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dans un troisième au Cancer, comment auroient-ils pu douter un instant du mouvement des fixes? Hipparque n'auroit pas eu besoin de tant de recherches.. Les Zodiaques de Dendéra et de Henné, exposés à tous les regards, eussent suffi pour dissiper ses doutes; et ce mouvement des fixes, qu'il ne fit presque qu'entrevoir, eût été une chose évidente non - seulement pour lui et pour les astronomes de profession, mais aussi pour la multitude qui fréquentoit les temples.

Autre preuve et plus forte encore. Le Zodiaque de Dendera contient la Balance entre les autres constellations. Or, les anciens Egyptiens ne connurent point cette constellation, et les Grecs de l'école d'Alexandrie ont été les premiers à la placer dans leur Zodiaque ; c'est un fait certain. Le Scorpion occupoit autrefois avec ses serres l'espace où la Balance a été mise la par suite. Eratosthène, décrivant les constellations du Zodiaque, une à une, dans ses Catastérismes, ne parle point de la Balance. Eudoxe, Aratus, Hipparque, et généralement tous les astronomes, jusqu'à ce dernier, n'en font point davantage mention. Ce n'est qu'après Hipparque qu'on voit la Balance s'introduire : donc les Zodiaques de Dendéra et de Henné, qui contiennent la Balance, sont postérieurs à Hipparque, et leur antiquité prétendue est démentie par la mal-adresse même de leurs auteurs.

Il leur a plu de former des Zodiaques qui montrassent le solstice d'été dans le Lion, dans la Vierge, audelà même, si vous voulez. Quel argument en peut-on tirer pour l'antiquité du monde? Un astronome peut s'amuser à faire les tables des éclipses qui auront lien d'ici à cent mille ans, si le monde existe alors, et il peut également déterminer l'état où se seroit trouvé le ciel il y a cent mille ans, si le monde eût existé. Les

ères, les cycles, les périodes, les Zodiaques, les prédictions des astronomes pour les temps futurs, leurs calculs pour les temps passés, n'ôtent ni n'ajoutent une minute à la durée de l'Univers; et je ne doute point que si on trouvoit, en s'enfonçant dans l'Egypte, un Zodiaque qui supposât encore plus d'antiquité que ceux de Dendéra et de Henné, un œil observateur n'y découvrît, comme dans ces derniers, des preuves de nouveauté.

Pour résumer nos preuves, on est fondé à ne pas admettre l'antiquité des Zodiaques d'Egypte, quand on sait combien les peuples de cette contrée étoient infatués de leur ancienneté, et disposés à l'établir par toute sorte de moyens, quand on fait réflexion que leurs connoissances astronomiques étoient loin d'être aussi étendues qu'on le suppose, quand enfin on voit figurer dans ces Zodiaques la Balance, qui ne fut introduite qu'assez tard parmi les signes. En voilà sans doute assez pour faire tomber ces Zodiaques, et pour détruire les conséquences qu'on a voulu en déduire. Comment ne pas s'étonner, après cela, de l'enthousiasme avec lequel on a exalté une découverte qui porte tant de caractères de fraude? Des hommes qui prétendent éclairer les nations, n'auroient-ils pas dû, pour l'honneur de la science, autant que pour faire preuve d'impartialité, ne pas se hâter si fort de prononcer sur des pièces si équivoques? N'auroient-ils pas dû examiner long-temps avant de décider; et n'est-il pas étrange qu'on fasse d'abord le procès à la révélation, sur le simple vu d'un morceau de sculpture? Une si grande question ne demandoit-elle pas plus de recherches et plus de temps?

Voilà donc encore une nouvelle victoire remportée par Moïse et par la Genèse. Les Zodiaques comme les

chronologies, les théories comme les systêmes, tombent également devant ce livre, qui seul nous éclaire sur l'origine du monde et sur l'histoire des premiers âges.

Le public éclairé ne peut qu'applaudir au travail de Mgr. Testa, à son goût pour les lettres, à son érudition, à la sagesse et à la solidité de ses réflexions, et ne peut que le féliciter de trouver, au milieu des fonctions qui l'attachent à S. S., le temps de donner des écrits aussi utiles à la religion. Celui-ci est adressé à une académie formée à Rome dans ces derniers temps,. et dont le nom indique assez le but de cette belle institution; elle s'intitule: Académie de la Religion catholique, et elle se propose en effet de venger la révélation contre les attaques d'une fausse science. Déjà elle a fait éclore divers ouvrages où sont éclaircies plusieurs questions importantes, toutes tendantes à cette honorable fin. On ne sauroit trop louer un si digne usage des talens, et une direction si utile donnée à de pareils établissemens. Nous n'avions que trop vu les académies dégénérer en des réunions oiseuses ou nuisibles, où le bel-esprit prenoit la place du goût et du talent, où l'on substituoit un bavardage frivole aux connoissances solides, où l'on parloit sans s'entendre, ou bien où l'on ne s'entendoit que trop pour fronder la religion, pour avili les institutions anciennes, pour miner l'édifice religieux et social, et pour répandre ces idées de philosophie et d'indépendance dont nous avons fait depuis une expérience si déplorable. Tels avoient été, à la fin du dix-huitième siècle, l'esprit et la marche de plus d'un de ces corps littéraires. On voit avec plaisir qu'il s'en forme sous d'autres auspices et avec une autre fin, et il convenoit que ce fût la capitale du monde chrétien qui offrît cet exemple, et qui réunît ses savans

les plus distingués pour défendre le christianisme avec les armes de l'érudition et de la critique. Ce qui s'est déjà fait nous donne lieu d'espérer que la nouvelle académie continuera de se rendre digne de son titre et publiera les résultats de ses travaux pour l'instruction des uns, pour la consolation des autres, et pour l'honneur de la cause qu'elle défend.

X.

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Le monde n'est que trop vieux;

On le voit au radotage,

A l'importun verbiage.
De nos docteurs orgueilleux,

Au ridicule ramage

De nos rimeurs pointilleux :
Pourquoi donc nos pédagogues
Chimistes, idéologues,

A tout changer empressés,

Peu contens des millénaires

Sur l'univers entassés,
Veulent-ils, dans leurs chimères,

Et de pleine autorité,
De siècles imaginaires
Charger sa caducité?

Ce dessein ne me plaît guère;
Aussi, quand un mien ami
Qui, pour cause, recueilli
Du philosophique empire
Les gestes bons à décrire,
M'a d'un ton très-peu marri
Conté le trait que vas lire,

Cher Damon, s'il faut tout dire,
De très-bon cœur j'en ai ri.
Quand le fameux zodiaque
Du pays un peu crotté,
Où le tendre Callimaque
A sa muse Elégiaque

Fit chanter mainte beauté,
Ou bien, pour plus de clarté,
De la vive Niliaque

Sur nos bords fut apporté ;
Aussitôt grand consistoire
Dans Philosophopolis;
Des confins du territoire
Accourent grands et petits.
Au milieu de l'assemblée
La merveille est étalée;
A son saint et doux aspect
Chacun plein de révérence
D'abord lui fait en cadence
Son petit salamalec.
Mais bientôt de l'allégresse
La vive et bruyante ivresse
Ayant fait place au respect,
On trépigne, on saute d'aise
Autour du poudreux trésor;
On le carresse, on le baise :
Vraiment, dit un matador,
La trouvaille est impayable,
Ou bien je me donne au diable,
Voici pour mettre aux abois
Les dévôts et leur église,
Et nous allons cette fois
Damer le pion à Moïse.
Sur ce, nouveaux quolibets,
Lardons, satires, couplets,
La joie est au comble. . . . mais

Près de là, par cas étrange,

Passent quatre ou cinq docteurs ; Légitimes successeurs

Des Mabillon, des-Ducange;

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