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may, le marché de Meaulx seroit rendu et délivré par les asségez en la main des roys de France et d'Angleterre.

Item. Seront rendus et délivrés en la voulenté desdiz roys, messire Loys Tost, le bastard de Vaurru, Jehan de Rouvères, Tromagon, Bernard de Meureville, et ung, qui avoit buisiné d'un cornet durant le siége, nommé Oraces; et seront mis en justice, laquelle leur sera faicte et administrée.

Item. Que Guischard de Chissay, Péron de Luppe, maistre Robert de Giresmes, Phelippe de Gamaches et Jehan d'Aunay, demourront en la voulenté desdiz roys jusques à ce qu'ilz auront rendu ou fait rendre toutes les forteresses que eulx ou leurs commis tiennent en ce royaume, et après qu'ils les auront rendues, auront les vies saulves.

Item. Tous ceulx estans dedans ledit marché, c'estassavoir Anglois, Galois, Irlandois et autres qui paravant avoient esté obéissans au roy d'Angleterre, demourront à la voulenté des diz roys.

Item. Tous les autres, tant gens d'armes comme bourgeois ou habitans, demourront en la voulenté desdiz roys, saulves leurs vies.

Item. Le comte de Conversan demourra quicte envers Péron de Luppe ou autres à qui ce peut toucher, de sa raençon et finance, et lui promectront de le tenir quicte à tous jours, sans fraude et malengin.

Item. Que dedans les huit jours que les asségez doivent rendre la ville, ilz mectront et feront mectre tous leurs biens généralement en certains lieux, où ilz puissent venir à bonne clarté, sans les dégaster ou

empirer, et bailleront par parties les inventaires aux commis desdiz roys.

Item. Mectront et feront mectre les reliques, livres, aournemens et autres biens de l'église, en certain lieu, comme dit est.

Item. Rendront quictes et délivres tous les prisonniers qu'ilz tiennent, tant oudict Marchié comme ès forteresses et autres lieux à eulx obéissans, et les acquicteront de leur foy.

Item. Durans les jours dessusdiz ne souffreront que homme, de quelque estat qu'il soit, transporte ses biens hors dudit marchié, et pareillement n'y en lairont nul entrer, si non qu'il y soit commis de par les

roys.

Item. Pour entretenir et acomplir toutes les choses dessusdictes sans nulle enfraindre, sur peine de non demourer dans la grace desdiz roys, bailleront lesdiz asségez leurs lectres séellées de leurs seaulx ou signées de leurs mains jusques à cent des plus notables; desquelz vingt quatre des plus esleuz resteront en hostage devers lesdiz roys, telz qu'il plaira aux com

mis des rois dessusdiz.

Item. Après ce que ledit traicté sera faict et accordé, cesseront toutes guerres et voies de fait entre les deux parties, et demourront en cest estat jusques au xo jour de may, que les Daulphinois firent ouverture aux commis des roys de France et d'Angleterre et leur délivrèrent par la manière qu'il avoit esté traicté, ledit marché de Meaulx.

Lesquelz commis envoièrent tantost tous les prisonniers en la ville, soubz bonne garde, et aucuns des principaulx furent envoiés par eaue à Rouen et de

là en Angleterre. Et si en eut une partie de menez à Paris et emprisonnez en plusieurs lieux. Et povoient estre, de gens de guerre, en tout, de sept à huit cens. Desquelz, le bastard de Vaulru, leur général capitaine, fut décolé par le commandement du roy Henry, et son corps fut pendu à ung arbre au dehors de Meaulx, nommé l'arbre Vauru, auquel ledict Vaurru en son temps avoit fait pendre plusieurs Bourguignons et Anglois, et pour ce estoit cellui arbre ainsi nommé. Et avec ce fut mise sa teste sur le bout de son estandart, ataché dessus lui à l'arbre dessusdit. Et après fist, à Paris, décapiter messire Loys Gast, Denis de Vauru, maistre Jehan de Rommeres, et celui qui avoit servi le Roy durant le siège; et furent mises les testes sur lances, és hales, et leurs corps pendus au gibet par les aisselles. Et tous les biens qui estoient oudict marchié de Meaulx furent distribuez du tout au plaisir dudict roy Henry. Lequel, glorieux de sa victoire, entra en moult noble arroy dedans le marché de Meaulx, et y séjourna aucuns jours avecques ses princes, pour lui soulacer et reposer. Et là, ordonna en brief de réédifier les portes et murailles de la ville et du marchié de Meaulx, qui par les gros engins avoient esté démolis et abatus durant le siége.

CHAPITRE CCLXII.

Comment après la reddicion de Meaulx plusieurs villes et forteresses se rendirent au roy d'Angleterre.

Item, après la reddicion dudit marchié de Meaulx, furent mises en l'obéissance dudit roy Henry plusieurs

bonnes villes et fortresses, tant en la conté de Valois comme és pays d'environ, par le moien du seigneur d'Offemont, dessoubz lequel elles estoient obéissans. Entre lesquelles y furent mises les villes de Crespi en Valois, le chastel de Pierrefons, Merlau, Offemont et aucunes autres. Toutesfois, demourèrent audit seigneur d'Offemont toutes les villes et fortresses, et avecques ce fut mis à pleine délivrance, par condicion qu'il jura la paix finale derrenièrement faicte à Troies entre les roys de France et d'Angleterre. Et pour ce entretenir, bailla plèges souffisans, s'est assavoir l'évesque de Noiom et le seigneur de Chauny, lesquelz pour seureté de ce obligèrent corps et biens. Et d'autre costé rendirent, les prisonniers qui avoient esté prins dedans Meaulx comme dit est, plusieurs fortresses en l'obéissance des roys dessusdiz.

En après, quant les capitaines tenans la partie du Daulphin ès marches de Beauvoisis virent et oyrent dire comment ce roy Henry, leur adversaire, prenoit vigoureusement et efforcéement les villes et fortresses de ce royaume qui estoient imprenables, ilz eurent si grand doubte, que tantost après, par ceste crainte, envoièrent devers ledict roy leurs ambassadeurs, pour traicter avecques lui qu'ilz se peussent partir saulvement dedens certain jour, ou cas que le Daulphin ne les secourroit dedens le jour dessus dit, lequel ilz lui feroient savoir. Entre lesquelz traicta le seigneur de Gamaches pour la ville de Compiengne dont il estoit capitaine, et aussi pour les fortresses de Remy, de Gournay, de Mortemer, de la Neufville en Hez et de Cressonsac, et d'aucunes autres ou pays dessusdit. Et baillèrent hostages de les rendre le xvIII' jour du

mois de juing ensuivant, ès mains des roys de France et d'Angleterre, ou de leurs commis et députez. Et en cas pareil, traictèrent messire Loys de Chiembronne pour la ville de Gamaches, moiennant qu'ilz s'en yroient où bon leur sembleroit soubz son bon saufconduit dudit roy Henry, à tout leurs biens, et ladicte ville et les habitans demourroient paisibles en faisant le serement de la paix finale. Et avecques ce, fut rendue par le pourchas de Perron de la Luppe, en l'obéissance des deux roys, la fortresse de Montagu, qui tenoit grant pays en sa subjection par sa force, et avoit fait de grans dommages aux villes de Reims et de Laon, et ès pays à l'environ. Et d'autre part, ceulx qui tenoyent le chastel de Moy en Laonnois, sachans la reddicion des villes et fortresses dessusdictes, doubtans que messire Jehan de Luxembourg et les Anglois ne les alassent asséger soudainement, boutèrent le feu dedans ledit chastel, et s'en alèrent à Guise; et pareillement ardirent les chasteaulx de Monsteront et de Bussy.

CHAPITRE CCLXIII.

Comment la royne d'Angleterre retourna en France. Des estats qui furent tenus dedans Paris, et autres matières.

Item, le xx1 jour de may de cest an, Katherine de France, royne d'Angleterre, qui long temps paravant estoit relevée de la gésine de son premier filz, nommé Henry comme son père, arriva au port de Harfleur en notable appareil et en grant compaignie de navire plein de hommes d'armes et d'archers, desquelz le duc de Bethfort, frère du roy Henry, estoit

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