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DES SÉANCES DU MOIS DE JUILLET 1854.

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SÉANCE DU 1er M. Mignet fait hommage à l'Académie de l'ouvrage qu'il vient de publier sous le titre de Charles-Quint, son abdication, sa retraite et sa mort au monastère de Yuste, et dont elle a entendu plusieurs fragments. Il offre également au nom de MM. Haag, la septième partie de leur ouvrage sur la France protestante. M. Bérenger continue la lecture de son rapport sur la Répression pénale. Comité

secret.

SÉANCE DU 8. M. le comte de Cieszkowski, député du grand-duché de Posen, à la deuxième chambre de Prusse, offre à l'Académie, à l'occasion du rapport de M. Bérenger, le compte-rendu officiel d'une discussion rapide qui a eu lieu à Berlin, au sein de la deuxième chambre, au sujet des réformes à apporter à la législation pénale et au régime pénitentiaire. M. Amédée Thierry lit des fragments sur l'histoire des Comité secret.

fils d'Attila.

SÉANCE DU 15.

M. Barthélemy Saint-Hilaire continue la lecture

de son travail sur Bouddha et le Bouddhisme.

Séance du 22.—M. Ramon de la Sagra, correspondant de l'Académie, lui adresse, en hommage, un exemplaire du rapport qui a été fait à l'Académie nationale, agricole et industrielle, sur son Mémoire au gouvernement espagnol, relatif à l'exposition universelle de 1851. M. le Secrétaire perpétuel offre à l'Académie, au nom de l'auteur, M. Eugène Cauchy, un exemplaire de ses Etudes sur Domat, dont l'Académie a déjà entendu la lecture. Dans la lettre jointe à cet ouvrage, M. Cauchy exprime le désir d'être porté au nombre des candidats à la place vacante dans la section de législation par suite du décès de M. Vivien. La lettre de M. Cauchy sera renvoyée à la section de législation. — Comité secret. M. Michel Chevalier donne lecture d'un mémoire sur le Commerce du blé.

SÉANCE DU 29. la Répression pénale.

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M. Bérenger continue la lecture de son rapport sur

Comité secret.

Le gérant responsable,

Ch. VERGÉ.

RECHERCHES

SUR LA

RENAISSANCE DE L'INDUSTRIE

AU MOYEN-AGE,

PAR M. MOREAU DE JONNÈS (.

SUITE.

III.

Emancipation des Arts et Métiers par l'affranchissement des communes de France.

Sous la domination féodale, qui succéda à l'empire des Carlovingiens, c'est à peine si l'humble industrie des arts et métiers existait, et si l'on peut en découvrir le germe dans les produits grossiers du travail des serfs. Toute activité, toute intelligence était étouffée par les incroyables restreintes auxquelles étaient soumises les professions les plus indispensables aux besoins journaliers des populations. Vers l'an 1200, dans cette partie de Paris, qui s'é

(*) Voir t. xxvIII, p. 351.

XXIX.

11

tend le long de la rive gauche de la Seine, et qui appartenait à l'abbaye Sainte-Geneviève, il y avait, outre les serfs appartenant immédiatement à ce noble monastère, une multitude de gens de métiers qui en dépendaient, par cela seul qu'ils résidaient sur ses terres. Ils lui payaient la taille, le guet et d'autres redevances; ils étaient sous sa discipline et sous sa juridiction civile et criminelle; et chaque acte de leur travail était réglé minutieusement et avec une impitoyable sévérité. Par exemple, les boulangers ne pouvaient cuire le pain ni le dimanche ni les fêtes; la grandeur des pains, leur poids, leur prix, étaient fixés; les heures de travail et de vente étaient prescrites rigoureusement et sans aucune excuse pour les contraventions accidentelles. Les pâtissiers et les oubliers ne pouvaient débiter qu'un millier d'oublies par jour; leurs gauffres et gâteaux étaient taxés; ils ne pouvaient avoir qu'un seul ouvrier, quelle que pût être la vogue de leur marchandise. Les couteliers étaient soumis aux mêmes servitudes; et leurs outils devaient être achetés à l'abbaye, qui en avait l'étrange monopole. Depuis Clovis jusqu'à saint Louis, pendant 740 ans, les vassaux de Sainte-Geneviève furent main-mortables; leurs personnes et leurs biens appartenaient à ce monastère; ils devaient le défendre comme soldats, contre ses ennemis, et garder ses châteaux nuit et jour; il fallait qu'ils travaillassent en toute façon; ils étaient tenus à faucher ses prés, à récolter ses blés et à faire mille autres sortes de corvées. Lorsqu'en 1246, saint Louis permit aux hommes de corps ou serves, de se racheter, l'abbé de Sainte-Geneviève, Thibaut, vendit pour 1,640 livres parisis, leur émancipation aux serfs qui purent contribuer au paiement de cette somme. Mais d'autres n'ayant pas satisfait aux conditions qui leur étaient imposées, furent vendus par l'abbé,

en 1273, aux échevins de la ville de Meaux, pour une somme de 1,000 livres tournois (1).

Il ne faut pas croire que, par ce rachat, les serfs obtinssent leur entière liberté. Il fut stipulé qu'ils demeureraient néanmoins sujets de l'abbaye, qu'ils lui paieraient cens, tailles et corvées, qu'ils lui donneraient secours et assistance, et que s'ils venaient à se marier avec des femmes de main-morte, ils retomberaient complètement dans la servitude. On conçoit que sous un tel régime, l'abrutissement des hommes rendait impossible tout progrès dans les métiers même les plus vulgaires, et que, comme il y a 40 ans, aux Indes occidentales, sous l'empire de l'esclavage, on ne trouvait pas un ouvrier capable du plus simple travail en dehors de celui de sa profession. Dans l'Indoustan, où la servitude est d'autant plus raffinée qu'elle est vieille comme l'état social, chacun ne peut faire toute sa vie que le métier qui lui est imposé par sa caste, et jamais le laboureur n'est changé en artisan, ni l'artisan en laboureur. Bien plus encore, chaque domestique a sa fonction spéciale; il est chargé du feu, de l'eau, de la pipe du maître, de son parasol ou de son chassemouches; et, de père en fils, il remplit son emploi, demeurant étranger à tout autre au monde. Par cette réclusion, l'intelligence humaine se rétrécit et tourne incessamment dans le même cercle, comme la roue autour de son essieu. Elle est réduite à l'existence des machines, et perd sans retour son caractère divin. La même cause produisit au moyen-âge les mêmes effets; et la servitude féodale fit descendre les populations gauloises plus bas que les Sudras et les Parias indous.

1) Manuscrits de Sainte-Geneviève, compilés par Millin, tome 5, p. 21.

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