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édit, rendu en 1583 que la faculté de travailler et d'exercer un métier quelconque était un droit royal et domanial qu'il ne concédait qu'à prix d'argent. Cette exaction descendit jusqu'aux professions les plus infimes et le titre 86 prescrivit que nul ne pouvait être savetier à Paris, s'il n'achetait un métier du roi.

C'était tout simplement rétablir la servitude et enchafner l'industrie à une nouvelle espèce de glèbe.

En étudiant l'histoire de ces mauvais jours, on reconnaît que, sous les derniers Valois, durant 75 ans que régnèrent trois générations de ces princes, il y eut en eux deux idées fixes et funestes qui sont reproduites dans vingt ordonnances: la première était d'ériger le luxe en un apanage des grands, et de l'interdire à quiconque n'appartenait pas à la noblesse titrée ; la seconde était de prélever sur les artisans, les manufacturiers, les industriels de tous les degrés, une bonne partie des salaires qu'ils obtenaient de leur travail, pour vivre et soutenir leurs familles.

On conçoit à peine, de nos jours, que jamais on ait pu pousser aussi loin l'infatuation de l'orgueil et la rage de la cupidité. Mais on doit se souvenir qu'à cette fatale dynastie appartiennent aussi les massacres religieux, les assassinats politiques, l'exemple inconnu de trois rois successifs morts sans postérité, et le régicide éteignant une famille qui avait régné sur la France deux siècles et demi, et qui dix fois l'avait conduite au bord du précipice, où elle aurait péri, si la Providence n'était intervenue pour la sauver.

En résumé :

L'industrie, les arts et les sciences, empruntés à l'Orient par les Grecs et les Romains, et perfectionnés par le

génie de ces grands peuples, furent engloutis, au ve siècle, sous les décombres de la société romaine.

Les Barbares du Nord en conservèrent à peine quelques vestiges, et il fallut, pour les faire renaître et surgir du milieu de leurs cendres, qu'une race asiatique, les Arabes, eussent envahi le midi de l'Europe, et qu'ils y eussent rapporté les traditions oubliées des bienfaits des lumières et de la civilisation.

Les Croisades, en rendant les rois et les grands témoins occulaires des merveilles produites dans le Levant par ces traditions, exercèrent une heureuse influence qui en prépara la transmission aux peuples européens.

Une grande rénovation politique favorisa en France les progrès de l'industrie. Les communes parvinrent à se délivrer du joug féodal; et, peur leur défense, elles organisèrent en corporation les arts et métiers qui acquirent ainsi une existence sociale.

Cependant les lois et les coutumes enracinées par une longue servitude, paralysèrent les forces que cette résolution devait donner à l'industrie, et elle n'en obtint que bien peu d'avantages.

L'Italie, où la féodalité fut comprimée, profita de sa liberté pour créer dans ses villes affranchies les premières manufactures qui aient existé dans la chrétienté, et qui lui donnèrent le monopole de la fabrication des soieries, des lainages et des armes.

La guerre ayant conduit nos armées dans les belles contrées de ce pays, elle nous permit de nous initier au secret de leur prospérité; et quelques tentatives furent faites pour introduire dans nos provinces la culture du mûrier, la production des vers à soie, et la fabrication des tissus.

Mais ces progrès furent étouffés sous les derniers Valois,

le luxe de ces rois et de leur cour étant alimenté exclusivement par des produits étrangers, tirés des Pays-Bas, de Venise, de Florence et de Milan. Il fallut que l'industrie manufacturière de la France attendit Henri IV et Sully, pour obtenir enfin une protection royale et d'utiles encouragements.

A. MOREAU DE JONNES.

MÉMOIRE

SUR LE BOUDDHISME

PAR M. BARTHÉLEMY SAINT-HILAIRE.

(*)

I.

CHRONOLOGIE DU BOUDDHISME.

Le génie indien, dans son immense développement, a deux faces principales qu'il faut connaître l'une et l'autre pour apprécier tout ce qu'il est ce sont le Brahmanisme et le Bouddhisme. J'ai essayé, en traitant des Védas, de dévoiler en partie les origines du premier; je voudrais aussi consacrer quelques recherches au second. Les monuments qu'il a produits nous sont désormais accessibles; découverts il y a moins de vingt-cinq ans par d'heureuses recherches, ils commencent à être publiés et traduits dans les principales langues de l'Europe. Plus nombreux encore, s'il est possible, que les monuments de la littérature brahmanique, ils sont d'un tout autre genre; mais ils ne méritent pas un moindre intérêt. Ils doivent même en avoir un tout particulier aux yeux de notre Académie. Avec le récit plus ou moins authentique de la vie du

(*) Ce travail a déjà paru en articles séparés dans le Journal des Savants, cahier de mai 1854 et suivants.

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