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organique de l'univers, Paris, 1809, 2 vol. in-8°. | marlière avec quelque désordre; ce qu'il y a de

La Mardelle mourut le 19 janvier 1813. Nous citerons un seul des traits qui honorèrent sa vie publique, et dont la preuve légale existe. La comtesse D....y lui ayant laissé par son testament deux cent mille francs, pour des services essentiels qu'il lui avait rendus, il écrivit à son mari: « Les services de l'amitié ne se payent point avec « de l'argent; je n'accepte point ce legs. » D-u. LAMARE. Voyez MARE.

LAMARE (GUILLAUME DE), né à Paris en 1664, et mort dans cette ville en 1747, fut curé de StBenoît et ensuite chanoine de Notre-Dame. Il est auteur de plusieurs ouvrages estimables et très-répandus, entre autres: Epitres et Evangiles pour les dimanches et fêtes, avec de courtes réflexions, 1 vol. in-8°, imprimé en 1714, et qui a eu plus de cinquante éditions; la dernière est de 1824. (Voy. la France catholique, 1825, chronologie historique des curés de St-Benoît, par l'abbé Bruté.) Z.

LAMARLIÈRE (ANTOINE-NICOLAS, comte DE), général français, issu d'une noble et illustre famille d'Écosse, dont les ancêtres suivirent la fortune du roi Jacques II, lorsque ce prince se réfugia en France, naquit à Crépy, près de Meaux, en 1746, et fut destiné dès l'enfance à la carrière des armes. Entré comme élève à l'école militaire en 1756, il fut nommé six ans après sous-lieutenant dans le régiment du Dauphin, dans lequel il fit les dernières campagnes de la guerre de sept ans, en Allemagne. Blessé à l'attaque du fort de Hamm, en Westphalie, il passa comme lieutenant dans le régiment du Perche; devint major des grenadiers royaux en 1769, et fit la campagne de Corse de cette année sous le maréchal de Vaux. Dix ans plus tard, il fut nommé lieutenant du roi et commandant de la ville et citadelle de Montpellier, emploi qu'il conserva jusqu'à la révolution de 1789. S'étant alors montré partisan des innovations, et n'ayant par conséquent pas émigré, il obtint en 1791 le commandement du 14o régiment d'infanterie, puis le grade de maréchal de camp. Ce fut en cette qualité qu'il fit entrer neuf bataillons d'infanterie dans Lille assiégée par les Autrichiens, dans le mois de septembre 1792, et qu'il eut part avec le général Ruault à la défense de cette place. Après avoir pris la citadelle d'Anvers, le 18 novembre 1792, il commanda l'avant-garde de Miranda sur la Meuse, et partit de Ruremonde pour faire une invasion dans la Gueldre prussienne, afin de mettre ce pays à contribution. Dumouriez prétend, dans ses Mémoires, que cette opération fut exécutée légèrement, et qu'au lieu de huit millions de contributions, dont il devait frapper ce pays, il n'obtint guère que le quart de cette somme. Quoi qu'il en soit, Lamarlière était à peine revenu sur la Meuse que le corps de Miranda fut obligé de lever le siége de Maëstricht et de se retirer en toute hâte. Il paraît que cette retraite fut exécutée par la division de La

sûr, c'est qu'il fut dénoncé pour cela au ministère de la guerre par le capitaine Dejean (voy. ce nom), qui ne craignit pas de lui reprocher en face qu'il avait plus songé à sauver ses équipages que ses troupes. Lors de la défection de Dumouriez, qui eut lieu un peu plus tard (avril 1795), Lamarlière, à l'exemple de Dampierre, se sépara de lui pour se réunir aux commissaires de la convention nationale, lesquels lui donnèrent le commandement d'une division. Dumouriez fut très-mécontent de cette conduite, et dans ses Mémoires, il traite fort mal Lamarlière, qui, dit-il, ayant été chargé par Valence de conduire ses chevaux et ses équipages à Tournai, ajouta la friponnerie à la scélératesse, et s'appropria l'un et l'autre en se rendant à Valenciennes auprès des délégués de la convention, qui le nommèrent aussitôt général de division, et lui donnèrent le commandement d'un corps d'armée. Il combattit alors sous Dampierre dans plusieurs occasions, notamment à l'affaire meurtrière de Reymes, où le général en chef fut tué. Le 24 mai, Lamarlière battit les Hollandais à Roubaix et à Turcoing; puis on l'envoya à Lille pour prendre le commandement de cette place, où il fut ensuite dénoncé comme noble et complice de Dumouriez par un protégé de Robespierre, nommé Lavalette. Poursuivi plus tard par Robespierre lui-même, il fut décrété d'accusation à la suite d'un rapport du comité de salut public, où l'on eut l'indignité de produire la lettre d'un émigré adressée à une femme inconnue, et d'après laquelle il aurait permis à cet émigré d'entrer dans la place de Lille. Traduit sur ce chef d'accusation ridicule au tribunal révolutionnaire, il fut condamné à mort le 25 novembre 1793. Au moment où il allait paraître devant le sanglant tribunal, le député Duhem, qui l'avait connu au siége de Lille, et qui lui portait intérêt, ayant couru après Robespierre dans la rue, pour le solliciter en sa faveur, n'en reçut que cette froide réponse : Je ne me mêle pas de ces choses. M-Dj.

LAMARQUE (FRANÇOIS), conventionnel, était né dans le Périgord vers 1755, et fut reçu avocat au parlement de Paris en 1785. Une consultation qu'il fit alors en faveur de la province du Bourbonnais, et qui fut signée par Tronchet, Target, et d'autres avocats célèbres, lui fit une réputa-: lion. Ayant, comme la plupart des hommes de son ordre, embrassé la cause de la révolution, il fut nommé juge au tribunal du district de Périgueux en 1790, et l'année suivante député du département de la Dordogne à l'assemblée législative. Il commença à se faire connaître dans cette assemblée par des travaux sur l'ordre judi- 1 ciaire, et ensuite par des motions contre les émigrés, dont il proposa, dès le 21 janvier 1792, de séquestrer les biens, disant que c'était à ceux qui provoquaient la guerre d'en supporter les frais, et que ceux qui défendaient la patrie devaient

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du Spielberg. A cette époque, l'Autriche consentit à les échanger contre la princesse fille de Louis XVI. Lamarque entra alors au conseil des cinq-cents, où il reprit bientôt son système de diffamation contre la royauté, et on l'y vit se dédommager par de violents discours du silence qu'il avait été contraint de garder si longtemps. Nommé l'un des secrétaires du conseil avec Bancal, Quinette et Drouet, le 23 janvier 1796, il déclara qu'il regardait comme ennemi de la république quiconque provoquerait la suppression des associations de citoyens. A cette occasion, il attaqua vivement le royalisme, dont plusieurs de ses collègues niaient l'existence, et il soutint que le système d'anarchie était imaginaire. Dans le mois de septembre suivant, il présenta une motion sur l'instruction publique et l'enseignement des langues vivantes, pour lesquelles il réclama, contre l'avis de Mercier, l'institution de chaires publiques et gratuites. C'est à ce sujet qu'il se livra à une discussion véritablement curieuse sur l'origine des langues. Plus tard, il prononça un discours en faveur de la loi du 5 brumaire, qui excluait les nobles et parents d'émigrés des fonetions publiques, et il invoqua une amnistie générale et absolue, parlant dans l'intérêt de Barère, auquel il aurait surtout désiré la faire étendre. Il se déclara fortement, le 28 décembre, contre toute atteinte à la liberté de la presse, et vota néanmoins pour le projet de Daunou, relatif à la calomnie. Il fit ensuite ordonner un rapport sur les prètres réfractaires. Le 4 février 1797, il se livra à une nouvelle sortie contre le royalisme, et soutint qu'il résultait des pièces de la conspiration de Lavilleurnoy que ses complices n'étaient pas de la faction d'Orléans, mais bien des agents de Louis XVIII, des Anglais, des émigrés et des Autrichiens. Il fut élu président le 20 avril; puis il demanda, pour amener le rappel de son ami Barère, que toutes les lois inconstitutionnelles fussent abolies. II s'éleva peu après contre le libre exercice des cultes, rappela les crimes commis au nom de la religion, et s'efforça de faire soumettre à un nouveau serment les prétres catholiques. Il fut, à cette époque, un des plus ardents défenseurs du directoire dans sa lutte avec les conseils, et s'opposa, dans la séance du 10 août, à l'adoption des propositions de Bailly, tendantes à faire examiner la conduite du directoire relativement à la marche des troupes vers Paris et aux adresses des armées. Il eut part ensuite à toutes les attaques du directoire contre le parti clichien, et présida le conseil des cinqcents à l'Odéon, le 18 fructidor an 5 (4 septembre 1797). Peu de jours après cette révolution, il prononça le discours commémoratif de la fondation de la république, vota le 27 novembre en faveur de la successibilité des enfants naturels, demanda des indemnités pour les complices de Babeuf, acquittés par la haute cour de Vendôme,

être indemnisés aux dépens de ses ennemis. Trois jours après il fut élu secrétaire. Le 8 mars suivant, il demanda que le décret de séquestre qu'il avait provoqué ne fût pas soumis au veto du roi, ce qui était une infraction évidente de la constitution. Le 28 juin, il proposa de casser tous les membres des tribunaux, « parce qu'ils n'étaient << pas assez patriotes. » Le 9 août, il pressa l'assemblée de prononcer la déchéance du roi, ce qui a fait croire qu'il était dans le secret de la conspiration; et ce qui le prouve encore davantage, c'est qu'il proposa à l'assemblée de se déclarer en permanence jusqu'à la décision de cette importante question. Le lendemain, au moment où la populace attaquait le château des Tuileries, il fut envoyé avec Carnot et deux autres de ses collègues pour essayer de rétablir l'ordre; mais ils rentrèrent bientôt sans avoir fait beaucoup d'efforts ni couru de grands périls, déclarant qu'ils n'avaient pas pu se faire reconnaître. Cependant Lamarque s'était offert lui-même pour marcher à la tête de cette députation. Il rédigea le lendemain une adresse au peuple, pour lui faire approuver les événements de la grande journée. Le 20 du même mois, il fut chargé d'une autre mission auprès de l'armée de Luckner, et il écrivit de la frontière du Nord que « partout on « trouvait la preuve des trahisons du pouvoir exé« cutif; que Metz était sans canons, et les soldats << sans armes, etc., etc. » A son retour, il devint membre de la convention nationale, et y vota la mort de Louis XVI, de la manière suivante : << Louis est coupable de conspiration; il fut par« jure, il fut traître. Son existence soutient les « espérances des intrigants, les efforts des aristo« crates. La loi a prononcé la peine de mort; je « la prononce aussi, en désirant que cet acte de « justice, qui fixe le sort de la France, soit le << dernier exemple d'un homicide légal. >>> Il rejeta l'appel au peuple et le sursis à l'exécution. Lamarque se montra fort hostile au parti de la Gironde, et défendit, contre Gensonné, la commune de Paris, accusée de faire délibérer la convention sous le couteau. Il entra ensuite au comité de défense générale, et demanda la suspension des procédures commencées contre les auteurs des massacres de septembre; il s'opposa ensuite à ce que le duc d'Orléans fùt compris dans le décret d'expulsion de la famille des Bourbons, et vanta les services rendus par ce prince à la révolution. A la suite d'un rapport sur les pamphlets répandus depuis la mort de Louis XVI, il fit décréter la peine de mort contre les auteurs d'écrits provoquant le retour de la royauté. Au moment de la défection de Dumouriez, il fut envoyé à l'armée du Nord, avec Bancal, ses collègues Camus, Quinette et le ministre de la guerre Beurnonville, afin de le faire arrêter; mais cè général les ayant livrés au prince de Cobourg, ils furent tous détenus par les Autrichiens jusqu'au mois de décembre 1795, dans les cachots | et, le 22 mars 1798, présenta une opinion sur

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l'influence des théâtres, qu'il voulait faire servir, à la régénération des mœurs et de l'esprit républicain. L'époque des nouvelles élections approchait; Lamarque essaya vainement de seconder le parti qu'on désignait alors sous le nom d'anarchique. Il dénonça le 1er mai un libelle contre les élections de la Dordogne; mais, malgré ses soins, le directoire, qu'il avait servi avec tant de chaleur, se montra peu reconnaissant; il vint à bout de faire annuler les élections qui ne lui convenaient pas. Lamarque, bien qu'il eût été nommé dans deux départements, bien qu'on rappelat en sa faveur sa présidence au 18 fructidor, fut du nombre des exclus. On le vit alors donner son adhésion au coup d'État, qui suspendait, selon lui, les droits du peuple, « parce que, dit-il, la ré<< sistance serait inutile, et que l'adhésion pouvait « avoir son utilité. » Et en effet, pour récompense de cette soumission, le directoire le nomma dans le même mois ambassadeur à la cour de Stockholm; mais le roi de Suède, qui n'avait pas les mêmes raisons de le dédommager, et qui ne voulait pas se trouver en présence d'un régicide, lui fit signifier de ne pas mettre le pied dans ses États. Ainsi éconduit, l'ambassadeur s'en revint doucement à Paris, de Hambourg, où il s'était rendu. Réélu au conseil des cinq-cents l'année suivante, on lui permit cette fois d'y entrer, et il fut nommé secrétaire le 20 août. Le triomphe momentané des jacobins, à cette époque, ayant amené de nouveaux projets d'amnistie, Lamarque eut encore occasion de réclamer, mais toujours sans succès, en faveur de Barère. Il vota la suppression du mot haine à l'anarchie dans le serment civique, parce qu'il pensait que c'était pour calomnier la liberté qu'on l'y avait inséré, fit l'éloge du général Joubert, tué à Novi, et le proposa pour modèle aux défenseurs de la patrie. Le 15 août 1799 (28 thermidor an 7), il fit partie d'une commission de sept membres nommés par le conseil des cinq-cents, pour lui présenter des mesures de salut public (les autres membres étaient Chénier, Daunou, Lucien Bonaparte, Eschasseriaux atné, Boulay de la Meurthe et Berlier). Lamarque se prononça dans le même temps contre la licence de la presse, appuya la motion du général Jourdan lorsque celui-ci voulut faire déclarer la patrie en danger, examina s'il était nécessaire d'imprimer une force extraordinaire à la marche constitutionnelle, et si, au lieu de conserver le caractère ministériel et secret, cette force ne devait pas recevoir un caractère national et public. Il vota pour l'affirmative, et rappela Fépoque de 1792, où cette déclaration des dangers de la patrie avait, selon lui, produit les plus grands avantages. Il nia cependant qu'en cette circonstance l'assemblée législative eût voulu amener le renversement de la constitution royale, qu'elle avait fait serment de défendre, ce qui fut démenti par Poultier. Lamarque termina son discours par ces mots : « La liberté ou la mort! >>> XXIII.

Le conseil répéta ce cri, mais ne déclara point la
patrie en danger. Cette résistance paralysa toutes
les manœuvres du parti jacobin, qui rentra dans
une espèce d'inaction, et donna le temps à ses
ennemis de préparer le 18 brumaire. Lamarque
ne fut pas formellement exclu du corps législatif
à cette époque; seulement, il n'y entra point à
sa recomposition; et, en mars 1800, il fut appelé
aux fonctions de préfet du département du Tarn;
puis, en 1804, nommé substitut du procureur
général au tribunal de cassation, qui était alors
Merlin (de Douai); ce qui fit dire aux mauvais
plaisants qu'on avait mis à celui-ci la marque sur
le dos. Il y siégea jusqu'en février 1815, ne fut
pas compris dans la nouvelle organisation de cette
cour ordonnée par le roi, et y fut rétabli par
ordre de Bonaparte après le 20 mars 1815. A l'e-
poque du champ de mai, il présida les colléges
électoraux de la Dordogne, et harangua Napo-
léon en cette qualité. Compris dans la loi contre
les régicides, en 1816, Lamarque se réfugia à
Genève, où il obtint l'autorisation de résider, et
passa de là en Autriche. Revenu en France en
1819 par la faveur du ministre Decazes, il se re-
tira à Montpont; dans la Dordogne, où il de-
meura paisiblement, et mourut au mois d'août
1839.
M-Dj.

LAMARQUE (MAXIMILIEN), général français, naquit à St-Sever, le 22 juillet 1770, fils unique d'une famille fort honorable. Son père, procureur du roi à la sénéchaussée de cette ville, député de sa province aux états généraux de 1789, y fut si peu remarqué qu'on n'en trouve pas la moindre trace dans les journaux ni les mémoires du temps. Le jeune Maximilien venait d'achever de très-bonnes études, lorsque la révolution éclata; il en embrassa la cause avec ardeur, et s'enróla dès le commencement dans un bataillon de volontaires du département des Landes, qui fut employé sur la frontière d'Espagne. Devenu capitaine de grenadiers dans la première campagne, il commanda une compagnie de cette brave troupe qu'on appelait la colonne infernale, sous les ordres du premier grenadier de France, la Tour d'Auvergne. Il trouva là de nombreuses occasions de se distinguer, notamment à l'attaque de Fontarabie, dont il s'empara, à la tête de deux cents hommes, après avoir passé la Bidassoa sous un feu meurtrier, et qui lui enleva plus de la moitié de ses soldats. Avec le reste il fit dixhuit cents prisonniers et s'empara de quatrevingts pièces de canon. Cet exploit eut un grand retentissement; le jeune capitaine fut nommé adjudant général, et chargé de porter les drapeaux pris. sur l'ennemi à la convention nationale, qui, par un décret spécial, déclara qu'il avait bien mérité de la patrie. Lorsque la paix fut conclue avec l'Espagne, Lamarque passa à l'armée du Rhin, où il servit sous les ordres de Moreau et de Dessolles, qui était son compatriote et son ami. Nommé général de brigade en 1801,

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Il assista en cette qualité aux batailles d'Engen, de Moeskirck et de Hohenlinden. Après la paix de Lunéville, il commanda pendant quelques mois une brigade sous les ordres de Leclerc, qu'heureusement il ne suivit pas dans la désastreuse expédition de St-Domingue. Resté sur le continent, et employé dans la grande armée, sous les ordres de Napoléon, il eut part à la glorieuse journée d'Austerlitz, et fut presque aussitôt après envoyé en Italie pour y faire partie de l'armée qui allait envahir le royaume des Deux-Siciles au profit de Joseph Bonaparte. Obligé, pour se rendre à cette destination, de traverser les montagnes du Tyrol, il échappa miraculeusement avec son escorte à la chute d'une avalanche. Attaqué ensuite par la bande du fameux Fra-Diavolo, il lui échappa avec le même bonheur, et concourut en 1807 à la prise de Gaëte. D'autres services lui acquirent l'estime du nouveau roi, qui voulut en faire son aide de camp. Mais, comme il eût fallu pour cela quitter le service de la France, Lamarque s'y refusa. L'empereur le fit alors général de division, et le laissa dans le royaume de Naples, dont il investit bientôt (Joachim Murat en appelant Joseph au trône d'Espagne (1808). Lamarque dirigea avec succès, en cette qualité, plusieurs opérations importantes, notamment celle de Caprée, île fameuse, où Tibère avait bravé les vengeances de Rome et l'indignation du monde. Cette masse de rochers inaccessibles était défendue par une artillerie formidable et deux mille Anglais que commandait le fameux Hudson Lowe, destiné à commander plus tard une, ile non moins célèbre, Lamarque s'embarqua avec seize cents soldats, et, après une navigation très-aventureuse qui dura toute une nuit, il trouva enfin un point de débarquement entre d'immenses rochers, où l'on ne voyait qu'un étroit sentier qui pût conduire au sommet des forts. C'est par là que les soldats de Lamarque montèrent un à un, et que sans tirer un coup de fusil, ils égorgèrent à l'arme blanche tout ce qui se trouva sur leur passage. Ils s'emparèrent ainsi du fort le plus élevé, celui de Ste-Barbe, où ils firent onze cents prisonniers.

néral quitta les États de Naples pour commander une division à l'armée d'Italie sous le prince Eugène Beauharnais. Cette armée, surprise au début de la campagne de 1809, essuya d'abord quelques échecs; mais ensuite le corps de Lamarque obtint des succès décisifs à Villa-Nova, sur la Piave, et surtout à Laybach, où il enleva un camp retranché, fit cinq mille prisonniers et prit soixantecinq pièces de canon. Lorsque l'armée d'Italie se fut réunie à celle que Napoléon commandait luimême sur le Danube, Lamarque fut placé sous les ordres de Macdonald, et il combattit à Engendorf et à Wagram. Dans cette terrible bataille surtout il se couvrit de gloire. Bravant le feu d'une artillerie formidable, il eut quatre chevaux tués sous lui, et vit tomber sa division presque tout entière, foudroyée par les boulets de deux cents pièces de canon. La croix de grand officier de la Légion d'honneur fut la récompense de ce mémorable exploit. Aussitôt après, Lamarque fut envoyé contre les Anglais qui avaient tenté de s'emparer d'Anvers. On se souvient que leur apparition dans l'Escaut, dont on avait eu d'abord grand'peur à Paris, ne fut ni longue ni brillante. C'est alors que le roi Murat appela encore Lamarque auprès de lui, afin que ce général l'aidat à soutenir une lutte meurtrière et difficile contre les Calabrais. Cette fois il ne put le servir bien efficacement, et, après quelques courses insignifiantes dans les Calabres, il fut envoyé en Espagne, où se continuait une guerre non moins funeste et non moins périlleuse. Les combats d'Atta-Julia, de Riponil, de Bagnolas et de la Salud ajoutèrent à sa réputation. Mais il fallut bientôt évacuer cette contrée, et ce fut lui qui commanda l'arrière-garde, que l'on chargea de faire sauter les fortifications de Girone. Revenu en France à l'époque de la restauration, en 1814, il parut d'abord se soumettre franchement au gouvernement royal, et il en reçut la croix de St-Louis, mais il ne fut pas employé. Dès lors, mécontent, il se livra souvent à des plaintes amères. Ce fut lui qui dit un jour, en présence du comte de Blacas, qui le félicitait sur le repos dont

Mais la partie inférieure de l'ile, la Grande-Ma-il allait jouir sous la restauration, ce mot si cruel

rine, était encore au pouvoir de l'ennemi, et, pour y descendre, le danger n'était pas moins imminent que celui qu'il avait fallu braver pour s'emparer de la partie supérieure. Lamarque donne l'exemple, sa troupe le suit; et, menacés d'un assaut, les Anglais rendent la place. Ce fait d'armes est sans nul doute un de ceux qui ont le plus honoré la valeur française. Le ministre de Joachim, Salicetti, étant venu, après la victoire, examiner les lieux, écrivit à Naples: «J'y suis, * et j'y vois les Français: mais je ne puis com« prendre comment ils y sont venus. » Le nouveau roi de Naples, à qui tant de valeur profitait, se montra fort reconnaissant en donnant à Lamarque un domaine considérable, mais dont il ne devait pas jouir longtemps. Peu après, le gé

lement injurieux : « Nous n'appelons pas cela du « repos, c'est une halte dans la boue. » On sent que dans de pareilles dispositions Lamarque dut voir avec bien de la joie le retour de Napoléon en 1815. Il s'est beaucoup défendu d'avoir eu la moindre part aux complots qui préparèrent ce retour. Ce qu'il y a de sûr, c'est qu'il ne fut pas des derniers à aller saluer son ancien maltre, et qu'il en fut parfaitement accueilli. Nommé d'abord commandant de Paris, puis d'une division sur la frontière du Nord, il fut. envoyé dans l'Ouest comme général en chef aussitôt que les Vendéens firent des démonstrations hostiles. Les instructions qu'il reçut en partant furent terribles et dignes tout à fait des prémiers temps de la révolution. Il devait mettre à prix les tétes des principaux chefs, faire fusiller à l'instant ceux qui | 1829. Lamarque siégea à l'extrême gauche de la

tomberaient dans ses mains, démolir les maisons, briser les cloches, enlever des otages, etc. L'histoire doit reconnaître qu'il fut loin de se livrer à de pareilles cruautés. Après avoir publié une proclamation par laquelle il excitait les peuples de la Vendée à abandonner ceux dont la présence leur fut toujours funeste, il obligea tous les parents des Vendéens qui se trouvaient à Angers de s'éloigner de cette ville. Il écrivit ensuite franchement, le 9 juin, avant de passer la Loire, aux chefs de P'armée royale, qu'il ne rougissait pas de leur de mander la paix, parce que dans les guerres civiles la seule gloire est de les terminer, que l'aspect d'un champ de bataille où l'on ne voyait que des Français lui déchirait l'ame, etc. Il ne manœuvra ensuite qu'avec beaucoup de lenteur et de circonspection, ménageant évidemment les personnes et les propriétés, et ne faisant exécuter aucun des ordres rigoureux qu'il avait reçus. Après quelques combats de peu d'importance, si ce n'est celui des Nattes, où périt Louis de la Rochejaquelein, et celui de la Roche-Servière, où il eut affaire à la plus grande partie des forces vendéennes, il amena la plupart des chefs, et notamment Sapinaud, qui avait le commandement général, à signer un traité de paix auquel d'autres chefs refusèrent de se soumettre, mais qui cependant fut le dernier événement de cette guerre. La crainte trop fondée de voir les étrangers profiter de nos dissensions pour opprimer et partager la France porta dans ce temps-là quelques royalistes à une proposition très-honorable, et qui, bien que reçue avec empressement par Lamarque, n'eut aucun résultat: c'était de se réunir à lui et de se placer sous ses ordres pour combattre ensemble les ennemis de la France. Si cette généreuse proposí

tion n'eut aucune suite, ce n'est pas Lamarque qu'il faut en accuser. Dès que l'autorité du roi fut rétablie, ce général s'empressa de s'y soumettre, et il fit prendre la cocarde blanche à son armée, Cependant cette guerre lui avait fait près du tròne des ennemis puissants. Placé sur la liste de proscription du 24 juillet 1815, il fut obligé de se réfugier dans les Pays-Bas. C'est là qu'ayant lu un mémoire dans lequel le général Canuel blamait sa conduite dans la dernière campagne vendéenne, il y fit, sous le titre de Lettre du général Lamarque au général Canuel, une réponse fort ingénieuse et tout à fait écrasante pour son adversaire, « Une • diction piquante, satirique, un style vigoureux « et élevé, a dit un biographe, rappellent au lecteur les Mémoires de Beaumarchais et les Lettres « de Port-Royal... » Dans le même temps Lamarque adressait au roi un mémoire fort pressant, et cependant très-respectueux, pour obtenir la fin de son exil; mais il ne l'obtint qu'en 1820. Alors il vint habiter la capitale, et parut ne s'y occuper que d'objets littéraires. Le parti de l'opposition libérale s'efforça à plusieurs reprises de le faire nommer député, mais il ne put y réussir qu'en

la

chambre. Réélu après la révolution de 1830, qu'il avait complétement approuvée et secondée, il fut encore une fois envoyé par le nouveau gouvernement dans les départements de l'Ouest, où l'on craignait un soulèvement de la part des royalistes. Ce soulèvement n'ayant pas eu lieu, Lamarque revint siéger à la chambre des députés, où il prit plusieurs fois la parole sur des questions militaires, entre autres pour les membres de Légion d'honneur, et où il continua de voter avec la majorité jusqu'à sa mort, qui eut lieu le 1er juin 1832, des suites de l'épidémie cholérique. Ses funérailles au cimetière de l'Est attirèrent un nombreux concours. Deux partis s'y étant trouvés en présence, il en résulta une lutte sanglante qui dura plusieurs jours, et qui ne fut terminée que par un déploiement de forces considérables et la présence du roi Louis-Philippe dans le quar tier Saint-Martin, au plus fort du combat. On a encore de Lamarque: 1o Nécessité d'une armée permanente et projet d'une organisation d'infanterie économique, Paris, 1820, in-8°; 2o De l'esprit militaire en France, des causes qui contribuent à l'éten dre, de la nécessité et des moyens de le ranimer, 1826, in-8°; 3o Mémoire sur les avantages d'un canal de navigation parallèle à l'Adour, considéré sous le rapport agricole, commercial et militaire, Paris, 1825, in-8°; 4o Notice sur la vie de Basterèche, des Basses-Pyrénées, imprimée en tête d'un Choix de discours de ce député, Paris, 1828. On a publié, en 1835, un ouvrage posthume, sous le titre de Souvenirs, mémoires et lettres du général Maximilien Lamarque, Paris, 3 vol. in-8°, où l'on a été étonné de ne trouver que des diatribes rebattues contre la restauration, et point de cette élévation, de cette générosité d'opinion que l'on avait quelquefois remarquée dans ses écrits et dans ses discours à la tribune. - LAMARQUE d'Arronzat (le haron Jean-Baptiste-Isidore), maréchal de camp, né à Drazon (Basses-Pyrénées), s'enróla aussi dès l'année 1791 dans un bataillon de vo lontaires du département des Landes, où il fut nommé capitaine, et fit avec distinetion dans ce corps les guerres d'Espagne, d'Italie et d'Égypte, Devenu colonel du 3o régiment d'infanterie lé gère, il se signala particulièrement aux batailles d'Essling, de Wagram, et reçut pour récompense les titres de baron, d'officier de la Légion d'honneur, et une dotation. Étant passé en Espagne l'année suivante, il s'y distingua par la défense de Figuières avec trois bataillons contre quinze mille Espagnols, et à la bataille d'Alta-Fualla, où il fit quinze cents prisonniers. Le général Decaen demanda pour lui à cette occasion le grade de maréchal de camp, qu'il obtint au mois de mai 1812. Chargé en cette qualité du commandement de Lérida, et se trouvant séparé depuis plusieurs mois de l'armée de Suchet, Lamarque tomba dans un piége du baron d'Éroles, qui lui envoya un émissaire avec un faux ordre du maréchal d'é

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