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MÉTHODIQUE.

ARTS ACADÉMIQUES.
ÉQUITATION, ESCRIME,

DANSE,

ET ART DE NAGER.

A PARIS,

Chez PANCKOUCKE, Libraire, hôtel de Thou; rue des Poitevins.

A LIÈGE,

Chez PLOMTEUX, Imprimeur des Etats.

M. D C C. L X X X V I.

AVEC APPROBATION ET PRIVILÈGE DU ROI.

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A BA

ABANDONNI

AID

bout où eft le bouton avec fa main droite, les reprend enfuite avec fa main gauche, qu'il ouvre un peu, pour laiffer couler les rênes pendant quelqu'il les tire à lui.

NDONNER un cheval, c'est le faire courir de toute fa viteffe, fans lui tenir la bride. Abandonner les étriers, c'est ôter fes pieds de dedans. S'abandonner, ou abandonner fon cheval après qu'un, c'est le poursuivre à course de cheval. ABATTRE un cheval, c'est le faire tomber fur le côté, par le moyen de certains cordages appellés entraves & lacs. On l'abat ordinairement pour lui faire quelques opérations de chirurgie, ou même pour le ferrer quand il est trop difficile. Abattre l'eau, c'eft effuyer le corps d'un cheval qui vient de fortir de l'eau, ou qui eft en fueur, ce qui fe fait par le moyen de la main ou du couteau de chaleur. S'abattre fe dit plus communément des chevaux de tirage, lorfqu'ils tombent en tirant une voiture. On dit auffi d'un cheval qui bronche, ou qui tombe, qu'il eft fujet à s'abattre.

ACADÉMIE. Manège ou bâtiment destiné principalement à apprendre aux jeunes gens l'art de monter à cheval. On y reçoit des penfionnaires & des externes. Les penfionnaires y logent, & apprennent à danfer, à voltiger, les mathématiques, à faire des armes, &c. & les externes n'y viennent que pour apprendre à monter à cheval. [Suivant le duc de Newkastle, la première Académie fut établie à Naples, par Frédéric Grifon, lequel, ajoute-t-il, a écrit le premier fur ce fujet en vrai cavalier & en grand maître. Henri VIII, continue le même auteur, fit venir en Angleterre deux Italiens, difciples de ce Grifon, qui en formèrent en peu de temps beaucoup d'autres. Le plus grand maître que l'Italie ait produit en ce genre a été Pignatelli de Naples. La Broue apprit fous lui, pendant cinq ans, Pluvinel neuf, & Saint-Antoine un plus longtemps. Ces trois François rendirent les écuyers communs en France. Jufqu'à eux, on n'y en avoit vu que d'Italiens. (V.).].'"

ACADÉMISTE. (Homm. Exerc.). Penfionnaire ou externe qui fuit les exercices d'une académie.

On trouve dans l'ordonnance de Louis XIV, du 3 mai 1654, un article relatif aux Académiftes.

« Défendons aux gentilshommes des académies de chaffer, ou faire chaffer, avec fufils, arquebufes, halliers, filets, collets, poches, tonnelles traîneaux, ni autres engins de chaffe; mener ni faire mener chiens courants, lévriers, épagneuls, barbets & oifeaux; enjoignant aux écuyers defdites académies d'y tenir la main, à peine d'en répondre en leur propre & privé nom, fur peine de trois cents livres d'amende, confifcation d'armes, chevaux, chiens, oiseaux, & engins à chaffer »,

ACCOUROIR la bride dans fa main, c'est une action du cavalier, qui, après avoir tiré vers lui les rênes de la bride, en les prenant par le Equitation, Efcrime & Danfe,

ACCOUTUMER un cheval, c'est le stiler à quelque exercice, ou à quelque bruit, afin qu'il n'en ait pas peur.

&

ACCÜLER fe dit lorfque le cheval qui manie fur les voltes, ne va pas affez en avant à chacun de fes temps & de fes mouvements; ce qui fait que fes épaules n'embraffent pas affez de terrein, que fa croupe s'approche trop près du centre de la volte. Cheval acculé. Votre cheval s'accule & s'entable tout à la fois. Les chevaux ont naturellement de l'inclination à s'acculer en faisant des demi-voltes. Quand les Italiens travaillent les chevaux au repolon, ils affectent de les acculer. Acculer a un autre fens vulgaire, & fignifie un cheval qui fe jette & s'abandonne fur la croupe en défordre lorfqu'on l'arrête, ou qu'on le tire en arrière,

ACHEMINER un cheval, c'eft l'accoutumer à marcher droit devant lui. Un cheval acheminé eft celui qui a des difpofitions à être dressé, qui connoît la bride & répond aux éperons, qui eft dégourdi & rompu.

ACHEVÉ. Un cheval achevé eft celui qui eft bien dreffé, qui ne manque point à faire un certain manége, qui eft confirmé dans un air ou un manége particulier. Cheval commencé, acheminé & achevé, voilà les termes dont on fe fert pour mar, quer les différentes difpofitions, &, pour ainfi-dire, les différentes claffes d'un cheval qui a de l'école.

ACTION fignifie, à l'égard du cheval, un mouvement vif. On dit donc une belle ou une mauvaise action du cheval. On dit d'un cheyal qui a de l'ardeur, & qui remue perpétuellement, qu'il est toujours en action. Cheval toujours en action. Bouche toujours en action, se dit du cheval qui mâche fon mords, qui jette beaucoup d'écume, & a la bouche toujours fraiche. C'eft un indice de beaucoup de vigueur & de feu, Newkaftle dit auffi les actions des jambes.

ADROIT fe dit d'un cheval qui choisit bien l'endroit où il met fon pied en marchant dans un terrein raboteux ou difficile. Il y a des chevaux très mal-adroits, & qui font fouvent des faux pas, dans ces occafions, quoiqu'ils ayent la jambe fort bonne.

AFFERMIR la bouche d'un cheval, ou l'affermir dans la main & fur les hanches, c'eft continuer les leçons qu'on lui a données, pour qu'il s'accoutume à l'effet de la bride, & à avoir les hanches bailes. Voyez ASSURER.

AIDES (les) font des fecours & des foutiens

A

que le cavalier tire des effets modérés de la bride; de l'éperon, du poinçon, du caveçon, de la gaule, du fon de la voix, du mouvement des jambes, des cuiffes & du talon, pour faire manier un cheval comme il lui plaît. On fe fert des aides pour prévenir les châtiments qu'il faut, dans les occafions, employer pour dreffer un cheval. Il y a auffi les aides fecrettes du corps du cavalier; elles doivent être fort douces. Ainfi on dit : ce cheval connoît les aides, obéit, répond aux aides prend les aides avec beaucoup de facilité & de vigueur. On dit auffi: ce cavalier donne les aides extrèmement fines, pour exprimer qu'il manie le cheval à propos, & lui fait marquer avec jufteffe fes temps & fes mouvements. Si un cheval n'obéit pas aux aides du gras des jambes, on fait venir l'éperon au fecours, en pinçant de l'un ou des deux. Si l'on ne fe fert pas avec difcrétion des aides du caveçon, elles deviennent un châtiment qui rebute peu à peu le cheval fauteur qui va haut & juste en fes fauts & fans aucune aide. Un cheval qui a les aides bien fines, fe brouille; on l'empêche de bien manier, fi peu qu'on ferre trop les cuiffes, ou qu'on laiffe échapper les jambes. Aides du dedans, aides du dehors; façons de parler relatives au côté fur lequel le cheval manie fur les voltes, ou travail le long d'une muraille ou d'une haie. Les aides dont on fe fert pour faire aller un cheval par airs, & celles dont on fe fert pour le faire aller fur le terrein, font fort différentes. Il y a trois aides différentes qui fe font ayant les rênes du dedans du caveçon à la main. La première est de mettre l'épaule de dehors du cheval en dedans. La feconde eft de lui mettre auffi l'épaule de dedans en dedans; & la troisième eft de lui arrêter les épaules.

DE L'USAGE DES AIDES. (LA GUÉRINIERE).

Les cinq fens de la nature, dont touts les animaux font doués auffi-bien que l'homme, il y en a trois fur lefquels il faut travailler un cheval pour le dreffer; ce font la vue, l'ouie, & le toucher.

On dreffe un cheval fur le fens de la vue, lorfqu'on lui apprend à approcher des objets qui peuvent lui faire ombrage; car il n'y a point d'animal fi fufceptible d'impreffion des objets qu'il n'a point encore vus, que le cheval.

On le dreffe fur le fens de l'ouie, lorsqu'on l'accoutume au bruit des armes, des tambours, & des autres rumeurs guerrières; lorsqu'on le rend attentif & obéiffant à l'appel de la langue, au fifflement de la gaule, & quelquefois au fon doux de la voix, qu'un cavalier employe pour les careffes, ou à un ton plus rude, dont on fe fert pour les menaces.

Mais le fens du toucher eft le plus néceffaire, parce que c'est par celui-là qu'on apprend à un cheval à obéir au moindre mouvement de la main & des jambes, en lui donnant de la fenfibilité

à la bouche & aux côtés, fi ces parties en manquent; ou en leur confervant cette bonne qualité fi elles l'ont dèja. On employe pour cela les aides & les châtiments; les aides pour prévenir les fautes que le cheval peut faire; les châtiments pour le punir dans le temps qu'il fait une faute ; & comine les chevaux n'obéiffent que par la crainte du châtiment, les aides ne font autre chose qu'un avertif fement qu'on donne au cheval qu'il fera châtié s'il ne répond à leur mouvement.

DES AIDES.

Les aides confiftent dans les différents mouvements de la main de la bride; dans l'appel de la langue; dans le fifflement & le toucher de la gaule; dans le mouvement des cuiffes, des jarrets, & des gras de jambes; dans le pincer délicat de l'éperon, & enfin dans la manière de peser fur les étriers.

Nous avons expliqué dans le chapitre précédent les différents mouvements de la main, de la bride & leurs effets; ainfi nous paffons aux autres aides.

L'appel de la langue est un fon qui fe forme en recourbant le bout de la langue vers le palais, & en la retirant enfuite tout-à-coup, en ouvrant un peu la bouche. Cette aide fert à réveiller un cheval, à le tenir gai en maniant, & à le rendre attentif aux aides ou aux châtiments qui fuivent cette action, s'il n'y répond pas. Mais on doit se servir rarement de cette aide, car il n'y a rien de fi choquant que d'entendre un cavalier appeller continuellement de la langue; cela ne fait plus alors d'impreffion fur l'ouie, qui eft le fens fur lequel elle doit agir. Il ne faut pas non plus appeller trop fort ce fon ne doit, pour ainfi-dire, être entendu que du cheval. Il est bon de remarquer en paffant qu'il ne faut jamais appeller de la langue lorfqu'on eft à pied, & que quelqu'un paffe à cheval devant nous : c'eft une impolitefie qui choque le cavalier; cela n'eft permis que dans une feule occafion, qui eft lorfqu'on fait monter un cheval pour le vendre.

Quoique la gaule foit plus pour la grace que pour la néceffité, on ne laiffe pas de s'en fervir quelquefois utilement. On la tient haute dans la main droite, pour acquérir une manière libre de fe fervir de fon épée.

La gaule eft en même-temps aide & châtiment. Elle eft aide lorfqu'on la fait fifler dans la main le bras haut & libre pour animer un cheval; lorfqu'on le touche légèrement avec la pointe de la gaule fur l'épaule de dehors pour le relever; lorfqu'on tient la gaule fous main, c'est-à-dire, croifée par-deffous le bras droit, la pointe au-deflus de la croupe, pour être à portée d'animer & de donner du jeu à cette partie; & enfin lorfqu'un homme à pied touche de la gaule devant, c'està-dire, fur le poitrail pour faire lever le devant, ou fur les genoux, pour lui faire plier les bras,

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