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tiaux et les produits horticoles, ils trouvaient, le soir venu, la place du Capitole brillamment illuminée. Les musiques militaires et les Sociétés chorales, placées sur une estrade, y faisaient entendre alternativement leurs airs et leurs chants les plus beaux. Le vendredi, la ville donnait aux exposants une magnifique représentation d'Ernani. Le samedi, dans l'après-midi, elle leur offrait, dans la prairie des Filtres, sur les bords verdoyants de la Garonne, le spectacle nouveau et intéressant d'une fête militaire, d'un carrousel, organisé avec une rare habileté par le 10e régiment de chasseurs à cheval.

Mais la journée la plus brillante et la plus pleine a été la dernière, celle du dimanche 26 mai. Le temps, qui avait été fort beau toute la semaine, était splendide ce jour-là. Les chemins de fer apportaient, d'heure en heure, une crue nouvelle d'étrangers. On remarquait, dans les rues qui aboutissent à la gare, des rangées de marchands de gâteaux, stationnant devant les maisons, de distance en distance, pour se conformer sans doute au proverbe qui dit que lorsqu'on manque de pain, il faut se nourrir de brioche. Cependant nous n'avons pas appris que le pain ait fait défaut un seul instant chez les boulangers.

Ce jour-là était celui où les prix et les médailles devaient être distribués aux lauréats du concours agricole; c'était aussi le jour que l'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres avait choisi pour la distribution de ses récompenses. Elle avait avancé sa séance d'une heure, afin qu'elle ne coïncidât pas avec la séance de l'Exposition régionale, et qu'on pût aller de l'une à l'autre tout entendre et tout voir. Nous avons entendu à l'Académie des Sciences' un fort bon discours du président, M. Molins, sur « les transformations successives qu'ont subies les grandes applications des sciences physiques dans les temps modernes ; » un savant rapport du docteur DesbarreauxBernard sur les Mémoires qui traitaient cette question de médecine mise au concours par l'Académie : « Déterminer les avantages que la clinique a retirés des expériences physiologiques depuis le commencement du dix-neuvième siècle; » et deux autres rapports très-intéressants sur les médailles d'encouragement accordées par l'Académie dans la classe des sciences et dans la classe des lettres; le premier, par M. le docteur Baillet; le second, par M. Hamel.

Nous avons éprouvé un extrême plaisir à la lecture de ces divers rapports, mais ce plaisir n'a point été partagé par un honnête cultivateur assis près de nous. Il avait prêté d'abord la plus grande attention aux deux premiers orateurs; mais quand est venu le troisième, il n'a plus gardé le même calme; il s'est agité sur sa chaise, et, l'impatience le gagnant de plus en plus, il s'est levé pour sortir. Le brave homme avait enfin reconnu qu'il s'était fourvoyé, en venant chercher à l'Académie des Sciences la prime d'encouragement qu'il avait méritée au concours agricole.

A trois heures, dans la vaste salle dressée au fond du Boulingrin, a eu lien sous la présidence de M. Boselli, préfet de la Haute-Garonne, la distribution solennelle des récompenses aux lauréats du concours régional, en présence de Son Exc. le maréchal Niel, de M. le général commandant la division, de M. le Maire, de MM. les adjoints, de M. Chambellant, inspecteur général du concours, des membres du Conseil général, du Conseil municipal, de la plupart des autorités civiles et militaires du département, et d'une foule considérable qui remplissait la salle et la vaste enceinte du Boulingrin.

M. le Préfet a ouvert la séance par le discours remarquable que nous avons reproduit au compte-rendu du concours, et qui a été accueilli par les plus vifs applaudissements.

Il a été ensuite donné lecture des différents rapports du jury et procédé à la distribution des récompenses.

La prime d'honneur, consistant en une somme de 5,000 fr. et une coupe d'argent de Froment-Meurice, a été accordée à M. le comte d'Aubergeon, propriétaire à Saint-Félix, arrondissement de Villefranche.

Le soir, à sept heures,, M. le Maire réunissait dans un banquet de deux cents couverts, à la salle des Illustres, au Capitole, les lauréats du concours régional et les membres du jury. Son Exc. le maréchal, M. le Préfet, M. le Procureur général, M. le Recteur, MM. les membres du Conseil général et du Conseil municipal, MM. les chefs de service dans l'administration judiciaire, civile et militaire, des membres de la presse locale et de la capitale avaient été également conviés à ce dîner, qui a été servi par notre restaurateur Tivollier avec une magnificence sans égale. Les illustres qui contemplaient, du haut de la galerie, de si riches apprêts, ont dû être éblouis de tant de luxe dans le service et surpris des progrès que notre siècle a faits dans l'art de se bien nourrir. Au dessert, trois toasts ont été portés le premier par M. le Maire, à l'Empereur; le deuxième par M. le Préfet, à l'agriculture; le troisième par M. Chambellant, inspecteur général et président du jury, à la ville de Toulouse, et tous trois ont été chaleureusement applaudis.

Pendant ce temps, la foule se pressait sur la place du Capitole pour y admirer les illuminations, plus éblouissantes encore que celles des jours précédents; elle se pressait aux allées Louis-Napoléon, traversées de distance en distance par des lignes en verres de couleur, qui, vues de la place, semblaient se confondre et ne former qu'une voûte de feu jusqu'à la statue de Riquet ; elle se pressait dans la prairie des Filtres, sur le pont et sur les quais, pour voir le feu d'artifice qui couronnait dignement toutes ces fêtes.

Voilà bien du bruit et bien des paroles. En pure perte, dira-t-on. Non. Sans être optimiste, sans se montrer trop facilement satisfait, on doit attendre un bien, sinon immédiat, du moins prochain, de toutes ces fêtes de l'intelligence. Sans doute l'homme ne vit pas seulement d'art, et le sort des

artistes ne sera pas changé, parce qu'ils auront écoulé quelques-unes de leurs toiles. C'est évident. Mais on aurait mauvaise grâce à nier l'influence salutaire des Expositions sur l'esprit public, qu'elles empêchent de s'abâtardir, qu'elles élèvent et moralisent par la contemplation fréquente des œuvres d'art. Les artistes eux-mêmes, qu'on tire de l'isolement, se sentent aiguillonnés par l'attention dont ils sont l'objet, par la comparaison qu'ils ont sous les yeux, par l'éloge ou le blâme qu'on leur adresse. Si les concours régionaux agricoles ne font pas que la viande soit à bon marché, c'est que l'agriculture est encore fort arriérée dans nos contrées. Mais elle le deviendra par le travail, par les améliorations, par le progrès, en faisant produire à la terre, comme a dit M. le Préfet, tout ce qu'elle peut donner, en améliorant toutes les races, en propageant l'emploi de ces machines puissantes qui font plus de travail en un jour que les bras de l'homme n'en pourraient faire en un mois. Il est donc impossible que les cultivateurs, que les artistes, que tout le monde enfin ne tire pas un grand profit des Expositions. On y vient pour voir, observer, s'instruire. Chacun en emporte sa provision d'idées et de remarques qu'il exploite d'abord à son avantage, et qui tournent ensuite au bien-être général. C'est toujours ainsi, autrement le progrès ne serait qu'un vain mot.

La presse quotidienne de Toulouse a fait plusieurs pertes sensibles depuis quelques mois. M. Duverger, dont les articles de critique littéraire étaient fort remarqués au Journal de Toulouse, est allé prendre la direction d'une nouvelle feuille politique qui vient de se créer à Rodez; MM. Bremond et Lomon, l'un ancien directeur, l'autre rédacteur de l'Aigle, s'occupent, en ce moment, de fonder à Marseille un nouveau journal, dont le premier numéro est à la veille de paraître. M. Lebon a également quitté l'Aigle et est allé rejoindre à Marseille son ancien directeur. M. Lebon n'était pas, à proprement parler, un journaliste écrivant et militant; mais attaché depuis vingtcinq ans soit au Journal de Toulouse, soit à l'Indépendant, soit à l'Aigle, il connaissait à fond les secrets du métier, et était devenu un des rouages les plus utiles de l'administration d'un journal. Doué d'une grande pénétration, d'un bon sens exquis, il allait, chaque jour, cherchant, furetant, faisant sa gerbe de faits pour la chronique locale, qu'il rédigeait ensuite avec un tour d'esprit extrêmement original. Il savait où se renseigner. Toutes les portes s'ouvraient devant lui, jusqu'à celles du petit parquet, dont il racontait les incidents et les scènes avec une verve étourdissante. M. Lebon était, en outre, un homme franc et loyal, d'un caractère entrant. Il laissera de longs regrets dans une ville où il ne comptait que des amis.

4er juin 4864.

F. LACOINTA.

TABLE DES MATIÈRES.

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43

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:

par M. Th. Favarel.

Revue Théâtrale, par M. Emile Vaïsse..

:

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M. Dalis ou un comédien accompli.

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Représen-

Sommaire L'œuvre dramatique de M Octave Feuillet: Dalila, Rédemption,
pièce en cinq actes et en prose, représentée pour la première fois, à Toulouse,
le 24 janvier 1864. La dame de Monsoreau, drame historique, par MM. Alex.
Dumas et Aug. Maquet.
tations de Mile Wertheimber.
Chronique du mois, par M. F. Lacointa. 10 Vers à propos de la réception du
R. P. Lacordaire à l'Académie française, par M. Edmond Py. 2o M. le comte
Jules de Rességuier à M. le doyen de la Faculté des Lettres. 3o Nouvelles et
faits divers..

Livraison de mars.

142

145

153

Mœurs puertoricaines : El Bergantin par M. Mathieu Guesde (de la Guadeloupe).
Poésie Abd-el-Kader ou les martyrs de Syrie, par M. Florentin Ducos, main-
teneur des Jeux-Floraux.

158

178

Compositeurs célèbres: Donizetti, par M. J.-B. Labat.

183

Vente publique de la bibliothèque de M. le marquis de Pins-Montbrun; Compte-
rendu par M. le Dr Desbarreaux-Bernard.

495

Bibliographie:

40 Eléments de Minéralogie et de Géologie, par M. Leymerie; Compte-rendu
par M. N. Joly, professeur à la Faculté des Sciences.

203

20 La Mer, par M. Michelet; Compte-rendu par M. Félix Frézières.

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30 Du régime nuptial des Germains, par M. Gust. Humbert; Compte-Rendu par
M. E. Vaisse. .

215

246

Revue théâtrale, par M. Emile Vaïsse.

:

Sommaire La Reine Topaze, opéra comique en trois actes, paroles de MM. Loc-
Représentations de Paulin Ménier : le

kroy et Battu, musique de M. Massé.

Courrier de Lyon, les Crochets du Père Martin, l'Escamoteur. Caractère du
talent de cet artiste. - Les Femmes fortes, comédie en trois actes, de M. Vic-
torien Sardou. Rentrée de M. Lafeuillade à la direction des théâtres.

-

-

Chronique du mois, par M. F. Lacointa.

:

Sommaire Souscription de M. le Ministre de l'Intérieur à la Revue de Toulouse;
lettre de M. de Saint-Paul, directeur du personnel et du cabinet. Réception
du P. Lacordaire à l'Académie française. - Séance publique annuelle de l'Aca-
démie de législation: Rapports de MM. Sacase, Beudant et Bahuaud. La
prochaine exposition de l'Union artistique. Nécrologie: MM. Capèle, Montet,
Cazeneuve, B. de Carbonel, Laferrière et de Montbel, etc.

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Livraison d'avril.

Etude de mours: Une dame de charité, par M. le comte Jules de Rességuier. 237

:

Poésie La soif de l'infini, par M. le vicomte Jules de Gères. . .

246

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