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bonheur de celui qu'elle aime. Avant qu'elle eût fait ce généreux sacrifice, Zulmar avait feint de favoriser l'hymen et l'évasion de Namir et de Léonide. Il a séduit l'Iman qui doit les marier et leur présenter la coupe sacrée. Tandis que ces deux amans crédules sont à l'autel, un confident de Namir apprend à la reine que le traître Zulmar en veut aux jours du prince. Zaïde le fait arrêter : ce perfide, qui la me nace et la fait trembler en sortant, est désarmé et conduit à la tour. Elle envoie chercher Namir: il vient et prend la défense de Zulmar; mais, tandis qu'il parle pour ce scélérat, il frissonne, il chancelle, et bientôt la pâleur de la mort se répand sur son visage. Dans cet affreux moment, Zaïde ordonne qu'on fasse paraître Zulmar. Le traitre avoue, en frémissant, que Namir et Léonide sont empoisonnés; qu'il n'a pas eu le tems de frapper la reine elle-même; enfin, qu'il saura prévenir le supplice qui lui est destiné. En effet, il se perce d'un poignard. Namir expire en admirant la générosité de la reine, et Zaïde, inconsolable, promet d'aller tous les jours baigner de ses pleurs la cendre de son amant, jusqu'à ce qu'elle expire elle-même sur son tombeau.

Cette pièce ne pouvait réussir, parce qu'elle est faible d'intérêt et vide d'action. L'amour y joue un rôle trop langoureux, trop élégiaque, et même trop magnanime. Dans le tragique, il doit être déchiré de remords, environné d'horreurs, teint de sang, suivi des Furies, sinon il est froid et insipide. Il fallait tout l'art de Racine, et tout le charme de sa versification, pour faire réussir Bérénice.

NANCEL (Pierre) est auteur des tragédies suivantes, imprimées en un volume, sous le titre de Théâtre Sacré. Débora, Dina, oules Ravissemens, et Josué, ou le Sao

de Jéricho. Dans la première de ces tragédies, au quatrième acte, il se livre une bataille en plein théâtre.

NANETTE ET LUCAS, ou LA PAYSANNE CUrieuse, comédie en un acte, en prose, mêlée d'ariettes, par Framery, musique du chevalier d'Herbain, au Théâtre Italien, 1764.

Lucas et Nanette veulent marier leur fille à Lubin; mais un jeune homme, qui n'est pas indifférent à Babet, veut épouser cette fille, qu'il aime. Le père du jeune homme parle à Lucas et à Nanette, qui refusent de donner leur fille à un autre qu'à Lubin. Nanette s'obstine à ne pas changer de résolution. Elle est fort prévenue en sa faveur, et se flatte, surtout, de n'avoir point le défaut ordinaire de son sexe, qui est la curiosité. Le père du jeune homme lui remet une boîte, qui contient quelque chose de très-rare, et lui en donne la clef, avec défense d'ouvrir la boîte dans ce cas, Nanette ne sera plus maîtresse de disposer de sa fille. On juge bien que Nanette ouvre la boîte, et que le mariage de Babet se fait avec le jeune homme qu'elle aime.

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NANINE, OU LE PRÉJUGÉ VAINCU, comédie en cinq actes, en vers de dix, par Voltaire, au Théâtre Français, 1749.

Cette pièce, tour à tour touchante et comique, est tirée du roman de Paméla, sujet déjà traité; mais on sait qu'un sujet dramatique appartient à qui le traite le mieux. Voici d'abord le fonds du roman.

Paméla était une jeune paysanne, qu'une femme de qualité, qui lui trouvait de la beauté et de l'esprit, avait retirée chez elle, dans une de ses terres, et qu'elle faisait élever comme une personne de condition. Cette jeune fille avait

NAN

de la vertu, de l'intelligence, et répondait parfaitement aux soins qu'on prenait de son éducation. Elle était d'un caractère qui la faisait aimer de tout le monde ; et elle avait su principalement gagner le cœur de tous les domestiques de la maison. Le fils de la dame chez qui elle était en devint amoureux; mais Paméla avait des sentimens trop mo→ destes pour aspirer à devenir son épouse, et elle était trop vertueuse pour l'écouter dans d'autres vues que celles du mariage. Elle prit la résolution de s'en retourner chez son père, autant pour sauver sa vertu, que pour donner à son amant le tems de guérir sa passion. Celui-ci la retint chez lui, et n'était pas éloigné de l'épouser, mais il avait un terrible préjugé à combattre un homme de qualité épouser une paysanne! D'ailleurs, comment s'assurer qu'il posséderajt le cœur de son amante ? Il s'était faussement persuadé qu'elle avait pris de l'amour pour un homme d'un village voisin; et, sur quelques preuves qu'il crut en avoir, il voulut la renvoyer. Déjà Pamela s'était revêtue de ses habits de paysanne, et se disposait à partir; mais l'amant ne fut pas long-tems dans l'erreur, et il reconnut bientôt qu'il était lui-même celui qui avait fait le plus d'impression sur le cœur de sa chère Paméla. Elle l'aimait en effet; mais sa vertu, son état et la bienséance de son sexe, lui faisaient renfermer en elle-même ses sentimens et sa tendresse. Quelque soin qu'elle prêt de les tenir secrets, l'amant, à la fin, s'en aperçut, et, quand il crut n'avoir plus lieu d'en douter, il lui offrit sa main, qu'elle reçut avec re

connaissance.

Telle est, en abrégé, l'histoire de Paméla, et tel est aussi le précis de la comédie de Nanine, où il n'y a qu'un personnage qui ne se trouve pas dans le roman : c'est celui de la mère du comte d'Olban, qui n'est qu'un rôle de

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remplissage; mais l'on sait bon gré à l'auteur de l'avoir ajouté à l'histoire principale. Ce rôle seul fait presque tout le comique de la pièce. Pour celui de la baronne, il est dans le roman de Paméla. Ces deux femmes sont également méchantes, également entêtées de leur noblesse, également ennemies, l'une de Paméla, l'autre de Nanine.

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La baronne devait épouser le comte d'Olban, amant de Nanine. Sa jalousie contre une rivale d'un rang si inférieur au sien, est parfaitement exprimée. Le défaut général de cette comédie est de contenir trop de sentimens : il est peu de vers qui ne renferment quelques maximes; il n'est pas jusqu'aux valets et aux paysans qui ne parlent par épigranimes, et qui ne débitent des apophthegmes; mais il faut convenir que ces éclairs multipliés qui éblouissent l'imagination, n'òtent presque rien au sentiment qui règne dans toute la pièce : en même tems que l'esprit admire, le cœur se sent vivement touché. Le caractère violent de la baronne va presque jusqu'à la grossièreté. L'auteur, sans doute, s'est cru autorisé de l'exemple de Myladi Davers, qui se laisse emporter jusqu'à battre Paméla: ces sortes de procédés peuvent ne pas paraître extraordinaires à Londres. Il est vrai que la baronne ne porte pas si loin la vengeance; elle veut bien se contenter d'enfermer Nanine dans un couvent.

Cette pièce fut très-applaudie ; mais Voltaire parut ne pas s'en rapporter entièrement à ces éloges : en sortant de la représentation, il demanda malicieusement à Piron, ce qu'il en pensait, Celui-ci, qui démêla l'artifice, répondit : « Je >> pense que vous voudriez bien que ce fût moi qui l'eusse >> faite. Je vous estime assez pour cela, lui répondit Vol>> taire. >>

Un homme en place, extrêmement touché à la représentation de Nanine, rentra chez lui avec précipitation,

pour ordonner à son Suisse de ne refuser sa porte à personne, pas même aux gens à sabots. Le Suisse, étonné du discours de son maître, qui, jusques-là, n'avait pas été fort débonnaire, dit à un valet-de-chambre qui se trouvait près de lui: «Si je n'avais pas aperçu mademoiselle D..... dans le car>> rosse de monseigneur, je croirais qu'il vient de confesse >>. Les comédiens Italiens donnèrent, au mois de juin de l'année 1771, sous le titre de Buona Figliola, un opéra comique en trois actes, parodie française, sur la musique de Piccini, et dont le sujet, ainsi que celui de Nanine, est tiré du roman de Paméla.

Avant la première représentation, Carlin, qui avait joué son rôle d'Arlequin dans une pièce italienne, vint annoncer suivant l'usage; puis, restant sur le théâtre, d'un air inquiet, et regardant autour de lui avec beaucoup de mysLère, il fit des lazzis qui excitèrent les ris et la curiosité des spectateurs. Ensuite, s'avançant sur le bord de la scène, et s'inclinant vers le parterre, il lui dit en grande confidence: << Messieurs, on va vous donner la Buona Figliola, oula » Bonne Enfant... Mes camarades veulent vous persuader » que c'est une pièce nouvelle... n'en croyez rien... je ne >> veux pas qu'on vous trompe; je suis trop honnête... il y a » dix ans que la pièce est faite... bon!... elle a couru l'Italie, >> l'Allemagne, l'Angleterre... Vous vous apercevrez, sans » doute, qu'elle a un air de physionomie avec Nanine... » je sais bien pourquoi.... elles sont sœurs... elles ne sont » pas du même père, mais de la même mère... elles des>> cendent en droite ligne de cette madame Paméla qui a >> fait tant de bruit dans le monde ».

NANINE, SOEUR DE LAIT DE LA REINE DE GOLCONDE, pastorale en trois actes, en ariettes et en vaudevilles, par

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