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blée des états-généraux du Languedoc. Les barons ne s'y rendaient pas toujours; ils avaient la faculté de se faire représenter par un Bailli. En sa qualité de seigneur du Vivarais, l'évêque de Viviers envoyait chaque année aux états un de ses grands-vicaires qui avait droit de prendre rang et séance aves les barons et les baillis.

Le tiers-état du Vivarais était représenté par treize consuls ou députés des villes et des communautés. Ils avaient droit de prendre part aux délibérations, et bien souvent leur opposition aux exigeances de la noblesse rendit les séances orageuses.

L'assemblée des états se réunissait tantôt dans une ville, tantôt dans une autre'; le baron que le sort appelait à présider, et son bailli pouvaient les convoquer où bon leur semblait et même dans leur maison. Le premier consul de Viviers et le sénéchal du Vivarais entraient aux états en qualité de commissaires ordinaires.

Les états du Vivarais comme les états généraux du Languedoc, ont existé jusqu'en 1789. Alors les provinces du midi subirent la nouvelle organisation imposée à la France, et le Vivarais forma le département de l'Ardèche. Dès les premières années de la révolution il paya son tribut à la gloire nationale, et envoya à la convention l'immortel Boissy-D'Anglas dont l'histoire transmettra le nom à la postérité, environné de l'éclatante auréole du courage civil. Ils députèrent aussi Glaizal qui eut le courage d'attaquer Marat et les massacreurs de septembre.

Sous l'Empire, les bataillons de l'Ardèche conduits par les braves généraux Rampon et de Losne, donnèrent souvent des preuves d'intrépidité, et s'immortalisèrent avec leur chef, en défendant la redoute de Montegélino.

Dailleurs les habitans du département de l'Ardèche n'ont rien à envier à leurs voisins, sous le rapport des illustrations qui surgirent à diverses époques. Au XVe siècle, une noble châtelaine, la célèbre Clotilde de Surville chantait dans les gorges du Vivarais, les stances gracieuses, qui résument à elles seules toute la poésie du moyen-âge. Plus tard, le cardinal de Tournon, homme d'état, habile et profond, administrateur éclairé, devenait premier ministre de François Ier. Vers le milieu du seizième siècle, l'agronome Olivier de Serres écrivait son théâtre de l'agriculture, et introduisait en France la culture du mûrier, tandis que son frère, Jean de Serres écrivait l'histoire de Henri IV. Sous le règne de Louis XIV, le Vivarais vit naître le marquis de Lafare qui charma quelquefois par ses vers érotiques la tristesse dédaigneuse de celui qu'on appelait le grand roi. Au dix-huitième siècle le cardinal de Bernis et Victorin Fabre s'illustraient comme poètes, et les frères Montgolfier, inventeurs des aérostats ouvraient à l'audace humaine une route toute nouvelle dans l'immense étendue de l'air. De nos jours, les frères Séguin, industriels du premier mérite, ont doté la France des ponts suspendus et des chemins de fer. En un mot, les grands hommes du département de l'Ardèche ont gravé dans tous les temps, leurs noms dans les fastes de notre histoire nationale.

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De toutes ses villes la plus agréablement située est Aubenas; elle est bâtie sur une riante colline, dont la pente est très-rapide vers l'est et le nord, et très douce vers l'ouest. L'Ardèche coule sous ses murailles et arrose une belle esplanade couverte d'une riche végétation, d'où l'on peut voir les falaises volcanisées qui s'élèvent à l'horizon, et les hautes cimes du Coiron qui forment divers étages couvert de sombres forêts. Lorsque l'œil fatigué de ce spectacle grandiose, se porte vers la ville, il la voit d'abord couronnée de verdure, et dominée par la flèche aérienne de son église ; ensuite il découvre les tourelles de l'hô→ tel-de-ville, autrefois château fort qui soutint plusieurs siéges et appartenait à la maison d'Harcourt. La petite ville d'Aubenas conserve encore l'enceinte de ses remparls.

La Voulte ne se recommande à la curiosité des voyageurs que par son vaste château qui appartenait au duc de Ventadour, et où Louis XIII séjourna lors de la révolte des habitans du Vivarais en 1629. Ce prince pour récompenser la fidélité de la petite ville, lui accorda divers priviléges dont elle jouit jusqu'à la révolution. La Voulte est connue aujourd'hui des industriels par ses abondantes mines de fer.

Privas et Viviers, l'un chef-lieu du département l'autre ville épiscopale, ont perdu beaucoup de leur ancienne importance. Privas ne s'est embelli que depuis quelques années, et Viviers autrefois capitale du Vivarais qui accueillit jadis les malheureux habitans de l'antique Alba-Augusta, ne joue plus aujourd'hui qu'un rôle secondaire dans la contrée dont elle fut long-temps le centre administratif. Villeneuve-deBerg a perdu sa cour présidiale que Louis XIV y établit en 1646; elle n'a plus sa maîtrise des eauxforêts ni son bailliage. La cité de Tournon a vu successivement s'éteindre les comtes de Tournon, les Mont-Morency, les Ventadour et les Rohan-Soubise.' Son château féodal sert aujourd'hui de prison d'où les détenus peuvent à travers les barreaux des fenêtres contempler un magnifique panorama; à l'est ils découvrent le lit du Rhône, le cours de l'Isère jusqu'à Romans, et la chaîne centrale des alpes.

Annonay que les auteurs anciens appelent Anno¬ neum et Annoniacum, est sans contredit la ville la plus riche et la plus florissante de tout le département de l'Ardèche. Elle appartenait aux Rohan-Soubise, et avait le titre de Marquisat. Elle eut beaucoup à souffrir pendant les guerres de religion; les ligueurs la livrèrent plusieurs fois au pillage, mais ses habitans qui se sont toujours fait remarquer par leur industrie active, et leur esprit inventif, réparèrent bientôt leurs désastres : maintenant Annonay est au plus haut point de prospérité et ses papeteries ont porté sa gloire industrielle dans toute l'Europe. Quel voyageur a parcoura le cours du Rhône sans s'arrêter quelques instans à Saint-Peray, jolie petite ville si renommée pour ses bons vins? Aujourd'hui le berceau des ducs de Crussol n'est guère connu que des gastronomes; et pourtant Saint-Peray a conservé de magnifiques débris de l'architecture du moyen-âge ; à quelqne distance

de la petite ville est le château de Beauregard qui servit long-temps de prison d'état : on est frappé d'admiration quand on voit pour la première fois les tours de l'ancien manoir des ducs de Crussol, qui dominent le lit du Rhône et les campagnes du département de la Drôme. Les autres villes et bourgs de l'Ardèche ne se font remarquer que par leurs sites pittoresques, avantage commun aux pays entrecoupés de montagnes.

En parcourant le pays habité autrefois par les Helviens, les fidelles alliés de Rome, on est étonné de ne pas trouver à chaque pas des débris de la magnificence des Romains. La fameuse Alba-Augusta était sans doute décorée de somptueux édifices; tout a disparu sous le marteau destructcur des Barbares. Depuis quelques années seulement on a découvert dans la commune d'Aps, des pavés en mosaïque, des tronçons de colonnes, des restes d'Aqueduc, des ustensiles en bronze, des vases de terre, et une grande quantité de médailles; ces débris qui auraient pu être d'un grand secours pour connaître l'histoire du pays ont êté malheureusement dispersés, plusieurs des maisons du village sont construites en pierres sculptées et ciselées : quelques-unes sont revêtues d'inscriptions latines. On a découvert dans une muraille un buste en demi-relief, autour duquel on lit le nom de Lucrétius. C'est peut-être ce qui a fait supposer à certains historiens que la mère de Cicéron, Helvia, était originaire d'Alba-Augusta. Quoiqu'il en soit, tout porte à croire qu'avant l'invasion des peuples du nord, la capitale des Helviens était une des plus belles villes municipales de la Gaule-Narbonnaise.

Les habitants du département de l'Ardèche, comme les Helviens leurs ancêtres, sont très attachés à leur pays; actifs, sobres, intelligens, ils sont capables de tout faire, pourvu qu'on ne les force pas à quitter leurs montagnes. De nos jours seulement, l'instruction commence à pénétrer parmi la population des campagnes plongée jusqu'à ce jour dans l'ignorance la plus profonde. Il est pourtant encore dans les hautes régions, certains villages qui semblent opposer une barrière inaccessible aux progrès de la civilisation. L'âpreté du climat influe d'une manière toute-puissante sur l'organisation des montagnards dont les natures ont toute la rudesse et la grossièrete des sauvages du nouveau monde. Ils se livrent aux excès de l'ivrognerie, et quand ils sont plongés dans les vapeurs du vin leurs haines sont redoutables, et leurs vengeances terribles. Dans leurs chaumières, ils se montrent toujours bons et francs; ils se conduisent avec une sévérité de mœurs qu'on ne peut s'empêcher d'admirer, et le chef de famille a tout le pouvoir qu'exerçaient les anciens patriarches. Pauvres, pouvant à peine avec un travail

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Les montagnards de l'Ardèche ne suivent pas tous la même croyance; certains villages sont protestants, et les autres catholiques. Quoique le souvenir de la persécution vive encore dans tous les cœurs, le plus parfait accord règne parmi les paysans; on les voit souvent se diriger ensemble vers l'église et vers le temple, et si nos philosophes, prôneurs de la tolérance religieuse, parcouraient les Cevennes, ils y trouveraient un peuple qui s'est élevé jusqu'aux sublimités de la pratique sans le secours de leurs leurs froides théories.

Le costume des habitants du département de l'Ardèche n'est remarquable que par sa simplicité. Les jours de travail, hommes et femmes ne portent que des vêtemens d'étoffe grossière; mais le dimanche ils mettent un peu plus d'apprêt à leur toilette. Une veste de serge ou de toile, une chemise blanche. comme la neige, une cravate de couleur, des culottes courtes, de gros souliers, une casquette en forme de berret complettent le costume d'un montagnard fashionnable; jeunes-gens et vieillards, laissent croître leurs cheveux qui retombcnt sans ordre sur leurs cous et sur leurs tempes.

Le costume des femmes a plus de grâce; leurs jupons ne sont pas si mal façonnés, qu'on ne puisse admirer la taille élancée des jeunes filles. Quelquesunes portent le dimanche de larges chapeaux ornés de fleurs qu'elles placent horizontalement sur leurs têtes; les plus pauvres se contentent de quelques pans de velours noir. Pendant les châleurs de l'été, elles se garantissent des rayons du soleil, au moyen de grands chapeaux de paille, et les montagnardes de l'Ardèche quoiqu'elles n'aient pas la grâce des femmes pyrénéennes, se font pourtant admirer des étrangers, tant elles sont fraiches et jolies. Le patois de l'Ardèche est un dialecte formé de l'ancienne langue languedocienne, commune autrefois à tous les peuples du midi; quelques-unes de ses locutions ont toute la naïveté, toute la grâce de l'idiome de nos vieux troubadours.

Hyppolite VIVIER.

ESSAI SUR LES TECTOSAGES.

L'histoire des âges primitifs de la Gaule est enveloppée d'épaisses ténèbres, et il est presque impossible de présenter une synthèse lumineuse sur le mouvement politique et social des nations que Rome ne connaissait que sous la vaste et méprisante dénomination de famille Barbare. La force expensive du monde Grec et Romain ne s'est long-temps déployée que dans des directions méridionales; et tout ce qui 'était au delà des Alpes et des limites septentrionales de l'Italie, de l'Illyrie, de la Macédoine et de la Thrace, les historiens de la civilisation hellénienne et latine l'excluaient de leurs annales.

Si, de temps en temps, nous voyons apparaître le nom de quelques peuples barbares, c'est que ce nom signale une infortune nationale, un désastre religieux, ou une grande perturbation dans la vie des empires du midi; comme la première expédition contre la Cisalpine, le sac de Rome, l'invasion de la Macédoine sous Ptolemée Keraunos, le siége de Delphes etc., etc.

Les écrivains de l'antiquité, et principalement ceux qui écrivait l'histoire, appartenaient aux castes aristocratiques, et, comme tels, l'agitation de la vie politique de leur patrie les absorbait dans la narration exclusive des événemens locaux. L'histoire générale, universelle, ne leur importait guères, et ils ne s'en préoccupaient que lorsque l'élément national venait à se choquer avec l'élément barbare et étranger. En dehors de ces nations dont la fidélité et l'exactitude s'expliquent par le contact guerrier et l'intérêt social, les renseignemens que les anciens nous ont laissés sont en général d'une médiocre valeur, car ils sont pleins de fables et de merveilleux. L'impossibilité d'ailleurs où étaient les anciens de yoyager dans les pays slaves et celtiques, nous montre assez quel fondement nous devons faire sur ce qu'ils rapportent des peuples de ces contrées.

Ce qu'on sait de plus sûr c'est qu'ils inspiraient une terreur solennelle à la Grèce et à l'Italie. Aristote les a peints comme des Titans immobiles qui ne craignaient rien que la chute du ciel. Elien en parle dans les mêmes termes. Homère avait déjà éveillé les frayeurs de l'imagination grecque par quelques mots sur les redoutables Kimmériens. Dans la guerre de Phocide, Castor et Pollux combattirent pour la ville de Delphes du haut des rochers d'Illyampée et de Nauche. Camille, après avoir délivré sa patrie des Gaulois, reçut le surnom de second fondateur de Rome. L'histoire présente une foule d'autres faits qui constatent l'effroi que les Géans du nord, répandaient dans l'esprit poétique des populations méridionales.

Parmi les peuplades galliques, une des plus célèbres est sans contredit celle des Volces. Ils se divisaient en deux tribus: les Volces-Tectosages et les VolcesArékomikes. On s'est épuisé en conjectures pour trouMOSAÏQUE DU MIDI. He Année.

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ver l'origine des Volces. Dom Martin les fait arriver de la Bythinie, d'où il tire toute la population originelle des Gaules, environ vingt siècles avant notre ère. Samuel Bochard, peuple les Gaules avec une colonie asiatique descendue de Joram petit fils de Noé. Venus sous le nom de Rhodaniens, c'est deux que le Rhône, Rhodanus, aurait pris son nom, et cette émigration se serait faite par mer. Suivant Dom Calmet, ce sont des Cimbres descendus de Gomer qui ont été les premiers habitans des Gaules. C'est le système terrien de la diffusion des peuples et par conséquent ur. des plus raisonnables, par rapport à la Gaule surtout. Fréret, d'après le sentiment d'un géographe grec, regarde les Volces, en particulier, comme une colonie venue des bords de l'Ebre habités par les Ibères et les Lyguriens. Mais toutes ces opinions ne sont appuyées sur aucune base historique solide, et malheureusement les monumens manquent pour coordonner une systématisation complète de l'éthnographie de la partie occidentale du continent européen. A moins de découvrir des sources, jusqu'ici ignorées, d'où l'histoire puisse tirer des connaissances moins vagues que celles qui nous sont parvenues à travers le cataclysme des invasions qui ont formé le monde moderne, il est probable que les temps primitifs de la presque totalité de l'Europe resteront plongés dans l'obscurité d'un passé qui n'a point laissé de sentiers pour retourner à lui.

Il est pourtant un ordre d'investigation qui pourrait amener la solution de beaucoup de problêmes historiques antiques, mais il se rattache à une synthèse hu maine inconnue et préparée par une école qui n'a pas encore signalé son avénement définitif dans le monde scientifique. Nous n'avons point à nous en occuper ici; nous resterons donc dans les conditions de l'histoire, telle que nous l'ont léguée les civilisations anciennes.

S'il est impossible de caractériser avec précision l'état des populations gauloises avant la guerre de César et dans les siècles qui confinaient à l'apparition du monde chrétien, il est tout-à-fait chimérique, avec les ressources actuelles de la science, de remonter aux époques primordiales où la Gaule pouvait être habitée par des races nées providentiellement sur son sol. Nous ne hazardons rien sur l'existence d'une race méridionale ou solaire qui aurait tenu la Gaule à une époque dont il ne nous reste point de vestiges. La démonstration de ce fait nécessiterait des considérations qui n'appartiennent point à la nature de cet article.

Nous ne pouvons donc entrer dans la profonde nuit du déploiement des races occidentales qu'au moment où la tradition, les livres religieux et la philologie nous indiquent le point de départ de l'immense mouvement qui a déterminé la vie générale connue du

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monde européen ancien, et au-delà de laquelle nous tomberions dans le vide.

Cette impulsion de vitalité qui est comme la naissance réelle de l'Europe dérive du grand tumulte des races du nord qui a eu lieu environ 3000 ans avant J.-C.

On sait que parmi les peuples d'origine scythique, venus de la Haute-Asie et qui firent irruption dans l'Europe vers le temps que nous assignons à l'apparition des premiers habitans connus des terres européennes, les Galls étaient un des plus nombreux et des plus puissans. Leur domination dans les extrêmités occidentales de l'Europe prouverait en même temps qu'ils furent les conducteurs et comme l'avant-garde de l'invasion. Ces conquérans tourmentés du besoin de se faire une patrie, et toujours poussés par les hordes qu'ils avaient laissées derrière eux ne pouvaient s'arrêter qu'en face de la mer. Alors la première submersion cessa, et les multitudes hyperboréennes se répandirent dans tous les sens du pays qu'elles avaient conquis par les armes, ou simplement occupé, soit qu'elles aient eu à lutter contre des populations indigènes, soit qu'elles aient trouvé l'Europe solitaire et inhabitée.

Les Galls s'établirent dans la France, la Suisse, la Belgique et les iles britanniques. Tous ces pays s'associèrent sous le nom fédératif de Galltache.

La puissance des Galls n'a laissé d'autres souvenirs que les expéditions guerrières qu'ils ont essayées contre leurs voisins. Elles remontent très-haut dans la chronologie, car la première porte la date, de l'an 1500 environ avant J.-C. Elle fut dirigée contre les Ibères et produisit la fusion des deux peuples; c'est là l'origine de la dénomination de Celtibériens. Le nom de Galice qui est resté à une province d'Espagne est un vestige authentique de cette expédition.

Nous ne suivrons pas les Galls dans leurs nombreuses conquêtes; nous ne touchons à leur histoire que pour arriver aux Tectosages.

Au sixième siècle avant notre Ère, les Kimris qui sont les mêmes que les Kimmériens des Grecs, poussés en avant par d'autres hordes indo-germaniques, quittèrent leurs possessions du Tanaïs et des Palus Méotides, et vinrent faire la conquête de la Frise, du nord et de l'ouest de la Gaule. Les premières races galliques *se concentrèrent dans le midi, dont les limites étaient trop étroites pour recevoir ce refoulement et le contenir. Il fallut recourir à une émigration. Deux armées se partagèrent le devoir de l'exil et l'espérance d'une patrie nouvelle. C'est la double expédition de Sigovèse vers les Alpes Illyriennes et de Bellovèse en Italie. Cet évènement se rapporte à l'an 587.

Cependant la famille Kimrique établie en Belgique et dans tout le pays qui est au nord de la Loire, prépara une nouvelle invasion gallo-méridionale au 4me siècle. C'est alors qu'on voit pour la première fois les Tectosages, colonie belge, qui pénètre en compagnie des Arékomikes jusqu'aux Cévennes, et s'établit entre le Rhône et les Pyrénées, après avoir dépossédés les Ibères dominateurs de ce pays depuis 1500.

(On ne sait si cette irruption ibérienne de 1300 s'est faite à la suite ou en dehors de celle que les Galls firent dans le même temps sur la terre hispanique; il est vraisemblable toutefois que c'est une peuplade gallique mélangée avec les Ibères qui sera revenue sur ses pas. L'assertion de Fréret qui fait des Volces une colonie ibérienne ne serait pas plus acceptable pour cela, puisque ces ibériens ont été détruits par les Kimris.)

Ainsi les Tectosages seraient un peuple Kimris venu de la Belgique et non une race méridionale trans-pyrénéenne comme quelques écrivains l'ont affirmé.

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Les Arékomikes et les Tectosages vainqueurs se partagèrent le pays conquis. Les premiers s'étendirent au midi et les autres au nord du territoire enlevé aux Ibères. Il n'est pas facile de rendre raison du nom de Volces commun aux deux peuples. L'ont-ils apporté de la Belgique? Ou tient-il à l'histoire de la contrée envahie? La science n'ayant encore rien dit de satisfaisant à cet égard nous nous dispenserons de donner nos conjectures.

Les évènemens de la vie politique des Tectosages nous sont inconnus dans leur ensemble régulier; ce n'est que lorsqu'ils entrent en collision avec les nations civilisées d'alors, que nous retrouvons quelques traces obscures et contradictoires de leur histoire. Cependant un des faits historiques les plus certains, c'est le départ d'une colonie de Tectosages du bourg de Tolosa pour les possessions galliques fondées par Sigovèse dans l'Europe orientale. Cette armée se rendit comme alliée et non comme ennemie chez les Galls établis dans la Panonnie. Elle devait sans doute concourir aux projets ambitieux qu'on ne tarda pas à voir éclater.

La colonie de Sigovèse sur le Danube était devenue si prospère et si puissante qu'elle osa tenter d'attaquer la Macédoine, la Thrace et la Thessalie. Belgius, chef des Gaulois-Scordisques, remporta une grande victoire sur Ptolemée Keraunos, qui laissa la vie sur le champ de bataille; mais l'armée gauloise ne poursuivit point ses succès, et, après la mort de Ptolemée, Sosthêne, général macédonien, auquel fut confié le soin de la guerre, expulsa l'ennemi du territoire, par son habileté et son système de temporisation. Les Gaulois épuisés, presque vaincus par l'armée en déroute de Ptolemée, se retirèrent dans le pays qui est entre la Drave et la Save; mais bientôt un de leurs nouveaux Brenn remit une armée en campagne contre la Macédoine. Sans une insurrection qui se déclara parmi les envahisseurs, la Grèce entière eût peutêtre été obligée de se lever, comme au temps de Xerxès, pour repousser les barbares. Ce furent les Tectosages qui se séparèrent des Gaulois-Scordisques, au moment ou leur alliance pouvait décider du sort de la Macédoine. Ils se divisèrent en deux armées : l'une, sous la conduite d'un chef dont le nom ne nous est parvenu que défiguré, Léontius, se dirigea vers le Thrace; l'autre, sous le commandement de Lutasius, nom tout aussi corrompu, prit le chemin du Pont-Euxin, passa le Bosphore, la Propontide, et fonda dans l'Asie-Mineure une Gaule nouvelle, la, Salatie.

Cependant le Brenn Gaulois, quoique affaibli par la séditieuse retraite des Tectosages, rentra en Macédoine. Il dévasta le pays, commit des horreurs inouïes, battit Sosthène, fut battu lui-même à Héraclée, saccagea la ville de Callion, et mit le siège devant Delphes. Mais un orage terrible éclata sur son armée, la dispersa, et lui fit éprouver un échec complet devant la ville Sainte, pour le salut de laquelle l'histoire grecque fait intervenir Castor et Pollux, ainsi que nous l'avons déjà remarqué. Le Brenn. se tua de désespoir, et l'armée des Gaulois fut, dit-on, entièrement exterminée.

Quant aux Tectosages, une partie de la colonne de Léontius doit être revenue au pays des Volces. Comment? C'est ce qu'on ne raconte point. Nicomède, roi de Bythinie, employa pour ses guerres ceux qui avaient suivi Lulasius, et leur donna, en récompense de leurs services, une contrée de la Phrygie qui comptait parmi ses villes Ancyre et Pessinunte.

Les Galates, descendant des Tectosages, figurent dans plusieurs guerres asiatiques, entr'autres dans la fameuse guerre des Machabées contre Antiochus. Les Galates étaient auxiliaires du roi de Syrie et furent enveloppés dans la vengeance de Dieu avec Antiochus. Atale, roi de Pergame, les vainquit aussi, et finalement ils tombèrent sous le pouvoir universel des Romains.

Une des épitres de Saint-Paul est adressée aux Galates.

Les Tectosages de la rive droite de la Garonne étaient déjà réduits sous l'obéissance des Romains près d'un siècle avant la guerre de César. Leur pays était com

pris dans cette province romaine appelée Galie Narbonensis. Leurs deux villes principales étaient Narbo, première colonie latine dans les Gaules, et Tolosa qui n'était qu'un vaste bourg.

Nul débris important ne constate que Tolosa ait été une ville remarquable par sa civilisation et ses moLumens. Les Romains ne l'ont jamais colonisée; toutes leurs prédilections étaient pour Narbonne, (Narbo), Nimes (Nemausus), Marseille (Massilia), Fréjus (Forum-Julii), Nice (Nicaea), Aix (Aqua-sextia), Arles (Arelate), villes qui avoisinaient la Méditerrannée.

Le temple de Minerve qui occupait l'emplacement où est aujourd'hui l'église de la Daurade, avait été bâti par les Romains; il fut détruit par ordre de

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Constantin-après sa conversion au christianisme.

Le trésor de Cépion est devenu fameux dans les annales toulousaines; l'importance de ce trésor a été porté au-delà de toute vraisemblance, et il a dû à la double circonstance de son origine religieuse et de la profanation étrangère, la célébrité qu'il a acquisedans la tradition populaire. Les historiens varient sur la valeur de ce trésor dont le chiffre flotte entre 80,000,000, et 4 milliards. Strabon présente la premiè re somme, qui est encore très-exagérée sans aucun doute, si l'on se reporte au temps du vol de Cépion. et à l'incertitude qui devait exister sur des richesses accumulées sans contrôle au fond d'une pièce d'eau et que la superstition gauloise grossissait pieusement. Nous terminerons en indiquant les limites du pays des Tectosages avant la conquête romaine.

Leur territoire longeait la Méditerrannée depuis l'étang de la Palme jusqu'à l'embouchure d'une petite rivière de la Catalogne appelée Cervera. De la Palme

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