Imágenes de página
PDF
ePub

DE

ROGER DE RABUTIN

COMTE DE BUSSY

AVEC SA FAMILLE ET SES AMIS

(1666 — 1693)

NOUVELLE ÉDITION REVUE SUR LES MANUSCRITS

ET AUGMENTÉE D'UN TRÈS-GRAND NOMBRE DE LETTRES INÉDITES

AVEC UNE PRÉFACE, DES NOTES ET DES TABLES

PAR LUDOVIC LALANNE

TOME TROISIÈME

(1675–1678)

PARIS

CHARPENTIER, LIBRAIRE-ÉDITEUR

28, QUAI DE L'ÉCOLE

[ocr errors][merged small][ocr errors]
[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small]

Vous êtes toujours aimable, madame; mais la jalousie vous sied fort bien et vous donne des agréments infinis. Je ne sais qui me plaît le plus des douceurs du commencement de votre lettre ou de la colère qui vous prend au milieu. Je suis ravi de voir deux dames brouillées pour l'amour de moi; et après m'être plaint si longtemps du trop peu d'amour de ma maîtresse, je prends un grand plaisir à me voir trop aimé de mes amies. Continuez donc, madame, à faire la diablesse, et ne prétendez pas que je vous rassure trop sur ce chapitre. L'ingrate Sophonisbe m'aimeroit encore, si je ne l'avois trop persuadée de mon

amour.

808.-Bussy à madame de Scudéry.

A Autun, ce 27 février 1675.

Je suis ravi des apparences que je vois à une longue guerre. Assurément elle sera cruelle et remplie de beau

coup d'événements. C'est ce qu'il nous faut à nous autres spectateurs; car nous nous ennuyons quand la scène languit.

Je trouve que Monterey a fait à son passage de la cour, comme font la plupart des étrangers qui veulent plaire par trop de complaisance et par l'imitation des manières françoises, que les sages François n'estiment pas eux-mêmes. Il auroit mieux fait de conserver la gravité espagnole; et si le roi ne l'en avoit autant aimé, au moins l'auroit-il estimé davantage. Je ne sais de quoi s'avise de V*** de commencer à servir de lieutenant général à son âge. C'est tout ce qu'il pourroit faire, s'il y avoit longtemps qu'il le fût, de ne se pas fort ennuyer de l'être.

809. Bussy à la maréchale d'Humières.

A Chaseu, ce 28 février 1675.

J'eus l'honneur de vous écrire il y a quelque temps, madame, et je suis fort fâché que vos incommodités vous aient empêché de me faire réponse. J'apprends que vous êtes aujourd'hui en meilleure santé, dont j'ai une trèsgrande joie. Ménagez-la plus que vous ne faites, madame, en vous donnant moins de soins; car si cette maison pour qui vous les prenez, venoit à vous perdre, elle perdroit tout d'un coup les ressources qu'elle peut espérer de vous tant que vous vivrez. Je voudrois bien vous intéresser par quelque endroit qui vous fût sensible; car je trouve aussi mon compte à votre vie, par une fort grande tendresse que j'ai pour vous.

« AnteriorContinuar »