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de la mariée qui les touche de sa main droite, et dit:

Partagez ces deux gâteaux entre tous les invités à la noce, ainsi le veut la mariée.

Les gars lui répondent par des cris de joie. Les plus vigoureux soutiennent les deux gâteaux en l'air et se jettent au milieu du grouppe qui se presse autour d'eux. La Véze se fait entendre; la danse recommence avec une nouvelle ardeur; les gars tenant en main de larges assiètes d'étain, et armés de petits couteaux, sautent autour des gâteaux et s'efforcent d'en détacher quelques parcelles. Les morceaux du gâteau nuptial sont un présent précieux que les jeunes filles acceptent avec reconnaissance. Elle les regardent comme un gage certain de leur prochain mariage.

La danse autour des gâteaux ne dure pas plus d'une heure on se remet à table. Le marié qui dépense ce jour-là les économies de dix ans, a acheté quelques bouteilles de vin de Bordeaux. Les amphores de cháteau-Laffite ou de château-Margaux, sont ordinairement saluées par une triple salve d'applaudissemens. Le nectar remplit les grands verres, et souvent les joyeux convives tombent sous la table pour ne se réveiller que le lendemain matin.

Cependant toutes les portes de la maison s'ouvrent spontanément.

Le dessert, le dessert, s'écrient ceux des convives qui ne sont pas encore ensevelis dans les vapeurs du vin.

Au même instant une douzaine de jeunes filles, amies de la mariée, entrent vêtues de leurs habits de dimanche et couronnées de guirlandes.

-Nous sommes venues, disent-elles à la jeune épouse, pour vous offrir ce bouquet melé d'épines et de fleurs nouvelles; voyez ces rubans et leurs belles couleurs; admirez les plus beaux fruits de la saison. O vous, qui hier encore étiez la compagne de nos fêtes, n'oubliez pas que le bouquet que nous vous offrons est le symbole de l'hymen : dans votre ménage, vous trouverez des peines, des plaisirs et l'abondance si vous travaillez et si vous aimez Dieu.

Ensuite chacune des jeunes filles lui fait son compliment, et la plus jolie de toutes lui chante la chanson suivante recueillie par l'auteur de la Vendée Pittoresque; je la cite textuellement pour faire connaître le langage vendéen.

Les jeunes filles se grouppent autour de la mariée et la jolie coryphée commence :

Nous sommes venues ce soir,
Du fond de nos bocages

Pour accomplir la joie
De votre mariage :
Nous souhaitons qu'il soit.
Aussi bon qu'il le doit.

Vous ne m'aviez point dit
Ma très chère camarade,
Que vous seriez sitôt
Mise en votre ménage,

Que vous seriez sitôt
Soumise à un époux.

Vous présente un bouquet.
Madame la mariée,
Un bouquet fruitagier,
Vous prie de l'accepter :
Il est fait de façon

A vous faire comprendre
Que tous ces vains honneurs,
Passeront comme fleurs..

Vous n'irez plus au bal,
Au bal, aux assemblées;
Vous garderez la maison
Pendant que nous irons;
Si vous avez chez vous
Des bœufs aussi des vaches,
Faudra, soir et matin,
En bonne femme de ménage,
Veiller à tout ce train!

Adieu, château brillant,
Beau château de mon père,
Adieu la liberté,

Il n'en faut plus parler.
Payez votre rançon
Madame la mariée,

Payez votre rançon

Nous en irons! chantant.

La mariée sourit gracieusement à ses compagnes et leur dit :

Quelle rançon voulez-vous Mes belles et jeunes filles... Les donzelles répondent en chœur : Un gateau de six blancs Rendrait nos cœurs contens.

Puis la jeune coryphée ajoute:

Vous présente le bon soir
Madame la mariée,
Vous présente le bon soir,
Vous et la compagnie ;

Vous présente le bonsoir

Adieu, jusqu'au revoir.

Il y a loin de la simplicité de l'élégie Vendéenne à la pompe des épithalames des Anciens; néanmoins, il arrive rarement que cette chanson n'excite pas les pleurs de la mariée. Elle ne peut s'empêcher de regretter les beaux jours de sa jeunesse, le toit paternel sous lequel elle vivait si heureuse, et la présence de son époux bien-aimé peut à peine calmer sa douleur.

Tout-à-coup au moment ou la mariée éclate en sanglots, on entend des rires immodérés dans la salle du festin: le plus jeune de ses frères, s'est glissé sous la table sans être aperçu ; il a dénoué la jarretière de ruban rouge; les convives poussent des cris de joie en voyant ce trophée, on s'empresse de couper le ruban en petits morceaux, et chacun des invités en pare

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En un mot, le soulier de la mariée s'élève quelquefois à une forte somme; presque toujours il est adjugé à l'époux, et les gars consacrent le prix de la vente à boire le dimanche suivant en l'honneur de madame la nouvelle mariée.

Les époux ne sont pas encore au terme de leurs tribulations conjugales: des coups violens se font entendre à la porte:

-Qui vient ainsi troubler les plaisirs des nouveaux époux et de leurs convives? s'écrie un des assistans. Nous sommes étrangers, nous avons faim; nous venons de bien loin.

- Entrez, mes frères, leur répond un convive; il ne sera pas dit qu'un Vendéen a refusé l'hospitalité à un étranger, venez prendre place au banquet nuptial.

A peine la porte est-elle ouverte que plusieurs jeunes gars se précipitent dans la maison; leurs souliers sont poudreux, ils portent leurs habits jettés sur leurs bras, comme s'ils venaient de faire un long voyage.

Nous sommes de pauvres étrangers, dit un des nouveaux venus; néanmoins nous voulons offrir un présent à la mariée.

Aussitôt deux de ses compagnons déposent aux pieds de la jeune épouse une petite corbeille recouverte d'un voile blanc : elle renferme le Moumon, qui est ordinairement une colombe, une tourterelle ou un jeune lapin.

Mais laissons parler un témoin occulaire auquel on est redevable de plusieurs documens précieux sur les départemens des Deux-Sèvres et de la Vendée.

«La corbeille renfermant le Moumon, reste sur la » table sans être découverte ; quand on veut savoir ce >> qu'elle contient on la joue aux cartes. Si les voya>> geurs gagnent, ils la remportent sans l'ouvrir; s'ils » perdent, ils lèvent le voile, et le Moumon s'échap

>> pant au milieu des plats et des assiettes, excite une >> vive gaité !

>> On boit, on danse, on chante pendant toute la >> nuit ; personne ne se couche pas, même les mariés; » le lendemain chacun est fatigué, et il faut un peu » de toilette pour réparer le désordre de la fête : c'est >> alors qu'une leçon de propreté est donnée aux jeunes >> époux.

>> Déja les plus anciens des convives se sont armés, » un d'un rateau, un autre d'un boisseau de farine, >> un troisième d'un maillet à fendre les buches, et » d'un énorme billot; on prend le premier venu des >> assistans, bon gré, malgré; on l'assied dans une >> chaise, et l'un des redoutables vieillards passant les » dents du rateau dans sa chevelure, le peigne et >> secoue le rateau sur le billot, tandis qu'un autre » vieillard, à grands coups de maillet, fait le simu» lacre d'écraser une vermine idéale; un troisième >> avec son boisseau, soupoudre les cheveux, pen>> dant qu'un quatrième, armé d'un plat, d'un mor>>ceau de charbon (en guise de savon) et d'un énorme >> couteau, fait l'office de barbier : le patient, après >> avoir enduré pendant une heure toutes ces tribula» tions, s'échappe enfin au milieu des joyeuses ac>> clamations des assistans.

» La seconde journée est encore remplie par des >> danses, des jeux et un festin; mais au soir la fête » cesse, et se termine par le coucher des époux. >>

Dans quelques villages seulement, il existe un usage généralement adopté dans tout le midi; vers minuit, les convives et les amis de l'époux entrent dans la chambre nuptiale, et forcent les deux nouveaux mariés à manger quelques cueillérées d'une soupe fortement épicée: au reste cette coutume date de temps immémorial, elle existait chez les Romains.

Ceux qui liront cette courte notice, s'étonneront peut-être de la simplicité, je dirai même de la bizarrerie des mœurs vendéennes; mais ces paysans qui mènent une vie patriarchale au milieu de l'Europe civilisée, peuvent au besoin se transformer en héros. Ils n'ont pas oublié que dans les jours déplorables de nos guerres civiles, ils eurent le funeste bonheur de vaincre plusieurs fois leurs frères les grenadiers de la république. Les Vendéens redeviendraient soldats, si un nouveau Laroche-Jacquelain les ammenant, contre leurs frères, mais au secours de la patrie, leur criait encore:

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CATHÉDRALE DE NARBONNE.

Narbonne est une des plus anciennes villes du midi; fondée, dit-on, par les Atacins, peuples qui habitaient les fertiles contrées arrosées par l'Aude, elle devint un objet de convoitise pour les Romains, dès le moment que les conquérans de l'univers étendirent leur sceptre sur la Gaule. Les Narbonnais accueillirent favorablement les proconsuls, et Lucius Crassus y con duisit une première colonie en l'an de Rome 636. Les Romains ne tardèrent pas à connaître tous les avantages qu'ils pouvaient retirer de la possession d'une cité qui était, de temps immémorial, le principal entrepôt de toute la Gaule; elle avait un port commode et sûr où ils pouvaient embarquer les troupes qu'ils voulaient faire passer en Espagne.

Aussi s'empressèrent-ils de combler de faveurs les habitans qui les avaient accueillis si favorablement. La ville reçut d'abord le nom de Martius, probablement à cause du culte que les Narbonnais rendaient au Dieu de la guerre, ou du consul Marius qui avait commandé pendant plusieurs années dans la province. Plus tard, lorsque la deuxième légion s'y établit, on changea son premier nom en celui de Narbo colonia decumanorum, et on ajouta même à ces diverses dénominations, celle de julia paterna.

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La situation de Narbo était trop favorable aux projets d'envahissemens que méditaient les Romains pour ne pas avoir part aux faveurs du peuple-roi. Auguste, devenu empereur, choisit la ville de Narbonne pour y tenir l'assemblée générale des députés de toute la Gaule: les habitans reconnaissans consacrèrent à ce prince le bel autel dont les tables votives, découvertes en creusant les fondemens d'une maison en 1566, sont restées dans une des cours de l'archevêché, jusqu'en 1716, époque à laquelle M. de la Berchère, archevèque de Narbonne, les fit transporter en un lieu plus sûr.

Lorsque la Gaule fut partagée en deux provinces, la ville de Narbonne fut jugée assez importante pour être la capitale de la première Narbonnaise qui s'étendait depuis les rives du Rhône jusqu'aux Pyrénées. Alors elle eut un capitole, un amphithéâtre, des portes magnifiques, des palais somptueux, des temples, des arcs-de-triomphes, des portiques, en un mot, elle fut embellie de tous les ornemens de l'architecture romaine. Cette grande cité était trop puissante pour ne pas jouer un rôle actif dans les diverses révolutions qui bouleversèrent l'Empire romain. Elle se déclara pour Galba, lorsqu'il marcha à Rome pour détruire le parti d'Othon; et ce fut dans ses murs que le nouveau César ceignit le diadême impérial. Elle n'avait rien à envier aux autres cités de la Gaule; elle était l'égale de Marseille, de Lyon, de Toulouse, lorsqu'elle fut entièrement consumée par un horrible incendie, sous le règne d'Antonin le pieux.

Rome ne laissa pas sa fille aînée dans la tristesse

et la désolation; Antonin, qui s'avait apprécier l'importance de la constante amitié des Narbonnais, fit reconstruire, aux dépens du trésor public, les portiques, les thermes, les basiliques et les autres édifices qui avaient été la proie des flammes. M. Georgest dit que ce prince se montra si bienveillant envers Narbonne parcequ'il avait vu le jour dans les murs de cette noble cité! mais des documens historiques de la plus grande authenticité, prouvent que la famille d'Antonin-le-pieux était originaire de Nimes, et qu'il nàquit, non dans la Gaule Narbonnaise, mais à Lanuviam petite ville située à quelques lieux de Rome.

Quoiqu'il en soit, les Narbonnais restèrent fidelles aux destinées de Rome, jusqu'au moment fatal où les barbares envahirent l'Europe méridionale.

Entendez-vous le nuage qui mugit dans le lointain; vous pouvez déja le voir à l'horizon, noir et portant dans ses flancs la tempête et la foudre ; il a déja passé sur l'Italie comme une lame de feu... tremblez peuples de la Gaule, il vomit des armées de barbares.

Prêtez l'oreille; n'entendez-vous pas dans le lointain, les fanfares des sauvages du nord? ne voyezvous pas le géant qui s'avance armé de pied en cap? C'est l'intrépide Ataulphe, roi des Visigoths. Les villes s'empressent d'ouvrir leurs portes au conquérant, et Narbonne, la cité romaine, Narbonne l'auguste municipale courbe aussi sa tête sous le joug.

Déjà l'on n'entend plus le cri de la guerre; les soldats répètent des chants d'hymen et d'amour : Ataulphe le barbare conduit à l'autel la belle Placidie fille d'Honorius, qui n'a pas craint de se jetter dans les bras d'un roi barbare pour sauver l'empire romain.

Les Visigoths, les Romains, les Francs, les Sarrasins, Charlemagne, les Normands s'emparèrent tourà-tour de Narbonne qui devint au commencement du x siècle, capitale du marquisat de Septimanie. Plus tard, les comtes de Toulouse réunirent ce grand fief à ceux qu'ils possédaient déja, et ajoutèrent à leur titre de comte de Toulouse, celui de duc de Narbonne.

Nous sommes en 1209; la croisade contre les hérétiques connus sous le nom d'Albigeois, commence ; le grande épée du nord brille hors du fourreau, la force matérielle va lutter contre l'intelligence; les deux champions descendent dans l'arène. Arrière peuples, une voix d'en haut a crié: Raymond VI de Toulouse; Simon de Montfort, comte de Leycester.

Le prince lauguedocien et le Macchabée du pape Innocent III sont en présence; le sang coule ; la ville de Beziers brûle comme une torche, Raymond Roger le dernier des Trencavel succombe dans Carcassonne; toutes les cités sont prises d'assaut et livrées au pil

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L'histoire religieuse de la ville de Narbonne n'offre pas moins de phases, moins de splendeur que son histoire politique. Dès les premiers siècles du christianisme, les disciples des apôtres apportèrent dans la première Narbonnaise le flambeau de la foi. Les

lage. Narbonne seule échappe au désastre général; elle a su éviter par une prompte soumission la vengeance des catholiques. Ses habitans voient arriver dans leurs murs les plus grands seigneurs languedociens, qui viennent implorer la clémence du légat, et ils entendent le terrible arrêt qui condamne Ray-habitans de Narbonne embrassèrent avec ardeur les mond VI de Toulouse, Raymond le fauteur de l'hérésie, à être fouetté publiquement. Le petit fils de Raymond IV, le plus fier des vassaux du roi de France, humilié, fouetté !!..

Ecartons ce triste tableau qui répand sur notre histoire méridionale une teinte si lugubre; et poursuivons rapidement les phases historiques de l'antique cité de Narbonne.

Elle voit sa prospérité s'accroître de jour en jour, quelques années ont suffi pour réparer les désastres occasionnés par les barbares: elle a passé sans en éprouver aucune atteinte sous le feu de la guerre contre les Albigeois. Gaston de Foix, ce héros de vingt ans, qui mourut deux ans plus tard à la bataille de Ravenne, échangea la vicomté de Narbonne contre le duché de Nemours : les trésoriers de France s'en emparèrent alors au nom de Louis XII, et François 1er son successeur, à peine monté sur le trône, entoura la cité d'une enceinte de murailles qui fait encore l'admiration de tous les étrangers. Depuis cette époque, Narbonne a suivi les destinées du reste de la province: les progrès de la civilisation moderne ne lui ont pas été si favorables qu'on aurait du l'espérer. Cette vieille métropole, en perdant son port, a vu s'affaiblir peu-à-peu l'influence qu'elle exerça pendant tant de siècles dans le midi. Cette ville semble appartenir au passé plutôt qu'au présent.

La capitale de la première Narbonnaise, conserve à peine quelques débris des magnifiques monumens que les Romains élevèrent dans son enceinte : ceux qui ont échappé au marteau du vandalisme, à la fareur du fanatisme révolutionnaire, ou à la cupidité, suffisent néanmoins pour prouver que l'antique Narbo était une des plus belles cités de la Gaule.

Ecoutons M. P. Mérimée dans son voyage dans le midi de la France.

« Les murailles de Narbonne, dit-il, sont comme un musée en plein air; car, dans toute leur étendue, elles présentent une suite de bas-reliefs, d'inscriptions et de fragmens antiques, melés aux pierres de taille, et disposés avec une espèce de symétrie. On est tout étonné d'apprendre que c'est François 1er le protecteur des arts qui a fait élever les fortifications de la ville avec les débris de ses édifices romains, et l'on peut juger par ce qui s'est conservé, des richesses dont on pouvait disposer alors. Il faut rendre cette justice à l'ingénieur de François, qu'il a placé la plupart des inscriptions de manière à pouvoir être lues, qu'il n'a point retourné ni détruit les bustes et les bas-reliefs, enfin qu'il a plaqué l'intérieur des portes des fragmens de sculpture qui lui ont paru les plus curieux. Ce n'était donc pas tout-à-fait un ignorant; il raisonnait la barbarie. »

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doctrines de l'évangile, et la cité romaine devint le siége d'un des premiers évêchés établis dans les Gaules.

L'église archiepiscopale de Narbonne eut pour premier pasteur Saint-Paul Serge, et depuis elle a complé quatre-vingt-deux évêques ou archevêques jusqu'à Arthur Richard Dillon.

La cathédrale, construite sous l'invocation de SaintJust, fut consumée par les flammes au commencement du cinquième siècle, et rebâti en 441 par l'évêque Rustique. Les Sarrazins la ruinèrent dans leurs incursions; et Charlemagne en passant à Narbonne donna des ordres pour hater la reconstruction du saintédifice. Selon toutes les probabilités, l'église épiscopale de Saint-Just ne se fesait pas remarquer primitivement par cette architecture grandiose qui la rend aujourd'hui une des plus belles basiliques de notre France méridionale.

La cathédrale telle qu'elle est ne date que du XIVe siècle. L'archevêque Maurin, à son retour d'Afrique, où il avait accompagné le roi Saint-Louis à sa malheureuse expédition de Tunis, se hâta d'accomplir le vœu qu'il avait fait de rebâtir Saint-Just. La métropole ne présentait déja plus qu'un amas de ruines. De nombreux ouvriers creusèrent les fondemens, et le souverain pontife, pour donner une plus grande importance à la construction de la basilique, envoya de Rome la pierre fondamentale, après l'avoir bénie.

Le 3 avril 1272, on jeta les fondemens; on travailla sans relâche, et en 1332, on avait déja terminé la construction du choeur, des chapelles qui forment le chevet, et des deux grosses tours. Mais des obstacles dont nous n'avons pu découvrir la cause empêchèrent de bâtir la nef, et l'église métropolitaine de Narbonne est restée inachevée jusqu'au cammencement du XVe siècle. M. de la Berchère, alors archevêque, zélé pour la religion autant que pour le progrès des beaux-arts, voulut continuer la construction de la nef. Ses plans ne purent être exécutés : l'ouvrage fut suspendu ; et ne fut terminé que sous l'épiscopat de M. de Beauveau, son successeur.

Telle est, à peu de chose de près, l'historique de la construction de Saint-Just de Narbonne. Avant d'en donner la description, je citerai encore quelques lignes du voyage de M. Mérimée, si expert dans l'appréciation des monumens religieux.

« La cathédrale de Narbonne, Saint-Just, est un bel édifice gothique, dont malheureusement le chœur seul a été terminé. Sa première pierre fut posée par l'évêque Maurin, en 1272. Il paraît que les travaux furent pressés avec activité, puisque, en 1285, on y déposa les entrailles de Philippe-le-Hardi.

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Les chapelles latérales s'élevèrent successivement au commencement du XIVe siècle; deux furent fon

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