Imágenes de página
PDF
ePub

<< appliquée à Barras, elle ne peut l'être à per« sonne. » Larivière revint ensuite sur l'amnistie, qui, selon lui, allait comprendre des voleurs, des dilapidateurs, et rendre à la société « jusqu'à ces « bêtes féroces qui avaient plongé le couteau << dans le sein de leurs concitoyens désarmés, et « qui, cinq jours encore après le 2 septembre, se « demandaient le matin: va-t-on tuer? » Attaqué vivement dans le cours de cette discussion, comme ami des rois, par Julien Souhait, Henri Larivière demanda le rappel à l'ordre de son accusateur. Le 17 octobre, il appuya le projet de résolution présenté par Dubruel en faveur des prètres détenus. Il fit sentir tout l'odieux des mesures prises contre eux par la convention, et dans une éloquente prosopopée il montra les auteurs de ces lois, de retour dans leurs foyers, en butte à l'indignation des familles mutilées par eux, et recevant d'elles cet arrêt trop juste : « Tu <<< as proscrit sans entendre les réclamations indi

teurs. Cependant chaque jour voyait augmenter son influence sur l'assemblée. Nommé secrétaire, il répondit victorieusement en cette qualité (29 mai 1797) au député Hardi, qui taxait le bureau de partialité dans la désignation des commissions; il lui reprocha d'avoir, lorsqu'il siégeait lui-même au bureau, tenu la conduite qu'il attaquait dans les autres. Henri Larivière, élevé ensuite à la présidence, montra quelquefois de la partialité, notamment dans la discussion relative au serment des prètres, où il affirma, au milieu des réclamations les plus vives, que le projet qui les exemptait de toute déclaration était adopté. Le lendemain il lui fallut soumettre la question à l'appel nominal, et le résultat du scrutin donna une décision toute contraire, qui fut accueillie aux cris de Vive la république ! Il dénonça peu de temps après les opérations du directoire, parla du danger de la patrie, de la marche des troupes vers Paris et de l'arrivée d'une bande de bri

<< viduelles, tu as proscrit en masse; sois pro- | gands; puis il fit passer à l'ordre du jour sur la de Royer-Collard, qui le nomma proviseur du | arts, consacra exclusivement son burin à re

<< scrit à ton tour: ton titre de membre de la <<< convention est un anathème, comme tu ren<< dis le nom de prêtre un titre à la proscrip«tion. » La discussion s'étant engagée de nouveau le 1er novembre, sur la loi du 3 brumaire, Henri Larivière eut une vive altercation avec Legot; la séance en fut troublée, et les cris: A l'Abbaye! furent proférés contre les deux députés. Le lendemain, après que l'assemblée eut prononcé le maintien de l'article 1er de cette loi, à l'égard des parents ou alliés d'émigrés, Larivière demanda que, conséquente à ses principes, elle arrétat la même disposition à l'égard de tous les hommes mis en jugement pour délits révolutionnaires. Il revint encore sur l'exception en faveur de Barras, et attaqua de nouveau ce directeur. Le 8 décembre, en appuyant le projet de Pastoret, relatif à la liberté de la presse, il s'étonna que des hommes d'État s'alarmassent de quelques pamphlets calomnieux, et répondit aux orateurs qui avaient jeté des doutes sur l'esprit public que le royalisme, dont on faisait tant de bruit, n'existait nulle part dans la république; déclaration qui excita de vives réclamations du côté gauche, et à laquelle sans doute Larivière, tout le premier, n'avait pas une foi bien vive. Lors de la conspiration royaliste de la Vilheurnois, Brotier et Duverne de Presle, il s'opposa à l'impression du discours de Lamarque, qui avait montré toute l'importance de cette affaire, et s'attacha à prouver que ce complot ne devait être regardé que comme un jeu. Cette assertion, suivie de l'apologie des royalistes, excita un si violent tumulte, qu'après une longue lutte avec ses interrupteurs Larivière fut obligé de quitter la tribune. Le lendemain, des murmures ayant encore interrompu Dumolard, qui demandait que les royalistes de d'Orléans ne fussent pas plus épargnés que ceux de Louis XVIII, Larivière invoqua la liberté de la tribune, et s'éleva contre la tyrannie des interrup

proposition de Tallien, tendant à créer unejcommission chargée de présenter des mesures politiques et législatives. Un autre jour, il annonça que le directoire allait appeler à un emploi considérable l'ancien ministre de la justice Garat, qu'il accusa d'être complice des massacres de septembre. Enfin, au plus fort de la lutte entre le directoire et les deux conseils, alors que le recours aux armes et à un coup d'État paraissait inévitable, il appuya vivement toutes les mesures proposées par Pichegru pour donner au corps législatif une force indépendante du pouvoir exécutif. Mais la journée du 18 fructidor (4 septembre 1797) assura le triomphe du directoire, et Larivière fut inscrit un des premiers sur les listes de déportation dressées par le parti vainqueur. Deux jours après, on publia dans le Moniteur des notes tirées des pièces de la conspiration de Brotier, dans lesquelles il était signalé comme étant digne de la confiance des royalistes. Proscrit pour la seconde fois, il se déroba à la déportation par une prompte fuite. Il se retira d'abord en Allemagne, avec sa femme et ses enfants. Il ne voulut pas rentrer en France à l'époque où Bonaparte devint premier consul, et passa en Angleterre, où il reçut du comte d'Artois l'accueil que lui méritaient les services qu'il s'était efforcé de rendre à la cause royale (1). On lui confia plusieurs opérations que les relations intimes qu'il avait conservées avec des personnes influentes dans l'intérieur de la France lui permirent d'en

(1) Dans une notice sur Henri Larivière, M. de Frasans attribue à ce député le mérite d'avoir conçu le projet de délivrer de la tour du Temple madame la duchesse d'Angoulême, et d'avoir, dans un comité du conseil des Cinq-Cents, fait la motion de charger le Directoire de négocier l'échange de cette princesse contre Beurnonville, Maret, Sémonville, Camus, Quinette, Bancal et Lamarque, retenus prisonniers en Autriche. Les jacobins de la convention s'élevèrent vivement contre cette proposition; mais Larivière s'écria qu'il allait la faire hautement à la séance publique des Cinq-Cents. La discussion cessa tout aussitôt la proposition adoptée fut transmise au Directoire, et, comme on sait, l'échange eut lieu.

treprendre, et il s'en acquitta à la satisfaction du prince. Le révolutionnaire Méhée, en apparence proscrit par Bonaparte, mais ayant réellement une mission de la police, chercha, sous prétexte de servir les Bourbons, à avoir des conférences avec Larivière et Bertrand-Moleville. Le premier fut chargé par le prince d'examiner le parti qu'on pourrait tirer de Méhée, et il s'aperçut bientôt que ce n'était qu'un traître. Bonaparte, parvenu au trône impérial, fit offrir à Larivière la place de conseiller d'État; mais, inébranlable dans l'attachement qu'il avait voué aux Bourbons, il refusa. Son exil se prolongea jusqu'en 1814, époque de la première restauration. Il fut alors nommé avocat général à la cour de cassation. Quelques jours après, la révolution des centjours le força de repasser en Angleterre. A la seconde rentrée du roi, il reprit ses fonctions d'avocat général, et, dans ce temps difficile, il exerça le ministère public avec beaucoup de modération et d'impartialité. Appelé en 1818 à siéger comme conseiller à la même cour, il continua de s'honorer par son intégrité, son aptitude et son assiduité. Il eut en 1819 à soutenir un procès scandaleux contre Fauche-Borel, qu'il gagna. Après la révolution de 1830, il refusa de prêter serment au nouveau roi, et cessa de faire partie de la cour de cassation. Il se retira d'abord en Angleterre avec sa famille; mais le climat de ce pays ne convenant plus à sa santé, il partit pour Nice, en 1833, d'où, après un séjour de peu de mois, il se rendit à Florence, où il résida jusqu'en 1837. Alors il fut obligé de revenir à Paris pour sauver quelques débris de sa modique fortune. Il s'était rendu de nouveau à Londres, lorsqu'il fut surpris par la maladie dont il mourut le 3 novembre 1838. On a de lui, outre un grand nombre de rapports, d'opinions, et quelques réquisitoires imprimés: 1o Lettre à MM. les députés composant le comité des finances dans l'assemblée nationale, Paris, 1789, in-8°; 2° Palladium de la constitution politique, ou Régénération morale de la France, Paris, 1790, in-8°; 3o l'Heureuse Nation, ou Relation du gouvernement des Féliciens, peuple souverainement libre et heureux sous l'empire absolu de ses lois, 1790. Il a fait insérer quelques morceaux de poésie dans divers ouvrages périodiques. D-R-R.

LARIVIÈRE (PIERRE-FRANÇOIŞ-TOUSSAINT) naquit à Séez (Orne), le 13 octobre 1762. Grand vicaire en 1790, il adopta les principes de la révolution; et, se livrant à l'enseignement, il fut un des professeurs de l'école centrale du Calvados. Ce ne fut qu'en 1818 que la nouvelle université appela Larivière à une chaire de philosophie, à Clermont. Pendant une année il suppléa, à Paris, le savant Laromiguière, ou, pour parler plus exactement, il remplaça Thurot, qui depuis quelque temps suppléait ce professeur, et il s'acquit, par la publication du précis de son cours, l'estime

collége d'Orléans. Cet établissement, tombé en décadence, était très-endetté par suite d'une mauvaise gestion; Larivière releva ce collége pour les études comme pour le temporel durant les sept années qu'il l'administra. Sous le ministère de Frayssinous, on exigea de lui sa démission. Larivière menaça d'en appeler à l'opinion publique, et il fut envoyé en 1827 inspecteur d'académie à Strasbourg. Dans le cours des vacances de 1829, il mourut à Montargis le 30 octobre. Secrétaire pendant quinze ans de l'académie des sciences et belles-lettres de Caen, il a publié trois volumes des Mémoires de cette compagnie. On a de lui: 1o Grammaire élémentaire latine-française; 20 Nouvelle Logique classique. Il a laissé en manuscrit un ouvrage sur la réforme de l'Univer

sité.

Z.

LARMESSIN père (NICOLAS DE), dessinateur et graveur au burin, naquit à Paris vers l'année 1640. Les particularités de sa vie sont ignorées, ainsi que l'époque de sa mort: il n'est connu que par une grande quantité de portraits d'hommes illustres, qu'il a gravés avec un talent assez remarquable pour lui mériter d'être placé parmi les meilleurs graveurs de portraits du second ordre. Son burin n'est pas dépourvu d'agrément. Les Augustes Représentations de tous les rois de France, depuis Pharamond jusqu'à Louis le Grand, sont gravées par Larmessin, Paris, 1688, in-4°. Les trois quarts des portraits insérés dans l'Académie des sciences et arts, de Bullart, sont aussi de Larmessin; ils sont marqués ou de son nom entier, ou de son monogramme, ou des lettres N. D. L. On recherche principalement de cet artiste les portraits de Balthasar Moret, de Jean de Guttenberg, de Laurent Coster, de Paul Manuce, du duc d'Orléans frère de Louis XIV, de la princesse Henriette d'Angleterre sa femme, de la Reynie, lieutenant de police, et de la duchesse de la Vallière en habit de religieuse, avec la date de 1674. - Nicolas DE LARMESSIN, son fils, né en 1685, apprit de lui les principes de son art et le surpassa bientôt. Il a gravé, avec un égal succès, le portrait et l'histoire. En 1730, il exécuta, pour ses morceaux de réception à l'Académie, les portraits de Guillaume Coustou, sculpteur, d'après Jean de Lion, et celui de Hallé, peintre, d'après Legros. Ses gravures se faisaient remarquer par une extrême propreté, et ne laissaient désirer qu'un peu plus de soin et d'étude dans les extrémités. Le célèbre amateur Crozat le choisit pour l'exécution d'une partie des gravures qu'il a publiées sous le titre de Recueil de Crozat. Les planches que Larmessin a gravées pour cet ouvrage sont : les portraits de Raphaël et du Pontorme; celui de Carondelet; du cardinal Polus; un St-Michel; deux St-Georges; St-Jean l'évangéliste et trois autres tableaux d'après Raphaël, etc. Après la publication de ces planches, Larmessin, entraîné par le mauvais goût introduit à cette époque dans les

1

produire les frivoles productions des Watteau, des | chevêque de cette ville. Mais Bianconi, ayant

Lancret et des Boucher. Il mourut en 1755, avec le titre de graveur du roi. On a remarqué que sa naissance, son mariage et sa mort dataient tous du 28 février. P-s.

LAROCHE. Voyez ROCHE.

LAROCHE (ANTOINE DE), navigateur français, qui, étant au service de l'Angleterre, revenait, au mois de mai 1675, de l'île de Chiloé, doubla le cap Horn, et voulut rentrer dans l'océan Atlantique, méridional par le détroit de Lemaire; car on ignorait à cette époque que la mer fût ouverte à l'est de la ferre des États. Les vents de l'ouest étaient si violents et les courantş şi rapides que Laroche fut porté dans l'est sans pouvoir se rapprocher des terres qui forment le détroit de Magellan. Le mois de mai était déjà avancé, l'hiver de ces climats commençait, et Laroche désespérait de sa navigation. Ses inquiétudes s'accrurent encore lorsqu'il aperçut devant lui, à l'est, une terre inconnue. Après bien des efforts, il parvint à gagner une baie, où il mouilla près d'une pointe qui s'étendait au sud-est, et où la mer était profonde. Il distingua vers la côte des montagnes couvertes de neige, et fut exposé à des vents trèsorageux. Au bout de quatorze jours, le temps s'étant éclairci, il reconnut qu'il était ancré à une des extrémités de cette terre, et il découvrit au sud-est et au sud d'autres terres hautes, couvertes de neige. Un vent favorable lui permit d'appareiller et de reconnaître le canal dans lequel il se trouvait. Ayant fait route au nord-ouest pendant vingt-quatre heures, un coup de vent impétueux du sud le força de courir au nord pendant trois jours, jusqu'au quarante-sixième degré de latitude australe. La tempète se calma, et Laroche, se dirigeant au nord, rencontra, par les quarantecinq degrés, une terre qu'il représente comme fort grande, agréable à la vue, et ayant à sa côte orientale un bon port, où il se procura de l'eau, du bois et du poisson. Il y passa six jours sans voir un seul habitant, et observant la déclinaison de l'aiguille aimantée. De là, il serendit à la baie de Tous-les-Saints au Brésil, Ces détails sont extraits

dé l'ouvrage de Seixas y Lovera, intitulé Descripcion geographica de la region Magellanica. Une section de ce livre porte ce titre: De la découverte faite par Antoine de Laroche d'un autre passage nouveau de la mer du Nord dans la mer du Sud. Les écrivains qui se sont occupés de l'histoire des découvertes géographiques ont pensé que la grande île de Laroche était la même terre vue par Duclos-Guyot, de St-Malo, en juin 1756, qu'il nomma l'ile St-Pierre, et que Cook nomma Géorgie australe en 1772. E-s.

LAROCHE (MARIE-SOPHIE), romancier allemand, une des femmes les plus spirituelles de son temps, née à Kaufburen, le 6 décembre 1731, était fille du savant médecin Gutermann. Elle fut élevée à Augsbourg, et on la fiança de bonne heure à un médecin italien, Bianconi, attaché au prince-ar

exigé que tous ses enfants fussent élevés dans la religion catholique, le mariage n'eut pas lieu; et, devenue libre, la jeune Sophie Gutermann se livra tout entière à son goût pour la littérature et les arts. Elle alla se fixer, avec son frère et deux de ses sœurs, à Biberach, dans la maison de son père, qui était alors sénateur et directeur de l'hôpital. Après la mort de celui-ci, arrivée en 1750, elle se plaça sous la protection littéraire du prédicateur Wieland, père du célèbre auteur de ce nom, et fut même sur le point de l'épouser. Mais un léger refroidissement étant survenu entre eux, Marie Gutermann accepta, en 1760, la main de Laroche, conseiller de cour (Hofrath) à Mayence, et administrateur des biens Stadion. Laroche n'était pas d'accord d'opinions avec sa femme; il avait composé sur l'état monastique des lettres qui lui déplurent et furent l'occasion de leur séparation, bien qu'ils aient continué d'habiter la même ville, Spire d'abord, puis Offenbach, où Laroche mourut en 1789. Sophie Laroche se consacra alors librement aux lettres, dans lesquelles elle avait débuté avec succès, en 1771, par l'Histoire de mademoiselle de Sternheim, qui a paru à Leipsick par les soins de Wieland. En 1779, elle donna, dans la même ville, les Lettres de Rosalie, et en 1782 les Récits moraux (Moralische Erzählungen), qui furent suivis, en 1795, de Belle Image de la résignation, et en 1806 des Chants d'été de Mélusine, qui ont été publiés par Wieland, composés dans le goût de Richardson. Les romans et les histoires familières de Sophie Laroche manquent d'invention et de mouvement; mais ils se font remarquer par une profonde connaissance du cœur humain, par la noblesse et la simplicité du style. Plusieurs, avant d'être réunis en volumes, avait paru dans le recueil l'Hermès. Sophie Laroche, dont la réputation de beauté égalait le renom littéraire, est morte le 18 février 1807. Z.

LAROCHE (BENJAMIN), littérateur français, né vers 1795, s'est d'abord fait connaître par des brochures politiques, notamment le Cri des patriotes français sur la loi des élections, Paris, 1819; Lettres de M. Grégoire, ancien évêque de Blois, à M. le duc de Richelieu et à M. Guizot, Paris, 1820. Très-versé dans la connaissance de la langue anglaise, Benjamin Laroche se consacra ensuite presque exclusivement à faire passer dans notre langue des monuments de la littérature anglaise. Après avoir traduit, en 1820, la Fenêtre du grenier de mon oncle, roman de Lewis, et quelques voyages, et publié la traduction de divers articles des revues anglaises, notamment de la brochure de H. Parnell sur la réforme financière en Angleterre, il entreprit de traduire des ouvrages plus étendus: les œuvres de Canning, 1827; la Déontologie, de Bentham, Paris, 1834. Il commença une traduction des œuvres complètes de Walter Scott en 1834, et fit paraître en 1837 la traduction de deux romans de Fenimore Cooper (le Pilote, la

où il écrivait, et elles n'ont pu le sauver de l'ou-
bli.
C-R-E.

Prairie). Sa traduction des Œuvres de Sheridan | lités n'étaient plus remarquables à l'époque eut deux éditions (1841 et 1844). Ses deux ouvrages les plus estimés sont la traduction des Euvres complètes de lord Byron, dont il parut cinq éditions de 1837 à 1842, et celle de Shakspeare, imprimée en 1844, dans le Panthéon littéraire, et qui a paru depuis séparément. Laroche est mort en 1852. D'abord partisan de la méthode Jacotot, il a publié, en 1829, deux brochures pour sa défense; plus tard, il obtint au concours le titre de professeur d'anglais dans les lycées. Il a été un des rédacteurs principaux de la Revue britannique, et a donné, en outre, un grand nombre d'autres traductions de l'anglais.

2-м.

LAROCHE FONTAINE. Voyez Jacques FONTAINE

DE LA ROCHE.

LAROCHEFOUCAULD. Voyez ROCHEFOUCAULD.
LAROCHELLE. Voyez ROCHELLE.

LAROCQUE (S.-G. DE), qui écrivait sous Henri IV et entretenait commerce de vers avec Florent Chrétien, précepteur de ce prince, le cardinal Duperron et Philippe Desportes, a été omis dans presque tous les dictionnaires. C'était un gentilhomme probablement seigneur ou du moins natif du village d'Agnetz, près de Clermont en Beauvoisis. On conjecture, d'après un de ses sonnets, qu'il était né vers 1550, avait porté les armes et fait d'assez longs voyages sur terre et sur mer.

LAROMIGUIÈRE (PIERRE), l'un des philosophes et des écrivains français du 19e siècle les plus distingués, reçut le jour à Lévignac-le-Haut (Aveyron), le 3 novembre 1756. Il fit ses premières études sous les PP. de la Doctrine au collége de Villefranche-sur-l'Aveyron. L'élève ne tarda pas à prendre rang parmi ses maîtres. De dix-sept à vingt ans il professa successivement la cinquième, la quatrième et la seconde aux colléges de Moissac et de Lavaur, puis la troisième au collége plus considérable de l'Esquille, à Toulouse. L'étude de la grammaire, si elle est bien faite, est déjà de la philosophie, et porte naturellement à des recherches plus spéciales sur les facultés intellectuelles et sur leurs produits divers. Elle conduisit Laromiguière à l'enseignement plus élevé de la philosophie, qui comprenait alors, indépendamment de la logique, de la métaphysique et de la morale, les mathématiques et la physique. Depuis 1777 Laromiguière fut donc chargé de cette partie de l'instruction publique dans les établissements de son ordre à Carcassonne, à Tarbes, à l'école militaire de la Flèche et à Toulouse. Déjà en 1793, dans son Projet d'éléments métaphysiques, devenu fort rare, se révèle le germe de la théorie sur l'ori

Ce fut sans doute à la suite de Henri d'Angou-gine et la cause de nos idées, théorie qui devait

lème, grand prieur et amiral de France, et gouverneur de la Provence, dont il était gentilhomme en même temps que Malherbe. Plus tard, il s'attacha à la reine Marguerite, et la Vie de Malherbe, attribuée à Racan, dit qu'il mourut à la suite de cette princesse, par conséquent avant 1615. Ses poésies, imprimées à Rouen en 1594 par parties détachées, furent réunies, avec la date de 1595, sous le titre de : Premières OŒuvres du sieur de Larocque, de Clermont en Beauvoisis. Ce recueil, format in-18, contient : 1o les Amours de Phyllis; 2o les Amours de Carithée; 3o la Continuation d'Angélique d'Arioste; 4o les Heureuses Amours. de Cloridan; 5o les Œuvres chrétiennes. Une édition, plus complète sans doute, puisqu'elle était divisée en six parties, parut à Rouen en 1599 et 1600; elle est citée dans les Jugements des savants de Baillet, et, d'après eux, par Moréri. Enfin une dernière édition, avec épître dédicatoire à la reine Marguerite, fut donnée à Paris en 1609, in-12. St-Marc, dans la Table raisonnée des poésies de

faire l'objet des fameuses leçons de 1811. Il y est dit en effet, par allusion à un mot célèbre de Descartes : « Donnez-moi le sentiment et l'activité, « et je ferai le monde intellectuel. >>> Disciple des maîtres de la pensée et de la parole au 18o siècle, Laromiguière avait l'âme trop généreuse pour ne pas épouser les doctrines de la révolution, mais il était trop sage en même temps pour approuver les excès de la démagogie. Il encourut les censures du parlement de Toulouse pour avoir fait soutenir dans un exercice public la thèse suivante, peu d'accord avec les maximes héréditaires de Louis XIV : Non datur jus proprietatis quoties tributa ex arbitrio exiguntur (Il n'y a plus de droit de propriété si les impôts sont exigés arbitrairement). Mais les temps de l'omnipotence royale et des abus parlementaires étaient passés; bientôt après même, la convocation des états généraux donna raison au professeur censuré. L'assemblée constituante, en abolissant les vœux monastiques et en supprimant les congré

Malherbe, fait l'éloge de la versification de La-gations religieuses par son décret du 16 février

rocque, et cite cette édition, qui est encore rappelée, ainsi que quelques pièces de l'auteur, dans le recueil intitulé les Poëtes français jusqu'à Malherbe, Paris, Crapelet, 1824, 6 vol. in-8°. Bien que Larocque se soit essayé en plusieurs genres de poésie, sonnets, stances, chansons, épîtres, élégies, poëmes, cantiques, il n'en montre pas plus de variété. Chez lui tout est monotone et languissant, les idées comme la diction. Du reste, il avait de la facilité et du nombre; mais déjà ses qua

XXIII.

1790, rendit à Laromiguière une liberté extérieure qu'il ne semblait pas avoir regrettée, mais qu'il accepta des circonstances avec d'autant moins de peine que sa vie studieuse et paisible s'en trouva plus dérangée que changée: oubliant l'agitation des esprits, et croyant à un recueillement possible encore autour de lui comme au dedans de lui, il ouvre un cours libre de philosophie à Toulouse. Il entreprend un long traité de métaphysique dont il publie les deux premiers

35

livres, le cinquième du tout, en 1793. Mais si le cours eut peu d'auditeurs, le livre n'eut pas beaucoup de lecteurs. Il ne passa pourtant pas inaperçu: malgré la défaveur du temps, quelques intelligences d'élite s'occupaient encore des idées éternelles, si facilement perdues de vue lorsque des événements graves viennent agiter les passions humaines. Sieyès, esprit organisateur, fut frappé du mérite de cet ouvrage, et songea dès lors à faire venir Laromiguière à Paris. Il l'y appela en 1795, lors du rétablissement des études. L'auteur des Eléments de métaphysique prit rang à l'école normale où professaient avec éclat Bernardin de St-Pierre, Volney, la Harpe et Garat. Un élève qui depuis longtemps avait été un maître distingué ne pouvait guère accepter d'une manière toute passive un enseignement sur des sujets qui lui étaient familiers: il adressa un jour à Garat, chargé du cours de philosophie, des observations aussi judicieuses que bien écrites. Garat en fut si frappé qu'il ouvrit sa leçon du lendemain par ces mots : « Il y a quelqu'un dans << cette enceinte qui devrait être à ma place. >>> Laromiguière, qui avait gardé l'anonyme, ne prit pas la place de Garat, mais il fut nommé professeur de logique à l'école centrale de Paris, où il eut pour collègues Fontanes, Delille, Marmontel, Ducis, Sicard, Dupont de Nemours, Gaillard, Rederer, Cabanis, Saussure, etc. Le souvenir favorable qu'avait laissé son livre, le succès de son cours, le firent nommer membre associé non résidant de l'Institut, Académie des sciences morales et politiques, qui s'organisait en l'an 4. Il publia dans les mémoires de la compagnie deux mémoires: 1o Analyse des sensations, et la Détermination du mot idée (16 août 1796). A la suite du 18 brumaire, Laromiguière, qui eût pu être sénateur, préféra les fonctions politiques de membre du tribunat, plus d'accord avec ses principes et sa dignité. Mais son opposition, quoique calme et raisonnée, ne fut pas du goût du pouvoir; et le philosophe, ainsi que plusieurs autres tribuns ou sénateurs de ses amis, tels que Destutt de Tracy, Chénier, Garat, Andrieux, Daunou, Jacquemont, Ginguené, Thurot, Benjamin Constant, furent écartés lors du renouvellement légal d'un cinquième du tribunat, et ne furent pas rendus plus tard aux fonctions politiques. C'est à la suite de ces épurations qu'ils formèrent la célèbre société d'Auteuil de ce temps-là; elle continuait celle d'Helvétius, dont elle occupait aussi la maison. Cette société, qui tint un peu après ses réunions dans la rue du Bac, se composait en grande partie de membres de l'Académie des sciences mora

les et politiques, tous un peu marqués au coin de ces idéologues dont le défaut de souplesse entraîna la suppression de cette classe de l'Institut, et la dispersion de ses membres dans les autres classes de ce corps savant. Laromiguière se laissa convertir en membre de la classe de l'histoire et de la littérature ancienne, et ne protesta contre cette

métamorphose que par une absence régulière, se bornant à philosopher solitairement dans sa bibliothèquę du prytanée, devenue celle de l'université ou de la Sorbonne, et dont il resta conservateur jusqu'à sa mort. C'est pendant cette période de silence qu'il voulut tâter de nouveau l'esprit du public sur la pensée fondamentale de la langue du calcul, qu'une science n'est qu'une langue bien faite; ce qui permet alors de traiter, de composer et de décomposer toute espèce d'idées par le traitement même des mots qui les expriment, comme on traite les idées de quantité par une sorte de manipulation des signes algébriques ou autres qui les représentent. Mais les Paradoxes de Condillac, où l'auteur, feignant d'abord d'être contre Condillac, finit habilement et par une transition insensible par étre pour, ne persuadèrent pas le public; et tout en rendant justice au mérite éminent de l'avocat, on prononça suffisamment contre lui en ne se déclarant pas pour lui. Il fut plus heureux dans la défense d'une autre cause bien plus importante, celle de l'enseignement de la philosophie dans l'université. Cette branche des études avait d'abord été omise dans le plan primitif de l'organisation de l'enseignement public. Laromiguière, dans une lettre admirable, fait ressortir si éloquemment les inconvénients de cette omission, qu'il ramène l'auteur du projet, Footanes, à un avis contraire. Celui qui avait fait prévaloir une idée aussi saine méritait, à tous les titres, d'être honoré de la noble et délicate mission d'enseigner à la jeunesse française à connaître l'homme, Dieu, le monde, par la connaissance de soi-même. Aussi fut-il nommé professeur de philosophie à l'école normale et à la Faculté des lettres de Paris. Son enseignement excita le plus vif intérèt; des idées nouvelles, une méthode nouvelle, un langage nouveau dans la science, puisque c'était celui de tout le monde, un talent incomparable de diction, une grâce, une finesse inconnues jusque-là dans nos chaires: tout était fait pour donner au cours de Laromiguière une vogue durable, un intérêt qui a survécu à la parole du professeur, et qui se conçoit bien encore à la simple lecture des Leçons de philosophie. Ces leçons écrites sont l'expression généralement très-fidèle des leçons parlées; elles en reproduisent le caractère dramatique, les incidents, la vie enfin. Si ce beau livre, arrivé à sa septième édition (1), et que les soins d'une amitié

(1) Les Leçons de philosophie, adoptées en fait dès l'origine par l'université, furent mises au nombre des livres classiques par un arrêté du conseil royal de l'instruction publique du 16 juillet 1844, et furent en conséquence ajoutées à la liste dressée le 12 août 1844. La première édition des Leçons parut de 1815 à 1818; les suivantes en 1820, 1823, 1826, 1833, 1844, 1858. La dernière édition contient de plus que les autres: 1o un Discours sur l'identité dans le raisonnement, discours qui avait paru pour la première fois dans le Journal de la Langue française en 1819; 2o le Discours sur le raisonnement à l'occasion de la langue des calculs, publié d'abord, sous le titre de Paradoxes de Condillac, en 1805, puis en 1825; 3o une note de l'auteur, placée à la suite de la Langue des calculs de Condillac; 4o des fragments de l'Art de penser et de la Langue des calculs du même; 5o le Discours de la Méthode de Descartes; 6o des

« AnteriorContinuar »