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Henry avecques ledit duc, afin que par lui ne feust contraint ou requis de lui faire serement ainsi qu'il avoit demandé estre fait au seigneur de Saint-George, qui ung petit devant avoit esté devers ledit roy pour humblement de la délivrance de son nepveu requerre le seigneur de Chasteauvilain, lequel par le commandement d'icellui roy Henry avoit esté longue espace détenu prisonnier à Paris et depuis, tantost après, délivré à la prière et requeste dudit seigneur de SaintGeorge. Et aucuns jours passez, ledit duc de.Bourgongne retourna à Paris et de là s'en ala par Troies en son pays de Bourgongne, veoir la duchesse sa mère et ses seurs, desquelles il fut receu à très grant joye. Et tost après receut les seremens acoustumez de ceulx de sesdiz pays de Bourgongne. Et après qu'il eut achevé une partie de ses afaires, ala en Savoie veoir son bel oncle', qui de sa venue fut moult joieux, et y furent faictes joustes et autres esbatemens pour la révérence de sa personne. Et après retourna oudit pays de Bourgongne, où il fut longue espace de temps sans en partir.

CHAPITRE CCLVI.

Comment messire Jehan de Luxembourg ala devers le roy d'Angleterre pour la délivrance du conte de Conversen son frère; et autres matières.

En ce temps messire Jehan de Luxembourg ala, à petite compaignie, devers le roy Henry d'Angleterre, à

1. Amédée VIII, dit le Pacifique, premier duc de Savoie. Il avait épousé, en 1393, Marie de Bourgogne, fille du duc Philippe le Hardi.

son siège de Meaulx, pour traicter de la délivrance du conte de Conversen, son frère, lequel jà par long temps avoit esté prisonnier et encores estoit, dedens icelle ville, à Péron de Lupe. Et lui là venu, fist et traicta tant par le moien et aide dudit roy d'Angleterre, que son frère fut délivré de prison moiennant grande somme de pécune qui fut promise à délivrer et paier audit de Lupe à jour assigné. Et depuis sa délivrance ledit conte de Conversen demoura ou service du roy durant ledit siège de Meaulx. Et ledit messire Jehan de Luxembourg retourna en Picardie dont il estoit capitaine général, et en sa compaignie messire Hue de Lannoy, qui nouvellement avoit esté constitué maistre des arbalestriers de France et pour les deux roys de France et d'Angleterre.

Item, en ce temps dame Katherine de France, royne d'Angleterre, s'acoucha d'un filz oudit royaume d'Angleterre, lequel par l'ordonnance du roy son père fut nommé Henry. Et, avec les autres qui estoient à ce commis, le leva de fons Jaqueline de Bavière, duchesse de Brabant, qui lors estoit oudit pays d'Angleterre. Pour la nativité duquel, ledit roy Henry eut moult grant joye, et par tout son royaume d'Angleterre fut aussi menée grant joye plus que par long temps n'avoit esté veu de nulz autres enfans. royaux.

Item, en ce temps les Daulphinois prindrent d'emblée la ville d'Avrenches que tenoient les Anglois.

1. Au château de Windsor, le 6 décembre; Hoc etiam anno domina Katherina regina Angliæ peperit filium suum primogenitum, apud castrum suum de Windeshora, die sancti Nicholai episcopi et confessoris, et vocatum est nomen Henricus (Walsingham, Hist. brev., p. 455).

Desquelz y eut, que mors que prins, de deux à trois cens. Dont moult despleut au roy d'Angleterre quant ce fut venu à sa congnoissance, et y envoya, de son siège de Meaulx, certain nombre de gens en l'aide du conte de Salebery, qui estoit gouverneur de toute Normendie. Lequel fist si bonne diligence que icelle ville fut reconquise, et plusieurs des Daulphinois mors et prins.

Item, en ce mesme temps ou environ, Artur, conte de Richemont, frère au duc de Bretaigne, retourna de la prison du roy d'Angleterre en France, par certain traictié, et après sa délivrance vint, à tout grant nombre de gens d'armes, audit siège de Meaulx, servir ledit roy d'Angleterre. Ouquel service il demoura durant la vie d'icelluy roy.

CHAPITRE CCLVII.

Comment le seigneur d'Offemont cuidant entrer en la ville de Meaulx fu prins. Et de la prinse de ladicte ville de Meaulx.

En ces propres jours le seigneur d'Offemont assembla quarante combatans ou environ, des plus expers et renommez en fait de guerre qu'il peut finer, et les mena et conduist jusques assez près de la ville de Meaulx, où tenoit siège le roy d'Angleterre, comme vous avez oy. Et s'en ala ledit d'Offemont sur entencion d'entrer secrètement en icelle ville pour aider et conforter lesdiz assègez, qui par plusieurs [fois] l'avoient mandé pour estre leur capitaine. Lesquelz, sachans sa venue, estoient préparez pour le recevoir, et avoient sur le soir mise une eschèle au dehors des

murs par où il devoit monter et toutes ses gens. Et lors, au jour assigné par les parties, ledit d'Offemont s'approucha pour fournir et accomplir sadicte entreprinse. Si rencontra aucuns de ceulx du guet des Anglois, qui tantost furent mis à mort, et après cela jusques ès fossez de ladicte ville, et commencèrent ses gens à monter par l'eschèle dessusdicte, et de fait en y monta plusieurs. Mais lui, qui aloit tout derrière pour les bouter avant, en passant sur une vieille planche par dessus ung grant fossé, chey armé de plein harnois dedens ledit fossé, et n'en peut estre mis hors par ses gens, non obstant qu'ilz lui baillèrent deux lances l'une après l'autre, lesquelles lui demourèrent és mains. Et entretant, ceulx de l'ost qui oyrent la murmure et effroy, vindrent sur eulx à grant puissance et les prindrent sans délay. Et fut ledit seigneur d'Offemont navré cruellement ou visage, et pareillement plusieurs de ses gens. Et en cet estat le menèrent devant le roy d'Angleterre, qui de sa prinse fut moult joieux, et l'examina sur plusieurs propos, et après le fist mectre en bonne garde et bien

sa personne.

penser de

Et lendemain lesdiz assègez, tristes de cuer pour ceste adventure, doubtans que à la longue ne pourroient garder la ville et le marchié, firent retraire aucuns de leurs biens de ladicte ville dedens ledit marchié. Laquelle chose apperceue par les gens Jehan de Gingin, savoyen, qui estoit audit siège, s'esmeurent soudainement et alèrent assaillir ladicte ville. Et d'autre part commença l'assault de toutes pars, tel et si aspre qu'en brief la ville fut gaignée, sans ce que les asségans y feissent grant perte de leurs gens.

Et se retrahirent lesdiz asségez, à tout partie de leurs biens, dedens le marchié. Toutesfois il y en eut aucuns prins et mors, mais non point grant nombre. Dedens laquelle ville se loga le roy d'Angleterre et grant multitude de ses gens. Et tantost après gaigna une petite ysle assez près du marchié, en laquelle il fit asseoir plusieurs grosses bombardes, qui moult terriblement craventèrent les maisons dudit marchié et aussi les murailles d'icellui. Et par ces moiens furent lesdiz asségez contrains et mis en grande necessité. Car, avec ce, ledit roy d'Angleterre avoit fait drécer plusieurs engins, taudis et boulevers et autres habillemens, près de la muraille, et tant avoit continué en ce fait, que iceulx asségez estoient de jour en jour en péril d'estre prins d'assault, et si n'avoient nulle espérance d'estre secourus par le Daulphin, leur seigneur, pour ce que le jour estoit passé que le secours leur avoit esté promis. Et de rechef, en continuant de mal en pis pour lesdiz asségez, furent prins par les Anglois les moulins dudit marchié, par quoy ilz ne porent mouldre leurs blez, si non en grant danger.

CHAPITRE CCLVIII.

Comment messire Jehan de Luxembourg conquist ceste saison plusieurs fortresses. Et autres matières.

Or convient parler d'une armée que fist en ce temps messire Jehan de Luxembourg de par les roys de France et d'Angleterre. Et eut avec lui plusieurs seigneurs de Picardie, c'est assavoir messire Hue de Lannoy, lors maistre des arbalestriers de France, le

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