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HARVARD COLLEGE LIBRARY

FROM THE LIBRARY OF

JEAN SANCHEZ ABREU

SEPT. 14, 1918

INTRODUCTION.

Parmi les objets nouveaux qui, pendant mon séjour aux États-Unis, ont attiré mon attention, aucun n'a plus vivement frappé mes regards que l'égalité des conditions. Je découvris sans peine l'influence prodigieuse qu'exerce ce premier fait sur la marche de la société; il donne à l'esprit

public une certaine direction, un certain tour aux lois; aux gouvernants des maximes nouvelles et des habitudes particulières aux gouvernés.

Bientôt je reconnus que ce même fait étend son influence fort au delà des mœurs politiques et des lois, et qu'il n'obtient pas moins d'empire sur la société civile que sur le gouvernement : il crée des opinions, fait naître des sentiments, suggère des usages, et modifie tout ce qu'il ne produit pas.

Ainsi donc, à mesure que j'étudiais la société américaine, je voyais de plus en plus, dans l'éga. lité des conditions, le fait générateur dont chaque fait particulier semblait descendre, et je le retrouvais sans cesse devant moi comme un point central où toutes mes observations venaient aboutir.

sans y

Alors je reportai ma pensée vers notre hémisphère, et il me sembla que j'y distinguais quelque chose d'analogue au spectacle que m'offrait le Nouveau-Monde. Je vis l'égalité des conditions qui, avoir atteint comme aux États-Unis ses limites extrêmes, s'en rapprochait chaque jour davantage, et cette même démocratie, qui régnait sur les sociétés américaines, me Į Europe s'avancer rapidement vers le pou De ce moment j'ai conçu l'idée du live va lire.

Une grande révolution démocratique parmi nous; tous la voient, mais tous ne la point de la même manière. Les uns la cons comme une chose nouvelle, et la prena

un accident, ils espèrent pouvoir encore l'arrêter, tandis que d'autres la jugent irrésistible, parce qu'elle leur semble le fait le plus continu, le plus ancien et le plus permanent que l'on connaisse dans l'histoire.

Je me rapporte pour un moment à ce qu'était la France il y a sept cents ans, je la trouve partagée entre un petit nombre de familles qui possèdent la terre et gouvernent les habitants; le droit de commander descend alors de générations en générations avec les héritages; les hommes n'ont qu'un seul moyen d'agir les uns sur les autres, la forge; on ne découvre qu'une seule origine de la puissance, la propriété foncière.

Mais voici le pouvoir politique du clergé qui vient à se fonder et bientôt à s'étendre. Le clergé ouvre ses rangs à tous, au pauvre et au riche, au roturier et au seigneur; l'égalité commence à pénétrer par l'Église au sein du gouvernement, et celui qui eût végété comme serf dans un

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nel esclavage, se place comme prêtre au eu des nobles et va souvent s'asseoir au-dessus rois.

a société devenant avec le temps plus civilisée lus stable, les différents rapports entre les imes deviennent plus compliqués et plus nom1x. Le besoin des lois civiles se fait vivement ir. Alors naissent les légistes; ils sortent de ceinte obscure des tribunaux et du réduit pou1x des greffes, et ils vont siéger dans la cour

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