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la précocité et la fécondité des populations croissent avec la mortalité. L'homme, pas plus que les animaux, n'é<chappe à cette loi providentielle. »

Nous concevons l'amour de M. Ledru-Rollin pour la série continue des êtres base du panthéisme de son maître qui assimile l'homme aux animaux.

Nous qui ne sommes point panthéistes, nous lui dirons que les grandes et petites lois de la matière, toutes éternelles, sont nécessaires et n'ont aucun rapport avec les lois sociales dérivant toutes d'un raisonnement bon ou mauvais, ayant tous les deux la liberté pour base sous peine de n'être raisonnement que d'une manière illusoire. Puis que M. Ledru-Rollin fasse mettre un troupeau de moutons dans un marécage et un troupeau de bêtes bovines sur un pic sablonneux, et il verra si la précocité et la fécondité des populations augmentent comme la diminution de la vie moyenne. En général on ne devrait parler que de ce que l'on a étudié suffisamment.

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«S'il est pénible pour l'homme dont le cœur ne s'est pas << desséché aux pratiques de la vie mercantile, de contempler, dit M. Ledru-Rollin, les immenses douleurs au milieu desquelles se débattent les artisans de la richesse << sociale, plus triste encore est le sentiment qu'on éprouve en voyant le sort réservé aux femmes et aux enfants par l'impitoyable législation du capital. L'homme est fait pour les luttes du travail et sa vigueur se plaît aux rudes labeurs, mais la femme est la gardienne du foyer domes

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tique; à elle les soins du ménage, l'éducation des enfants, < la direction des modestes joies de la famille. Eh bien, l'in<dustrie est allée arracher la femme à ses enfants, l'épouse « à son mari pour en faire l'instrument à bon marché de la • machine industrielle. Qu'importe si la faiblesse de sa complexion, si la mobilité de sa nature la rendent im< propre à cette vie active? Il faut au capital des tra«vailleurs au rabais et la femme coûte moins à nourrir que l'homme. Les liens naturels se briseront à cette usurpation contre nature, l'union de l'homme et de la « femme ne sera plus qu'une société de gain, la maternité perdra ses droits peut-être, mais les produits de la fabrique anglaise pourront envahir, au plus bas prix pos<sible, les marchés des deux mondes, et l'oligarchie britannique n'a rien de plus à demander. »

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VERBA ET VOCES. Si le cœur se dessèche aux pratiques de la vie mercantile, c'est principalement sous le panthéisme. M. Ledru-Rollin voudrait-il nous ramener aux lois de Platon l'inventeur du maximum?

Quant à la législation du capital, si funeste aux femmes, M. Ledru-Rollin en est le protecteur. En effet, il n'y a que trois législations possibles celle des possesseurs du sol dominant les capitaux, c'est la féodalité nobiliaire, que M. Ledru-Rollin repousse; celle de la raison, rendue rationnellement incontestable, faisant dominer le travail sur le sol et le capital; celle-ci est relative à l'époque où le panthéisme protégé par M. Ledru-Rollin se trouve anéanti; la troisième, la seule restante, est celle des dominateurs par le capital, et vous voyez que M. Ledru-Rollin la protége, puisqu'il ne veut point de la première et repousse la seconde.

Quant à l'industrie allant arracher la femme aux enfants, ceci n'est pas plus le fait de l'industrie anglaise que de toute autre industrie. Il y a plus de cinquante ans que j'ai vu un paysan conduisant une charrue attelée d'une vache et de sa

femme. En disant que l'oppression des faibles produit la domination du monde, M. Ledru-Rollin reconnaît que la France a été assez maladroite pour ne pas opprimer suffisamment. Et blâmer l'oligarchie britannique d'être devenue la maîtresse du monde en opprimant les faibles, c'est renouveler le blâme du renard accusant les raisins d'être trop verts.

Suit une magnifique amplification sur l'exploitation des enfants. Eh, Monsieur, donnez à l'Angleterre un moyen d'anéantir toute exploitation et elle l'acceptera peut-être. Quand vous aurez fait de la sensiblerie à cet égard pendant des volumes, croyez-vous que cela sauver un seul enfant?

On le croira à peine, dit M. Ledru-Rollin, il existe dans la métropole un marché aux enfants.

Deux fois par semaine, des enfants des deux sexes ‹ sont exposés à Bethnal-Green. On en compte ordinairement une cinquantaine et quelquefois jusqu'à trois cents de l'âge de sept ans et au-dessus. Cette marchandise humaine vient s'offrir en location, les garçons comme apprentis, les filles comme servantes. Le père ou la mère < est là pour discuter le prix de cet odieux trafic. »

Voyons, Monsieur, aimez-vous mieux que ces enfants pourrissent dans les caves de France ou d'Angleterre? Voir le mal est bien, mais le montrer et en faire apercevoir la gravité sans indiquer le remède, c'est le doubler.

Les chalands, continue M. Ledru-Rollin, examinent ces « jeunes victimes comme on fait d'une pièce de bétail, la somme est débattue, arrêtée, et les parents voient partir leurs enfants sans le moindre regret. »

Dites-moi, Monsieur, si vous aviez à prendre un apprenti ou une servante, les prendriez-vous sans examen, au risque de vous charger de paralytiques? Et pourquoi ne voulezyous point qu'un autre fasse ce que vous feriez vous-même?

Vous voyez en outre que cet amour paternel ou maternel, dont la sensiblerie des libéraux fait tant de bruit pour empêcher qu'une éducation commune soit donnée aux enfants, s'évanouirait facilement devant la raison disant que cet éloignement est surtout utile aux enfants, puisqu'il s'évanouit même facilement devant une perspective de malheur.

Ils oublient, continue M. Ledru-Rollin, que ces faibles créatures perdront leurs corps et leurs âmes, au sein de la servitude qui les attend. »

Leurs âmes, chez un panthéiste, est une très-jolie expression! mais exclusivement utile à la sensiblerie, car en ellemême elle n'a alors aucune valeur..

Heureux qu'ils sont, ajoute M. Ledru-Rollin, de s'être « débarrassés d'une bouche inutile et de s'être assuré un « revenu de deux shellings, ou même moins par semaine. > Et à leur place, M. Ledru-Rollin en ferait tout autant.

L'enfant, continue l'auteur, suit son nouveau maître sans savoir à quel genre d'occupation il est destiné. Il ⚫ travaillera douze ou quinze heures par jour sans que ses < goûts ou ses forces soient pris en considération. Mal ◄ nourri, accablé de mauvais traitements, condamné à un travail forcé, sans merci, il n'a aucune protection à attendre. La puissance paternelle a disposé de lui comme <d'une chose, il n'a plus qu'à souffrir.

Encore une fois M. Ledru-Rollin aimerait-il mieux qu'on laissât pourrir l'enfant dans une cave à faire évanouir tout préfet qui s'aviserait d'y mettre le nez? Donnez donc un remède et surtout qu'il soit raisonnable et puisse soutenir la discussion.

◄ Aux colonies, dit M. Ledru-Rollin, les esclaves ont du moins l'avantage de représenter un capital, l'avarice du ⚫ planteur les sauvegarde dans une certaine mesure contre « les brutalités et les maladies. L'enfant vendu à Bethnal<Green ne jouit pas de ce privilége, son maître peut le faire

< mourir de faim sans essuyer une perte d'argent; il en <est quitte pour retourner au marché et choisir un nou<veau martyr de ses caprices ou de sa misère. >

Vous convenez donc que les prolétaires sont plus malheureux que les nègres et que vouloir émanciper ceux-ci c'est vouloir les rendre plus esclaves qu'ils ne l'étaient. Je suis charmé de vous voir guéri de la rage des émancipations prétendues.

La philanthropie britannique, continue M. Ledru« Rollin, ne s'émeut pas de ces indignités; elle les tolère et << les encourage par son silence, et quand des voix géné

reuses ont signalé ces transactions doublement coupables, <ces voix sont restées sans écho. Que penser de la moralité < d'un peuple qui laisse ainsi moissonner l'enfant dans sa < fleur? >>

Mais, Monsieur, la France laisse enlever par la misère 20,700 enfants sur 21,000 avant leur cinquième année. Cela vaut-il mieux? Et quand vous avez été dictateur, qu'avezvous fait? Vous avez déclaré le droit au travail. Au sein de la société que vous voulez conserver, c'est comme si vous aviez déclaré le droit au soleil de ne plus éclairer. Savez-vous comment Voltaire appelait ces manières de parler pour ne rien dire? Mâcher à vide.

Les lois les plus saintes, dit M. Ledru-Rollin, y sont ⚫ violées (en Angleterre). L'avortement, par exemple, s'opère sur une si grande échelle que la justice impuissante « est réduite à fermer les yeux sur ces attentals.▸

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J.-B. Say, qui n'est pas Anglais, dit que tous les ans une partie de la population doit mourir de besoin au sein de la nation la plus prospère. Ne vaut-il pas mieux mourir avant de naître qu'immédiatement après?

Ces doctrines sont la conséquence nécessaire du panthéisme, et Aristote, le divin Aristote, voulait les faire passer dans la loi. Cet homme divin qui ne reconnaissait pas d'âmes

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