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Russland,

20. Oct. 1. Novbr.

1870.

No. 4224. lui signaler les compensations et les gages de sûreté que nécessiteraient, pour la Russie, certaines éventualités de nature à modifier le status quo existant en Orient. ¶ Lord Russell l'a reconnu avec une parfaite équité. Il n'a pas contesté que toute altération apportée au texte et à l'esprit du Traité de 1856 devait aboutir à la révision de cet acte. Quoique ces éventualités ne se soient pas réalisées, Lord Granville ne contestera pas qu'aujourd'hui ce Traité a subi de graves modifications dans une de ses parties essentielles. Ce qui doit frapper la Russie dans ces modifications, ce n'est pas la tendance d'hostilité factice à son égard dont elles portent l'empreinte; ce ne sont pas, non plus, les conséquences que peut avoir pour un grand pays la création sur ses frontières d'un petit Etat quasi indépendant; c'est surtout la facilité, avec laquelle, dix ans à peine après sa conclusion, une transaction solennelle, revêtue d'une garantie Européenne, a pu être enfreinte, dans sa lettre et dans son esprit, sous les yeux mêmes des Puissances qui devaient en être les gardiennes. En présence d'un pareil précédent, quelle valeur la Russie peut-elle attacher à l'efficacité de cette transaction et au gage de sécurité qu'elle avait cru trouver dans le principe de la neutralisation de la mer Noire ? L'équilibre fondé en Orient par le Traité de 1856 se trouve donc rompu au détriment de la Russie. La résolution prise par notre Auguste Maître n'a pas d'autre but que de le rétablir. Le Gouvernement de S. M. Britannique ne consentirait jamais à laisser la sécurité de ses côtes à la merci d'une transaction, qui n'est plus respectée. Il a trop d'équité pour ne pas nous reconnaître les mêmes devoirs et les mêmes droits. Mais ce que nous tenons surtout à bien établir, c'est que cette décision n'implique aucun changement dans la politique que Sa Majesté l'Empereur suit en Orient. ¶ Vous avez déjà été plusieurs fois à même de Vous expliquer avec le Cabinet de Londres sur les vues générales que les deux Gouvernements apportent dans cette importante question. Vous avez pu constater une conformité de principes et d'intérêts dont nous avons pris acte avec une vive satisfaction. ¶ Nous en avons déduit qu'aujourd'hui ce n'est ni de l'Angleterre ni de la Russie que peuvent venir les dangers qui pourraient menacer l'Empire Ottoman; que les deux Cabinets ont un égal désir de maintenir son existence aussi longtemps que possible par l'apaisement et la conciliation des différends entre la Porte et les sujets Chrétiens du Sultan, et que dans le cas où une crise décisive viendrait à éclater malgré ces efforts, tous deux sont également résolus à en chercher avant tout la solution dans un accord général des Grandes Puissances de l'Europe. Ces vues n'ont pas cessé d'être les notres. Nous croy

ons que leur parfaite analogie rend possible une entente sérieuse entre le Gouvernement de S. M. Britannique et nous; nous y attachons le plus grand prix comme la meilleure garantie pour préserver la paix et l'équilibre de l'Europe des dangers qui peuvent résulter de complications en Orient. ¶ D'ordre de Sa Majesté l'Empereur, Votre Excellence est autorisée à en réitérer l'assurance à Lord Granville. Nous nous féliciterons sincèrement si la franchise de ces explications peut y contribuer en écartant toute

possibilité de mal-entendu entre le Gouvernement de S. M. Britannique No. 4224,

et nous.

Gortchacow.

Russland, 20. Oct. 1. Novbr. 1870.

No. 4225.

RUSSLAND.

Reichskanzler an den Kaiserl. Gesandten in Wien. Begleitschreiben zum Circular vom 31. October, zur Erläuterung des Standpunkts in der Orientalischen Politik.

Tsarskoé Sélo, le 20 Octobre 1870.

Votre Excellence reçoit une dépêche que, d'ordre de Sa Majesté l'Empereur, Elle aura à communiquer officiellement à Mr. le Comte de Beust. Je n'ai pas besoin d'appuyer sur les motifs qui déterminent notre Auguste Maitre à Se délier de clauses du Traité de 1856, incompatibles avec la dignité et la sécurité de la Russie. Ils sont évidents. Lorsque j'avais l'honneur d'être accrédité à Vienne, je n'ai pas caché ma conviction qu'une politique qui, sans ébranler la puissance de la Russie, laissait subsister dans les sentiments d'une grande nation une cause permanente de malaise et d'irritation, ne répondait ni aux intérêts de l'Europe, ni en particulier à ceux de l'Autriche. Le Cabinet de Vienne l'a pleinement reconnu en 1859. Lorsque le Baron de Werner fut envoyé à Varsovie, il nous exprima la conviction du Gouvernement Autrichien que la position créée à la Russie par le Traité de 1856 était nuisible à l'Europe, en ce qu'elle ne permettait pas au Gouvernement Impérial de prendre aux affaires générales la part qui lui revenait dans l'intérêt de la paix et de la politique conservatrice. Le Cabinet de Vienne nous offrit spontanément de prendre l'initiative de démarches auprès des Cours signataires du Traité, afin d'en proposer la révision dans le sens d'une abrogation de clauses considérées par la Russie comme particuliérement blessantes. Pour Vous mettre à même de venir en aide à la mémoire de Mr. le Comte de Beust, je joins ci-près copie de la correspondance échangée à cette époque entre Mr. le Comte de Rechberg et moi, ainsi que des dépêches des Représentans de l'Empereur à Berlin et à Paris sur la suite donnée à cette ouverture. Du reste, Mr. le Chancelier Austro-Hongrois s'est montré pénétré des mêmes convictions *), lorsqu'il y a quelques années et peu après son avénement à la direction des affaires politiques de l'Autriche, il émit spontanément la proposition de saisir un Congrès Européen de la révision des clauses du Traité de 1856 blessantes pour la Russie, comme une combinaison utile qui consoliderait la paix générale en rapprochant les Cabinets, en faisant disparaitre une cause permanente d'irritation et en permettant enfin à la Russie de reprendre librement, au sein de ce concert des grandes Puissances, l'influence conservatrice et pacifique qui lui appartient. Mr. le Comte de Beust m'a témoigné les mêmes dispositions l'année dernière, lors

*) Vergl. (erstes) Oesterreichisches Rothbuch: Uebersicht Staatsarch. Bd. XIV. S. 165 und die Depeschen von 1867 Januar 1 No. 3216 (89) und Januar 22 No. 3217 (90).

No. 4225.

Russland,

20. Oct.

1. Novbr.

1870.

Russland,

1. Novbr.

1870.

No. 4225. de notre entrevue à Ouchy. Je lui en ai exprimé mes remerciments, et lui 20. Oct. ai déjà fait pressentir qu'à nos yeux le Traité de 1856 avait virtuellement perdu de sa valeur. Toutefois, le moment ne nous paraissait pas encore venu de formuler à cet égard les déterminations de notre Auguste Maître. ¶ Aujourd'hui, Monsieur, il ne s'agit pour le Cabinet de Vienne de prendre aucune initiative. Les événements ont marché; ils ont créé pour la Russie des droits incontestables. Notre Auguste Maître croit devoir en user, afin de mettre un terme à une position dont Sa Majesté Impériale ne Se considère plus comme obligée de subir les inconvéniens, depuis que les garanties correspondantes ont été invalidées. ¶ Cette résolution n'affecte en rien les principes que le Traité de 1856 a donnés pour base à l'existence de l'Empire Ottoman. Notre Auguste Maître continuera à respecter ces principes, aussi longtemps qu'ils seront respectés par les autres Puissances. Sa Majesté ne change également rien aux vues générales qui président à Sa politique en Orient. Elles restent telles que je les ai exposées dans ma lettre à Mr. le Comte de Rechberg du 6 Novembre 1859. En présence des faits qui s'y sont accomplis et de ceux qui semblent s'y préparer, l'Empereur ne recherche aucun rôle exclusif. Sa Majesté est disposée à Se prêter à toute entente collective de l'Europe pour donner aux questions qui s'agitent en Orient une solution conforme aux intérêts généraux de la paix et du progrès; Elle Se féliciterait en particulier de S'entendre avec le Cabinet de Vienne sur ces éventualités qui intéressent les deux pays comme Puissances limitrophes. Notre Auguste Maître Se borne à reprendre possession d'un droit indispensable à la sécurité de Son Empire et Sa Majesté Impériale est égale. ment convaincue que, loin de menacer l'ordre de choses fondé en Orient, cette satisfaction, donnée à la Russie, en rendant toute sa liberté à son action pacifique, ne peut que concourir à l'établissement d'un accord général. Les dispositions que le Cabinet de Vienne nous a témoignées en 1859 et que Mr. le Comte de Beust nous a itérativement confirmées, nous font espérer un accueil amical à la communication que nous lui adressons aujourd'hui. ¶ Mr. le Comte de Beust comprendra certainement que la question est si grave pour la Russie qu'elle devra considérer l'attitude des Puissances dans cette conjoncture comme la pierre de touche des dispositions qu'elle peut s'attendre à rencontrer de leur part, et par conséquent aussi de celles qu'elle peut avoir pour chacune d'elles en réciprocité.

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Gortchacow.

No. 4226.

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RUSSLAND. Reichskanzler an den Kaiserlichen Gesandten in Florenz. Begleitschreiben zu dem Circulair vom 31. October. Erwartung der Zustimmung zu der Russischen Politik.

-

Tsarskoé Sélo, le 20 Octobre 1870.

Je complète l'importante expédition du jour en vous envoyant une série de pièces se référant à l'objet de la dépêche circulaire que Vous recevez. ¶ Parmi ces pièces les unes sont adressées aux Représentans de Sa Majesté l'Empereur chargés de faire la même communication aux différentes Cours Signataires du Traité de 1856, les autres font partie d'une correspondance échangée en 1859 sur le même sujet. ¶ Toutes ces communications sont destinées à Votre seule information. Elles vous renseigneront sur les antécédents de la question et sur le caractère que la pensée de notre Auguste Maitre lui attribue. Vous y puiserez le langage à tenir à Mr. ViscontiVenosta pour la lui faire apprécier sous son véritable jour. ¶ Veuillez lui dire que nous ne doutons pas un instant de l'accueil que le Gouvernement Italien fera à la demande qui nous est prescrite. Il a trop la conscience de sa propre dignité pour ne pas comprendre les devoirs que la notre nous impose. Aucun de ses intérêts ne la lie à la situation anormale créée dans la Mer Noire par le Traité de 1856. ¶ Quant à ses sentiments pour nous, ils nous autorisent à une pleine confiance et nous serons heureux d'ajouter ce nouveau ciment à nos bonnes relations.

No. 4226. Russland, 20. Oct.

1. Novbr.

1870.

Gortchakow.

RUSSLAND. pel.

No. 4227.

Reichskanzler an den Kaiserl. Gesandten in ConstantinoBegleitschreiben zu dem Circulair vom 31. October, betonend, dass letzteres keine Drohung gegen die Türkei enthalte.

Tsarskoé Sélo, le 20 Octobre 1870.

D'ordre de Sa Majesté l'Empereur, je Vous envoie une dépêche destinée à être portée à la connaissance de tous les Cabinets signataires du Traité du 18/30 Mars 1856. Vous êtes autorisé à la communiquer à Aali-Pacha. Vous Vous attacherez à bien faire apprécier à Son Altesse la pensée qui préside à cette déclaration de notre Auguste Maître. ¶Elle ne contient aucune menace envers la Turquie. Tout au contraire, plus nous avons la conviction que le Traité de 1856 crée entre elle et nous une position anormale dont la situation générale de l'Orient doit se ressentir défavorablement, plus nous sommes persuadés que le retour à des rapports d'où seraient écartées des restrictions blessantes, peut devenir entre les deux pays le point de départ de bonnes relations, dont leurs annales offrent plus d'une tradition. ¶ Il dépendra de la Porte de s'inspirer de ces traditions et d'abandonner le terrain de défiance où elle s'est placée à notre égard, en entrant dans la voie où nous la convions loyalement.

Gortchacow.

No. 4227.

Russland,

20. Oct.

1. Novbr.

1870.

No. 4228. Russland,

20. Oct.

1. Novbr. 1870.

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No. 4228.

RUSSLAND. Reichskanzler an den Kaiserl. Gesandten in Constantinopel. Privatschreiben in Begleitung des Circulairs etc. zur Erläuterung des Standpunktes in der Orientalischen Politik im Allgemeinen.

Tsarskoé Sélo, le 20 Octobre 1870.

J'ajoute quelques mots à l'importante expédition que je vous envoie. Indépendamment de la dépêche circulaire que vous recevez, vous trouverez copies des dépêches et lettres que j'adresse, d'ordre de l'Empereur, à nos représentants près les différentes Cours auxquelles la même communication est faite, et d'une correspondance échangée en 1859 sur le même sujet. Ces pièces sont uniquement destinées à votre information. Elles vous renseigneront complètement sur les antécédents de la question et sur le caractère que la pensée de notre Auguste Maître lui attribue. ¶ Vous y puiserez les arguments nécessaires pour la faire apprécier par Aali-Pacha sous son véritable jour. C'est là, mon cher Staal, ce que je vous recommande instamment, d'ordre exprès de l'Empereur. Ne négligez aucun ¶ effort pour faire bien comprendre au grand - vizir que cette détermination, imposée à Sa Majesté Impériale par les devoirs de la dignité et de la sécurité de son empire, ne renferme absolument aucune intention hostile ou malveillante envers la Porte. Je n'insisterai pas sur ce point, que vous trouverez amplement développé dans les pièces ci-jointes de notre correspondance présente et passée. Je n'y ajouterai qu'une seule réflexion. La position anormale créée entre la Russie et la Turquie par le traité de 1856 n'est pas seulement une pierre d'achoppement dans leurs mutuelles relations; elle est encore une excitation permanente pour tous ceux qui fondent des calculs ou des espérances sur une rupture entre les deux pays. Aussi longtemps que durent cette situation et les griefs qui en résultent pour nous, on sent qu'une grande puissance ne saurait la tolérer indéfiniment; l'éventualité d'une lutte que l'on représente comme inévitable, pèse sur tous les rapports; les uns l'appellent de leurs voeux et s'y préparent; les autres, dans leur impatience, cherchent à l'accélérer et à la provoquer. C'est évidemment une des causes qui entretiennent l'agitation en Orient et qui paralysent les efforts d'apaisement que le Cabinet Impérial n'a pas cessé de faire depuis 1856.

La détermination prise par notre Auguste Maître tend à écarter pacifiquement cet obstacle permanent. Nous croyons que la Porte peut y trouver, à son tour, une garantie de repos et de sécurité que ne lui ont pas offerte, jusqu'à présent, des stipulations qui n'ont pas résisté à l'épreuve du temps. Cette considération n'échappera certainement pas à la perspicacité d'Aali- Pacha.

Gortchacow.

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