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usage au XIIe et au XIIIe siècle. On a vu dans notre Introduction (pag. 48 et 49) l'essai malheureux que fit Baïf au XVIe pour la ressusciter. Grandissime se lit dans Montluc. Hors ce mot, il ne s'est conservé que dans les titres généralissime, illustrissime, révérendissime, sérénissime.

Le français, comme toutes les autres langues romanes, forme le comparatif et le superlatif à l'aide d'un adverbe dérivé de plus ou de magis, et qui en a la signification, ou bien à l'aide de moins. Au superlatif, ce mot est précédé le plus souvent de l'article déterminant. Dans le français moderne il l'est toujours le plus savant; dans le vieux français cet article peut se supprimer. « Il assembla une troupe de plus légers Gaulois, et qui plus avoient accoutumé de gravir ès montagnes. » Amyot. --Elle soudain, me scachant là, m'envoya deux des gentilshommes plus apparents qui fussent demeurez là.» Marg. de Valois. Au XVIIe siècle encore, les exemples abondent dans Malherbe, Regnier, Corneille, Molière, Bossuet. On en voit un même dans Racine.

Disons ici que le superlatif des adverbes se forme également par plus ou moins au lieu de le plus et le moins, ou par un équivalent. S'accrochant comme mieulx ils pouvoient. Amyot.

Dis-moy qu'est-ce qu'on doit plus cherement aimer
De tout ce que nous donne ou la terre ou la mer?

REGNIER.

Ce Dieu touche les cœurs lorsque moins on y pense.

CORNEILLE.

« Quatre cent mille soldats qu'elle (l'Egypte) entretenoit, étoient ceux de ses citoyens qu'elle exerçoit avec plus de soin. » Bossuet. -«C'est le succès que l'on doit moins se promettre. » La Bruyère. Trop mieulx signifie très-bien.

En italien on dit de même : « Espugnò le città piu forti. » «Tronchero i suoi cedri piu alli.»

PRONOMS.

PRONOMS PERSONNELS

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Are Personne. Je n'a plus les autres formes usitées au

XIIIe siècle jeo, jo, jeu, ieo, io, ieu, etc., excepté jou.

Moi ou moy n'est employé au nominatif qu'avec mesme. « Je suis moy mesme la matière de mon livre. » Montaigne. Pour ce cas on met je où nous mettons moi. « Je Jehan Froissart commence à «Je qui ai empris ce livre à ordonner. » Id.

parler. › qui le scay.

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« Je

2e Personne. Tu, est encore dans Alain Chartier où nous mettrions toi: Car je t'aime en vraie entente et tu moy. »

3 Personne. Emploi analogue de il où nous employons lui: « Il et messire son père. Froiss. « Il et tous ceux qui ont esté avec luy en ces batailles. » Id.

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« Il qui estoit. » Id. « Tellement que blasme n'en eussions ni il point de dommage.

Id.

Il est même, mais rarement, régime direct: « Que mal ne l'en prist, il et ses compagnons. » Id.

Eux au nominatif : « Comment dient eux ? » Gerson.

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Li est passé du XIIIe siècle au XIVe comme régime direct et indirect, masculin et féminin. « La royne les emmena avec li (elle). » Froiss. « Quand la royne Isabelle fust arrivée à Boulogne.... le capitaine de la ville, et l'abbé et les bourgeois vinrent contre li et la recueillirent moult liement. » Id.

Luy, précédé d'une préposition sert aussi pour le féminin: . Considéré le grant amour que le conte son mary avoit en luy. » Artois. Ce que promeistes à la contesse vostre leale espousée, au point du sur partement que vous feistes de luy.» Id.

La dame entra de nuit en une nef appareillée pour luy et son fils. Froiss. Joachim du Bellay dit de la langue française: Luy donner ce qui estoit à luy. »

Luy et eux pour se : « Il visita une partie de son royaume pour luy deduire et esbattre. » Froiss. « Pour eux defendre. » Id. Luy, avant le verbe comme accusatif : « Se promettant de luy faire servir d'exemple en justice. »>

Eux, avant le verbe pour à eux, leur: Pour tous nobles cœurs encourager et eux monstrer exemple en matiere d'honneur. » Froiss.

Le livre du très-chevalereux conte d'Artois, dans notre Grand Recueil.

Les 3 personnes. Moy, toy, soy mis avant le verbe comme régimes directs ou indirects, où nous mettons me, te, se. « Pour moy acquitter envers tous. » Froiss. S'il sçavoit moy monstrer un exemple. » — « De toy oser exposer à tant de périls. » << Jamais homme n'est souffert soy eslever. » — Le plus sage pour soy tirer d'un mauvais pas. » Comines. De même après le verbe Souffise-toy de vivre en paix. »

PRONOMS DEMONSTRATIFS.

214. Les mêmes mots, tous formés du latin, servent de pronoms démonstratifs proprement dits, remplaçant un nom, et d'adjectifs démonstratifs unis au substantif qui les suit. Certaines distinctions que l'on a prétendu observer dans leur emploi, ne tiennent pas. contre la variété des exemples.

Ce, avant un pronom possessif: « Ce mien bastiment. »

Ce pour cela: Pour ce n'en doivent mie les autres pis valoir.» Froiss. << Non-seulement en ce mais en tout ce qui vous

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Cet, celle, ceulx: Cel office. Celle heure. Celle mer. Celui, celuy, celluy celuy messire Hugh. » Froiss. Du temps de celuy Eves«Avoit à Gand un homme qui avoit esté brasseur celuy estoit entré en grand fortune. » Id.

que. » Id.

de miel;

Cest, ceste, cet, cette : « Cest moyen. »

Icelluy, iceluy, icelle:

Ceste manière.

Icelluy Dieu.» Iceux.

Cette telle quelle faculté. » Montaigne.

« Or me veux retraire (borner) à la droite matière commencée et taire de cette, tant que temps et lieu viendront que j'en devrai parler.» Froiss.

Je ne puis mieux que le vous representer

en cette (lettre), afin que vous soyez, » etc. Marg. de Val.

Cestuy, cettuy: ‹ cestuy pays. » -( J'ay peur que cestuy soit devenu fol. » — « Cettuy royaume. » Froiss.

Cettuy royaume. » Froiss. « Cettuy fut grand. »

Icest, iceste: « icestes inclinations. >>

Id.

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Cil, plur. cils, Cil messire Hugh. » Froiss.

« A cil ne s'en

peust garder. Id. - « Cils respondirent.» « Cils qui estoient

entrés.

Celtuy-cy est employé par Balzac.

Au XVIe siècle on ajouta, dans certains cas, aux pronoms démonstratifs les adverbes cy et là. Le grammairien Meygret combattit cette adjonction comme inutile. Cestuy-cy, cestuy-là, cette-cy, ceslui-là. Il faut nécessairement qu'il passe par un de ces trois chemins: Ce n'est ny par cettuy cy, ni par celuy-là; il faut donc infailliblement qu'il passe par cet autre. » Montaigne.

» — .

PRONOMS POSSESSIFS.

15. Plusieurs pronoms possessifs en usage au XIIIe siècle ont cessé de l'être dès le XIV, ainsi mes, tes, ses, au singulier pour mon, ton, son, n'a laissé de trace que dans messire.

L'élision de la voyelle finale du pronom ma, sa, devant un substantif commençant par une voyelle : mespée, mamour, mame, same, se voit encore dans les poésies de Froissart; elle ne subsiste plus que dans mamour et mamie. Au XVe siècle on a remplacé en pareil cas le pronom féminin par le masculin, pour éviter l'hiatus par une inconséquence grammaticale; dès lors on dit mon ame, ton épée, son épaule.

Mien, tien, sien, pronoms possessifs proprement dits, devenaient adjectifs possessifs quand ils étaient précédés de l'article déterminant ou non déterminant ou d'un pronom démonstratif, comme en italien. Cornelio avec les siens Italiens. » Montluc. « Un mien amy.

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Comines. Cette sienne éloquence. » Montaigne. - A la priere d'un mien cher seigneur et maistre. >> Froiss. Les féminins mienne, tienne, sienne, n'ont prévalu qu'après le XIIIe siècle.

Le pronom démonstratif se plaçait même devant l'adjectif possessif. Cette vostre doute. » Amyot.

Le pronom possessif admettait même les degrés de comparaiLes qualitez plus vostres. » Montaigne.

son

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Lequel a quelquefois au datif onquel; Rabel. et l'on trouve au féminin LAQUEL chose; au pluriel lesquieuls; au datif ausquels, quoique aux ne s'écrive pas aus, et esquelz. Rabel.

Qui, au nominatif, se met pour ce qui.« Nuit et jour il pleuvoit sur eux, qui leur fist moult de peine. » Froiss. << Il estoit leger à parler des gens sauf de ceux qu'il craignoit. Qui estoit beaucoup. Comines. «Quintilian parlant des anciens Romains: Peut-être (dit-il) parloient-ils tous comme ils escrivoient. Qui montre que de son temps on en usoit autrement » Pasquier. «Que ce n'estoit rien de ceux qu'ils avoient fait mourir, si les principaux autheurs ne perdoient la vie, qui serviroit d'exemple à tout le royaume. »> Montluc.

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Qui pour si quelqu'un, si l'on. - Seroit grand aumosne et grace envers nostre seigneur qui de tel meschef le pourroit garder. » Froiss. — « Il y auroit un grand point gaigné pour le soulagement de nostre misérable condition humaine, qui pourroit establir cette proposition vraye tout partout. » Montaigne.

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Qui répété dans une série de membres de phrase de même construction, signifie l'un, l'autre, un troisième, etc. Quelques écrivains se servent encore, mais rarement de ce tour vieilli: « Le reste se retira en confusion, qui çà, qui là. — Leurs puissances (des dieux du paganisme) sont retranchées (limitées) selon nostre nécessité. Qui guérit les chevaux, qui les hommes, qui la peste, qui la teigne, qui la toux, qui une sorte de gale, qui une autre ; qui fait naître les raisins, qui les aulx; qui a la charge de la marchandise.» Montaigne.

217.-Que pour qui: « Les avocats que sont icy. > -- « Les plus furieux combats que jamais aient estez. Façons estranges. que seroyent trop longues à raconter. » Rabel.

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Que pour ce qui : « Voici que arriva un jour.» Id.

-

Ce que pour ce qui: « Ils remirent ce que brisé et rompu estoit. » Froiss. Il veut connoistre ce que lui appartient. » Comines. « Nous convoitons ce que nous est denié. « Ce que nous effraya grandement. >

Id.

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Que pour ce que. Ils lui demanderent qu'il voulait.» Froiss. - Ces nouvelles vinrent au duc pour savoir qu'il en voulait faire.» «Je ne scay que je fais. » Rabel.- « Je me doute que c'est. Id. Que fait-il ? Qu'il fait mes bonnes gens! Id. « Après qu'on lui aura appris ce qui sert à le faire plus sage et meilleur, on l'entendra que c'est que Logique. » Montaigne. Il regarde que c'est. » Marg. de Valois. -Em« Il demande que c'est. » Ead.

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