'aie pu leur apprendre les règles communes à tous les genres d'orthographe, je leur confeille de mettre les confonnes fimples par-tout où l'oreille n'exige pas qu'elles foient doubles. Après celà, fi elles defirent fuivre l'ufage, elles pourront confulter les bons auteurs: ce ne fera plus qu'une opération de mémoire, dirigéc & fimplifiée par leurs connoiffances acquifes.

LA MARQUISE...

Il ne me prendra fûrement point envie d'embrouiller votre méthode par toutes ces règles & ces exceptions, qui font vraies aujourd'hui & qu'il faudra oublier demain.

SOPHIE.

Mais moi, Monfieur, qui ne voudrois point fuivre la nouvelle orthographe: pourricz - vous me donner quelques principes à cet égard?

L'A B B É.

Oui, Mademoiselle vous faurez, 1°. que l'h, le je, le k, le ve, l'x & le z ne fe doublent jamais. 2o. Le b ne fe double plus que dans le mot abbé, & ceux qui s'y rapportent, tels qu'abbesse, abbatial, abbaye, &c.

3o. Le g fe double dans aggraver, fuggérer, & leurs analogues aggravant, fuggeftion, &c. 4°. Le d dans addition, additionner, j'additionne, &c. ainfi que dans le mot reddition, reddition de compte 5o. Quand les mots qui commencent par c, f,l,n, P, r, s, t font augmentés de la fyllabe inféparable a, la confonne s'y double ordinairement. De commode, foible, lier, nul, prendre, rang, fúr, trape, on forme accommoder, affoiblir, allier annuler ou annuller, apprendre, arranger, affurer, attraper, &c. Ces règles ont plufieurs exceptions dont on ne peut guère deviner la caufe. Les mots alonger, apurer, & quelques autres, s'écrivent par Il & le p fimples, quoiqu'ils foient formés des mots long, pur, &c.

Il y a plufieurs autres règles fur la duplication des confonnes qui ne font point encore à notre portée; nous les verrons en leur lieu avec leurs exceptions. Au refte, dans ce qui eft foumis à l'ufage, on ne peut guère ftatuer que pour le moment; & les règles qu'on peut donner à cet égard font quelquefois furannecs avant qu'on ait eu le temps de les faifir.

Il eft inutile de vous rappeler que les confonnes fe doublent abfolument par-tout où la prononciation l'exige, & de vous faire obferver que jamais aucun mot françois ne cominence ni ne finit par une confonne double.

LE MILOR D.

Je ferois bien charmé de connoître autant qu'il est poffible, tous les cas où les confonnes font muettes,

L'ABBÉ.

Nous pouvons établir 1°. Que le je & le ve fe prononcent toujours, de quelque manière qu'ils foient employés.

2o. I'm & l'n ne font muettes que quand elles forment des voyelles nafales.

3o. Dans la dernière fyllabe des mots, les confonnes qui fuivent une voyelle nasale ou une r articuléc, font ordinairement muettes on prononce lourd, univers, grand, long, comme s'il y avoit lour, univer, gran, lon, &c. Mais nous avons déjà remarqué que ces confonnes finales fe font prefque toujours fentir quand le mot fuivant commence par une voyelle ou une h non afpirée.

4°. Le b, le d, le g, I'm, & l'n ne s'articulent jamais à la fin des mots, à moins qu'ils ne foient fuivis de quelques voyelles: ainfi on ne les prononce point à la fin des mots radoub, pied, doigt, faim, bon, &c. Il n'en eft pas de même dans les mots étrangers: les confonnes finales y font toujours articulées. On prononce Abib, Ephod, Zug, Sem, amen, comme s'il y avoit Abibe, Ephode, Zugue, Sème, ámène, &c.

Voilà toutes les réflexions que nous pouvons faire préfentement fur les différents caractères qui compofent notre alphabet. La connoiffance des principes nous y fera remarquer fans ceffe de nouvelles propriétés, tant pour la prononciation que pour le méchanifme, & même pour le fens des mots. Voici deux tableaux que j'ai écrits avec foin: l'un renferme les diverfes propriétés de chacun des caractères appellés confonnes; l'autre vous offrira les différentes articulations qui entrent dans la compofition des mots françois, avec les caractères ou combinaifons de caractères qui fervent à les exprimer. J'efpère que vous ne négligerez rien pour vous familiarifer avec tous ces objets, auxquels nous aurons fouvent occafion de revenir dans la fuite de nos entretiens..

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SOPHIE.

Vous n'avez point parlé de l'&.

L'ABBÉ.

C'eft que ce caractère n'eft point une lettre, mais un mot il équivaut aux deux letres et il eft égal d'écrire vous & moi ou vous et moi, &c.

TABLEAU

Des propriétés des différents caractères
appelés confonnes.

B.

E Mployé conftamment comme confonne labiale douce. Bon, embarras, tomber, &c. Muet à la fin des mots plomb, radoub, fans que lá fucceffion d'aucune voyelle puiffe lui rendre fa prononciation: on dit toujours plon & radou.

C.

Confonne gutturale forte avant toute autre lettre que l'e & l'i: claffe, courir, école, &c.

Sifflée palatiale forte avant l'e & l'i, comme dans célefie, ciron, &c. ou avant les autres voyelles, quand il eft marqué d'une cédille, comme dans façon, menaçant, rinçure, &c.

Faifant partie du ch fifflé dans chercher, changer &c. & du ch grec dans chriftianifme, Chaonie, &c.

Perdu avant le q dans les mots compofés d'un mot fimple, précédé de la syllabe ac ou rac, tels qu'acquérir, acquitter, je racquitte, &c.

D.

Employé ordinairement comme frappé doux : donner, endurer, &c. & comme frappé fort dans la terminaifon des mots : grand homme, nord & fud, fe prononcent gran tomme, nor tet fud, &c.

F.

Conftamment employée comme labiale dentale forte, telle qu'on la fait fentir dans fuir, offre, &c..

G.

Gutturale douce, avant toute autre lettre que l'e & l'i. Gain, vague, &c. & gutturale forte à la fin de quelques mots, tels que fang, long. Un fang adufte, un long apprentiffage, ie prononcent un fan kadujie, un loa kapprentissage, &c.

Sifflee palatiale douce avant l'e & l'i, comme dans fage, gite, &c.

Faifant partie de l'n mouillée: règne, vigne, Espagne, &c.

H.

Purement étymologique & tout-à-fait perdue pour la prononciation dans beaucoup de mots, tels que deshabillé, honneur, humeur, qu'on prononce défabillé, onneur, umeur, &c.

Afpirée dans haine, Hongrie, &c.

Faifant partie du fifflé dental fort dans chaîne, chercher, &c, du ch grec dans chaos, chirographaire, qu'on prononce kaos, kirographaire, &c, du ph dans phare, Amphitrite, &c, & du th dans athlète, theme, &c.

I voyelle,

Exprimant le fifflé ou mouillé très doux lorfqu'il forme une diphthongue, comme dans aïeul, païen, &c. Faifant partie de l'l mouillée : foleil, paille,briller, &c. JE ou J confonne.

Employé conftamment pour la fiffiée dentale douce : jafpe, majesté, &c.

Cette lettre fe prononce toujours, & ne termine jamais aucun mot.

K.

Employé conftamment comme gutturale forte. Alkali, kermès, &c.

L.

Liquide ou frolée dans langue, longueur, &c. Rendue mouillée par la préceffion de l'i dans railler, babil, brillant, &c.

M.

Labiale nafale, comme on le voit dans mois, méme,

& c.

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Faifant partie des voyelles nafales comme dans mploi, faim, plomb, parfum, &c.

N.

Frappée nasale, dans naitré, anonyme,

&c.

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