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et Pascal

par Volaire.

Les Lettres anglaises étaient dirigées contre deux grandes autorités du siècle précédent,

qui dominaient encore sur le dix-huitième, Descartes Descartes et Pascal. Voltaire combattait les combattus idées innées du premier, moins en exposant qu'en louant beaucoup la logique de Locke, qui alors était à peine connue en France. Mais au lieu de chercher, comme Condillac s'en occupa vingt ans après, à faire des applications plus justes et plus étendues d'une méthode qui devait diriger toutes les connaissances humaines, il la présenta de manière à effrayer les hommes religieux et les spiritualistes. Il fit son texte principal d'une hypothèse à laquelle Locke ne donnait aucun développement, savoir: Que Dieu a pu douer la matière de la faculté de penser. Il attaquait le Systême du monde de Descartes, que depuis un demi-siècle la plupart des savans français, le clergé, les magistrats et même les femmes, cherchaient à défendre contre Newton. Ses observations sur les Pensées de Pascal décelaient, sous des formes superficielles et malignes, un projet auquel il n'appliqua que trop l'ardeur et l'activité de son caractère, celui de renverser les bases du christianisme. Tous les partis, tous les corps de l'État s'émurent; mais les

Les Lettres anglaises

sont condamnées.

jansénistes indignés d'un outrage fait à Pascal, manifestèrent avec tant d'éclat leur ressentiment, que le clergé moliniste et les ministres eux-mêmes ne voulurent pas leur donner une satisfaction trop complète : les Lettres anglaises furent condamnées de vingt manières, mais leur auteur fut ménagé. Celui-ci, sans désavouer son ouvrage, criait au larcin, à l'infidélité, à la trahison. Un ami indiscret, un libraire, un relieur avaient disposé de son manuscrit; c'était là son apologie. Il eut tant de fois à répéter des excuses, à citer ou à imaginer des faits du même genre, que l'historien peut s'épargner le soin de les éclaircir. Voltaire se fit une triste nécessité, Voltaire ou un jeu plus triste encore, de ces suppo- persécution. sitions de noms et de faits, de ces ruses, de ces déguisemens qui embarrassent l'esprit dans de honteuses combinaisons, qui rendent une doctrine suspecte par le manège clandestin avec lequel on la propage, qui ôteraient à la vérité même ses deux plus beaux attributs, la candeur et le courage,.. et qui semblent si loin du philosophe, qu'ils sont même importuns à la pensée de l'honnête homme. Le garde des sceaux Chauvelin Le cardinal et le cardinal de Fleury lui-même, soit par le garde des conviction, soit par un secret attachement velin la dé

craint une

de Fleury et

sceauxChan

tournent.

Voltaire recommande

tion.

pour Voltaire, l'arrachèrent à la fureur de ses ennemis. Une visite qu'il fit au camp de Philipsbourg, termina tout l'orage qu'il avait excité. Il finit par rire de ses propres alarmes, et he se montra nullement disposé à renoncer au combat.

Ces Lettres anglaises rappellent un des l'inocula plus grands services que Voltaire ait rendus à sa patrie. Les expériences multipliées des Orientaux et des Anglais sur l'insertion de la petite vérole, y furent annoncées avec une clarté et une simplicité de résultats qui firent adopter à un assez grand nombre de pères et de mères de famille une précaution salutaire et courageuse. La voix de quelques médecins se fit entendre après celle de Voltaire. La superstition opposa des scrupules à ce moyen de diminuer un des fléaux de la vie humaine. On peut voir avec étonnement et avec douleur combien l'esprit de routine et l'apathie se maintiennent au milieu même d'une nation curieuse et mobile. L'inoculation, graduellement mais lentement admise parmi les classes opulentes et éclairées, ne s'étendit point jusqu'au peuple. Le gouvernement se montra un spectateur presque indifférent de ces grandes expériences qu'il est doux de rappeler au moment

même où un moyen beaucoup moins dangereux, et bien plus fait pour être universel, combat sur toutes les parties du globe le mal le plus funeste à la population.

Des savaits Laponie de

envoyés au Pérou et en

terminent

terre.

La Conda

On peut aussi regarder comme un des brillans effets des Lettres anglaises, une des entreprises qui honorèrent le plus le ministère du cardinal de Fleury et le dixhuitième siècle. Le Systême de Newton avait gagné beaucoup de partisans parmi les jeunes gens qui montraient des talens distingués dans gre de la les sciences. Voltaire les enhardit à se prononcer d'une manière plus déclarée. Clai- Clairaut. raut, Maupertuis, La Condamine, ébran- Maupertuis. lèrent puissamment le cartesianisme. D'A- mine. guesseau et d'autres vieillards défendaient un système qu'ils avaient embrassé dans leur jeunesse. Le cardinal de Fleury, excité par le comte de Maurepas, voulut faire vérifier une des hypothèses les plus importantes du Systême de Newton, la manière dont celui-ci avait déterminé la figure de la terre. On proposa d'aller mesurer un degré auprès du pôle et un degré sous l'équateur. Les sciences eurent leurs missionnaires. Maupertuis, Clairaut, Camus et Le Monnier Camus. furent nommés pour aller à Tornéo en Suède, sur les confins de la Laponie; La

Le Mounier.

Godin.

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Bouguer Condamine, Bouguer et Godin le furent pour aller au Pérou. Ces derniers partirent au mois de mai 1735, les autres un Leurs expé- an après. Il n'y eut qu'un cri d'admiration firment les dans toute l'Europe savante, lorsqu'on

riences con

calculs de

Newton.

+

apprit, par le résultat uniforme de leurs expériences, que Newton, de son cabinet, avait déterminé la figure de la terre avec autant d'exactitude que s'il se fût transporté au sommet du Chimboraco, ou qu'il eût visité le cercle polaire. Les académiciens destinés pour le Nord eurent à braver plus de fatigues que de dangers; mais tous les genres de traverses altendaient ceux qui allaient suivre leurs travaux scientifiques au milieu des colons défians et superstitieux de la Détails sur nouvelle Espagne. Que d'efforts de patience et d'intrépidité ne leur fallut-il pas pour parvenir à dresser leurs signaux sur la cime ou le penchant de trente-neuf montagnes, dans une étendue de quatre-vingts lieues? Pendant ce voyage, qui devait être de quatre ans et qui fut de dix, La Condamine et ses compagnons montraient une constance et même une gaieté inaltérables. Ils erraient auprès du cratère des volcans, et dormaient sur la neige qui les entoure. Ils contenaient des guides infidèles ou pu

ce voyage.

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