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<«< Ce parti qui ose s'attaquer aux bases mêmes de l'État, qui se révolte contre la religion et pour qui la personne du Maître Suprême n'est pas même sacrée, ce parti doit être vaincu. Je me réjouirai de sentir dans ma main la main de tout autre homme, qu'il soit ouvrier, prince ou seigneur pourvu qu'il m'aide dans cette lutte. Alors nous travaillerons ensemble pour débarrasser notre pays de cette maladie qui non seulement contamine profondément notre peuple, mais encore la vie familiale, et qui essaie d'ébranler ce que nous autres, Allemands, considérons comme la chose la plus sacrée : la position de la femme, » (1)

« La protection du travail national et de toutes les classes productrices ; la constitution d'une vigoureuse classe moyenne; l'écrasement impitoyable de toute tentative de révolte, et l'application des peines les plus sévères à ceux qui voudraient empêcher les autres de travailler... Voilà mon programme. »> (2)

« Une loi, en vertu de laquelle tout individu, quel qu'il soit et d'où qu'il vienne, qui voudrait empêcher un ouvrier allemand, désireux de travailler, d'user de son droit, ou qui inciterait d'autres ouvriers à se mettre en grève, pourra être puni de réclusion, sera élaborée sous peu, et soumise, avant la fin de l'année, à l'approbation du parlement. Cette peine (la réclusion), je l'avais promise, et j'espère que le peuple, par l'organe de sa représentation, m'aidera à protéger, autant que possible, notre industrie nationale » (3)

Depuis son avènement le 15 juin 1888 Guillaume II n'a pas prononcé moins de neuf cents discours publics (soit, en moyenne, un tous les cinq jours) qui, pour avoir été en majeure partie des discours d'après-dîner, n'en furent que plus violents. Comme, au surplus, les trois quarts des harangues impériales ne sont pas préalablement communiqués aux ministres responsables, conseillers constitutionnels de la couronne, on voit le parti qu'une critique indépendante en peut tirer.

Aussi bien les hardis et spirituels imagiers de Simplicissimus ne sont-ils jamais à court de textes... Pas une attitude, pas un mot ailé de l'empereur n'échappent à leur vigilance. Et si, pour plus d'une raison, le nombre des dessins où Guillaume II figure en personne est limité, l'impérial rhéteur n'en est pas moins le fournisseur de légendes le plus achalandé du journal.

Celle, parmi toutes ces illustrations, qui le plus irrita l'empereur, ce fut une composition de Th.-Th. Heine, parue dans le no 31 de la 3me année du journal.

C'était à la veille de la promenade de Guillaume II en Terre Sainte, excursion annoncée et organisée avec ce cabotinage pompeux dont

(1) Discours prononcé au dîner de gala des États provinciaux du Brandebourg (26 février 1897).

(2) Discours prononcé à Bielefeld (17 juin 1897).

(3) Discours prononcé à Oeynhausen (6 septembre 1898).

» l'empereur-voyageur », le Reise-Kaiser comme disent les Allemands, détient le secret.

Godefroy de Bouillon et Frédéric Barberousse s'entretiennent du voyage projeté. Barberousse contemple en ricanant un casque à pointe qu'il tient à la main, attitude qui fait dire à Godefroy de Bouillon:

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Ne ris donc pas si stupidement, Barberousse! Nos croisades non plus n'avaient aucun but, au fond.

Cette boutade valut à Simplicissimus une saisie, au dessinateur six mois de forteresse, et à l'éditeur du journal, M. Albert Langen, des poursuites dont il préféra ne pas affronter la sanction.

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L'image intitulée: Chez la Voyante, comporte une brève élucidation.

Lueger ent d'éclater entre l'Espagne et l'Amérique. La pythonisse, consultée sur l'issue probable de la lutte, dit:

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Dessin de Th.-Th. Heine

Je vois à l'occident... deux ennemis... qui luttent... avec acharnement... dans une mer de sang... J'ignore encore... lequel des deux... ceindra la couronne de laurier... mais mon regard... qui perce les voiles de l'avenir... voit nettement que... quel que soit le vainqueur... il recevra... un télégramme de félicitations... de Berlin.

C'est une allusion à la retentissante dépêche adressée par Guillaume II

au président Krüger, au lendemain du raid-Jameson. Cet historique message était ainsi conçu :

« Je vous félicite sincèrement, parce que, avec votre peuple, sans recourir à l'aide des puissances amies, et en n'employant que vos propres forces contre les bandes armées qui avaient fait irruption sur votre territoire en perturbateurs de la paix, vous avez réussi à rétablir la situation pacifique et à protéger votre pays contre des attaques provenant du dehors ».

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On nous écrit du Kyffhæuser que le vieux Barberousse s'est décidé à adopter le port de barbe à l'allemande.

Grâce aux efforts dévoués de son artiste capilaire, joints à un usage judicieux de la Schnurbartbinde (fixe-moustache), les moustaches impériales se dresseront désormais perpendiculairement.

Bruno Paul immortalisa cet événement mémorable.

Étendu à terre, le dos appuyé contre le mur, Barberousse-Guillaume est endormi, veillé par les corbeaux légendaires dont l'un se divertit avec la Schnurbartbinde du souverain ensorcelé. La moustache impériale pousse, de bas en haut, à travers la table de marbre.

Dans Aegir chez Barnum, Bruno Paul présente Guillaume II sous les traits d'un saltimbanque en quête d'emploi. Le « Maître des Fleuves >> (Der Herr der Fluten) s'adresse à Barnum pour solliciter un engagement dans son cirque...

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N'auriez-vous pas un emploi pour moi dans votre cirque? Je suis un rude nageur!

Ce dessin fut publié au lendemain de la première de l'Ode à Aegir, d'impériale composition. Par un mystère jusqu'ici inélucidé, l'image, infiniment plus injurieuse, dirait-on, que tant d'autres confisquées et poursuivies, ne fut pas même incriminée.

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