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mais non toutes les étymologies; des formes diverses des mêmes mots, mais non toutes les formes. Ce n'est pas inconséquence. Les proportions d'un ouvrage élémentaire qui embrasse plusieurs branches, ne permettent pas qu'on dise tout sur chacune d'elles; mais nous avons essayé de montrer comment on procède dans leur étude. Les lacunes aussi sont un appel à la réflexion et à l'activité. Les élèves chercheront euxmêmes les étymologies, et apprendront à découvrir sous des apparences étranges la parenté avec des mots connus. Quelquefois il leur suffira de prononcer un mot; l'oreille le reconnaitra plus tôt que les yeux, par exemple. « Il estoit frez et

nouveaux. »>

Le Glossaire de la langue romane, par J.-B.-B. Roquefort, Paris, 1808 et 1820, 3 vol. in-8°, nous a été de la plus grande utilité pour la langue du XIIe au XVme siècle ; cependant nous l'avons rectifié et complété, même sans parler du XVIme siècle.

Dans le Lexique et dans la Grammaire on a fait des rapprochements entre l'ancienne langue et celle de nos classiques, pour montrer que, en dépit du déplorable appauvrissement qui marqua le passage du XVIme siècle au XVIIme, il y a eu filiation et non interruption.

Dans d'autres rapprochements, l'ombre de l'antiquité protége des provincialismes, comme aussi des archaïsmes populaires, que l'on prend pour des altérations du langage plaisamment imaginées par des auteurs comiques.

Le premier objet de nos deux Recueils n'est pas de former proprement une anthologie littéraire, mais une réunion et une gradation de textes propres à faire connaître l'ancienne langue.

Ils ont été choisis pour cette fin, dans des domaines divers; mais nous aimons à croire que notre choix concilie l'intérêt du fond et de la littérature avec celui du langage.

Une difficulté n'a pu être entièrement vaincue : c'est le rétablissement des textes primitifs. Ceux d'avant le milieu du XVme siècle sont antérieurs à l'imprimerie et n'existent purs que dans des manuscrits et des bibliothèques privilégiées. Les plus anciennes éditions des ouvrages postérieurs ne sont pas accessibles à tout le monde. Nous avons toutefois fait des efforts pour approcher à cet égard d'une fidélité que puisse approuver une saine critique. Nous nous en sommes écarté volontairement sur deux points, en admettant dans les textes antérieurs à 1530 l'apostrophe et quelques accents pour en faciliter l'intelligence, et dans le même but, une ponctuation systématique, par conséquent moderne. Malgré cette double concession, si l'on compare nos textes avec ceux qu'ont publiés des éditeurs même très-savants, nous nous flattons qu'on nous trouvera

arriéré.

INTRODUCTION

INTRODUCTION

L'enfant dont la curiosité s'éveille ne se contente pas de savoir le comment des choses, il veut en savoir le pourquoi. La même curiosité porte l'homme d'étude à remonter des résultats de la science à son origine et à son histoire. Cette investigation, qui rentre dans la science même, n'en est pas la partie la moins instructive ni la moins intéressante. Quel spectacle captivant ne déroule pas à nos yeux le tableau des progrès de la musique, de l'astronomie, des sciences naturelles? Le but entrevu, les essais, les efforts, les obstacles, les défaites, les conquêtes, tout cela n'est-ce pas, dans l'histoire d'une science ou d'un art, l'histoire de l'esprit humain?

Un des domaines où le point de vue historique n'a fait naître que tardivement des recherches suivies et complètes, ce sont les langues. Pour arriver sans détour à notre objet, l'histoire de la langue française, traitée partiellement par quelques savants du dernier siècle ', n'a commencé que dans le nôtre, et principalement de nos jours, d'être étudiée dans son ensemble. Et pourtant la conversation même a dès longtemps soulevé des questions qui s'y rapportent. C'est que pendant des siècles les linguistes qui se sont occupés spécialement d'une ou de plusieurs langues ne se sont proposé que le but pratique d'en réglementer l'usage, et ceux qui se sont élevés à l'idée de la science n'ont connu d'autre objet que

La Ravaillère en tête des Poésies du roi de Navarre, Bonamy dans les Mémoires de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, etc.

Travaux de MM. Ampère, Paulin Paris, Edélestand du Méril, Guessard, Diez, Burguy, de l'Ecole des Chartes, etc

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