LAMBERT, évêque d'Arras, né à Guines, d'une famille distinguée de Picardie, était grand chantre de Lille, et jouissait d'une haute réputation dans la chaire, lorsque les Artésiens, ayant fait séparer leur église de celle de Cambrai, à laquelle elle était unie depuis cinq cents ans, l'élurent pour leur évêque en 1093. Il fut sacré l'année suivante à Rome par Urbain II, qui le nomma par la suite son légat dans la seconde Belgique. Il parut avec éclat dans plusieurs conciles, surtout en 1095, dans celui de Clermont, dont il rédigea les actes, qu'on trouve au 10 tome de la collection du P. Labbe. Il fit d'excellents règlements pour le gouvernement de son diocèse, mérita par sa sagesse et ses talents la confiance de ses peuples, et l'estime de tout ce qu'il y avait de plus distingué. On le regardait comme l'oracle de l'Eglise gallicane. Pascal II lui donna la commission d'absoudre le roi Philippe ler de l'excommunication qu'il avait encourue par son mariage incestueux avec Bertrade. Ce prélat mourut en 1115. Il fut enterré dans sa cathédrale, où l'on voit encore aujourd'hui son épitaphe singulière, qui porte que la Ste-Vierge était apparue à Lambert et à deux jongleurs, et qu'elle avait donné à l'évèque un cierge qui avait la vertu de guérir du mal des ardents, alors fort commun en France. De là sans doute l'histoire de la fameuse chandelle d'Arras. Le 5o tome des Miscellanea de Baluze contient un ample recueil des actes, chartres et lettres de Lambert ou à lui attribués. - LAMBERT, disciple de St-Bruno, et abbé de Pouthière, dans le diocèse de Langres, à la fin du 11o et au commencement du 12 siècle, composa quelques écrits dont il ne nous reste qu'un petit traité de grammaire latine, assez bon pour le temps et propre à donner une idée de l'état des études à cette époque. On le trouve dans l'appendix du tome 2 des Annales bénédictines. Lambert assista au concile de Troyes en 1104. T-D. LAMBERT (FRANÇOIS), fameux théologien protestant, naquit en 1487, à Avignon, où son père, originaire d'Orgelet, petite ville de Franche Comté, remplissait les fonctions de secrétaire de la légation du palais apostolique. La mort de ce père, qu'il chérissait tendrement, lui inspira le dégoût du monde; à seize ans il se fit cordelier, termina ses études, reçut les ordres et se distingua comme prédicateur. Le désir de mener une vie plus mortifiée l'engagea à demander la permission de passer dans l'ordre des Chartreux, qui était beaucoup plus austère; mais ses supérieurs la lui : refusèrent par un motif qui devait le flatter. Cependant cette ferveur dura peu, et la lecture des ouvrages de Luther acheva de lui rendre insupportable la vie du clottre. Il s'enfuit donc secrètement, en 1522, et se retira d'abord en Suisse, sans savoir précisément encore le parti qu'il adopterait. Muni de lettres de recommandation de l'évêque de Lausanne, qui ne pénétra point ses projets, il visita les principales villes de la Suisse, et y prêcha, en latin et en français, avec un grand succès. S'étant rendu à Zurich, il y eut, le 17 juin, une conférence publique avec le fameux Zwingle, sur différents points de doctrine; et il-parut si satisfait des raisons de son adversaire qu'il dépouilla aussitôt la robe de cordelier qu'il avait continué de porter jusqu'alors. Comme son nom était connu, il prit celui de Jean Serranus (de Serre), pour ne pas être inquiété dans ses voyages, et partit pour Eisenach, où il soutint publiquement plusieurs thèses, d'après les principes des réformateurs. Il se rendit ensuite à Wittemberg, où Luther le reçut avec de grandes démonstrations de joie. Il y expliqua, pendant / l'année 1525, les prophéties d'Osée; mais ses auditeurs se montrèrent peu généreux, et, si ses amis ne se fussent intéressés pour lui faire accorder un secours par l'électeur de Saxe, il aurait éprouvé toutes les horreurs de la misère. Dans cette situation, il épousa la servante d'un médecin, qui ne lui apporta sans doute pas une dot capable d'améliorer son sort, et quitta Wittemberg en 1524, contre l'avis de Luther et de ses autres amis. Il se rendit à Metz, dans l'intention d'y prêcher la réforme; mais il trouva une telle opposition à son projet qu'il fut obligé de partir de cette ville, sans avoir pu communiquer avec ses partisans; et il se retira à Strasbourg, où il s'occupa de la rédaction de ses commentaires sur différents livres de la Bible. Le landgrave de Hesse l'appela près de lui, en 1526, pour l'aider à établir la réforme dans ses États; et, l'année suivante, il le nomma premier professeur en théologie à l'université qu'il venait de fonder à Marbourg. Lambert assista au colloque qui se tint en cette ville, en 1529, et il y mourut le 18 avril 1530, à l'âge de 43 ans, d'une maladie connue sous le nom de la sueur anglaise, qui faisait alors de grands ravages. On dit que, sur la fin de sa vie, il abandonna l'opinion de Luther sur le dogme de l'eucharistie, pour adopter celle de l'Église helvétique. C'était un homme savant pour son temps, et très-laborieux: ses lettres annoncent de la candeur et de la bonne foi (voy. le Dictionnaire de Chaufepié); mais il était violent et emporté. On trouvera la liste de ses nombreux ouvrages dans les Mémoires de Nicéron, t. 39, et dans le Dictionnaire de Chaufepié, remarq. F. La plupart n'ayant d'autre mérite aujourd'hui que celui d'une grande rareté, on se contentera d'indiquer les principaux: 1o des Commentaires sur les livres des Rois, sur le Cantique des cantiques, sur les douze petits prophètes, sur l'Évangile de | France Gassion et de la Meilleraye. Ces deux gé St-Luc et sur les Actes des apôtres; 2o Evangelici in minoritarum regulam commentarii, Wittemberg, 1523; Strasbourg, 1525; trad. en français sous ce titre : Déclaration de la règle et état des cordeliers, composée par un jadis de leur ordre et maintenant de Jésus-Christ. C'est une déclamation virulente néraux s'étant brouillés, les troupes, divisées par la querelle de leurs chefs, allaient se charger, lorsque Lambert, qui n'était encore que maréchal de camp, ordonna, de la part du roi et en son nom, aux deux partis de s'arrêter, de ne plus reconnaître l'autorité supérieure de ces maréchaux. contre ses anciens confrères; elle fut censurée | On obéit à l'instant; les maréchaux se retirèrent, par la Sorbonne. 3o De sacro conjugio commentarius, Nuremberg, 1523, in-8°. Cet ouvrage est dédié à François Ier, et dans l'épître à ce prince Lambert entre, avec une naïveté cynique, dans le détail des motifs qui Pont décidé à se marier. 4a De fidelium vocatione in regnum Christi, id est Ecclesiam, Strasbourg, 1525, in-8°. L'auteur y donne sans y penser une preuve de la faiblesse de son esprit, en racontant qu'il n'entreprenait jamais rien d'important sans consulter le sort, et il a grand soin de recommander la même pratique à ses lecteurs. 5o Farrago omnium rerum theologicarum (ibid., 1525), in-8"; 6o Commentarii de causis excæcationis multorum sæculorum, etc., in-8°; 7° De regno, civitate et domo Dei ac Domini nostri Jesu Christi, Worms, 1538, in-8°. Outre les ouvrages déjà cités, on peut consulter pour plus de détails le Dictionnaire de Bayle et le Supplément de l'abbé Joly; mais surtout Commentatio de vita, fatis, meritis ac scriptis Franc. Lamberti, par Schelhorn, imprimé dans ses Amanitates litterariæ, t. 4 et 10. L'auteur y a inséré l'Opuscule de Lambert sur les motifs qui l'avaient déterminé à embrasser la réforme, et plusieurs de ses Lettres inédites, tirées de la bibliothèque de W-s. Krafft. LAMBERT (JEAN DE), marquis de St-Bris, issu d'une noble et ancienne famille de l'Angoumois, naquit au château des Escuyers, en Périgord, le 25 septembre 1586. Il était fils d'un des plus dévoués serviteurs et compagnons d'armes de Henri IV. Nommé page de ce monarque, il alla faire sa première campagne en Hollande sous Maurice de Nassau, par lequel il fut chargé d'une mission importante à la cour de France, n'ayant encore que vingt-deux ans. Il combattit alors la politique de Sully, qui eut tort de s'opposer au succès des négociations dont il s'agissait, ainsi que le prouva l'événement. Il était entré, en 1605, avec le grade d'enseigne dans le régiment de M. de Châtillon. Il se trouva au siége de Juliers. Bassompierre, qu'il suivit dans son ambassade d'Espagne, et qu'il ne quitta point dans la guerre qui eut lieu ensuite (ayant été fait par lui, en 1610, lieutenant de sa compagnie de gendarmes), l'employa dans plusieurs combats. A celui de Nanteuil, près Pamprou, en Poitou, en 1618, Lambert fut grièvement blessé. Ce fut au siége d'Hesdin, sur la brèche qu'il avait faite, que le roi, entré de ce côté, donna le bâton de maréchal à la Meilleraye. L'autorité qu'il avait dans l'armée fut bien prouvée au siége de Gravelines (1644), où commandaient les maréchaux de ΧΧΙΙΙ. et l'armée fut sauvée par cet acte de vigueur. Sa fidélité ne fut point ébranlée, pendant les troubles de la Fronde, par l'offre que lui fit le duc d'Orléans de la première de toutes les dignités militaires pour l'attirer dans son parti. Tel était son stoïcisme qu'étant dans son lit lorsqu'un courrier lui apporta le brevet de gouverneur de Metz, superbe place alors, il prit le paquet sans l'ouvrir. Enfin son désintéressement fut poussé au point que, plus d'une fois, il refusa des sommes énormes qu'on lui proposait pour obtenir de petites concessions regardées par lui comme incompatibles avec son devoir. Sa belle-fille, la célèbre madame de Lambert (voy. ce nom), a tiré de ces beaux exemples et de quelques auteurs une instruction bien connue pour son fils. Il eut l'honneur de commander Turenne, qui avait la bonne grâce de dire que Lambert lui avait appris son métier. Une lettre de Henri de Bourbon, père du grand Condé, atteste que celui-ci aurait pu en dire autant. Deux cents autres lettres de rois, de princes du sang, de ministres, nommément Richelieu et Mazarin, ne permettent pas de douter que ce ne fût un homme d'un grand caractère et de grands moyens. Il avait été fait, le 21 novembre 1651, chevalier-commandeur de l'ordre du St-Esprit. Jean de Lambert passa les dernières années de sa vie dans sa terre de St-Bris, comté d'Auxerre, érigée pour lui en marquisat (1644). Il y mourut le 23 octobre 1665, âgé de 80 ans. - Son fils et son petit-fils fournirent aussi une très-honorable carrière militaire. Ce dernier vit arriver en 1754 le terme de son existence. - LAMBERT (Henri-Joseph, marquis DE), issu d'une branche cadette de la famille des précédents, naquit le 11 février 1738. Entré au service dès son enfance, il commença, avec le grade de capitaine dans le régiment de Harcourt, cavalerie, la guerre de sept ans. De 1757 à 1762, passant de grade en grade, il prit part aux combats les plus importants de toute cette époque. A la fin de 1762, il fut nommé mestre de camp, commandant le régiment de Berry, cavalerie, et en conserva les fonctions jusqu'en 1780. Décoré de la croix de St-Louis en 1763, malgré sa jeunesse, il devint brigadier des armées du roi en 1770. On avait, en 1778, rassemblé sur les côtes de Bretagne et de Normandie, dans la vue d'une descente en Angleterre, deux corps commandés par le maréchal de Broglie. Le marquis de Lambert fut nommé premier aide de camp faisant les fonctions de maréchal général des loIgis, et il était dit dans la lettre qui l'appelait à 6 ce service que c'était en l'absence du comte de | morale des saints, ibid., 1662, 4 vol. in-8°; 3o la Broglie, frère du maréchal. Après avoir été placé ensuite (1779) sous les ordres du comte de Vaux, il fut fait commandeur de l'ordre de St-Louis dans la même année et maréchal de camp en 1780, enfin inspecteur général des troupes du roi. Il l'était encore en 1789, faisant d'ailleurs partie du conseil de la guerre permanent créé en 1786. Nommé gouverneur de la citadelle d'Arras en 1788, il fut bientôt après employé dans son grade au camp de St-Omer, sous les ordres du prince de Condé. Lorsque les princes français émigrèrent, le marquis de Lambert sortit de France et entretint une correspondance suivie avec les frères de Louis XVI, qui le nommèrent ministre auprès du roi de Prusse pendant la campagne de 1792. Il la fit au quartier général de l'armée prussienne, et se trouva à tous les combats et opérations de guerre qui commencèrent par le siége de Longwi. Sur ces entrefaites, il reçut une lettre de la part de Catherine II, lui annonçant que son fils aîné (Marie-Charles), qui servait dans les armées russes et était arrivé au grade de lieutenant général, venait de périr glorieusement dans une bataille en Podolie. Voulant acquérir à son service le père de ce jeune homme, comme un officier d'un mérite reconnu, elle lui proposait le grade de général major. Ce ne fut qu'après la campagne de 1793 que le marquis de Lambert se rendit à Hamm, dans la vue d'obtenir l'agrément de Louis XVIII et de prendre ses instructions pour St-Pétersbourg. Il arriva dans cette capitale en février 1794, et y reçut de l'impératrice beaucoup de marques de confiance. Paul ler ne lui fut pas moins favorable. Ce prince confirma la propriété d'une terre que Catherine avait donnée au général en le nommant chef d'un régiment dont les rapports devaient étre adressés directement soit au czar lui-même, soit au grand-duc Alexandre. Celui-ci, devenu empereur, traita M. de Lambert avec la mème bonté, la même considération. Des affaires de famille l'ayant rappelé en France, il tomba malade à son retour, dans la ville de Graudentz, en Prusse, et y mourut le 19 janvier 1808, âgé de 69 ans. - Ses fils restèrent, après lui, au service de Russie. L-P-E. Science d'une âme consacrée en l'honneur de la B. Vierge, ibid., 1665, in-4°; 4o la Science de la raison chrétienne, ou Logique chrétienne, ibid., 1669, in-8°; 5o De la maternité divine et de ses prérogatives, Vienne, 1670, in-12. - Jacques LAMBERT, autre jésuite, né à Paris en 1614, fut chargé, pendant un grand nombre d'années, de la direction de la maison professe, et mourut à Paris le 24 mai 1670. Il est auteur de deux petits ouvrages ascétiques : le Trésor de la communion générale et le Bon Pasteur, imprimés en 1663, in-12. W-s. LAMBERT (JOHN), général anglais, célèbre dans les guerres civiles qui eurent lieu sous Charles Jer, descendait d'une bonne famille, et suivait la carrière du barreau au commencement des troubles qui agitèrent ce règne. Indépendant par caractère et jaloux des faveurs qu'obtenaient les grands qui approchaient la cour, Lambert se déclara contre elle, et obtint bientôt un rang dans l'armée parlementaire. Il combattit comme colonel à la bataille de Marston-Moor, et eut à celle de Naseby un commandement supérieur. Lorsque les Écossais, commandés par Hamilton, se joignirent au parti royaliste, Lambert fut opposé à Langdale et à Musgrave dans le nord, et obtint sur eux différents avantages. En 1649, le gouvernement républicain d'Angleterre, ayant pris quelque consistance, commença à sentir la nécessité de ne pas différer plus longtemps la nomination d'un lieutenant d'Irlande. Les presbytériens sollicitaient cet emploi pour Walter; les indépendants, dont Lambert était le favori, témoignaient hautement le désir qu'il en fût revêtu: mais Cromwell, qui aspirait secrètement à un commandement où il voyait tant de gloire et tant d'autorité à acquérir, eut l'adresse de s'y faire nommer comme malgré lui. Cromwell professait la plus grande estime pour le général Lambert, qui était regardé comme son second pour sa vigueur et ses talents militaires, et qui l'égalait par son ambition. Lambert servit sous Cromwell en Écosse, et remporta une victoire importante dans le Fife; et lorsque le jeune roi Charles fi fit une descente en Angleterre, Lambert fut détaché sur ses derrières avec un corps de cavalerie. La cause de la royauté ayant été tout à fait perdue par la bataille de Worcester, ce général fit la motion, dans le conseil des officiers, de placer un protecteur à la tête de l'État; et cette dignité fut accordée à Cromwell. Cependant Lambert, qui avait l'ambition de succéder à Cromwell dans le protectorat, s'opposa fortement à ce que ce dernier reçût le titre de roi, prévoyant que le rétablissement du droit d'hérédité au trône dans sa famille en serait la conséquence: mais le bill passa, malgré son opposition, à une très-grande majorité, et la proposition en fut faite au protecteur, qui, après avoir longtemps hésité, la refusa. Cromwell ne pardonna pas à Lambert et à ses adhérents, qu'il il destitua ce général de toutes commissions, en lui accordant néanmoins une pension de deux mille livres sterling, pour l'intéresser à se bien comporter. Lambert, s'étant retiré à Wimbledonhouse, sembla s'attacher uniquement à cultiver des fleurs. Mais, après la mort de Cromwell, il rentra dans la vie publique, et fut l'âme du parti des mécontents opposés au protectorat de Richard, parti qui s'assembla à Wallingford-house. Il obtint la confiance du rump-parlement, et fut chargé par lui du commandement de ses troupes, avec les quelles il marcha contre sir George Booth, qui s'était emparé de Chester, pour Charles II. Booth ayant eu l'imprudence de sortir des murs de cette ville, et d'exposer en rase campagne ses soldats de nouvelle levée contre le corps discipliné de Lambert, fut bientôt mis en déroute, et * LAMBERT (JACQUES), jésuite, né à Macon en 1603, fut admis dans la société à l'âge de dixsept ans. Après y avoir enseigné la rhétorique et la philosophie, il se consacra au ministère de la chaire et obtint de grands succès dans les missions du midi de la France. Sur la fin de sa vie, il fut fait recteur du collége de Carpentras, et ensuite de celui de Vienne, où il mourut le 31 décembre 1670. On a de lui plusieurs ouvrages ascétiques, écrits avec autant d'onction que de simplicité, mais qu'on ne lit plus depuis longtemps. Ce sont: 1o la Philosophie des gens de cour, imprimée d'abord in-4°, et avec des additions, Lyon, 1656, 4 vol. in-8°; 2° la Science | regardait déjà comme ses ennemis: aussi, lorsque le parlement eut été ajourné, le 20 janvier 1657, | qui s'était comporté avec plus de modestie pen dant le cours de son procès; il fut relégué pour la vie à l'île de Guernesey, où il mourut trente ans après, totalement oublié, et ayant embrassé la religion catholique. Il amusait ses loisirs dans sa retraite à cultiver et à peindre des fleurs, art qu'il avait appris de Baptiste Gaspars. D-z-s. LAMBERT (ÉTIENNE), jésuite, né à Villafans, bourg de Franche-Comté, au commencement du 17° siècle, fut admis dans la société en 1622, et envoyé par ses supérieurs en Espagne, où il professa la rhétorique avec distinction au collége royal de Madrid. Il se consacra ensuite au ministère de la chaire, et mourut dans la maison de son ordre à Madrid, le 13 septembre 1667. On a de lui des poésies latines (Opera poetica), 2 vol. in-12, imprimés, le premier à Anvers en 1653, et le second à Bruxelles en 1660. Le P. Sotwell lui toute son armée fut dispersée. Le parlement fit à ❘ attribue encore: 1o Idea recte vivendi desumpta ex et Dreux du Radier l'a insérée dans sa Biblio-, intitulée la Femme ermite. Ses OŒuvres ont été cette occasion un présent de mille livres sterling à Lambert, pour acheter une bague. Bientôt après, les officiers, à l'instigation de ce général, signèrent une pétition pour demander que Fleetwood fut nommé commandant en chef; Lambert, major général; Desborow, lieutenant général de la cavalerie, et Monk, major général de l'infanterie. Cette démarche fut jugée si dangereuse par le parlement, qu'il cassa de suite Lambert; mais celui-ci, qui avait bien pris ses mesures, fit dissoudre ce corps, après avoir fait observer à l'armée un jeûne solennel, et concentra l'autorité suprême dans le conseil des officiers, dont il était regardé comme le chef. Monk, qui se trouvait en Écosse à la tête d'une armée, et qui avait résolu de rétablir l'ancienne famille des Stuarts sur le trône, était l'unique rival de Lambert, lequel, ayant conçu des soupçons sur ses desseins, s'avança contre lui à la tête d'un corps de troupes. Monk ayant traversé la Tweede, en janvier 1660, tandis que le parlement avait repris son autorité, Lambert fut abandonné par une grande partie de ses soldats, arrêté bientôt après et enfermé à la Tour. Il s'en échappa dans le mois d'avril suivant, et causa de vives craintes à Monk et à son conseil, qui redoutaient sa vigueur et sa grande popularité: mais avant qu'il eût pu réunir un nombre considérable de ses anciens soldats, qui se rendaient en foule auprès de lui, il fut arrêté de nouveau auprès de Daventry par le colonel Ingoldsby. Après la restauration, le procès de Vane et de Lambert fixa l'attention du public: quoiqu'ils n'eussent pas été du nombre des juges de Charles ler, ils avaient été nommément excерtés de l'amnistie générale, et mis en prison. Le premier parlement, ou plutôt la convention, avait prié le roi de suspendre leur exécution, s'ils étaient coupables; mais le nouveau parlement insista fortement sur la nécessité de les juger. Ils furent déclarés tous deux coupables de haute trahison en 1662. Néanmoins Vane subit seul sa sentence; il fut sursis à celle du général Lambert, sanctorum cujuslibet ordinis fundatorum vita, in-4°; 2o Sanctus Barthelmus de Willafani descriptus, infol. Ces deux derniers ouvrages sont tout à fait inconnus; et l'on doute qu'ils aient jamais été publiés. W-s. LAMBERT (MICHEL), fameux musicien, né en 1610 à Vivone, près Poitiers, vint fort jeune à Paris, et eut le bonheur d'être admis chez le cardinal de Richelieu, qui se chargea de sa fortune. II chantait très-agréablement, en s'accompagnant avec le luth ou le téorbe, instruments alors à la mode. Il fut nommé maître de musique de la chambre du roi; et sa réputation s'accrut dès lors au point qu'on ne donnait pas une fête sans l'en prier (1): mais il manquait souvent à sa parole, et préférait à des plaisirs plus bruyants ceux qu'il goûtait dans sa maison de campagne à Puteaux. Perrin, Boisrobert, Quinault, et surtout Benserade, s'empressaient de lui fournir des morceaux à mettre en musique. Lambert passait pour l'inventeur du beau chant; il vécut assez pour se voir éclipsé par Lulli, son gendre. Il mourut à Paris en 1696, à l'âge de 86 ans, et fut inhumé dans l'église des Petits-Pères, à côté de Lulli, auquel il avait survécu. On a de ce musicien un grand nombre de Motets et des Leçons de ténèbres. Le recueil de ses œuvres a été gravé en 1666, et avec de nouvelles pièces en 1689, in-fol. Titon du Tillet lui a consacré une Notice dans son Parnasse français; (1) On pourra juger de la réputation dont il jouissait alors par ce passage de la 3a satire de Boileau, dont le sujet, comme on sait, est la description d'un repas ridicule: Molière avec Tartuffe y doit jouer son rôle; Quoi, Lambert! - Oui, Lambert. A demain; c'est assez. Il faut remarquer que le premier interlocuteur ne dit qu'un mot de Molière et de son chef-d'œuvre; mais il appuie sur le bonheur de posséder Lambert, et c'est l'espoir d'entendre le musicien qui détermine son convive à accepter son invitation. La Fontaine, dans une de ses fables, pour exprimer le non-plus-ultra de la perfection du chant, fait également dire à un de ses interlocuteurs: LAMBERT (ANNE-THÉRÈSE DE MARGUENAT DE COUR CELLES, marquise DE), née à Paris vers 1647, perdit à l'âge de trois ans son père, maître ordinaire en la chambre des comptes. Sa mère épousa en secondes noces l'ami et le compagnon de Chapelle, Bachaumont, qui se plut à cultiver les heureuses dispositions de sa belle-fille, encore enfant. Fontenelle, qui a écrit sa vie, nous apprend qu'elle se dérobait souvent aux plaisirs de son âge pour aller lire en son particulier, et qu'elle s'accoutuma dès lors, de son propre mouveinent, à faire de petits extraits de ce qui la frappait le plus. Ce goût ne la quitta ni quand elle fut obligée de faire les honneurs de sa maison à Luxembourg, dont son mari était gouverneur, ni quand, après sa mort, elle eut à essuyer de longs et cruels procès, où il s'agissait de toute sa fortune. Restée veuve, après vingt ans de mariage, avec un fils et une fille, tous deux très-jeunes encore, elle conserva son bien à force de capacité et de courage, et elle établit dans Paris une maison où il était honorable d'être reçu. « C'était, dit encore << Fontenelle, la seule, à un petit nombre d'ex« ceptions près, qui se fût préservée de la maladie « épidémique du jeu; la seule où l'on se trouvat pour se parler raisonnablement les uns les au« tres, et même avec esprit, selon l'occasion. >>> Fontenelle lui-même, Lamotte, St-Aulaire, Sacy (le traducteur de Pline), et d'autres beaux esprits, fréquentaient cette maison, où étaient admis en même temps d'aimables gens du monde et de condition, Madame de Lambert, très-délicate sur les jugements et les discours du public, et qui avait craint qu'on ne l'accusat de tenir un bureau d'esprit, vit sa sensibilité mise à une bien plus rude épreuve. Des copies de ses Avis à sa fille et de ses Avis d'une mère à son fils étaient sorties de ses mains: on les imprima et elle se crut déshonorée. Les suffrages du public, constatés par des éditions nombreuses et des traductions, ne la rassurèrent point; elle retira des mains d'un libraire, au prix qu'il voulut, toute l'édition d'un autre ouvrage qu'on lui avait dérobé. Courageuse, peu susceptible de crainte, excepté sur ce qui regardait les bienséances et l'opinion, amie zélée et attentive, obligeante en dépit des ingrats, les qualités de son âme surpassaient encore celles de son esprit. Fénelon avait une haute estime pour elle et pour ses écrits, et il le lui témoigna dans quelques lettres qui nous sont restées. Après une vie toujours infirme et une vieillesse fort souffrante, elle mourut le 12 juillet 1733, dans sa 86o année. Outre les Avis à sa fille et les Avis d'une mère à son fils (Paris, 1727, in-12, 3o édition, très-souvent réimprimés), on a d'elle: un Traité de l'amitié, un Traité de la vieillesse, des Réflexions sur les femmes, sur le goût, sur les richesses (Amsterdam, 1732, in-12), des Discours sur différents objets, des Portraits, et une nouvelle réunies en deux volumes in-12, Paris, 1748, avec un abrégé de sa Vie, et en deux volumes in-18, 1813. Tous les écrits qu'elles renferment sont remarquables par la pureté du style et de la morale, l'élévation des sentiments, la finesse des observations et des idées, et, comme dit Fontenelle, par le ton aimable de vertu qui y règne partout. Les Avis d'une mère à sa fille ont été traduits en allemand; et M. Boulard a donné une édition de cette traduction, accompagnée d'une version française littérale interlinéaire, Paris, 1800, in-8°. A-G-R. LAMBERT (JOSEPH), fils d'un maître des comptes, naquit en 1654 à Paris, prit le bonnet de docteur de Sorbonne, et eut le prieuré de Palaiseau, près Paris. Il se distingua par la pratique exemplaire de toutes les vertus qui forment un digne ecclésiastique. Dès l'âge de trente ans il se consacra à la chaire dans l'église St-André des Ares, sa paroisse. Ses instructions solides, pleines d'onction, d'un style simple, mais touchant, attirèrent parmi ses auditeurs un grand nombre de protestants, et il eut le bonheur d'en convertir plusieurs. Zélé pour le maintien de la discipline ecclésiastique, il écrivit contre l'abbé Boileau sur la pluralité des bénéfices, et ce fut à sa réquisition que la faculté de théologie fit un décret qui déclara nulles les thèses de ceux qui s'y seraient nommés titulaires de plus d'un bénéfice. Les pauvres avaient été toute sa vie l'objet de ses sollicitudes; sur la fin de ses jours, il se consacra entièrement à leur service. Les revenus de son prieuré, sa plume, ses instructions, tout fut pour eux, et afin que sa charité contribuât à leur soulagement après sa mort, il fonda des écoles gratuites. C'est au milieu de ces tendres soins, dont sa douceur et sa modestie relevaient encore le prix, qu'il termina sa carrière, en 1722, victime de la pénitence et d'un travail non interrompu. Il avait la confiance de plusieurs prélats, entre autres celle du cardinal de Noailles, qui l'aimaít et le considérait beaucoup. Ses ouvrages sont : 1o Discours sur la vie ecclésiastique, Paris, 1702, 2 vol. in-12. Ce sont des conférences faites à Amiens et à Paris. 2o L'Année évangélique, ou Homélies, Paris, 1693-97, 7 vol. in-12; 1740, 8 vol.; 1764, 7 vol. in-12; nouvelle édition, Avignon, 1826, 5 vol. in-12; 3o Épitres et Évangiles de l'année, avec des réflexions, 1713; 4o les Ordinations des saints, Paris, 1717, in-12; 5o la Manière de bien instruire les pauvres, Rouen, 1716, in-12; Paris, 1722, in-12; Paris, 1789, 1830, in-12; 6o Histoires choisies de l'Ancien et du Nouveau Testament; 7o Instructions courtes et familières pour les dimanches et fêtes, 1721; 8o Instructions sur les commandements de Dieu, 1722; 9o le Chrétien instruit des mystères de la religion et des vérités de la morale, 1729; 10o des Lettres de controverse et plusieurs autres petits ouvrages. On remarque dans toutes les productions de ce saint prètre, qui pour la plupart ont été souvent réimprimées, un esprit |