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avait été encore rassemblé à Dunkerque sous les ordres de Chevert. Un autre se formait en Bretagne sous les ordres du duc d'Aiguillon. L'escadre de Toulon devait se joindre à celle de Brest; réunies, elles auraient conduit et protégé l'armée qui menaçait Dublin, Edimbourg ou Londres. Une escadre anglaise de quatorze vaisseaux, en se présentant devant Toulon, vint d'abord déconcerter celle entreprise. Elle se retira, peut-être à dessein ; Combat na- l'amiral français de La Clue osa sortir avec val de Lagos. douze vaisseaux et trois frégates. Comme il

17 août.

1759.

serrait la côte de Barbarie, et avait déjà dépassé la côte de Ceuta, cinq de ses vaisseaux et ses trois frégates se séparèrent du reste de l'escadre, et le lendemain l'amiral Boscawen s'offrit en bataille avec quatorze vaisseaux. Le succès de ce combat inégal ne put être un moment balancé. Trois vaisseaux prirent la fuite, et se réfugièrent à Lisbonne. Deux furent pris, et deux autres furent brûlés le lendemain. Un seul de nos marins, le comte de Sabran Grammont, se couvrit de gloire dans cette fatale journée. Il s'était défendu long-temps contre cinq vaisseaux. Quoique La Clue eût fait lui-même une défense obstinée sur le vaisseau amiral, et qu'il eût perdu les deux jambes dans ce combat, cet officier

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ne put être justifié d'avoir laissé s'égarer une
partie de son escadre. Mais bientôt un nou-
veau désastre surpassa et fit
et fit presque oublier

celui-ci...o

l'escadre de

Brest.

20 novemb.

1759.

Le gouvernement français, en apprenant la nouvelle du combat de Lagos, n'avait pas voulu paraître renoncer au projet d'une des cente en Angleterre. L'escadre de Brest se Déroute de disposait à sortir; les Anglais vinrent obser ver de près ses mouvemens; ils furent plusieurs fois repoussés et même dispersés par des vents contraires. Le maréchal de Conflans, amiral français, n'osa les poursuivre. Ilsortit enfin le 14 novembre; mais, dès qu'on ent signalé l'escadre anglaise qui s'avançait avec vingt-trois vaisseaux, le signal de la retraite fut donné. Conflans se flattait, en ap prochant de la côte, hérissée de bancs de sable et de rochers, que l'amiral Hawke n'oserait le poursuivre à travers des écueils peu connus de ses pilotes. Par l'effet de cette lâche manœuvre, l'arrière-garde française fut cou pée et soutint un combat inégal. Tandis que Saint-André Duverger, qui la commandait, résistait avec intrépidité à toutes les forces anglaises, Conflans précipitait sa fuite, et se faisait échouer avec le vaisseau amiral, qu'il ordonna ensuite de brûler. D'autres vaiss

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seaux se brisèrent complètement; il y en eut un, le Thésée, qui fut englouti avec huit cents hommes d'équipage: Une division de l'escadre pénétra dans le fleuve de la Vilaine, où l'on ne jugeait pas que des frégates pussent mouiller. Jamais les précautions de la science navale n'avaient été plus habilement ni plus lâchement employées. C'était devant l'ennemi qu'il eût fallu développer des manœuvres si savantes (a). Les vaisseaux, entrés dans la Vilaine, ne purent en sortir. Il fallut ajouter cette perte à celle de six vaisseaux pris, brûlés, échoués ou engloutis. Une bataille rangée n'eût pu avoir des suites plus funestes; du moins elle eût fait éprouver quelques dommages à la marine anglaise, et sauvé l'honneur du pavillon français. Le gouvernement ne demanda point compte au maréchal de

(a) Un armateur français, le capitaine Thurot, qu'on regardait comme un nouveau Duguai-Trouin, osa, après la défaite de la flotte de Brest, aller avec trois frégates et huit cents hommes de débarquement, faire une descente au nord de l'Irlande. Il s'empara, le 21 février 1760, de la ville de CarrikFergus et la mit à contribution. Mais, comme il revenait en France, il fut attaqué par une escadre anglaise qui força les trois frégates à se rendre après un combat de deux heures, dans lequel Thurot fut tué.

Prise de la

¡Guadeloupe; 2 mai.

1759.

Et de Qué

bec.

18 septemb

Conflans de cette fuite infâme; le public se chargea de flétrir ce marin. La journée où il avait si honteusement évité le combat, fut appelée la bataille de M. de Conflans. Dans cette même année, les Français se laissèrent enlever la Guadeloupe et les petites îles qui en dépendent. La perte du Canada, de cette colonie objet de tant de dépenses et de sacrifices, fut décidée par la prise de Québec. Pendant trois ans, le marquis de Montcalm avait fait respecter le nom français dans le nord du Nouveau-Monde. Ses victoires, son humanité et ses soins paternels lui avaient fait d'utiles alliés parmi les sauvages. Mais les Anglais, battus presque à chaque rencontre, demandaient à leur gouvernement et en obtenaient de puissans renforts; Montcalm, vainqueur et affaibli par un grand nombre de combats, était oublié de la France. Une expédition formidable sortit des ports de' l'Angleterre. Après avoir battu une escadre 27 juillet. française, et fait la conquête du cap Breton, 1758. elle se porta sur le Canada et entra dans le fleuve Saint-Laurent. Wolf, l'un des généraux anglais les plus estimés, après avoir erré trois mois sur ce fleuve avec une flotte qui' portait six mille soldats, parvint à débarquer à quelque distance de Québec. Montcalm vint

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Expédition de Lalli dans

à sa rencontre avec quatre mille hommes ; le
combat s'engagea le 12 septembre 1759. Les
deux généraux y firent des prodiges de bra-
voure, et y furent tués presque en même
temps; mais Montcalm en mourant éprouva
la douleur de voir l'armée française en fuite,
et Wolf, en ses derniers momens,
fut con-
solé par la nouvelle d'une victoire. Les An-
glais perpétuèrent la mémoire de leur héros
par tous les hommages de la reconnaissance
nationale, Montcalm fut pleuré dans sa pa-
trie; mais aucun monument n'y fut élevé
pour rappeler ses généreux efforts. Québec
fut bientôt réduit à capituler,

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La fortune commençait aussi à se déclarer. J'Inde. contre les Français dans les Indes, et Pondichéry devait éprouver le sort de Québec après, de plus longs malheurs. Un nouveau gouver-neur venait d'entrer dans cette ville: c'était le comte de Lalli, Irlandais d'origine; il s'était distingué au service de France, et particulièrement à la journée de Fontenoy. Aussi brave que Montcalm, il n'avait ni la prudence, ni l'affabilité de ce noble guerrier. En arrivant à Pondichery, il y trouva des préventions toutes formées contre lui. Son caractère farouche, son esprit maladroit et inflexible n'étaient pas propres à les calmer. Bussi

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