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tent par ex, tels qu'examiner, exact, qui fe prononcent egzaminer, cgzact, &c.

Dans les analogues de ces mots, tels que rexaminer, inexact, inexactitude, qu'on prononce regzaminer, inegzad, inegzactitude, &c.

Dans les mots fexagénaire & fexagefime, qui commencent par le mot latin fex, fix: on prononce fegzagénaire, fegzag fime, &c.

On en excepte les cas ou le mot latin ex, dehors, s'ajoute à un nom de profeflion ou de dignité, pour défigner celui qui en a été revêtu, comme quand on dit un ex-abbé, un ex-oratorien, un ex-avocat: alors on prononce fortement l'x: ecfabbé, ecforatorien, ecfavocat, &c.

a

Par-tout ailleurs l'x, quoique précédé d'un e, l'articulation forte de cs: réflexion, fexe, connexité, fe prononcent réflecfion, fecfe, connecfité, &c.

LA MARQUISE.

Il y a des mots dans lefquels deux c fe prononcent comme un x, tels que fuccès, accepter, oc cident, qu'on prononce fixes, axepter, oxident; ce qui fait encore une difficulté.

L'ABBÉ.

Si on excepte quelques mots peu ufités, ces deux c fe placent toujours au lieu de l'x, aprs l'a cui commence un mot; ainfi on écrit accepter, accès, accident, accent, & non axepter, axes, axident, axent, &c. Les mots fuccéder, occident, & leurs analogues, fuccès, fucceffeur, fucceffion, occidental, &c. font les feuls mots ufités dans le difcours ordinaire, où ces deux c ne foient point précédés d'un a. LE COMTE.

Avez-vous des règles fûres pour l'emploi de fc avant un e ou un i? Je vous avoue que cette difficulté m'embarraffe quelquefois.

L'ABBÉ.

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quelques principes que nous n'avons point encore développés. En attendant que nous puiffions réfoudre méthodiquement cette difficulté, nous pouvons noter les mots fufceptible, fcie, fcience, afcenfion, adolefcence, & leurs analogues fufceptibilité, fcier, fciffion, refcinder, fciúre, nous fcions, prefcience, confcience, confciencieux, efcient, defcendre, condefcendre, tranfcendant, adolefcent, &c. qui, de tous les mots écrits par fc, font les feuls qui puiffent être placés dans le difcours ordinaire.

LE MILOR D.

Il vous refte déformais peu de chofes à dire fur les confonnes.

L'ABBÉ.

Nous n'avons point encore parlé des confonnes labiales, qu'on nomme ainfi parce qu'elles fe prononcent des lèvres. Elles fe divifent en labiales pures, c'eft-à-dire, celles qui ne fe prononcent que par le fecours des lèvres: ce font l'm, lep & le b; & en labiales dentales, qui s'articulent par la compreffion de la lèvre & des dents: ce font le ve, ou y confonne, & l'f ou ph. Les premières fe voient dans les mots áme, appui, abri; & les dernières dans vif, fort, phare, &c. l'f & le ph produisent exactement le même effet.

L'u voyelle tient le milieu entre les confonnes labiales, comme l'i voyelle entre les confonnes fifflées. C'eft ce qu'on peut voir par cette gradation: Almerie, Alpes, Albe, faluer, falve, Alphée.

Rien de fi facile que de prendre ces confonnes l'une pour l'autre. Les Gafcons prononcent fouvent le b pour le ve, & difent benez pour venez, bouloir, pour vouloir, &c. Les Suiffes prononcent l'f pour le ve, & difent fenir, fouloir, au lieu de venir, vouloir, &c. nous-mêmes, quand nous n'y faifons pas attention, nous prononçons brèfeté, buffetier, au lieu de brèveté, buvetier, &c. d'autres font entendre le v pour l'u voyelle, & prononcent Svite, effviier, an lieu de fuite, effuyer, &c.

LE COMTE.

Il eft probable que dans le principe, on ne connoiffoit que l'i & l'u voyelles. La rapidité de la prononciation ayant fait fentir les articulations je & ve, on a reconnu deux propriétés diftinctes dans les caractères i & u delà les i tréma au commencement de certains mots, tels que Iacchus, iota; & les ü tréma, ou fuivis d'e tréma dans bouillon, la feue Régente, pour empêcher qu'on n'articulat cet i & cet u comme des confonnes, & qu'on ne prononçât bovillon, la feve Régente, Jacchus, jota, &c. delà enfin ces caractères j &v, que nous avons attribués à l'i & à l'u confonnes, & dont il n'eft plus permis d'ignorer l'usage.

SOPHIE.

J'ai pourtant vu des v dans des livres bien gaulois. LE COMTE.

Oui, Mademoiselle; mais la valeur n'en étoit pas fixée: on employoit ordinairement ce caractère au commencement des mots; foit qu'il repréfentât l'u voyelle, comme dans vne, vnivers; foit qu'il repréfentât l'u confonne, comme dans venir, vouloir, &c. Aujourd'hui on ne s'en fert plus que dans le dernier cas.

LA MARQUISE.

Je vois préfentement pourquoi, quand le p & le b font précédés d'une voyelle nafale, cette voyelle s'écrit toujours par m & jamais par n: c'eft parce que l'n ne fe prononce pas des lèvres comme l'm le p & le b.

SOPHIE.

On ne met jamais d'n avant un p ni un b?
L'ABBÉ.

Non, Mademoiselle nous n'avons d'exception

à cette règle que le terme enfantin bonbon, qu'on peut regarder comme le mot bon répété deux fois. Par-tout ailleurs, le p & le b font précédés d'une m & non d'une n: on écrit campagne, remplir, ambaffadeur, embarraffer; & non campagne renplir, anbaffadeur, enbarraffer, &c.

Par une fuite des propriétés de ces lettres, I'm ne devroit jamais être précédée d'une voyelle nafale formée par l'n; aufli celà s'obferve-t-il prefque toujours: on écrit emmener, emmiellé, & non enmener, enmiellé, &c. On n'excepte de cette règle que quelques mots dérivés de tenir & venir, tels que nous vinmes, nous tinmes, nous revinmes, nous entretinmes, &c.

SOPHIE.

Je ne comprends pas la raifon de cette règle-là. L'ABBÉ.

Madame l'a dite: ces trois consonnes, m, b, p, appartiennent au même organe. Pour le mieux concevoir, héfitez fur la première fyllabe des mots embarras, emplir: vous ne prononcerez pas fi volontiers anebarras, aneplir qu'amebarras, ameplir; parce que l'n qui s'articule par l'attouchement de la langue & du palais, eft plus étrangère au p & au b, que l'm, qui, comme ces deux dernières confonnes, fe prononce par le mouvement des lèvres.

LA MARQUISE.

De toutes ces confonnes, celle qui m'embarraffe le plus, c'eft le compofé ph. Puifque ces deux lettres fe prononcent exactement comme l'f, & qu'on lit philofophe, orthographe, comme s'il y avoit filofofe, ortografe; fi l'ufage vouloit le permettre, il feroit bien plus commode de fubftituer l'fà ce ph, comme on fe permet de fubftituer l'i fimple à l'y. Mais ne pouvant réformer l'ufage, il faut s'y conformer: quelles règles pourrai-je fuivre pour

favoir quand il faudra écrire par l'f' fimple ou par

le ph?

LE COMTE.

On fe fert du ph pour marquer l'étymologie des mots tirés de la langue grèque.

SOPHIE.

Eft-ce que les Grecs n'avoient point d'f dans leur alphabet?

LE COMTE.

Non, Mademoifelle. L'f eft une invention des Romains: voilà pourquoi les anciens noms Grecs s'écrivent tous par ph au lieu d'une f. On écrit Philippe, Phebus, Afcalaphe, Phaeton, & non Filippe, Fébus, Afcalafe, Faeton, &c.

L'ABBÉ.

Suivant les mêmes règles d'étymologie, il faudroit écrire par ph, phanal, phantôme, phantaifie, phlegme, phlegmatique, puifque ces mots font pareillement dérivés du Grec: c'étoit l'ancienne orthographe; mais préfentement il faut écrire ces mots par f, fanal, fantôme, fantaisie, flegme, flegmatique, &c. quoiqu'il ne foit pas permis de faire les mêmes changemens dans philofophie, phyfique amphibie, &c. Ceux qui connoiffent à fond les langues anciennes, commettroient bien des fautes dans la nôtre, s'ils ne s'étoient pas attachés à en examiner le génic particulier. Tantôt l'ufage veut que les étymologies foient fcrupuleufement confervées; tantôt il exige qu'on s'en écarte fans ménagement: la moindre faute contre fes décifions répandroit un ridicule ineffaçable fur les penfées les plus fublimes & les plus ingénicufes.

LA MARQUISE.

Puifque l'ufage commande avec tant d'empire, toutes les règles ne doivent être d'aucun fecours,

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